Accueil🇫🇷Chercher

Thomas Prince

Thomas Prince, surnommé Tommy, né en 1915 et mort en 1977, était un militaire canadien. Il est l'un des soldats autochtones du Canada les plus décorés. Il a servi au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée.

Thomas Prince
Le sergent Thomas Prince (à droite) et son frère, le soldat Morris Prince, au palais de Buckingham
Biographie
Naissance
ou
Petersfield (en)
Décès
Nom dans la langue maternelle
Thomas George Prince
Nationalité
Activité
Parentèle
Peguis (en) (arrière-arrière-grand-père)

Biographie

Thomas George Prince est nĂ© en 1915 dans une famille de 11 enfants au Manitoba au sein de la nation ojibwĂ©e de Brokenhead (en). Il est l'arrière-arrière-petit-fils de Peguis (en), un chef saulteux[1]. Il Ă©tudia au pensionnat autochtone d'Elkhorn jusqu'Ă  la huitième annĂ©e.

Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, Thomas se porta volontaire pour s'enrĂ´ler au sein de l'ArmĂ©e canadienne, mais il fut refusĂ© Ă  plusieurs reprises bien qu'il satisfaisait aisĂ©ment les exigences. Finalement, il fut acceptĂ© le . Il fut d'abord enrĂ´lĂ© en tant que sapeur au sein du Corps du gĂ©nie royal canadien. Grâce Ă  ses talents de tireur, il se porta volontaire pour rejoindre les rangs d'une unitĂ© nommĂ©e « 2e Bataillon canadien de parachutistes Â». Cette unitĂ© Ă©tait en fait le dĂ©but d'une formation d'une unitĂ© spĂ©ciale canado-amĂ©ricaine qui deviendra le 1er DĂ©tachement du service spĂ©cial, mieux connu sous le nom de « Devil's Brigade Â». Au sein de cette force, Thomas devint un expert en techniques furtives d'infiltration et responsable de la reconnaissance[2].

En , Thomas fut promu au grade de lance-caporal. En , il fut promu sergent. En , la Devil's Brigade fut envoyĂ©e en Italie oĂą elle participa Ă  l'offensive contre la ligne Bernhardt. Ses membres prirent d'assaut Monte la Difense, la cĂ´te 720, Monte Majo et Monte Vischiataro en dĂ©cembre et en janvier. Ils furent, par la suite, envoyĂ©s Ă  Anzio. Le , près de Littoria, Thomas fut envoyĂ© vers l'avant pour observer les positions allemandes. DĂ©guisĂ©s en simple fermier sarclant son champ, il marcha Ă  la vue des Allemands Ă  seulement 200 m devant les positions ennemies et rapporta la position de l'artillerie allemande grâce Ă  un câble tĂ©lĂ©phone de 1 400 m. Un duel d'artillerie s'en suivi qui brisa ce câble. Thomas s'y rendit et, faisant semblant de lacer ses bottes, rĂ©para le câble rĂ©tablissant ainsi la ligne de communication essentielle pour diriger l'artillerie. Il fit mĂŞme un spectacle brandissant son poing contre les Allemands, puis, contre les AlliĂ©s. Ensuite, il retourna Ă  sa position d'observation. En tout, il passa trois jours derrière les lignes ennemies. Pour cet exploit, il fut dĂ©corĂ© de la MĂ©daille militaire.

Après avoir servi d'avant-garde pour les forces amĂ©ricaines libĂ©rant Rome le , la Devil's Brigade fut envoyĂ©e dans le Sud de la France dans le cadre de l'opĂ©ration Dragoon. Ă€ la suite de l'offensive sur les Ă®les d'Hyères et du dĂ©barquement en Provence, la Devil's Brigade fut envoyĂ©e vers la frontière franco-italienne en tant que composante de la 1st Airborne Task Force (en). Le 1er septembre, Thomas ainsi qu'un soldat furent envoyĂ©s derrière les lignes allemandes pour reconnaĂ®tre les positions ennemies. Ils trouvèrent le camp d'un bataillon de rĂ©serve ennemi près de L'Escarène. Sur le chemin du retour pour donner leur rapport de reconnaissance, ils tombèrent sur une bataille entre des Allemands et une escouade de rĂ©sistants français. Ils commencèrent Ă  tirer les Allemands en restant cachĂ© et ceux-ci finirent par battre en retraite. Lorsque Thomas entra en contact avec le leader français, ce dernier lui demanda oĂą se situait sa compagnie. Thomas pointa le soldat qui l'accompagnait et lui dit « ici Â». C'est alors que le leader français lui annonça qu'il croyait qu'il y avait au moins 50 tireurs. Il recommanda Thomas pour la Croix de guerre, mais le courrier fut tuĂ© en route et le message ne se rendit jamais au commandant-en-chef français, Charles de Gaulle[3]. Thomas retourna Ă  son unitĂ© qu'il mena au campement ennemi. La bataille fut un succès et un bataillon entier de 1 000 hommes fut capturĂ©. Afin de rĂ©ussir cet exploit, Thomas marcha sur 70 km sans nourriture ni eau en terrains montagneux. Grâce Ă  cela, il fut dĂ©corĂ© de la Silver Star amĂ©ricaine[2]. En , le commando canado-amĂ©ricain fut dissout et les troupes retournèrent dans leurs forces respectives.

Ă€ son retour au Royaume-Uni, le , Thomas fut convoquĂ© au palais de Buckingham oĂą le roi George VI lui prĂ©senta sa MĂ©daille militaire. Il reçut sa Silver Star de la part du gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Koening au nom du prĂ©sident des États-Unis le . Il est l'un des 59 Canadiens Ă  recevoir la Silver Star au cours de la guerre et l'un des trois seuls Ă  ĂŞtre dĂ©corĂ©s Ă  la fois de la Silver Star et de la MĂ©daille militaire. En somme, Thomas fut dĂ©corĂ© Ă  neuf reprises faisant de lui le soldat autochtone le plus dĂ©corĂ© du conflit.

Thomas quitta l'armée le et retourna sur sa réserve de Brokenhead. En 1946, il déménagea à Winnipeg et fut élu président de l'Association des Indiens du Manitoba. Il utilisa cette position pour améliorer les conditions de vie des autochtones au Canada, mais, face à la lourdeur de la bureaucratie canadienne, il se découragea[2].

En , il s'enrôla de nouveau au sein de l'Armée canadienne pour servir en Corée avec les Nations unies. Cette fois-ci, il servit au sein du 2e bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry (2 PPCLI) et reprit son grade de sergent. En remettant l'uniforme, Thomas retrouva une fierté qu'il avait perdue. En , son bataillon se joignit à la 27e Brigade du Commonwealth sur le champ de bataille. Thomas était alors le commandant adjoint de son peloton et, peu après son arrivée en Corée, il mena une patrouille contre un camp ennemi. La mission fut un succès et il revint avec deux mitrailleuses capturées sur le camp. Il mena plusieurs autres raids par la suite. Cependant, son commandant décida, éventuellement, de lui assigner moins de patrouilles puisqu'il trouvait qu'il prenait trop de risques avec la vie des soldats. Thomas servait au sein du 2 PPCLI lorsque le bataillon devint la première unité canadienne à recevoir la Presidential Unit Citation des États-Unis, honneur qu'il reçut pour ses actions lors de la bataille de Kapyong les et . Au cours du reste de la guerre, Thomas développa de l'arthrite prématurée au niveau des genoux et fut renvoyé au Canada où il servit sur des postes administratifs sur la base des Forces canadiennes Borden en Ontario. Ses genoux s'améliorèrent et il se porta volontaire pour un deuxième tour en Corée, cette fois au sein du 3e bataillon du PPCLI. En , le bataillon fut attaqué par les forces chinoises et cinq membres du bataillon furent tués et neuf blessés. Thomas faisait partie des blessés. En tout, il reçut trois médailles pour son service en Corée.

Il quitta Ă  nouveau l'armĂ©e en 1953. De retour au Canada, il n'avait pas droit Ă  tous les avantages que les autres anciens combattants avaient, redevenant un simple « Indien parmi les autres Â». Après le service militaire, sa vie devĂ®nt difficile. Il souffrait de l'arthrite Ă  cause des longues conditions difficiles vĂ©cues durant son service militaire ainsi que la discrimination de l'Ă©poque contre les AmĂ©rindiens. En , Thomas fit les manchettes pour son hĂ©roĂŻsme puisqu'il a sauvĂ© un homme de la noyade Ă  Winnipeg. MalgrĂ© cela, sa vie personnelle continua Ă  se dĂ©grader et il tomba dans l'alcoolisme après des annĂ©es Ă  vivre isolĂ© dans une auberge de l'ArmĂ©e du Salut. Il a mĂŞme du vendre ses mĂ©dailles afin de pouvoir survivre monĂ©tairement. Il mourut Ă  l'hĂ´pital Deer Lodge de Winnipeg en 1977 et fut enterrĂ© au cimetière de Brookside.

Les médailles de Thomas furent passées d'une personne à l'autre à plusieurs reprises avant de se retrouver vendues aux enchères à London en Ontario. Son neveu, Jim Bear, a organisé une levée de fonds afin de pouvoir les acquérir et les a remises au Manitoba Museum (en) à Winnipeg.

HĂ©ritage

Le buste de Thomas Prince dans le parc Kildonan Ă  Winnipeg au Manitoba

Après son décès, plusieurs honneurs lui ont été accordées en utilisant son nom incluant les suivants :

En 2005, Historica Canada a publié une Minute du Patrimoine à son sujet.

En 2010, un film à son sujet était en développement par Bay Film Studios.

En 2022, Postes Canada a Ă©mis un timbre postal Ă  son effigie.

Notes et références

  1. (en) P. Whitney Lackenbauer, « A Hell of a Warrior: Remembering Sergeant Thomas George Prince », Journal of Historical Biography,‎ (lire en ligne [PDF]).
  2. Denis Daigneault, Jeanne Poulin et Jean Chevrier, Chefs Autochtones du Canada, Maison Nouvelle Fédération, , 111 p. (ISBN 978-0-9689215-5-5), p. 26-28.
  3. (en) Lloyd Dohla, « Thomas Prince: Canada's Forgotten Aboriginal War Hero », sur First Nations Drum, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.