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Thomas de Vio

Thomas de Vio, dit Caietan ou Cajétan, né le à Gaète (en latin Caieta, d'où son surnom) dans l'actuelle province de Latina, Latium, et mort le à Rome, est un théologien et cardinal italien du XVIe siècle.

Thomas de Vio
Martin Luther et Cajétan en octobre 1518
Fonctions
Bishop of Gaeta (d)
Diocèse de Gaète (d)
Ă  partir du
Fernando Herrera (en)
Évêque catholique
Ă  partir du
Archevêque métropolitain de Palerme
Archidiocèse de Palerme
-
Cardinal
Ă  partir du
Maître de l'ordre des Prêcheurs
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Tommaso De Vio
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Ordre religieux
Consécrateurs
Nicolas Fieschi, Paride Grassi, Gabriele Mascioli (d)
Personne liée
Érasme (épistolier)

Biographie

C'est à son entrée en 1484 chez les frères dominicains du couvent de Gaète que Jacopo de Vio prend le nom de « frère Thomas ». Il poursuit ses études de théologie et de philosophie à Naples, Bologne et Padoue.

Professeur de théologie dans les universités de Pavie et Rome, il acquiert en ce domaine une renommée considérable à la suite d'un débat public avec Pic de la Mirandole à Ferrare en 1494.

Nommé en 1507 procurateur général de l'ordre des frères prêcheurs (dominicains), il en devient maître en 1508, fonction qu'il assure jusqu'en 1518.

En 1511, il fait preuve d'un grand zèle dans la défense des droits du pape Jules II contre le concile de Pise, polémiquant avec Jacques Almain et publiant une série d'ouvrages qui seront condamnés par la Sorbonne et brûlés par ordre du roi Louis XII.

Il joue un rôle de premier plan lors du cinquième concile du Latran, convoqué en 1512 par Jules II pour contrer les effets du concile de Pise, obtenant l'adoption d'un décret reconnaissant la supériorité de l'autorité du pape sur celle des conciles.

Il est encore chargé de plusieurs missions par Jules II et Léon X, et obtient en 1517 l'évêché de Gaète, avec le chapeau de cardinal au titre de San Sisto.

En 1518 il est envoyé en Allemagne comme Légat apostolique pour participer à la Diète d'Augsbourg ; il tente, sans succès, de ramener Martin Luther à l'obéissance à l'Église romaine (débat des 12-)[1].

De retour à Rome en 1519, il participe à l'élaboration de la bulle Exsurge Domine et s'attache à commenter la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin afin de lutter contre les thèses de Luther. Ses interprétations sont très précises et s'appuient sur la logique. Cajétan est considéré comme un des premiers penseurs qui a systématisé la pensée de saint Thomas d'Aquin pour en faire le courant de pensée appelé thomisme.

Il se distingue également comme exégète. Il supplée à son ignorance de l'hébreu en consultant des rabbins et grâce à sa familiarité avec le texte grec. De 1523 à 1532 il publie en plusieurs volumes une traduction et un commentaire littéral de la Bible, comprenant une large part de l'Ancien Testament et la presque totalité du Nouveau Testament (à l'exception de l'Apocalypse de Jean). Son insistance sur la recherche de la signification littérale du texte le place aux origines de la tradition exégétique catholique moderne.

En accord avec le cardinal Jules de Médicis lors du conclave de 1521‑1522, il assure l'élection du pape Adrien VI. Il conserve son influence lorsque ce même Jules de Médicis accède au pontificat sous le nom de Clément VII. Nommé par ce dernier membre d'une commission de cardinaux chargée d'examiner la situation créée par les progrès de la Réforme luthérienne dans le Saint Empire, il s'oppose à l'opinion majoritaire en recommandant certaines concessions aux luthériens, notamment le mariage des prêtres, comme dans l’Église orthodoxe, et la communion sous les deux espèces, en accord avec les décisions du concile de Bâle.

De 1523 à 1524 il participe à l'organisation de la résistance contre l'invasion turque en Allemagne, en Pologne et en Hongrie.

En 1527 il est fait prisonnier lors du Sac de Rome par les Lansquenets puis libéré contre rançon.

En 1534 il prononce la sentence définitive de validité du mariage de Henri VIII et Catherine d'Aragon, refusant le divorce au souverain anglais.

D'après la bio-bibliographie de Yves Congar O.P. (cf. bibliographie), "Cajétan n'était pas un colosse ; il était petit et d'apparence plutôt chétive. II nous reste, de la fragilité de son corps, plus d'un témoignage."

Ĺ’uvres

Summula Caietani, 1530
Opuscula omnia, 1596
  • Commentaire des Sentences (Padoue), Paris BNF, Cod. lat. 3076.
  • In De ente et essentia (1495), (commentaire d'un traitĂ© de Thomas d'Aquin) ed. M.-H. Laurent.
  • De nominum analogia (1498), (traitĂ© sur la thĂ©orie de l'analogie de Thomas d'Aquin) ed. P. N. Zammit (Rome, 1934).
  • Commentaria in 'De anima' Aristotelis (1509), (commentaire du traitĂ© de l'âme d'Aristote) ed. M.-H. Laurent (Rome, 1938).
  • Opuscula aurea de diversis ac curiosissimis materiis tam practicis quam speculativis (Paris, 1511)
  • Tractatus reverendissimi patris fratris Thome de Vio Caietani de Comparatione auctoritatis Papæ et conciliorum ad invicem (1512)
  • Apologia, (rĂ©ponse aux attaques de Jacques Almain contre l'autoritĂ© du pape)
  • De Monte Pietatis (Rome, 1515)
  • De divina institutione Pontificatus Romani Pontificis super totam ecclesiam a Christo in Petro (Rome, 1521) ed. Friedrich Lauchert (MĂĽnster, 1925).
  • Summula de peccatis (Rome, 1525)
  • Jentacula Novi Testamenti, expositio literalis sexaginta quatuor notabilium sententiarum Novi TestTestamenti (Rome, 1525)
  • Opuscula omnia (1530)
  • (la) Summula Caietani, Paris, Claude Chevallon, (lire en ligne)
  • In Evangelia Matt., Marci, Lucae, Joannis (Venise, 1530)
  • In Acta Apostolorum (Venise, 1530)
  • In psalmos (Venise, 1530)
  • In quinque libros Mosis juxta sensum lit. commentarii (Rome, 1531)
  • In Epistolas Pauli (Paris, 1532)
  • In libros Jehosuae, Judicum, Ruth, Regum, Paralipomenon, Hezrae, Nechemiae et Esther (Rome, 1533)
  • In librum Job (Rome, 1535)
  • Commentaria in Summam Theologiam (1540), ed. H. Prosper (Lyrae, 1892), repris dans l'Editio leonina de Thomas d'Aquin, vol. IV-XII.
  • In parabolas Salomonis, in Ecclesiasten, in Esaiae tria priora capita (Rome, 1542)
  • Opuscula omnia tribus tomis distincta (Lyon, 1558 : 3 volumes)
  • In Porphyrii Isagogen ad Praedicamenta Aristotelis (1587), (commentaire de l'Isagogè de Porphyre de Tyr)
  • Peccatorum Summula (1613)
  • Opera omnia quotquot in sacrae Scripturae expositionem reperiuntur, cura atque industria insignis collegii S. Thomae Complutensis, O.P. (Lyon, 1639 : 5 volumes)
  • De conceptu entis, ed. P. N. Zammit (Rome, 1934).

Bibliographie

  • Pierre Mandonnet, « CajĂ©tan (Thomas de Vio, dit) », dans Alfred Vacant (dir.) et Eugène Mangenot (dir.), Dictionnaire de thĂ©ologie catholique, t. 2, Paris, Letouzey et AnĂ©, (lire en ligne), p. 1313-1329.
  • Yves Congar, « Bio-bibliographie de CajĂ©tan », Revue thomiste, t. 19,‎ , p. 1-49 (lire en ligne).
  • M.-H. Laurent, « CajĂ©tan (Thomas de Vio) », dans Dictionnaire d'histoire et de gĂ©ographie ecclĂ©siastiques, vol. 11, Paris, Letouzey et AnĂ©, , p. 248-252.
  • Charles Morerod, Cajetan et Luther en 1518 : Édition, traduction et commentaire des opuscules d'Augsbourg de Cajetan, Fribourg, Ed. universitaires, , 688 p. (ISBN 978-2-8271-0686-8).
  • Philippe LĂ©crivain, « La « Somme thĂ©ologique » de Thomas d'Aquin aux XVIe-XVIIIe siècles », Recherches de Science Religieuse, vol. 3, t. 91,‎ , p. 397-427 (lire en ligne).
  • (en) Romanus Cessario, A Short History of Thomism, The Catholic University of America Press, , 120 p. (ISBN 978-0-8132-1386-6, lire en ligne).
  • Guillaume de TanoĂĽarn, CajĂ©tan, Le personnalisme intĂ©gral, Paris, Editions du Cerf, , 720 p. (ISBN 978-2-204-08729-2).

Notes et références

  1. Luther et la Réforme protestant par Annick Sibué. Paris: Eyrolles, pages 73-76.

Liens externes

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