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Tadorne de Corée

Tadorna cristata ‱ Tadorne huppĂ©

Tadorna cristata
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Un couple naturalisé, mùle à gauche et femelle à droite, de la collection de Nagamichi Kuroda (Tokyo, Japon).

EspĂšce

Tadorna cristata
(Kuroda, 1917)

Synonymes

Statut de conservation UICN

( CR )
CR D :
En danger critique
[1]

Le Tadorne de CorĂ©e (Tadorna cristata), aussi appelĂ© tadorne huppĂ©, est une espĂšce d'oiseaux aquatiques de la famille des Anatidae. Ce canard est gravement menacĂ© et considĂ©rĂ© comme Ă©teint par certains. Le mĂąle a la calotte, la poitrine, les rĂ©miges primaires et la queue de couleur noir verdĂątre, tandis que le reste de sa tĂȘte, le menton et la gorge sont brun-noir. Le ventre du mĂąle, les sous-caudales et les flancs sont gris foncĂ© avec des stries noires. Les couvertures alaires supĂ©rieures sont blanches et il a un miroir d'un vert iridescent. La femelle a un cercle oculaire blanc et une crĂȘte noire. Elle a la face, le menton, la gorge, le cou et les couvertures alaires supĂ©rieures blancs, et le corps est brun foncĂ© avec des stries blanches. Les deux sexes possĂšdent une touffe de plumes vertes distinctive qui dĂ©passe de la tĂȘte.

Le Tadorne de CorĂ©e a Ă©tĂ© trĂšs rarement vu, et de ce fait on connaĂźt trĂšs peu cet oiseau. Il se reproduit en CorĂ©e et en Russie orientale et il est probablement une espĂšce relique qui devait avoir une rĂ©partition plus grande dans les temps prĂ©historiques. Le Tadorne de CorĂ©e n'a pas Ă©tĂ© aperçu avec certitude depuis 1964, et certains considĂšrent cette espĂšce comme Ă©teinte. Des observations occasionnelles ont tout de mĂȘme Ă©tĂ© signalĂ©es, un certain nombre provenant des zones humides intĂ©rieures de la Chine. En raison des informations persistantes faisant Ă©tat de survie de l'espĂšce, il est considĂ©rĂ© comme « en danger critique d'extinction » par l'Union internationale pour la conservation de la nature.

Description

Diagramme montrant les plumages du mĂąle (en bas) et de la femelle (en haut).

Le Tadorne de CorĂ©e prĂ©sente un fort dimorphisme sexuel. Le mĂąle a la calotte, la poitrine, les primaires et la queue de couleur noir verdĂątre, tandis que le reste de sa tĂȘte, son menton et sa gorge sont noir brunĂątre[2] - [3]. Le ventre du mĂąle, les sous-caudales et les flancs sont gris foncĂ© avec des stries noires. Les couvertures supĂ©rieures des ailes sont blanches, alors que le miroir est d'un vert iridescent. La femelle a un grand cercle oculaire blanc, la crĂȘte noire, la tĂȘte blanche ainsi que son menton, sa gorge, son cou et ses couvertures alaires supĂ©rieures. Elle a aussi un corps brun foncĂ© avec des stries blanches lui donnant un aspect vermiculĂ©[2] - [3]. MĂąles et femelles ont une touffe de plumes vertes qui dĂ©passe de la tĂȘte[3] et l'espĂšce est parfois appelĂ©e « tadorne huppĂ© Â»[4] - [5]. Le Tadorne de CorĂ©e mesure environ 63 Ă  71 centimĂštres de long, soit lĂ©gĂšrement plus grand qu'un Canard colvert (Anas platyrhynchos)[2] ; l'aile pliĂ©e mesure 31 Ă  32 centimĂštres[3]. Le bec et les pattes sont roses, mais celles de la femelle sont plus pĂąles que celles du mĂąle[6]. Le bec du mĂąle possĂšde une petite boule Ă  sa base[7]. Le plumage des individus immatures est inconnu[2].

Écologie et comportement

Peu de choses sont connues des habitudes de vie du Tadorne de CorĂ©e. On le pense migrateur, se reproduisant en SibĂ©rie et descendant vers le sud, en CorĂ©e, dans le Sud de la Russie et au Japon pour hiverner[2]. Le Tadorne de CorĂ©e doit se nourrir de vĂ©gĂ©tation aquatique, de cultures agricoles, d'algues, d'invertĂ©brĂ©s comme des mollusques ou des crustacĂ©s, de charognes et d'ordures[2] - [8]. Il est possible que ce tadorne s'alimente de nuit[9]. Bien qu'aucun nid n'ait Ă©tĂ© dĂ©crit, les espĂšces proches de tadornes nichent dans des terriers et des cavitĂ©s, et il a Ă©galement Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que cette espĂšce puisse nicher dans les cavitĂ©s des arbres[9]. La saison de reproduction doit s'Ă©taler de mai Ă  juillet, et la femelle pond probablement moins de dix Ɠufs qu'elle couve seule[9]. Le Tadorne de CorĂ©e a Ă©tĂ© observĂ© se dĂ©plaçant en groupes de deux Ă  huit oiseaux[8].

RĂ©partition et habitat

Carte de la mer du Japon, montrant en rouge la zone oĂč l'espĂšce a Ă©tĂ© trouvĂ©e selon l'Union internationale pour la conservation de la nature[1].

Des spĂ©cimens du Tadorne de CorĂ©e ont Ă©tĂ© collectĂ©s prĂšs de Vladivostok en Russie et prĂšs de Busan et Gunsan en CorĂ©e[2]. Il est possible que l'espĂšce se reproduise dans l'ExtrĂȘme-Orient russe, dans le Nord de la CorĂ©e du Nord et dans le Nord-Est de la Chine, et hiverne dans le Sud du Japon, le Sud-Ouest de la CorĂ©e et le long de la cĂŽte est de la Chine, au sud jusqu'Ă  Shanghai[9]. Le Tadorne de CorĂ©e devait historiquement avoir une aire de rĂ©partition plus vaste[10].

La mer du Japon, d'oĂč proviennent la plupart des observations du Tadorne de CorĂ©e.

Cette espÚce doit vivre dans une grande variété d'habitats humides ou d'eau profonde à différentes altitudes[2]. Bien que tous les individus aient été collectés sur la cÎte, en particulier prÚs des embouchures, il y a eu un certain nombre de signalements provenant des zones humides intérieures dans le nord-est de la Chine[8]. Il a été supposé que cette espÚce pouvait se reproduire dans les zones montagneuses éloignées de l'eau ou sur les lacs volcaniques[11] - [3].

Taxinomie et systématique

Le premier Tadorne de CorĂ©e connu de la science moderne est collectĂ© en avril 1877 prĂšs de Vladivostok, en Russie[7]. Il n'est toutefois dĂ©crit qu'en 1890, par le zoologiste britannique Philip Lutley Sclater qui considĂšre le spĂ©cimen comme un possible hybride entre le Tadorne casarca (Tadorna ferruginea) et le Canard Ă  faucilles (Anas falcata)[7] - [12]. Vers 1913, un couple est collectĂ© en CorĂ©e, et le mĂąle est prĂ©sentĂ© Ă  l'ornithologue japonais Nagamichi Kuroda[13]. Celui-ci note que le plumage des spĂ©cimens n'est pas complĂštement intermĂ©diaire entre les espĂšces comme le suggĂ©rait Sclater[7]. Une autre femelle est rĂ©coltĂ©e et remise en 1916 Ă  Kuroda qui conclut que l'oiseau n'est manifestement pas un hybride et le dĂ©crit sous le protonyme de Pseudotadorna cristata en 1917[7] - [13] - [14]. La femelle de 1916 est dĂ©signĂ©e comme holotype et conservĂ©e avec le mĂąle dans la collection de Kuroda[15]. Dans la famille des anatidĂ©s, cette espĂšce est alors considĂ©rĂ©e par Kuroda comme suffisamment distincte pour mĂ©riter son propre genre[13], mais elle est dĂ©sormais placĂ©e dans le genre Tadorna, qui comprend six autres espĂšces de tadornes de l'Ancien Monde[6]. Le nom du genre vient du mot celte tadorne et signifie « sauvagine bigarrĂ©e Â»[16]. L'Ă©pithĂšte spĂ©cifique, cristata, vient directement du mot latin pour dĂ©signer les aigrettes de l'oiseau[6].

Le Tadorne de Corée et l'Homme

Peinture de Joseph Smit, en 1890 (l'oiseau est plutÎt considéré comme un hybride à l'époque).

Relations avec l'humain

Ce canard Ă©tait capturĂ© en CorĂ©e et exportĂ© vers le Japon entre 1716 et 1736 pour l'aviculture[7] - [6]. Des oiseaux sont ainsi attrapĂ©s pour l'aviculture au Japon, au moins jusqu'en 1854[6]. L'oiseau est d'ailleurs dĂ©peint dans le Kanbun-Kinpu, une Ɠuvre japonaise sur l'aviculture[17]. On trouve Ă©galement la reprĂ©sentation d'un canard d'apparence similaire sur de vieilles tapisseries chinoises[2]. Kuroda affirme que les chasseurs japonais chassent toujours l'espĂšce en CorĂ©e dans les annĂ©es 1920[7]. Seuls trois spĂ©cimens existent dans les musĂ©es. Le seul spĂ©cimen mĂąle est conservĂ© avec une femelle, l'holotype, dans la collection de Kuroda Ă  l'institut d'ornithologie de Yamashina, de Tokyo[14] - [8] - [18]. Le mĂąle a Ă©tĂ© recueilli Ă  l'embouchure du Kum en 1913 ou en 1914, et la femelle a Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©e prĂšs de Busan en dĂ©cembre 1916[13]. Le spĂ©cimen femelle dĂ©crit par Philip Lutley Sclater, recueilli par le lieutenant F. Irmininger prĂšs de Vladivostok en avril 1877, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en 1894 par la Zoological Society of London et est aujourd'hui conservĂ© au MusĂ©e national du Danemark Ă  Copenhague[17] - [18]. Deux autres spĂ©cimens sont connus pour avoir existĂ©, mĂȘme si les deux ont Ă©tĂ© perdus. Il s'agit du couple capturĂ© en 1913 et prĂ©sentĂ© Ă  Kuroda : ces oiseaux ont Ă©tĂ© donnĂ©s Ă  un ami de la personne les ayant collectĂ©s, et ils ont disparu par la suite[7]. Autour de 1900, un chasseur chinois avait offert un spĂ©cimen Ă  un professeur de l'UniversitĂ© de PĂ©kin, mais le professeur, ne se rendant pas compte de la raretĂ© de l'oiseau, s'en Ă©tait dĂ©barrassĂ©[7]. En 1991, le Tadorne de CorĂ©e apparaĂźt sur un timbre-poste mongol[19].

Menaces et conservation

Les rares observations du Tadorne de Corée sont probablement dues en grande partie à des confusions avec une espÚce proche, le Tadorne casarca.

Le Tadorne de CorĂ©e n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs abondant dans les temps modernes, mĂȘme si l'on pense qu'il a pu ĂȘtre plus rĂ©pandu historiquement, en raison de sa prĂ©sence dans l'aviculture japonaise[7]. L'espĂšce est seulement connue Ă  partir d'une poignĂ©e d'observations et a Ă©tĂ© seulement aperçue depuis la capture d'une femelle en 1916 Ă  Busan, en CorĂ©e du Sud[20]. En 1943, cet oiseau Ă©tait signalĂ© dans le Nord du Chungcheong, et on imagine alors que l'espĂšce a pu survivre[2]. Un groupe de trois oiseaux, deux femelles et un mĂąle, est repĂ©rĂ© par deux Ă©tudiants russes en 1964 dans les Ăźles Rimski-Korsakov prĂšs de Vladivostok avec un petit groupe de Canards arlequins (Histrionicus histrionicus)[7] - [2]. En 1971, le Tadorne de CorĂ©e est signalĂ© sur la cĂŽte nord-est de la CorĂ©e du Nord, et en 1985 deux spĂ©cimens sont signalĂ©s dans l'Est de la Russie[8]. Il y a cependant de sĂ©rieux doutes quant Ă  l'exactitude du signalement de 1971[11]. Une Ă©tude de 2008 menĂ©e par des chasseurs chinois a abouti Ă  un certain nombre d'observations non confirmĂ©es dans le Nord-Est de la Chine. Par exemple, un travailleur forestier chinois aurait affirmĂ© qu'il avait mangĂ© deux de ces canards en 1984 sans savoir Ă  quelle espĂšce ils appartenaient[8]. Il existe Ă©galement des signalements non confirmĂ©s d'une vingtaine de Tadornes de CorĂ©e dans la rĂ©gion Dashanbao du Yunnan, bien que beaucoup pensent que ce groupe Ă©tait constituĂ© de Tadornes casarca mal identifiĂ©s[9]. On estime que, si l'espĂšce survit, il existe probablement moins de cinquante individus[11]. L'Union internationale pour la conservation de la nature le considĂšre ainsi comme « en danger critique d'extinction »[1].

Cette espĂšce est menacĂ©e d'extinction en raison du recul de son habitat, de la chasse et de la capture excessive[2]. Dans une tentative de rassembler les signalements concernant cette espĂšce et de sensibiliser les chasseurs pour Ă©viter qu'ils ne consomment cette espĂšce, 300 000 tracts ont Ă©tĂ© distribuĂ©s en Russie, au Japon, en Chine, en CorĂ©e du Sud et en CorĂ©e du Nord en 1983, le seul retour Ă©tant le signalement de l'enregistrement en CorĂ©e du Nord de 1971[11] - [9]. 15 000 dĂ©pliants ont Ă©tĂ© distribuĂ©s dans le Nord de la Chine en 1985 et 1991. Bien que cette initiative ait conduit Ă  la rĂ©colte de quatre-vingt-deux autres rapports de l'espĂšce, les enquĂȘtes de suivi dans la rĂ©gion n'ont pas menĂ© Ă  la moindre observation de l'oiseau[8].

Dans plusieurs des zones oĂč il a Ă©tĂ© historiquement signalĂ©, l'habitat potentiel du Tadorne de CorĂ©e est menacĂ© de destruction par le projet d'amĂ©nagement du fleuve Tumen, appelĂ© Greater Tumen Initiative (GTI), anciennement nommĂ© Tumen River Area Development Project (TRADP), qui prĂ©voit la construction d'infrastructures permettant aux bateaux de ne plus avoir Ă  contourner la pĂ©ninsule corĂ©enne[11].

Annexes

Bibliographie

  • (en) Oliver L. Austin et Nagahisa Kuroda, « Birds of Japan: Their Status and Distribution », Bulletin of the Museum of Comparative Zoology at Harvard College, vol. 109, no 4,‎ (lire en ligne)
  • (en) Walton Beacham, The Official World Wildlife Fund Guide to Extinct Species of Modern Times, vol. 1, Beacham Publishing, (ISBN 0-933833-40-7), p. 88–90
  • (en) BirdLife International, Threatened birds of Asia : the BirdLife International red data book, Cambridge, BirdLife International, (ISBN 0-946888-44-2)
  • (en) Errol Fuller, Extinct Birds, New York, Rainbird Publishing Group, , 256 p. (ISBN 0-8160-1833-2)
  • (en) Errol Fuller, Extinct Birds, Comstock, , 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1987), 398 p. (ISBN 0-8014-3954-X)
  • (en) Paul A. Johnsgard, Ducks, Geese, and Swans of the World, Lincoln, Nebraska, University of Nebraska Press, (ISBN 0-8032-0953-3)
  • (en) Janet (ed.) Kear, Ducks, Geese and Swans : General chapters, species accounts, vol. 1 : Anhima to Salvadorina, Oxford, Oxford University Press, , 908 p. (ISBN 0-19-861008-4, lire en ligne)
  • (en) E. Nowak, « The crested shelduck, Tadorna cristata (Kuroda, 1917) - A species threatened with extinction (summary of information and a proposal for its conservation) », Bonner zoologische Beitrage, vol. 34, nos 1–3,‎ , p. 235–271
  • (en) Steve Madge et Hilary Burn, Waterfowl : an Identification Guide to the Ducks, Geese, and Swans of the World, Londres, Christopher Helm, (ISBN 0-395-46727-6)
  • (en) Ajit Kumar Mukherjee, « Some Avian Exhibits That Recall the Past », The Calcutta Review, Calcutta, University of Calcutta, vol. 111, no 1,‎ , p. 67–74 (lire en ligne)
  • (en) Sidney Dillon Ripley, A Paddling of Ducks, New York, Harcourt, Brace and Company, , 1re Ă©d.

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. Union internationale pour la conservation de la nature
  2. Beacham (1997)
  3. Madge et Burn (1988), p. 166-167
  4. (fr) Bernhard Grzimek et Maurice Fontaine, Le Monde animal en 13 volumes, t. VII : Oiseaux 1, , chap. XIII (« Les Anatinés (Canards) »), p. 300, 325
  5. Avibase
  6. Kear (2005), p. 439-441
  7. Fuller (1987), p. 54-55
  8. (en) United Nations Environment Programme, « Crested Shelduck – Tadorna cristata », sur World Conservation Monitoring Centre Species Information (consultĂ© le )
  9. (en) BirdLife International, Threatened birds of Asia - Crested Shelduck Tadorna cristata, (lire en ligne), p. 399–552
  10. Nowak (1983)
  11. (en) « Crested Shelduck - BirdLife Species Factsheet », BirdLife International (consulté le )
  12. Johnsgard (1978), p. 124
  13. Austin et Kuroda (1953)
  14. Ripley, 1957, pp. 104, 132–133
  15. Fuller (2001), p. 96-97
  16. Kear (2005), p. 420
  17. Mukherjee (1971), p. 71
  18. (ja) « ïŒă‚«ăƒłăƒ ăƒȘăƒ„ă‚Żă‚·ă‚Źăƒą », Yamashina Institute for Ornithology,‎ (consultĂ© le )
  19. (en) Kjell Scharning, « Crested Shelduck » (consulté le )
  20. (en) N.C. Heywood, « Extinction: Korean Crested Shelduck », sur Bird Extinction Map, (consulté le )
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