Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement
L'éducation par le numérique désigne l'utilisation des technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (TICE = TIC + enseignement). On peut également parler plus simplement de numérisation de l'enseignement.
Les TICE regroupent un ensemble dâoutils conçus et utilisĂ©s pour produire, traiter, entreposer, Ă©changer, classer, retrouver et lire des documents numĂ©riques Ă des fins d'enseignement et d'apprentissage.
On distingue l'éducation par le numérique (par exemple un cours sur ordinateur) de l'éducation au numérique (qui peut se faire sans numérique). L'étude des méthodes d'enseignement intégrant les TICE est quant à elle l'objet de la « technopédagogie ».
Historique dans le systÚme éducatif français
Au cours du XXe siÚcle, l'école a tenté de s'approprier les médias et les dispositifs techniques, avec plus ou moins de volonté et plus ou moins de moyens : radio scolaire (années 1930), télévision scolaire (années 1950), informatique (années 1970), magnétoscope (années 1980), multimédia (années 1990).
Les gouvernements donnent parfois un signal fort dans cette direction, comme le Plan Informatique pour Tous présenté le en France[1]. Ce premier projet d'envergure échoua en partie : trop peu d'heures de formation, le choix d'un matériel inadapté[2], le Thomson MO5 et le Thomson TO7 (mais il faut replacer ce choix dans le contexte technique de l'époque).
Néanmoins, la politique volontariste du gouvernement a permis à un grand nombre d'enseignants de se former pendant leurs vacances, en échange d'une modeste indemnité financiÚre. Nombre de ces enseignants s'engageront activement dans les développements de l'informatique pédagogique qui vont suivre.
L'irruption du Minitel dans le paysage français va déclencher de nombreuses initiatives, locales ou nationales. Le ministÚre de l'éducation nationale lance notamment un volet télématique qui donne naissance à un réseau de serveurs télématiques de niveau académique, local et d'établissement, suscitant des usages dont le développement se poursuit aujourd'hui.
Utilisant les réseaux internationaux déjà développés (Bulletin Board System, réseaux des ambassades, etc.) le ministÚre de l'éducation nationale (bureau des innovations pédagogiques et des technologies nouvelles DLC15[3] puis direction de l'information et des technologies nouvelles, DITEN B2[4]) lance plusieurs expérimentations, dont « EDU 2000 » de 1991 à 1993[5], en partenariat avec le réseau de British Telecom. Il s'agit d'utilisations pédagogiques des liaisons « télématiques » (terme hérité de la période Minitel) entre la France et le Royaume-Uni. à la suite de ces expérimentations le ministÚre lance en 1994 un plan de connexion des académies et établissements, avec le concours du réseau des universités, Renater.
En 1995, un certain nombre d'Ă©coles françaises prennent l'initiative d'une connexion internet. En 1996, plusieurs acadĂ©mies proposent leurs sites web. Cette mĂȘme annĂ©e, l'Anneau des Ressources Francophones de l'Ăducation, dit l'ARFE, voit le jour. Il est crĂ©Ă© par des chercheurs, des enseignants et Ă©tudiants. Il est l'un des premiers lieux historiques sur la toile oĂč apparaissent des ressources Ă©ducatives en ligne Ă tĂ©lĂ©charger. C'est en 1997 qu'est lancĂ© un plan national pour lâĂ©quipement et la connexion de tous les Ă©tablissements de lâenseignement public, de la maternelle Ă lâuniversitĂ©.
Au terme proposĂ©, l'an 2000, les lycĂ©es Ă©taient Ă©quipĂ©s, mais les collĂšges et surtout les Ă©coles devaient souvent attendre encore. Les efforts français peuvent Ă©galement ĂȘtre placĂ©s dans le contexte de la vision de la sociĂ©tĂ© de l'information telle que dĂ©finie par la Commission europĂ©enne et plus particuliĂšrement des programmes eEurope qui fixent des objectifs ambitieux afin d'Ă©quiper et connecter l'ensemble des Ă©coles europĂ©ennes Ă l'Internet.
Pourtant la France ayant un assez grand retard d'équipement par rapport à d'autres pays européens, comme le note le Rapport Fourgous[6] de 2010.
En 2015, François Hollande, prĂ©sente le grand plan numĂ©rique. Ce dernier fait partie dâun des 34 plans qui permettrait Ă la France de se moderniser. Le grand plan numĂ©rique en particulier se donne pour objectif, de lutter contre les maux que connaĂźt lâĂcole française, notamment, le dĂ©crochage scolaire, et les inĂ©galitĂ©s sociales. Pour reprendre les termes de François Hollande, les outils numĂ©riques que sont les tablettes, les ordinateurs, rendraient lâĂ©cole plus attrayante. Leur introduction au sein des Ă©coles repose sur plusieurs postulats, qui, dans leur ensemble les prĂ©sentent comme sans danger pour lâapprentissage, la santĂ© et, la sociabilitĂ© des apprenants. Il sâagit de montrer comment ils peuvent ĂȘtre dĂ©construits.
Enjeux
Maitriser de nouvelles compétences
France StratĂ©gie a rĂ©vĂ©lĂ© que de nombreux jeunes font lâobjet dâun manque de maĂźtrise de compĂ©tences basiques leur permettant de continuer dans les Ă©tudes supĂ©rieures, ou encore « des compĂ©tences « gĂ©nĂ©riques, servant Ă soutenir leur capacitĂ© de mobilitĂ© des individus face aux Ă©volutions incertaines de lâemploi ». De fait, lâobjectif serait de dĂ©velopper leur capacitĂ© Ă gĂ©rer et traiter le flux dâinformations abondant, lâesprit critique par rapport aux sources d'information, lâesprit dâentraide, la crĂ©ativitĂ© ainsi quâune autonomie de lâapprentissage⊠Autant de compĂ©tences transversales Ă promouvoir pour leur permettre de sâĂ©manciper plus dans ce monde numĂ©rique offrant de nombreuses opportunitĂ©s (lâinteraction, coopĂ©ration, crĂ©ativitĂ©). Cela nĂ©cessite de les accompagner, dĂšs lâĂ©cole primaire Ă sâapproprier et comprendre ces environnements et leurs enjeux. L'objectif est de guider l'Ă©lĂšve dans l'apprentissage de ces technologies, sachant que, dans les familles, il est souvent livrĂ© Ă lui-mĂȘme. Câest pourquoi lâapprentissage des mĂ©dias et de lâinformation au lycĂ©e est obligatoire depuis la loi dâorientation et de programmation (2013). Cette Ă©ducation est dĂ©sormais inscrite dans tous les programmes de la scolaritĂ© obligatoire avec le brevet informatique et internet et du lycĂ©e.
La question serait de savoir si le numĂ©rique pourra apporter des solutions Ă de nombreux dĂ©fis : lutter contre le dĂ©crochage scolaire et les inĂ©galitĂ©s scolaire liĂ©es aux origines sociales, apprendre aux jeunes Ă se protĂ©ger face Ă lâexploitation des donnĂ©es personnelles ou sites pornographie, d'escroquerie ou encore aux sites marchands plus ou moins dĂ©guisĂ©s[7]. Il s'agit Ă©galement de lutter contre la fracture numĂ©rique, afin d'apporter Ă toutes les catĂ©gories sociales une approche des possibilitĂ©s de l'outil numĂ©rique, lorsque l'on sait que les usages sont socialement trĂšs discriminĂ©s[8]. Pour ses dĂ©tracteurs, le numĂ©rique peut ĂȘtre vu comme un danger dâaggraver les Ă©carts sociaux. En effet, ils dĂ©noncent le risque de « la surcharge cognitive », ou encore lâaccentuation des stĂ©rĂ©otypes liĂ©e au fait que certaines familles nâont ni le recul critique ni le bagage culturel nĂ©cessaires. A lâinverse, les partisans du numĂ©rique Ă lâĂ©cole pense que cet argument constitue une raison pour que lâĂ©cole puisse sâoccuper de « la formation des esprits », en transformant ses programmes, les mĂ©thodes de travail, les contenus des cours Ă faire acquĂ©rir aux jeunes.
Fracture numérique
Le capital culturel et lâorigine sociale, sont les principaux facteurs des disparitĂ©s et des inĂ©galitĂ©s dans la maĂźtrise correcte des outils numĂ©riques par les jeunes dans le cadre scolaire. Des travaux effectuĂ©s par plusieurs sociologues arrivent Ă la conclusion selon laquelle le milieu social dĂ©finit la capacitĂ© et lâutilisation des outils numĂ©riques. Ăric George, chercheur en sociologie de la communication expose que « 72% des utilisateurs dâinternet en milieu ouvrier ont un objectif de divertissement, contre 36% seulement chez les cadres supĂ©rieurs »[9]. Ces rĂ©sultats font comprendre que les jeunes issus de milieux populaires savent jouer sur internet, tĂ©lĂ©charger des applications et utiliser les rĂ©seaux sociaux. Sans doute, les difficultĂ©s se prĂ©sentent lorsquâil est demandĂ© Ă ces mĂȘmes jeunes de faire un usage scolaire des outils numĂ©riques, leurs impuissance et incapacitĂ© est similaire voire plus importante que lorsquâils se trouvent devant un cahier ou un manuel. Pourtant, les classes populaires, sont celles qui disposent le plus, dâau moins un appareil de communicationâenviron 87% des Ă©lĂšves en rĂ©seau dâĂ©ducation prioritaire affirment avoir un ordinateur, 98% affirment avoir le wifi chez eux, 80% une tablette et 86% affirment disposer dâun tĂ©lĂ©phone dont 94% dâun smartphone[10]. Le gouvernement et les collectivitĂ©s territoriales, ont continuĂ© Ă Ă©quiper ces Ă©lĂšves, environ 92% des Ă©lĂšves affirmait avoir en classe un ordinateur avec un projecteur et 80% des tableaux blancs interactifs. On constate que les Ă©lĂšves originaires de milieux modestes sont surĂ©quipĂ©s, des appareils et gadgets numĂ©riques. Selon la directrice dĂ©lĂ©guĂ©e de lâAfev, Eunice Mangado, aujourdâhui la fracture ne serai plus liĂ© Ă lâĂ©quipement, mais Ă lâutilisation. Elle Ă©voque notamment lâexemple de la recherche dâun stage au collĂšge, les Ă©lĂšves vont se limiter Ă taper sur Google quelques mots, qui donneront une multitude de rĂ©sultats qui ne rĂ©pondent finalement Ă leurs recherches et qui pourrait mĂȘme leur mettre en difficultĂ©[11].
Une importante dotation des Ă©coles des instruments numĂ©riques, sans pour autant un accompagnement et suivi qui permet leurs bonnes utilisations dans le cadre scolaire, peut conduire Ă creuser davantage les inĂ©galitĂ©s entre les Ă©lĂšves. Notamment âen termes d'usages, entre ceux qui ont les codes, une utilisation pour des recherches documentaires, un outil de plus dans leur bagage culturel, et ceux qui n'ont pas les codesââ malheureusement âcelui qui le maĂźtrise pleinement en fait un outil efficace pour son insertion, mais celui qui ne le maĂźtrise pas est encore plus Ă©loignĂ© qu'il y cinq ou dix ansââ comme le souligne Christophe Paris, directeur gĂ©nĂ©ral de lâAfev[11].
Le milieu familial et le rĂŽle de parents influe beaucoup sur la perception que les enfants auront de des outils numĂ©riques. Dans les familles Ă un capital culturel Ă©levĂ©, on va privilĂ©gier les outils numĂ©riques pour une utilisation pĂ©dagogique, encadrĂ©e et limitĂ©e alors que dans les familles avec un faible capital culturel, il est difficile pour eux de repĂ©rer ou utiliser les possibles contenus pĂ©dagogiques. Certains chercheurs tel que Nicolas Roland ont dĂ©montrĂ© que ceux qui tirent le plus profit de pĂ©dagogies provenant dans la culture numĂ©rique (Classes, inversĂ©s, MoocâŠ) sont ceux qui sont dĂ©jĂ les plus riches et fournis au sein du cadre familiale en « compĂ©tences de littĂ©ratie mĂ©diatique, capacitĂ©s dâautorĂ©gulation et dâesprit critique ». Lâenseignement numĂ©rique Ă besoin aussi dâun suivi permanent de la part des parents au mĂȘme titre que lâenseignement traditionnel. Philipe Bilhouix, ancien professeur et auteur de lâessai, Le dĂ©sastre de lâĂ©cole numĂ©rique, explique que par exemple, dans le cadre de la « classe inversĂ©e », oĂč il sâagit de visionner une vidĂ©o Ă la maison, puis de consacrer le cours lui-mĂȘme Ă des approfondissements ou des exercices. Tous les Ă©lĂšves ne regarderont pas la vidĂ©o de la mĂȘme façon : certains seront concentrĂ©s, accompagnĂ©s par leurs parents ; dâautres la regarderont dâun Ćil, en surfant en parallĂšle sur les rĂ©seaux sociaux »[12].
Ă ce problĂšme sâajoute celui de la communication entre les Ă©tablissements et les parents dâĂ©lĂšves. Nombreux sont les Ă©tablissements scolaires qui optent dĂ©sormais pour la dĂ©matĂ©rialisation des informations liĂ©s Ă la scolaritĂ© (bulletins, absences, notesâŠ). Bien quâelle permette un suivi plus dĂ©taillĂ© et en temps rĂ©el de la scolaritĂ© des Ă©lĂšves, pour les parents souffrant de la fracture numĂ©rique et plus particuliĂšrement de lâillectronisme, ce changement reprĂ©sente un nouvel obstacle entre eux et le corps Ă©ducatif. « Pour eux, le mail est un instrument de torture et ce, dâautant plus quâil est lâoutil de lâinjonction administrative », explique la sociologue Dominique Pasquier. La dĂ©matĂ©rialisation des dĂ©marches et suivis scolaires peut aussi contribuer Ă lâaccentuation des inĂ©galitĂ©s sociales, puisque ces parents se verront en grande difficultĂ© pour effectuer la demande dâune aide sociale, suivre les frais de demi-pension, etc. Le recours aux logiciels dâenvironnements numĂ©riques de travail (ENT), peut contribuer Ă renforcer lâexclusion de certains parents dans la vie scolaire de leurs enfants et risque dâaugmenter les inĂ©galitĂ©s dĂ©jĂ trĂšs remarquables dans ce contexte de dĂ©matĂ©rialisation administrative.
Formation enseignant
Lâenjeu de la formation des professeurs est trĂšs important, ceux-ci ne sont pas forcĂ©ment tous compĂ©tents dans l'usage des TIC. Pour corriger cela, des rĂ©seaux dâenseignement numĂ©rique voient le jour et se dĂ©veloppent. De nombreux enseignants innovent dans leur maniĂšre dâenseigner ; sâapproprient les supports pĂ©dagogiques et les agrĂšgent Ă dâautres ressources pĂ©dagogiques[13]. Dâautres enseignants ont dĂ©cidĂ© de sâauto-former au fur et Ă mesure Ă travers des plateformes comme MOOC, ViaĂ©duc (rĂ©seaux dâenseignement fondĂ©s par CANOPE) donnant accĂšs Ă des tutoriels, mais aussi Apple Distinguished Educators (ADE) constituĂ© de qui diffusent leur savoir-faire pour la promotion de lâinnovation dans les pratiques pĂ©dagogiques. HĂ©las, malgrĂ© le foisonnement de plateformes dâenseignement, celle-ci sont trĂšs demandĂ© par les enseignants et les inscriptions arrivent vite Ă saturation pour les milliers de professeurs qui postulent. Le dĂ©fi serait, dĂšs lors, pour lâĂ©ducation Nationale de rendre un peu plus accĂšs aux formations pour tous les professeurs. Quant Ă la formation initiale, pour renforcer les compĂ©tences des futurs enseignants, une certification est devenue obligatoire en France pour ĂȘtre nommĂ© professeur titulaire (depuis ) le Certificat Informatique et Internet niveau 2 Enseignant, ou C2i2e.
Les enseignants sont nombreux Ă critiquer le manque dâaccompagnement de la part de lâĂtat quant Ă lâutilisation et Ă la crĂ©ation des outils et instruments pĂ©dagogiques. Les rĂ©fĂ©rences numĂ©riques, censĂ©s accompagner les professeurs dans la dĂ©matĂ©rialisation de lâenseignement, manquent Ă©normĂ©ment. Certains professeurs estiment que le surĂ©quipement des Ă©lĂšves en outils numĂ©riques peut aller Ă lâencontre dâun bon exercice de leur mĂ©tier. Lâabondance des instruments et outils informatiques et technologique ne veut pas forcĂ©ment dire pour eux quâelle soit adaptĂ©e aux vĂ©ritables problĂšmes des Ă©lĂšves. StĂ©phanie de Vanssay, conseillĂšre nationale sur le numĂ©rique au syndicat UNSA-Education affirme quâil nâest pas pertinent dâĂ©quiper chaque Ă©tudiant. Pour elle, il faudrait plutĂŽt â adapter le matĂ©riel en fonction des projets des enseignants. Tous nâont pas besoin dâun tableau interactif, appareil trĂšs onĂ©reuxâ[14]â. De plus, les syndicats de professeurs dĂ©noncent aussi que les Ă©quipements varient beaucoup dâune collectivitĂ© Ă une autre. « Les communes nâont pas toutes les mĂȘmes moyens, et on se retrouve avec de grandes inĂ©galitĂ©s entre les Ă©coles »[14], alerte StĂ©phanie de Vanssay. Sans ajouter les problĂšmes de connexion qui rencontrent les zones isolĂ©es et les territoires outre-mer qui disposent des infrastructures numĂ©riques moins dĂ©veloppĂ©s.
L'usage des TICE par les enseignants doit viser à améliorer l'efficacité pédagogique globale. Certaines compétences en particulier sont ciblées: la compréhension, la créativité et la mémorisation, au travers d'exercices plus individualisés ou plus collaboratifs, plus libres et plus riches tout en étant plus concrets[15] - [16]. à la suite de la crise sanitaire, l'enseignement hybride ou en distanciel se généralise, accroissant de fait la nécessité de penser l'usage des TICE[17] - [18].
Arguments pour et contre
Impacts positifs
Lâun des avantages concerne le poids des cartables scolaire. DĂ©sormais, le cartable numĂ©rique (tablettes, ordinateursâŠ), plus lĂ©ger, a Ă©tĂ© la solution pour lâĂ©ducation nationale pour remĂ©dier au long dĂ©bat sur le poids de cartable des enfants. Ce cartable numĂ©rique dispose de possibilitĂ© de partage et dâaccĂšs Ă des documents, des contenus variĂ©s. Aussi, le numĂ©rique sert Ă cibler les cas spĂ©cifiques pour mieux y rĂ©pondre. Dâune part, le numĂ©rique permet aussi de rattraper plus aisĂ©ment les cours manquĂ©s par des Ă©lĂšves malades ou souffrant de handicap physique ou mentale grĂące Ă des sites de partage des cours dĂ©diĂ©s pour lâoccasion. Dâautre part, elle permet lâindividualisation de lâapprentissage. DâaprĂšs lâexperte en nouvelles technologies Vawn Himmelsbach, les outils numĂ©riques ont la capacitĂ© de personnaliser les programmes puisque chaque personne peut apprendre Ă son rythme suivant ses compĂ©tences propres[19]. Lâutilisation de quiz et sondages serait lâoccasion de faire participer les Ă©lĂšves habituellement timides.
En outre, les outils numĂ©riques ont un impact sur la bonne mĂ©morisation et motivation des Ă©lĂšves. DâaprĂšs lâĂ©tude Learning in One-to-One Laptop Environments[20], cela augmente « la crĂ©ativitĂ©, lâautonomie et le plus important le plaisir dâapprendre câest-Ă -dire cette envie dâĂȘtre prĂ©sent ». LâĂ©cole numĂ©rique est davantage stimulante pour les Ă©lĂšves car les outils sont plus dynamiques par des interactions enseignant-cours et Ă©lĂšves-cours plus originales quâauparavant. LâĂ©lĂšve nâest pas quâun simple rĂ©cepteur du cours mais il en devient aussi acteur, ce qui lui permettra de plus sâimpliquer et maĂźtriser les leçons plus facilement. En effet, les supports visuels (Ă©crans) stimulent plus la mĂ©moire visuelle des Ă©tudiants. Cela explique pourquoi la tĂąche est plus captivante et agrĂ©able Ă rĂ©aliser. Aussi, ces outils permettent de faire varier les travaux et les tĂąches car il est possible de planifier des activitĂ©s plurielles. En effet, ces supports donnent accĂšs Ă des vidĂ©os, permettent de prĂ©parer des travaux de groupes ainsi que des prĂ©sentations dâexposĂ©s des Ă©lĂšves.
Enfin, les outils numĂ©riques[21] constituent un gain de temps prĂ©cieux. Câest le cas de diverses applications rendant la tĂąche facile aux enseignants grĂące Ă une gestion de temps optimisĂ©e. Certaines Ă©valuations, par exemple, se corrigent plus facilement car lâapplication se charge de la corriger automatiquement, et ce, plusieurs fois. Lâapplication est devenue le collĂšgue du professeur[7]. Par ailleurs, en plus de la correction, les professeurs peuvent dĂ©lĂ©guer le rĂŽle de la rĂ©alisation des Ă©valuations grĂące Ă des applications offrant une multitude dâexercices dĂ©jĂ prĂ©parĂ©e mais aussi remplir, en ligne, des formulaires administratifs.
Impacts négatifs
Dâabord, lâutilisation excessive des outils pourra pĂ©naliser Ă lâavenir les Ă©lĂšves dans des compĂ©tences oĂč il nâen faut pas. En effet, les informations manuscrites sont mieux assimilĂ©es que celles qui sont « tapuscrites » car lâapprentissage sera plus facile grĂące Ă la rĂ©daction Ă la main que par un ordinateur. Il est primordial que les enfants entretiennent lâĂ©criture Ă la main car les outils informatiques ne seront pas toujours prĂ©sents comme lors des examens qui se rĂ©alisent Ă lâĂ©crit. De ce fait, la prise de note doit continuer Ă ĂȘtre une habitude. A cela sâajoute, lâOCDE affirmant 3 dans un rapport que « les pays qui ont entamĂ© une informatisation rapide de lâĂ©ducation obtiennent des rĂ©sultats dĂ©cevants » : Les rĂ©sultats des jeunes sont moins bons.
De plus, les outils numĂ©riques sont sans aucun doute des sources de distraction pour les Ă©lĂšves impactant leur attention et concentration[22]. Les enfants parviennent moins Ă agrĂ©ger les informations lorsquâils sont devant un ordinateur. Aujourdâhui les appareils connectĂ©s multitĂąches ont un effet sur notre capacitĂ© de concentration et dâĂ©tude. Il faudrait restreindre lâaccĂšs aux Ă©lĂšves afin de les circonscrire au domaine Ă©tudiĂ© mais les rĂ©sultats sont limitĂ©s. Dans la mĂȘme veine, une Ă©tude parue dans le Le Point expliquait que les outils technologiques ont un impact sur la charge de travail des Ă©lĂšves (de la maternelle Ă lâenseignement supĂ©rieur). En effet, lâĂ©tude rĂ©vĂšle un Ă©cart entre le temps investi rĂ©ellement et le temps perçu : 59% des Ă©lĂšves pensent gagner du temps et 33% pensent lâinverse[23]. En rĂ©alitĂ©, cela leur demande plus de temps mais ils nây sont pas conscients.
En termes dâinvestissement, les outils technologiques sont moins rentables que les manuels. Les investissements ne font quâaugmenter, lâĂtat dĂ©pense des millions pour les Ă©quipements pĂ©dagogiques, la formation des enseignants et pour lâaccĂšs au dĂ©bit. En se penchant sur ses chiffres exorbitants, il est prĂ©fĂ©rable de continuer avec des manuels scolaires dont lâinvestissement se rĂ©alise en une fois[24]. Pour finir, le professeur seront plus mis Ă contribution contrairement Ă ce qui disent que sa prĂ©sence est indispensable. Leur rĂŽle deviendra plus chargĂ© dĂ©sormais car il faut intervenir pour aider les Ă©lĂšves face Ă des outils dont le fonctionnement est complexe. Ainsi, lâaugmentation des outils technologiques et le manque de soutien technique provoquent une multiplication des tĂąches : prĂ©paration des contenus de cours, des prĂ©sentations, vidĂ©os, recherche et prĂ©paration dâinformations pour les contenus de cours, des vidĂ©os, prĂ©sentations⊠Ces tĂąches se compliquent lorsquâils sont confrontĂ©s lors de problĂšmes techniques (pannes informatiques obligeant les professeurs Ă prĂ©voir un plan B, des applications incompatibles) ou encore la gestion Ă la fois des plateformes (Moodle, Pluriportail...). Autant de choses qui obligent les professeurs Ă allonger le travail en dehors des heures car le temps dâappropriation des ressources pĂ©dagogiques est trĂšs fastidieux. Cela sâexplique par un manque de formation des professeurs. En effet, dâaprĂšs une Ă©tude du Sud-Ouest, les livraisons dâoutils informatiques nâont pas Ă©tĂ© accompagnĂ©es dâun suivi des professeurs.
Selon une enquĂȘte diligentĂ©e par l'OCDE dans le cadre du programme international pour le suivi des acquis des Ă©lĂšves (PISA)[25] : « MalgrĂ© des investissements considĂ©rables en ordinateurs, connexions internet et logiciels Ă©ducatifs, il y a peu de preuves solides qu'un usage accru des ordinateurs par les Ă©lĂšves conduise Ă de meilleurs rĂ©sultats scolaires en mathĂ©matiques et lecture » et « les pays qui ont le moins investi dans l'introduction des ordinateurs Ă l'Ă©cole ont progressĂ© plus vite, en moyenne, que les pays ayant investi davantage. Les rĂ©sultats sont identiques pour la lecture, les mathĂ©matiques et les sciences ». Enfin, « les associations avec l'utilisation/l'accĂšs aux TICE est faible, et parfois nĂ©gative, mĂȘme lorsque sont examinĂ©s les rĂ©sultats en lecture digitale et en mathĂ©matiques sur ordinateur ».
En résumé, les résultats des études PISA montrent que plus on utilise le numérique à l'école, plus les résultats en lecture, en mathématiques et en science baissent[26]. Contrairement aux buts affichés, l'utilisation des TICE à l'école échoue à améliorer l'apprentissage des compétences traditionnelles. Ceci peut s'expliquer par le fait que l'utilisation du matériel informatique détourne des interactions humaines et de l'engagement nécessaires à la compréhension et à la réflexion approfondies[27].
Ainsi, selon Michel Desmurget[28], dans les faits, le numérique est avant tout un moyen de résorber les dépenses éducatives: les enseignants qualifiés sont difficiles à former et recruter, et le numérique permettra de les remplacer par des « guides, médiateurs, facilitateurs, metteurs en scÚne ou passeurs de savoir » moins formés et moins payés, tout en masquant la dégradation de la qualité de l'enseignement sous un discours officiel apaisant.
Classification et exemples
Au-delà de cette initiation à l'informatique, outil désormais indispensable au citoyen, dont l'usage appelle aussi bien une familiarisation technique qu'une formation intellectuelle, les TICE représentent également un important potentiel d'innovations pédagogiques et un réservoir quasi infini de nouvelles pratiques pour les enseignants comme pour l'ensemble du systÚme éducatif.
Pour esquisser une typologie rapide des ressources apportées par les TICE, il y a six familles de ressources :
- Logiciels généraux (texte, son et/ou image numériques) utilisés à des fins d'enseignement ou d'apprentissage.
- Banques de donnĂ©es et d'informations (documents numĂ©riques : textes, images, vidĂ©osâŠ) pouvant ĂȘtre utilisĂ©es comme supports de cours et d'illustrations par l'enseignant ou pouvant servir comme source d'information pour les Ă©lĂšves lors de recherche documentaire.
- Manuels numĂ©riques enrichis de donnĂ©es nouvelles (vidĂ©osâŠ) et d'outil de navigation unique.
- Outils de travail personnel (exerciseurs, laboratoires personnels) capables de s'adapter au niveau des apprenants, Ă leurs objectifs et Ă leurs parcours.
- Simulateurs, systÚmes experts, permettant de modéliser les phénomÚnes étudiés et d'en faire varier les paramÚtres.
- Dispositifs de travail collectif, de mise en réseau, de communication.
Exemple 1 - L'apprentissage en ligne
Ătymologiquement l'apprentissage par des moyens Ă©lectroniques, peut ĂȘtre caractĂ©risĂ© selon plusieurs points de vue : Ă©conomique, organisationnel, pĂ©dagogique, technologique.
La dĂ©finition de l'apprentissage en ligne (e-learning) donnĂ©e par l'Union EuropĂ©enne est : « lâe-learning est lâutilisation des nouvelles technologies multimĂ©dias de lâInternet pour amĂ©liorer la qualitĂ© de lâapprentissage en facilitant dâune part lâaccĂšs Ă des ressources et Ă des services, dâautre part les Ă©changes et la collaboration Ă distance ».
En anglais, le terme E-learning, employĂ© par le monde Ă©conomique, rĂ©sulte dâune volontĂ© dâunifier des termes tels que : « Open and Distance Learning » (ODL) pour qualifier sa dimension ouverte et qui vient du monde de la formation Ă distance, « Computer-Mediated Communication » (CMC) pour traduire les technologies de communication (Mails, Forum, Groupware) appliquĂ©es Ă la formation « Web-Based Training » (WBT) pour traduire la technologie dominante sur Internet pour la formation, « Distributed Learning » qui traduit plus une approche pĂ©dagogique de type constructiviste et fondĂ©e sur la Cognition DistribuĂ©e (Grabinger et al., 2001).
L'apprentissage en ligne est une modalitĂ© pĂ©dagogique et technologique qui concerne la formation continue, lâenseignement supĂ©rieur mais aussi la formation en entreprise, câest-Ă -dire pour un apprenant adulte ayant une certaine autonomie dans lâorganisation de son processus dâapprentissage, comme en entreprise par exemple : cette modalitĂ© peut prendre place au milieu des entreprises Ă©tant donnĂ© sa flexibilitĂ© et la richesse de ses ressources au moment de les mettre en ligne. Cependant, il faut remarquer quâaux Ătats-Unis, dans des textes officiels rĂ©cents, l'E-learning est souvent dĂ©clinĂ© sous la forme « Enhanced-Learning through Information Technologies », pour tout type d'audience, de la maternelle Ă la formation continue, et qu'il inclut toutes les technologies Ă©ducatives : didacticiels, CD/Rom, HypermĂ©dias, Tuteur IntelligentâŠ(US DoE, 2000).
Ainsi, le E-learning serait un assemblage, tant de pratiques pĂ©dagogiques que de technologies Ă©ducatives qui existaient, et dont le dĂ©veloppement proviendrait de lâexplosion de la Toile (2000/2001) avec son potentiel dâubiquitĂ©. Il semble cependant, comme pour les Ă©volutions rĂ©centes des organisations, que le E-learning, tel quâil est en train dâĂ©merger, possĂšde des caractĂ©ristiques qui le font diffĂ©rer des approches des technologies de lâĂ©ducation telles que nous les connaissions.
Plusieurs termes sont utilisés pour traduire le terme e-learning. La traduction la plus fidÚle est apprentissage en ligne. Le « e » comme dans e-learning étant une référence explicite aux technologies de l'information et de la communication. L'apprentissage mixte conjugue les notions d'apprentissage en ligne et d'apprentissage hors ligne : il désigne une méthode d'acquisition d'un savoir ou de construction de connaissance utilisant des interactions (acteur-acteur ou acteurs-ressources) relayées par un systÚme télématique (électronique, informatique connecté par réseau). L'apprentissage électronique peut avoir lieu à distance (en ligne), en classe (hors ligne et/ou en ligne) ou les deux. L'apprentissage en ligne est une spécialisation de l'apprentissage à distance (ou formation à distance), un concept plus général qui inclut entre autres les cours par correspondance, et tout autre moyen d'enseignement en temps et lieu asynchrone.
C'est une méthode de formation/d'éducation qui permet théoriquement de s'affranchir de la présence physique d'un enseignant à proximité. En revanche, le rÎle du tuteur distant apparaßt avec des activités de facilitateur et de médiateur.
Plateforme d'apprentissage en ligne
Une plateforme d'apprentissage en ligne, appelĂ©e parfois LMS (Learning Management System), est un site web qui hĂ©berge du contenu didactique et facilite la mise en Ćuvre de stratĂ©gies pĂ©dagogiques.
On trouve aussi les appellations de centre de formation virtuel ou de plateforme e-learning (FOAD).
Une plateforme e-learning (ou LMS) est un produit dérivé des logiciels CMS (content management system) mais présente des fonctions différentes pour la pédagogie et l'apprentissage.
Il s'agit d'une composante d'un dispositif e-learning mais ce n'est pas la seule.
Exemple 2 - Les Espaces Numériques de Travail (ENT) ou Les Espaces Numériques d'Apprentissage (ENA)
L'espace numérique de travail (ENT) est un portail en ligne sécurisé qui permet à l'ensemble des membres de la communauté scolaire (élÚves, personnels enseignants, personnels non enseignants, parents) d'accéder à des services en lien avec des activités d'éducation et d'accompagnement des élÚves.
Les ENT sont généralement offerts par les collectivités qui le proposent aux établissements avec l'aide des Rectorats qui débloquent les moyens humains de formation et d'accompagnement nécessaires à la diffusion des usages.
L'ENT répond à de nombreuses problématiques des TICE. Il a pour objectif de
- moderniser l'Ătat en permettant Ă chaque agent de mieux piloter son systĂšme d'information (pour manager, gĂ©rer, enseigner, etc.) ;
- moderniser le service public en offrant à tous les usagers et à leurs familles des services numériques pour apprendre ou accompagner la scolarité de leurs enfants ;
- familiariser les élÚves avec des usages des technologies qui non seulement leur permettent de mieux apprendre mais encore de mieux comprendre la société de la connaissance dans laquelle ils auront à prendre place ;
- rendre possible par tous et pour tous le recours Ă des formes dâenseignement et dâapprentissage alternatives.
De nombreux témoignages (Projets ENT) montrent que ces impacts sont profonds. Pour répondre aux enjeux de fracture numérique les décideurs territoriaux s'appuient en complément sur des espaces publics numériques pour donner non seulement l'accÚs aux personnes éloignées d'Internet, mais également l'accompagnement pour apprendre à s'en servir.
Actuellement, dix plaques territoriales généralisent les ENT à l'ensemble de leurs établissements (un tiers des établissements du secondaire seront touchés à terme). Vingt-trois projets territoriaux sont accompagnés nationalement.
Exemple 3 - Le tableau blanc interactif
Le tableau blanc interactif (TBI) est un dispositif alliant les avantages d'un écran tactile et de la vidéoprojection.
Un Ă©cran blanc tactile est reliĂ© Ă un ordinateur. Lâordinateur est capable de transmettre diverses informations au tableau blanc, dont la nouvelle position du curseur de la souris. Un vidĂ©oprojecteur se charge d'afficher l'Ă©cran de l'ordinateur, sur le tableau blanc.
Il est donc possible d'effectuer à la main ou à l'aide d'un stylet (selon le modÚle), tout ce qui est possible de réaliser à l'aide d'une souris, et ce, sur un format d'écran allant jusqu'à plus de deux mÚtres de diagonale. En rÚgle générale, le tableau est fourni avec un logiciel dédié, qui permet de tirer parti des possibilités nouvelles de cette technologie.
En milieu scolaire, le TBI offre de nombreuses applications : en sciences physiques, en gĂ©omĂ©trie ou encore comme un outil de pĂ©dagogie diffĂ©renciĂ©e (tĂ©moignages vidĂ©os). Cependant, son utilisation doit rĂ©pondre Ă un besoin pĂ©dagogique rĂ©el pour trouver toute son efficacitĂ©[29]. Pour plus d'information sur l'usage du TBI, ainsi que des recommandations pratiques. Dans le cadre du projet 1 000 visioconfĂ©rences pour l'Ă©cole , l'ancien ministre de l'Ăducation nationale, Xavier Darcos, a favorisĂ© l'Ă©mergence d'applications pĂ©dagogiques du TBI autour de l'apprentissage de l'anglais.
Les applications du TBI se retrouvent dans le domaine des entreprises (conférences et réunions) ainsi que dans le domaine scolaire.
Le TBI est-il efficace ?
Lâutilisation du tableau blanc interactif en milieu scolaire entraĂźne divers questionnements dans le domaine de l'Ă©ducation et dans la sociĂ©tĂ© aussi. Par exemple, on peut se questionner quant Ă la qualitĂ© de lâutilisation en classe des technologies de lâinformation et de la communication par les enseignants ; quant Ă la possibilitĂ© qu'offre lâutilisation du TBI Ă lâenfant dâĂȘtre actif cognitivement dans la comprĂ©hension des matiĂšres vues en classe ; quant Ă la possible amĂ©lioration des compĂ©tences de l'enfant avec les TIC lorsque l'enseignement se fait avec un TBI. Toutes ces interrogations sont nĂ©cessaires en milieu scolaire afin dâĂȘtre sensibilisĂ© aux divers enjeux Ă lâĂ©gard du TBI, mais Ă©galement afin de faire un usage adĂ©quat de cette nouvelle technologie.
Tout dâabord, lâutilisation du TBI en classe est appropriĂ©e lorsque les enseignants ne se fient pas exclusivement Ă ce nouvel outil. En effet, il faut prĂ©voir un plan B, car comme nâimporte quelle technologie, le TBI peut avoir des problĂšmes techniques. De plus, il ne faut pas dĂ©laisser les autres moyens davantage traditionnels pour apprendre tels que la manipulation, les activitĂ©s en dyade, en sous-groupe ou individuelles. Les enseignants peuvent Ă©galement travailler avec dâautres TIC tels que les tablettes interactives, les iPod, les rĂ©seaux sociaux, Scratch ou la robotique. Le piĂšge est dâenseigner uniquement avec le TBI. En fait, il devrait reprĂ©senter un soutien pour l'enseignant en classe, et non prendre toute la place. Il serait important d'ajouter qu'il existe Ă©galement des formations quant Ă l'utilisation des TBI. Ces formations permettent donc de familiariser les enseignants Ă exploiter le TBI au maximum.
Pierre Lachance et Nathalie Frigon, personnes-ressources du RĂCIT, proposent l'approche des 3-O (TablO-BurO-CervO) pour parler d'intĂ©gration des TIC dans l'apprentissage. Ce concept met en interrelation trois lieux connus de la classe et exploitĂ©s des enseignants : le tableau (ou le devant la classe), le bureau (environnement de travail de l'Ă©lĂšve) et le cerveau (lĂ oĂč les apprentissages se font). L'utilisation des TBI par l'enseignant devrait ainsi permettre aux Ă©lĂšves de travailler dans ces trois espaces (TablO-BurO-CervO). L'enseignant est finalement tenu de varier les contextes d'apprentissage[30].
Le TBI peut ĂȘtre profitable pour certains enfants. Il va de soi que les Ă©lĂšves habituellement moins attentifs en classe peuvent se sentir davantage rejoints par la technologie que reprĂ©sente ce nouvel outil de travail. En effet, grĂące au TBI, les enseignants peuvent manipuler et faire manipuler les Ă©lĂšves directement sur le tableau. Une Ă©tude[31] mentionne que les tableaux blancs ont des effets positifs sur la motivation scolaire des Ă©lĂšves et, par consĂ©quent, sur leurs rĂ©sultats scolaires. Dâailleurs, cette Ă©tude met en lumiĂšre les grands impacts de rĂ©ussite du tableau chez les garçons. De plus, les tableaux blancs permettent aux Ă©lĂšves de mieux apprivoiser les technologies. Les deux Ă©tudes consultĂ©es[31] - [32], qui remarquent une corrĂ©lation entre les effets positifs sur les rĂ©sultats scolaires et le TBI, mentionnent que les enseignants doivent avoir une bonne expĂ©rience avec cet outil afin dâavoir des rĂ©sultats positifs Ă court et Ă moyen terme.
Lâenseignement avec les technologies permet de faire une mĂ©diation cognitive avec les Ă©lĂšves. Lâenseignant devient une personne ressource pour les Ă©lĂšves dans lâensemble des activitĂ©s. LâOrganisation des Nations unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture se positionne dans ce mĂȘme type de vision de lâĂ©ducation au XXIe siĂšcle. Lâorganisation mentionne Ă lâĂ©gard du mĂ©tier dâenseignant que « celui-ci sera de plus en plus appelĂ© Ă Ă©tablir une relation nouvelle avec lâapprenant, passer du rĂŽle de soliste Ă celui dâaccompagnateur, devenant dĂ©sormais non plus tant celui qui dispense les connaissances que celui qui aide ses Ă©lĂšves Ă trouver, Ă organiser et Ă gĂ©rer le savoir »[33] - [34] - [35] - [36].
Exemple 4 - Les tablettes interactives
Une tablette tactile est un ordinateur portable ne comportant aucun clavier ni souris. Les tablettes sont des ordinateurs mobiles trĂšs lĂ©gers et maniables qui sont munies dâun Ă©cran tactile. Ce sont les doigts qui servent de souris afin de se dĂ©placer dans les interfaces. La tablette peut ĂȘtre utilisĂ©e pour du traitement de texte, mais sa fonction premiĂšre est de naviguer sur Internet et dâutiliser les applications proposĂ©es. Une souris et un clavier peuvent ĂȘtre installĂ©s Ă lâaide de cĂąble USB. Lâutilisation de tablettes interactives en classe comporte plusieurs avantages. La tablette permet de rĂ©aliser une nette diminution des photocopies en classe, dâachat de manuels et de livres. Les Ă©lĂšves ont sur leur tablette personnelle tous les documents nĂ©cessaires Ă la progression de leurs apprentissages. Qui plus est, la tablette est mince et lĂ©gĂšre, ce qui permet une manipulation et un dĂ©placement trĂšs aisĂ© de l'objet. De plus, si lâĂ©cole possĂšde une connexion internet Wi-Fi, lâaccĂšs Ă Internet est trĂšs rapide.
Ensuite, avec la tablette interactive, il y a une intĂ©gration des TIC qui peut favoriser la motivation des Ă©lĂšves. En effet, les jeunes d'aujourdâhui sont nĂ©s dans une Ăšre de technologie et lâutilisation de tablettes interactives peut les motiver dans leur rĂ©ussite scolaire. La tablette peut ĂȘtre Ă©galement utilisĂ©e pour la lecture de textes, de romans et de magazines, mais peut Ă©galement servir pour des ateliers prĂ©conisant lâĂ©coute de texte puisque des haut-parleurs peuvent ĂȘtre branchĂ©s sur la plupart des tablettes.
Les tablettes possĂšdent trĂšs souvent un appareil photo et vidĂ©o, ce qui permet aux Ă©lĂšves de prendre des photos et dâenregistrer de courts vidĂ©os et, subsĂ©quemment de travailler les montages vidĂ©o. Ce qui est Ă©galement intĂ©ressant avec les tablettes comparativement aux camĂ©ras, câest que lâutilisation de cassette pour enregistrer nâest pas nĂ©cessaire. En effet, lâenregistrement des photos et vidĂ©os se fait directement sur la mĂ©moire de la tablette.
Finalement, de nombreuses applications peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©es gratuitement ou Ă un coĂ»t minime comme, Dropbox, SkyMap, Zoho, SonicPicsLite et iAnnotate PDF, IBooks, Google Earth, iMovie. Aussi, les tablettes permettent de sâabonner Ă des journaux, tel La Presse afin dâĂȘtre Ă jour dans les actualitĂ©s. Les tablettes interactives ont Ă©galement quelques inconvĂ©nients. En effet, sans connexion Wi-Fi, la tablette est presque inutile, sinon pour faire du traitement de texte. Qui plus est, si le but principal est l'utilisation en classe, la recharge des tablettes peut s'avĂ©rer compliquĂ©e[37] - [38] - [39] - [40] - [41].
Exemple 5 - Scratch
Scratch est un logiciel de dĂ©veloppement gratuit et accessible aux enfants, qui peut ĂȘtre utile pour les enseignants et les enseignantes au primaire qui souhaitent intĂ©grer de la nouveautĂ© dans leurs pĂ©riodes d'informatique avec leurs Ă©lĂšves. Il est conseillĂ© aux enfants de huit ans et plus, mais des essais rĂ©vĂšlent qu'il pourrait ĂȘtre accessible aux plus jeunes Ă©lĂšves.
Ă ses dĂ©buts, le logiciel Scratch a Ă©tĂ© utilisĂ© dans des centres extrascolaires, en milieux dĂ©favorisĂ©s. Les enfants de ce milieu ont dĂ©montrĂ© qu'il Ă©tait trĂšs accessible et mĂȘme bĂ©nĂ©fique pour eux, malgrĂ© leurs difficultĂ©s scolaires. C'est un logiciel qui permet de dĂ©velopper la crĂ©ativitĂ© ainsi que la curiositĂ© intellectuelle chez les enfants. Il leur permet de dĂ©velopper le goĂ»t dâapprendre, puisque les apprentissages rĂ©alisĂ©s sont utiles et ont du sens. Ce logiciel fait en sorte de placer lâĂ©lĂšve en contexte dâapprentissage/enseignement. Il doit d'abord dĂ©finir ce qu'il veut crĂ©er, puis trouver et imaginer des stratĂ©gies pour faire comprendre au logiciel ce quâil souhaite faire. Il peut ensuite partager sa crĂ©ation. L'enfant construit donc ses savoirs en interagissant avec le logiciel. Un enfant, mĂȘme jeune, utilise facilement ce logiciel pour crĂ©er ses commandes, puisque les contrĂŽles se distinguent par leurs diffĂ©rentes couleurs[42].
Le slogan de Scratch est « Imagine, programme, partage »[43]. Ainsi, lâenfant choisit les actions voulues, met les actions en application et partage ensuite son rĂ©sultat. Le partage motive lâenfant dans son travail. De plus, les travaux partagĂ©s peuvent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s et retravaillĂ©s. Ce logiciel dĂ©veloppĂ© par le Massachusetts Institute of Technology permet de faire de lâanimation[43] , mais il a aussi plusieurs autres fonctions. Les enfants peuvent crĂ©er des formes gĂ©omĂ©triques en choisissant les angles voulus, des histoires interactives, des dessins animĂ©s, des jeux, des compositions musicales, et plus encore. Ă lâaide de ce logiciel libre, les Ă©lĂšves cĂŽtoient des concepts mathĂ©matiques et informatiques en lien avec leur cheminement scolaire. Il est plus facile dâapprendre ces concepts avec un tel logiciel, car les Ă©lĂšves apprennent plus facilement en jouant. Cette approche ludique de lâalgorithmique aide le raisonnement et la coopĂ©ration[42].
Notes et références
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- MĆglin, P. (2010). Les Industries Ă©ducatives. Paris : Puf, Que sais-je ?
Voir aussi
Articles connexes
- Association Enseignement Public et Informatique Association EPI
- Utilisation du Tableau blanc interactif.
- Technologies de l'information et de la communication (TIC)
- Sciences de l'information et de la communication
- Espace numérique de travail (éducation)
- Travail collaboratif
- Campus numérique francophone
- Hyperpaysage
- Massachusetts Institute of Technology
- Lelivrescolaire.fr
- Ăducation par le numĂ©rique en Afrique
Liens externes
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