Tadorne de Corée
Tadorna cristata ⹠Tadorne huppé
RĂšgne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Aves |
Ordre | Anseriformes |
Famille | Anatidae |
Genre | Tadorna |
- Pseudotadorna cristata Kuroda, 1917 (protonyme)
- ? Tadorna casarca ĂQuerquedula falcata Sclater, 1890
CR D :
En danger critique
[1]
Le Tadorne de CorĂ©e (Tadorna cristata), aussi appelĂ© tadorne huppĂ©, est une espĂšce d'oiseaux aquatiques de la famille des Anatidae. Ce canard est gravement menacĂ© et considĂ©rĂ© comme Ă©teint par certains. Le mĂąle a la calotte, la poitrine, les rĂ©miges primaires et la queue de couleur noir verdĂątre, tandis que le reste de sa tĂȘte, le menton et la gorge sont brun-noir. Le ventre du mĂąle, les sous-caudales et les flancs sont gris foncĂ© avec des stries noires. Les couvertures alaires supĂ©rieures sont blanches et il a un miroir d'un vert iridescent. La femelle a un cercle oculaire blanc et une crĂȘte noire. Elle a la face, le menton, la gorge, le cou et les couvertures alaires supĂ©rieures blancs, et le corps est brun foncĂ© avec des stries blanches. Les deux sexes possĂšdent une touffe de plumes vertes distinctive qui dĂ©passe de la tĂȘte.
Le Tadorne de CorĂ©e a Ă©tĂ© trĂšs rarement vu, et de ce fait on connaĂźt trĂšs peu cet oiseau. Il se reproduit en CorĂ©e et en Russie orientale et il est probablement une espĂšce relique qui devait avoir une rĂ©partition plus grande dans les temps prĂ©historiques. Le Tadorne de CorĂ©e n'a pas Ă©tĂ© aperçu avec certitude depuis 1964, et certains considĂšrent cette espĂšce comme Ă©teinte. Des observations occasionnelles ont tout de mĂȘme Ă©tĂ© signalĂ©es, un certain nombre provenant des zones humides intĂ©rieures de la Chine. En raison des informations persistantes faisant Ă©tat de survie de l'espĂšce, il est considĂ©rĂ© comme « en danger critique d'extinction » par l'Union internationale pour la conservation de la nature.
Description
Le Tadorne de CorĂ©e prĂ©sente un fort dimorphisme sexuel. Le mĂąle a la calotte, la poitrine, les primaires et la queue de couleur noir verdĂątre, tandis que le reste de sa tĂȘte, son menton et sa gorge sont noir brunĂątre[2] - [3]. Le ventre du mĂąle, les sous-caudales et les flancs sont gris foncĂ© avec des stries noires. Les couvertures supĂ©rieures des ailes sont blanches, alors que le miroir est d'un vert iridescent. La femelle a un grand cercle oculaire blanc, la crĂȘte noire, la tĂȘte blanche ainsi que son menton, sa gorge, son cou et ses couvertures alaires supĂ©rieures. Elle a aussi un corps brun foncĂ© avec des stries blanches lui donnant un aspect vermiculĂ©[2] - [3]. MĂąles et femelles ont une touffe de plumes vertes qui dĂ©passe de la tĂȘte[3] et l'espĂšce est parfois appelĂ©e « tadorne huppĂ© »[4] - [5]. Le Tadorne de CorĂ©e mesure environ 63 Ă 71 centimĂštres de long, soit lĂ©gĂšrement plus grand qu'un Canard colvert (Anas platyrhynchos)[2] ; l'aile pliĂ©e mesure 31 Ă 32 centimĂštres[3]. Le bec et les pattes sont roses, mais celles de la femelle sont plus pĂąles que celles du mĂąle[6]. Le bec du mĂąle possĂšde une petite boule Ă sa base[7]. Le plumage des individus immatures est inconnu[2].
Ăcologie et comportement
Peu de choses sont connues des habitudes de vie du Tadorne de CorĂ©e. On le pense migrateur, se reproduisant en SibĂ©rie et descendant vers le sud, en CorĂ©e, dans le Sud de la Russie et au Japon pour hiverner[2]. Le Tadorne de CorĂ©e doit se nourrir de vĂ©gĂ©tation aquatique, de cultures agricoles, d'algues, d'invertĂ©brĂ©s comme des mollusques ou des crustacĂ©s, de charognes et d'ordures[2] - [8]. Il est possible que ce tadorne s'alimente de nuit[9]. Bien qu'aucun nid n'ait Ă©tĂ© dĂ©crit, les espĂšces proches de tadornes nichent dans des terriers et des cavitĂ©s, et il a Ă©galement Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que cette espĂšce puisse nicher dans les cavitĂ©s des arbres[9]. La saison de reproduction doit s'Ă©taler de mai Ă juillet, et la femelle pond probablement moins de dix Ćufs qu'elle couve seule[9]. Le Tadorne de CorĂ©e a Ă©tĂ© observĂ© se dĂ©plaçant en groupes de deux Ă huit oiseaux[8].
RĂ©partition et habitat
Des spĂ©cimens du Tadorne de CorĂ©e ont Ă©tĂ© collectĂ©s prĂšs de Vladivostok en Russie et prĂšs de Busan et Gunsan en CorĂ©e[2]. Il est possible que l'espĂšce se reproduise dans l'ExtrĂȘme-Orient russe, dans le Nord de la CorĂ©e du Nord et dans le Nord-Est de la Chine, et hiverne dans le Sud du Japon, le Sud-Ouest de la CorĂ©e et le long de la cĂŽte est de la Chine, au sud jusqu'Ă Shanghai[9]. Le Tadorne de CorĂ©e devait historiquement avoir une aire de rĂ©partition plus vaste[10].
Cette espÚce doit vivre dans une grande variété d'habitats humides ou d'eau profonde à différentes altitudes[2]. Bien que tous les individus aient été collectés sur la cÎte, en particulier prÚs des embouchures, il y a eu un certain nombre de signalements provenant des zones humides intérieures dans le nord-est de la Chine[8]. Il a été supposé que cette espÚce pouvait se reproduire dans les zones montagneuses éloignées de l'eau ou sur les lacs volcaniques[11] - [3].
Taxinomie et systématique
Le premier Tadorne de Corée connu de la science moderne est collecté en avril 1877 prÚs de Vladivostok, en Russie[7]. Il n'est toutefois décrit qu'en 1890, par le zoologiste britannique Philip Lutley Sclater qui considÚre le spécimen comme un possible hybride entre le Tadorne casarca (Tadorna ferruginea) et le Canard à faucilles (Anas falcata)[7] - [12]. Vers 1913, un couple est collecté en Corée, et le mùle est présenté à l'ornithologue japonais Nagamichi Kuroda[13]. Celui-ci note que le plumage des spécimens n'est pas complÚtement intermédiaire entre les espÚces comme le suggérait Sclater[7]. Une autre femelle est récoltée et remise en 1916 à Kuroda qui conclut que l'oiseau n'est manifestement pas un hybride et le décrit sous le protonyme de Pseudotadorna cristata en 1917[7] - [13] - [14]. La femelle de 1916 est désignée comme holotype et conservée avec le mùle dans la collection de Kuroda[15]. Dans la famille des anatidés, cette espÚce est alors considérée par Kuroda comme suffisamment distincte pour mériter son propre genre[13], mais elle est désormais placée dans le genre Tadorna, qui comprend six autres espÚces de tadornes de l'Ancien Monde[6]. Le nom du genre vient du mot celte tadorne et signifie « sauvagine bigarrée »[16]. L'épithÚte spécifique, cristata, vient directement du mot latin pour désigner les aigrettes de l'oiseau[6].
Le Tadorne de Corée et l'Homme
Relations avec l'humain
Ce canard Ă©tait capturĂ© en CorĂ©e et exportĂ© vers le Japon entre 1716 et 1736 pour l'aviculture[7] - [6]. Des oiseaux sont ainsi attrapĂ©s pour l'aviculture au Japon, au moins jusqu'en 1854[6]. L'oiseau est d'ailleurs dĂ©peint dans le Kanbun-Kinpu, une Ćuvre japonaise sur l'aviculture[17]. On trouve Ă©galement la reprĂ©sentation d'un canard d'apparence similaire sur de vieilles tapisseries chinoises[2]. Kuroda affirme que les chasseurs japonais chassent toujours l'espĂšce en CorĂ©e dans les annĂ©es 1920[7]. Seuls trois spĂ©cimens existent dans les musĂ©es. Le seul spĂ©cimen mĂąle est conservĂ© avec une femelle, l'holotype, dans la collection de Kuroda Ă l'institut d'ornithologie de Yamashina, de Tokyo[14] - [8] - [18]. Le mĂąle a Ă©tĂ© recueilli Ă l'embouchure du Kum en 1913 ou en 1914, et la femelle a Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©e prĂšs de Busan en dĂ©cembre 1916[13]. Le spĂ©cimen femelle dĂ©crit par Philip Lutley Sclater, recueilli par le lieutenant F. Irmininger prĂšs de Vladivostok en avril 1877, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en 1894 par la Zoological Society of London et est aujourd'hui conservĂ© au MusĂ©e national du Danemark Ă Copenhague[17] - [18]. Deux autres spĂ©cimens sont connus pour avoir existĂ©, mĂȘme si les deux ont Ă©tĂ© perdus. Il s'agit du couple capturĂ© en 1913 et prĂ©sentĂ© Ă Kuroda : ces oiseaux ont Ă©tĂ© donnĂ©s Ă un ami de la personne les ayant collectĂ©s, et ils ont disparu par la suite[7]. Autour de 1900, un chasseur chinois avait offert un spĂ©cimen Ă un professeur de l'UniversitĂ© de PĂ©kin, mais le professeur, ne se rendant pas compte de la raretĂ© de l'oiseau, s'en Ă©tait dĂ©barrassĂ©[7]. En 1991, le Tadorne de CorĂ©e apparaĂźt sur un timbre-poste mongol[19].
Menaces et conservation
Le Tadorne de CorĂ©e n'a jamais Ă©tĂ© trĂšs abondant dans les temps modernes, mĂȘme si l'on pense qu'il a pu ĂȘtre plus rĂ©pandu historiquement, en raison de sa prĂ©sence dans l'aviculture japonaise[7]. L'espĂšce est seulement connue Ă partir d'une poignĂ©e d'observations et a Ă©tĂ© seulement aperçue depuis la capture d'une femelle en 1916 Ă Busan, en CorĂ©e du Sud[20]. En 1943, cet oiseau Ă©tait signalĂ© dans le Nord du Chungcheong, et on imagine alors que l'espĂšce a pu survivre[2]. Un groupe de trois oiseaux, deux femelles et un mĂąle, est repĂ©rĂ© par deux Ă©tudiants russes en 1964 dans les Ăźles Rimski-Korsakov prĂšs de Vladivostok avec un petit groupe de Canards arlequins (Histrionicus histrionicus)[7] - [2]. En 1971, le Tadorne de CorĂ©e est signalĂ© sur la cĂŽte nord-est de la CorĂ©e du Nord, et en 1985 deux spĂ©cimens sont signalĂ©s dans l'Est de la Russie[8]. Il y a cependant de sĂ©rieux doutes quant Ă l'exactitude du signalement de 1971[11]. Une Ă©tude de 2008 menĂ©e par des chasseurs chinois a abouti Ă un certain nombre d'observations non confirmĂ©es dans le Nord-Est de la Chine. Par exemple, un travailleur forestier chinois aurait affirmĂ© qu'il avait mangĂ© deux de ces canards en 1984 sans savoir Ă quelle espĂšce ils appartenaient[8]. Il existe Ă©galement des signalements non confirmĂ©s d'une vingtaine de Tadornes de CorĂ©e dans la rĂ©gion Dashanbao du Yunnan, bien que beaucoup pensent que ce groupe Ă©tait constituĂ© de Tadornes casarca mal identifiĂ©s[9]. On estime que, si l'espĂšce survit, il existe probablement moins de cinquante individus[11]. L'Union internationale pour la conservation de la nature le considĂšre ainsi comme « en danger critique d'extinction »[1].
Cette espĂšce est menacĂ©e d'extinction en raison du recul de son habitat, de la chasse et de la capture excessive[2]. Dans une tentative de rassembler les signalements concernant cette espĂšce et de sensibiliser les chasseurs pour Ă©viter qu'ils ne consomment cette espĂšce, 300 000 tracts ont Ă©tĂ© distribuĂ©s en Russie, au Japon, en Chine, en CorĂ©e du Sud et en CorĂ©e du Nord en 1983, le seul retour Ă©tant le signalement de l'enregistrement en CorĂ©e du Nord de 1971[11] - [9]. 15 000 dĂ©pliants ont Ă©tĂ© distribuĂ©s dans le Nord de la Chine en 1985 et 1991. Bien que cette initiative ait conduit Ă la rĂ©colte de quatre-vingt-deux autres rapports de l'espĂšce, les enquĂȘtes de suivi dans la rĂ©gion n'ont pas menĂ© Ă la moindre observation de l'oiseau[8].
Dans plusieurs des zones oĂč il a Ă©tĂ© historiquement signalĂ©, l'habitat potentiel du Tadorne de CorĂ©e est menacĂ© de destruction par le projet d'amĂ©nagement du fleuve Tumen, appelĂ© Greater Tumen Initiative (GTI), anciennement nommĂ© Tumen River Area Development Project (TRADP), qui prĂ©voit la construction d'infrastructures permettant aux bateaux de ne plus avoir Ă contourner la pĂ©ninsule corĂ©enne[11].
Annexes
Bibliographie
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Références taxinomiques
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- (fr+en) Référence ITIS : Tadorna cristata (Kuroda, 1917) (consulté le )
Liens externes
- (en) Référence UICN : espÚce Tadorna cristata (Kuroda, 1917) (consulté le )
- (en) Référence Animal Diversity Web : Tadorna cristata (consulté le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Tadorna cristata (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Crested Shelduck » (voir la liste des auteurs).
- Union internationale pour la conservation de la nature
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- Madge et Burn (1988), p. 166-167
- (fr) Bernhard Grzimek et Maurice Fontaine, Le Monde animal en 13 volumes, t. VII : Oiseaux 1, , chap. XIII (« Les Anatinés (Canards) »), p. 300, 325
- Avibase
- Kear (2005), p. 439-441
- Fuller (1987), p. 54-55
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- Nowak (1983)
- (en) « Crested Shelduck - BirdLife Species Factsheet », BirdLife International (consulté le )
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- Kear (2005), p. 420
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- (en) Kjell Scharning, « Crested Shelduck » (consulté le )
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