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The Dorchester Review

The Dorchester Review est une revue canadienne anglophone semestrielle d'histoire et de commentaires historiques, fondée en 2011. Ce titre de presse se décrit comme un exutoire apartisan mais « vigoureusement polémique » pour « les éléments de la tradition et de la culture inhérents à l'expérience canadienne qui ne se conforment pas à un narratif résolument progressiste[1]. »

The Dorchester Review (en tête de présentoir) en vente dans un kiosque à journaux d'Ottawa, (décembre 2011)
The Dorchester Review
Pays Drapeau du Canada Canada
Zone de diffusion Canada
Langue Anglais
Périodicité Semetriel
Genre histoire et culture
Diffusion 800 ex.
Fondateur Chris P. Champion
Date de fondation 1er juin 2011
Ville d’édition Ottawa

Comité éditorial Chris P. Champion * Michael R. Jackson Bonner * James W. J. Bowden * F. ;H. Buckley * Donal Lowry * Philip Marchand * Gregory Melleuish * John Pepall * Phyllis Reeve * John Robson * Alastair Sweeny
ISSN 1925-7600
Site web (en) www.dorchesterreview.ca

Contenu éditorial

La revue comprend des articles sur l'histoire ainsi que des commentaires historiques. Le nom de Dorchester est un hommage au premier baron Dorchester, Sir Guy Carleton, gouverneur de la province de Québec de 1768 à 1778 et gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique de 1785 à 1795[2]. Dorchester défie le général George Washington et encourage les esclaves en fuite à émigrer avec les loyalistes au Canada[3]. Il étend également la liberté religieuse aux catholiques romains et aux juifs sous son régime officiellement protestant. Les rédacteurs en chef expliquaient dans leur premier éditorial en 2011 que le choix d'un "soldat britannique déguisé, un… gouverneur colonial sans vergogne de l'ère pré-démocratique" visait à souligner la conviction du magazine que "l'histoire consiste en plus qu'un défilé de progressistes modernes laïcs ." [1] Comme David Frum résume l'approche de l'histoire par la Review, « La chose importante à comprendre au sujet du Canada du XIXe siècle est qu'il n'était pas un État révolutionnaire en faillite. C'était un État conservateur prospère. La grande réalisation de l'histoire du Canada a été précisément la réalisation de l'autonomie dans le contexte de la continuité institutionnelle[4]. »

Dans l'éditorial d'ouverture du premier numéro, l'équipe de rédaction de la Review écrit :

« Nous avouons une autre croyance potentiellement impopulaire : qu'en son échine, la force et l'avantage du Canada — valeurs d'une société libérale britannique avec une forte enclave nationale française, des communautés autochtones résilientes et un pluralisme vital né d'arrivées successives d'immigrants — seraient vains si polémiquement séparés de ses traditions européennes, judéo-chrétiennes et classiques, ce qui revient à répondre de nouveau à : pourquoi l'histoire. Nous sommes les héritiers conscients et reconnaissants d'une tradition inestimable de liberté d'expression et de critique, bien que soumise à diverses pressions, qui se trouve et se défend avec un particularisme des plus sérieux dans les sociétés de l'Atlantique Nord, et ceci, selon nous, devrait être reconnu, protégé et toujours renforcé[alpha 1]. »[5].

Fondateur

Le rédacteur en chef et fondateur Chris P. Champion est titulaire d'une bourse de recherche au Centre de politique internationale et de défense de l'Université Queen's[6]. Il est l'auteur de The Strange Demise of British Canada, publié en 2010 par McGill-Queen's University Press[7]. Il occupe le poste de directeur de la politique de citoyenneté au bureau de Jason Kenney, où il supervise la production du célèbre guide d'étude du test de citoyenneté Découvrir le Canada 2009, qui est toujours en vigueur et décrit par le quotidien Globe and Mail comme « une tentative rare et importante de remodeler l'image de la nation. »[8]. Chris P. Champion est un ancien de la rédaction de l'Alberta Report de Ted Byfield où il a travaillé de 1994 à 1997 en tant que journaliste et typographe.

Dans- Relentless Struggle: Saving the Army Reserve 1995-2019 (Durnovaria, 2019), qui a été évalué officieusement par des pairs avant sa publication par des universitaires et des officiers supérieurs, dont l'ancien commandant de l'Armée canadienne, le lieutenant-général Paul Wynnyk, qui a également écrit l'avant-propos, Chris P. Champion explore comment une série de ministres de la Défense canadiens n'ont pas su soutenir adéquatement la réserve de l'armée depuis le début des années 1990[9] - [10], à la suite des coupes budgétaires de la défense sous le premier ministre Jean Chrétien, qui, selon Jack L. Granatstein, ont sévèrement mis à rude épreuve à la fois le personnel et l'équipement de la Réserve[11]. Chris P. Champion lui-même a rejoint la réserve de l'armée en tant que soldat et a suivi une formation de base à l'âge de 46 ans[12].

Controverses pédagogiques

Un article de 2019 de la Dorchester Review de Champion intitulé Alberta's Little History War, affirme que dans les salles de classe de l'Alberta, « la mode actuelle est que nous avons besoin de "plus" de "perspectives" des Premières Nations"[13]. » Ce que Champion appelle mode tien du fait qu'il avait lui-même reçu une ribambelle d'histoires « de poisson-chandelle, de masques de cèdre et de Trickster » dans sa propre expérience de l'école primaire des années 1970. Critique vis à vis du système éducatif canadien, il qualifie de démarche propagandiste déplorable[alpha 2] la méthode pédagogique se voulant inclusive d'un prétendu point de vue autochtone - l'exercice des couvertures[alpha 3] du programme KAIROS — « est du lavage de cerveau pour enfants afin qu'ils se considèrent comme des "colonialistes" voleurs de terre — le genre de "vérité et réconciliation" qui ne s'appuient pas sur des preuves mais sur les "postulats de  "gardiens du savoir" qui se disent en "faveur de la vérité". »[13]. L'exercice général a été largement utilisé au Canada en réponse à l'appel de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) pour l'inclusion de l'histoire autochtone dans les programmes scolaires comme étant essentielle pour améliorer les relations avec les non-autochtones[14]. La CVR a recueilli environ 7000 témoignages de survivants des pensionnats sur une période de six ans, de 2008 à 2014, selon le juge Murray Sinclair[15].

Thème récurrent : la guerre des historiens

Selon un article de 2013 de la revue Toronto Review of Books, intitulé The History Wars in Canada, c'est en 1998 que Jack Granatstein, alors professeur d'histoire à l'Université York, « lance le coup d'envoi des guerres d'historiens » — un « conflit féroce sur le sens et le but " de l'histoire du Canada[16]. Dans son ouvrage de 1998, Who Killed Canadian History? (« Qui a assassiné l'histoire du Canada ? »[alpha 4][17]), Jack Granatstein soutient que, depuis la fin des années 1960, une nouvelle génération d'historiens sociaux dans les départements d'histoire ont mené une guerre idéologique contre des historiens comme lui, qui défendent l'histoire narrative traditionnelle, en mettant l'accent sur la chronologie, et les figures d'élite de l'histoire politique et militaire[18]. Jack Granatstein affirme que dans l'écriture et l'enseignement de l'histoire au Canada, l'enseignement factuel a été remplacé par des interprétations déformées du passé qui se concentrent sur « la victimisation et la recherche de culpabilité. » Parmi les raisons de ces changements dans l'historiographie, il inclut le multiculturalisme et l'approche globale de l'apprentissage par l'enfant[18].

Dans un article de 2013, le chercheur universitaire Mark Sholdice contre-argumente en dénonçant Champion comme un des «militants et universitaires de droite» qui mènent les guerres de l'histoire au Canada, qualifiant Champion comme « probablement le plus conservateur des Historiens au Canada » de l'époque[16]. Le livre de 2010 de Champion, The Strange Demise of British Canada: The Liberals and Canadian Nationalism, 1964-1968, qui reprend sa thèse de doctorat, Nova Britannia Revisited, entre 2004 et 2007, anticipe les positions de l'administration Harper sur l'écriture et l'enseignement de l'histoire canadienne[19]. À ses critiques, Mark Sholdice ajoute qu'en 2011, les guerres de l'histoire sont devenues une réalité tangible, le gouvernement Harper privilégiant des sujets tels que l'armée et la monarchie en guise point focal de l'histoire, tout en ne regardant pas à la dépense pour les commémorations de la guerre de 1812[16].

Points de vue de la profession

Chroniqueuse au quotidien National Post, Barbara Kay décrit la ligne éditoriale de la Dorchester Review comme « politiquement incorrecte et iconoclaste » qui résiste à « la vision progressiste dominante selon laquelle les historiens doivent choisir entre le bon et le mauvais côté de l'histoire, » sans répondre à une idéologie spécifique. Dans le même article (2016), Kay informe que le lectorat principal était composé de 500 lecteurs - 50 % de professionnels et d'hommes d'affaires, 10 % d'universitaires, 15 à 20 % de politiciens et 20 à 25 % de lecteurs en tous genres[20]. Le journaliste David Frum salue la revue lors de son lancement en 2011 comme « l'un des projets intellectuels les plus enthousiasmants que le Canada ait vu depuis longtemps »[21]. Jonathan Kay la décrit comme « la seule publication de haut niveau au Canada qui examine notre histoire et nos traditions sans même faire un clin d'œil aux modes académiques et aux politiques identitaires. ». L'ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a été observé en train de lire le magazine à la Chambre des communes du Canada, contribuant à son image de publication ancrée à droite de l'échiquier politique[20].

Dans la revue littéraire canadienne Literary Review of Canada, le professeur d'études européennes Jerry White cite The Dorchester Review parmi les ouvrages qui « pourraient... inciter les lecteurs à repenser la façon dont les libéraux ne sont pas tous libéraux et les conservateurs n'ont pas tous l'air de conservateurs[alpha 5]. »[22].

La Review est attaqué par des membres des sphères les plus droitistes qui lui reprochent une certaine mollesse intellectuelle quant aux questions d'immigration à grande échelle. Le sociologue canadien Ricardo Duchesne cite le contributeur australien Gregory Melleuish comme un exemple de la façon dont « les conservateurs se fourvoient en épousant des causes qu'ils détestent tout simplement par crainte des répercussions venant de l'aile gauche[alpha 6]. »[23]. La Revue a également publié dans son deuxième numéro un article très critique du traitement réservé aux Canadiens d'origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale[24].

En 2017, Chris Champion critique les contre-manifestants de droite pour avoir coopté le Red Ensign canadien, affirmant qu'il est « déçu lorsque les traditionalistes autoproclamés des Proud Boys ont été filmés en train de provoquer des manifestants autochtones avec le drapeau[alpha 7]. »[25].

La couverture par le journal de l'incapacité à produire des preuves concrètes d'inhumations massives non marquées dans les pensionnats indiens[26] a attiré l'attention internationale, notamment du magazine britannique The Spectator[27]. Dans le suivi, les contributeurs Tom Flanagan et Brian Giesbrecht[28], et l'anthropologue Hymie Rubenstein ont critiqué [29] la réprimande du ministre canadien des Relations Couronne-Autochtones Marc Miller à l'égard de ceux qui critiquaient « la nature et la validité de ces efforts de rétablissement et d'autres ». À la suite de l'annonce de la découverte d'une tombe potentiellement anonyme à la St Joseph's Mission School[30].

Contributeurs notables

  • Ainsi que : James Allan (professeur de droit) (Australie), Lionel Albert, Carolina Armenteros, Hugh Bicheno, Randy Boyagoda, Ian Brodie, F. H. Buckley, Paul Cowan, Touraj Daryaee, Christopher Dummitt[32], Patrice Dutil, Graeme Garrard, Andrew Godefroy, Barry Gough, Kevin Gutzman, Randall Hansen, Peter Hoffmann, Paul Hollander (1932-2019), Richard Lebrun, Allan Levine, Gary A. Mauser, Gregory Melleuish (Australie), Kevin Myers (Irlande), Tammy Nemeth, Roger Noriega, John O'Sullivan (chroniqueur britannique), Patricia Phenix, Noah Richler, Andrew Roberts; Narindar Saroop (Royaume Uni), Robin Sears, Caroline Shenton; Pat Stogran, Alastair Sween, Julian Thompson, Gil Troy, David Twiston Davies (1945-2020) et Craig Yirush

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Dorchester Review » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. NdT. "We confess another potentially unpopular belief: that, at its core, Canada’s strength and advantage — that of a British liberal society with a strong French national enclave, resilient aboriginal communities, and a vital pluralism born of successive immigrant arrivals — would be void if polemically separated from its European, Judeo-Christian and Classical traditions, which is another answer to: why history. We are conscious and grateful heirs to an invaluable if variously pressured tradition of free expression and criticism that is found and defended with particular seriousness in the North Atlantic societies, and this we think should be recognized, protected, and always enhanced."
  2. NdT. Soit Chris Champion en VO : "deplorable agitprop"
  3. NdT. soit "the KAIROS Blanket exercise". KAIROS est un organisme religieux international, organisé en ONG, oeuvrant notamment au Canada avec des programmes pédagogiques pour favoriser la culture autochtone. L'exercide des couvertures (blancket exercise) consiste à un cercle de paroles et de témoignages à l'aide de couvertures. Le Canada a cessé de subventionner KAIROS en 2009.
  4. NdT. Et à la question Qui a tué l'histoire du Canada? de Granatstein en 1998, l'historien québécois Alfred Dubuc répond « nous tous ! » en 1999.
  5. NdT. Soit Jerry White en VO : "might...prompt readers to rethink the way in which not all liberals are Liberals and not all conservatives sound like the Conservatives." en 1999.
  6. NdT. Soit Ricardo Duchesne en VO : ""Conservatives self-deceive themselves into believing what they dislike because they are afraid of leftist repercussions."
  7. NdT. Soit Chris Champion en VO : "disappointed when the self-described traditionalists of the Proud Boys were captured on video provoking Indigenous protesters with the flag."

Références

  1. « The Dorchester Review — About », The Dorchester Review (consulté le )
  2. Stanley R. Mealing, « Guy Carleton, 1er Baron Dorchester », Canadian Encyclopedia, Toronto, Historica Foundation, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Sir Guy Carleton », Dictionnaire biographique du Canada (consulté le )
  4. Frum, « Setting Canadian History Right », National Post, (consulté le )
  5. (en) « From the Editors », The Dorchester Review, vol. 1, no 1, spring–summer 2011, p. 2–3
  6. « Centre for International and Defence Policy », Queensu.ca (consulté le )
  7. C.P. Champion, The Strange Demise of British Canada, (lire en ligne)
  8. (en) Joe Friesen, « Ottawa to remodel Canada's image », Globe and Mail, (lire en ligne)
  9. (en) Taylor, Gil, « The battle to save the Canadian Forces' army reserve », Toronto Sun, (consulté le )
  10. (en) Col Wolfgang W. Riedel, « Book Review », Canadian Military Journal, (consulté le )
  11. (en) Granatstein et Belzile, « The Special Commission on the Restructuring of the Reserves, 1995: Ten Years Later » [archive du ], Cdfai.org/, (consulté le ), p. 5
  12. (en) « The Team », The Dorchester Review
  13. Timm Bruch, « Calls grow to remove Alberta curriculum advisor over 'racist' First Nation remarks », sur CTV Calgary, (consulté le )
  14. (en) Waubgeshig Rice, « Blanket exercise teaches history from an indigenous perspective », CBC News, (lire en ligne)
  15. (en) Sinclair Justice Murray, The Survivors Speak, Truth and Reconciliation Commission of Canada, (ISBN 978-0-660-01985-7)
  16. (en) Sholdice, Mark, « The History Wars in Canada », Toronto Review of Books, (consulté le )
  17. Alfred Dubuc, « À propos de : Qui a tué l'histoire du Canada ? Nous sommes tous des assassins! », Bulletin d'histoire politique, vol. 8, no 1, , p. 195–209 (ISSN 1201-0421 et 1929-7653, DOI 10.7202/1060400ar, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) Jack Granatstein, Who Killed Canadian History?, HarperCollins Publishers, , 156 p. (ISBN 0002557592)
  19. C.P. Champion, The Strange Demise of British Canada: The Liberals and Canadian Nationalism, 1964-1968, McGill-Queen's University Press, , 347 p. (ISBN 978-0-7735-3691-3)
  20. (en) Barbara Kay, « The Dorchester Review — the little magazine that can », National Post, (consulté le )
  21. (en) Frum, David, « Setting Canadian history right », National Post, (lire en ligne)
  22. (en) Jerry White, « Political Inheritance », Literary Review of Canada, (consulté le )
  23. (en) Duchesne, Ricardo, « Self-Deception Is Intrinsic To Conservative Support For Diversity », Council of European Canadians, (consulté le )
  24. (en) Reeve, Phyllis, « Shikataganai -- Never Again », The Dorchester Review (consulté le )
  25. (en) Hamilton, Graeme, « Former Canadian flag, the Red Ensign, gets new, darker life as far-right symbol » [« L'ancien drapeau canadien, le Red Ensign, trouve une nouvelle vie plus sombre comme symbole d'extrême droite »], National Post,
  26. « In Kamloops, Not One Body Has Been Found », The Dorchester Review (consulté le )
  27. « The mystery of Canada’s indigenous mass graves | The Spectator », Spectator.co.uk (consulté le )
  28. « A Reply to Minister Marc Miller », The Dorchester Review (consulté le )
  29. « Is Indigenous knowledge infallible? Yes, says Marc Miller », The Dorchester Review (consulté le )
  30. Kirkup, Kristy, « Crown-Indigenous Relations Minister Marc Miller concerned about ‘concerted’ efforts to deny experience of residential schools » [« Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, s'inquiète des efforts « concertés » pour nier la réalité des pensionnats »], Theglobeandmail.com, (consulté le )
  31. Eric Bedard, « Quebecers' Red October », sur The Dorchester Review, Foundation for Civic Literacy (consulté le )
  32. Christopher Dummitt, « Christopher Dummitt, Historian », sur Home/Christopher Dummitt (consulté le )

Liens externes

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