Taïfa de Badajoz
La taïfa de Badajoz fut le nom d'un royaume (ou taïfa) musulman de la péninsule Ibérique, de capitale Badajoz, pendant le Moyen Âge.
1013 | Fondation |
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1027-1034 | Contrôle de la taïfa de Séville |
1094 | Conquête par les Almoravides |
1144 | Indépendance de la taïfa |
1145-1146 | La taïfa sous le contrôle de celle d'Algarve |
1151 | Conquête par les Almohades |
Entités précédentes :
- Califat de Cordoue (1013)
- Almoravides (1144)
Entités suivantes :
- Almoravides (1094)
- Almohades (1151)
Le royaume ou la taïfa de Badajoz, qui s'est établi au début du XIe siècle, est également connu sous le nom de Royaume des Banu Al-Afatas, en référence à la dynastie des Aftasides qui l'ont régné pendant près de 70 ans (1022-1094), à son apogée, les frontières de Badajoz se sont étendues jusqu’au fleuve Douro en nord, Tolède en est et en sud-est, l'Océan Atlantique et le cap de Sines en ouest et sud-ouest, et la Taïfa de Séville au sud[1].
Histoire et chronologie
Fondation de la ville de Badajoz et ses débuts (875 - 929)
En 875, Ibn Marwan al-Yalliqi (le Galicien) un muladi converti en islam, issu d'une illustre famille de la région, a fondé la ville de Badajoz en amont du fleuve Guadiana, il lui a donné le nom de Batalyios / Batalyaws (en ar : ﺑﻂﻠﻴﻮﺱ). Ibn Marwan était intéressé à fortifier et à décorer la ville; il l'entoura d'un grand mur, il construisit une forteresse, un bain et deux mosquées[1], les premiers habitants de la Badajoz qui sont des gens venus de Mérida[2], ont construit d'autres mosquées[1].
Ibn Marwan a cherché à étendre la portée de son règne et y a annexé des provinces et de forteresses, notamment la ville de Mérida[1].
Vers l'an 884, il s'est soulevée contre l'émir Muhammad Ier gouverneur du pouvoir central de Cordoue et est pratiquement devenue indépendant. La ville de Badajoz et les territoires qui en dépendaient demeurèrent assez indépendants jusqu'en 929, où Abd al-Rahman III (calife de Cordoue) mette fin à cette indépendance[3]. Badajoz est entré donc sous le règne des Omeyyades de Cordoue, qui ont nommé chaque année un wali (dirigeant) sur la région, soumis à l'autorité centrale de Cordoue[1].
Fondation de la taïfa et la règne de Sapur (1013 - 1022)
Après la grande fitna (la guerre civile en al-Andalus au début du XIe siècle), qui mit fin au califat de Cordoue, l'affranchi Sabour al-Saqlabi (en), ancien esclave (siqlabi) libéré par Al-Hakam II, et wali (gouverneur provincial) d'Algarve créa un royaume (taïfa) indépendant, séparé du califat de Cordoue, avec Badajoz comme capitale. Ce royaume contrôle une grande partie de l'ancienne Lusitanie, y compris Mérida et Lisbonne[3].
Sabour al-Saqlabi (en) nomme un hadjib (vizir ou premier ministre) un andalou aux racines berbères[4] appelé Abdallah ibn Al-Aftas, qui lui succédera dans le règne de Badajoz après sa mort en 1022[3].
L'ère de la dynastie Aftaside (1022 - 1094)
En 1022, Abdallah ibn Al-Aftas asuccédé à Sabour al-Saqlabi (en) à la tête de la taïfa de Badajoz[5] - [6].
Dès le début, la règne d'Abdallah ibn Al-Aftas fut caractérisé par des guerres et par la défaite qu'il subit aux mains d'Abbad Ier (Abbadides), prince de Séville[6], et de Mohammed bin Abdullah al-Birzali prince de Carmona. En 1034, Abdallah ibn Al-Aftas se vengea d'Abbad Ier[6] - VIIIe-XIIIe_siècle2000Christophe_Picard82_7-0">[7].
Abdallah ibn Al-Aftas qui est un berbère de Meknassa, a fondé la dynastie Aftasides à Badajoz en Andalousie[8]. Cette dynastie gouverna sur la taïfa de Badajoz; un vaste territoire qui comprenait des villes comme celles de Mérida, Lisbonne, Santarém et Coimbra[9].
Après la mort d'Abdallah ibn Al-Aftas en 1045, il a été remplacé par son fils Abu Bakr Muhammad ibn Abdallah al-Muzaffar, qui s'est retrouvé dans une guerre contre Yahyâ al-Ma'mûn gouverneur de Tolède, et contre Al-Mu`tadid, le gouverneur de Séville. Au printemps 1055, Abu Bakr al-Muzaffar est battu par Fernando I de Castille, il a accepté la paix sur la base d'un tribut annuel[5].
La taïfa de Badajoz a connu une période de splendeur sous le règne d'Abu Bakr Muhammad al-Muzaffar qui était un soldat, administrateur, érudit et amant de la poésie[9], il a également composé une énorme encyclopédie de cinquante ou cent volumes, appelée al-Muzaffari (mémoire des événements[10]). Il mourut en 1068[5]. Son fils Yahya ibn Muhammad al-Mansur lui succéda, et son autre fils Omar ibn Muhammad al-Mutawakkil (es) régna sur la région d'Évora. Les deux frères régnèrent ensemble; pour Omar les Provinces de l'ouest et Yahya les Provinces de l'est, après la mort de Yahya en 1081, Omar régna sur tout le royaume[6].
Omar ibn Muhammad al-Mutawakkil (es) combattit aux côtés des Almoravides de Youssef ben Tachfine face aux troupes chrétiennes à la Bataille de Zalaca (1086)[6]. Mais en 1094, al-Mutawakkil et sa famille ont été tués par les Almoravides[9], en raison qu'il a remis les villes de Lisbonne, Santarém et Sintra à Alphonse VI[11]. Les Almoravides tuent le dernier seigneur aftasi et deux de ses fils (al Fadl et al-Abbas)[6], alors que son dernier fils, Mansour Ibn el Aftas, qui n'était pas à Badajoz, a survécu, il se mit au service d'Alphonse VI et se convertit plus tard au christianisme[12]. Après la chute d'al-Muttawakil, presque toutes les villes et les châteaux de son district se soumirent[9], ce qui mit fin à la dynastie aftasides et au royaume de Badajoz.
- Premier taïfa de Badajoz, en 1037
- Le premier taïfa de Badajoz, en 1085
Domination almoravide (1094 - 1144)
Après sa chute aux mains des Almoravides, Badajoz devint l'une des forteresses les plus importantes, une base militaire frontalière d'où pouvaient être lancées des attaques contre les ennemis chrétiens, voir ainsi qu'en (1110-1111), où Syr ibn Abi Bakr (en) a attaqué le Comté de Portugal[12]. Les Almoravides ont montré beaucoup d'activité militaire sous la direction de Tachfine ben Ali, qui a réussi à remporter une autre victoire aux Sagrajas près de Badajoz contre les Portugais[12], en 1139[13].
- La conquête almoravide de 1085 à 1115 dans la Péninsule Ibérique
- Le déclin des Almoravides de 1115 à 1144
Deuxième période de la taïfa (1144 - 1151)
À la fin de la période Almoravide (vers 1144[13]), les habitants de Gharb al-Ândalus y compris Badajoz, ont souffert d'une série de conflits entre musulmans et chrétiens, de sorte qu'après un certain temps, des révolutions ont éclaté contre les Almoravides, et ils ont demandé l'aide des Almohades[12], qui sont venus à Badajoz en tant que libérateurs du pays, mais ils sont devenus les nouveaux seigneurs de la capitale, alors Ibn Hacham s'est soulevé contre eux[12] et la taïfa de Badajoz retrouve son indépendance en 1145, et comprenait la Taïfa de Mértola, cette dernière devenue indépendante de Badajoz un an après[13].
Autres dominations (1151 - 1230)
Badajoz tombe aux mains des Almohades en l'an 1051[12], Évora est tombé entre les mains des portugais en 1159 et elle a été repris par les Almohades en 1162[13].
En 1169, le portugais Gérald Géraldes (en) a capturé la ville de Badajoz aux Almohades[13], mais elle est revenue au règne de ces derniers[12].
Vers 1228-1229, Badajoz tombe aux mains d'Alphonse IX roi de de León[12] (la reconquista) et restera ensuite aux mains des chrétiens[13].
La partie occidentale revint au royaume de León et la partie orientale au royaume de Castille.
- La conquête de Badajoz en 1230
Culture
Sous la règne des rois aftasides, Badajoz fut l'un des principaux foyers de la culture andaluse, au vu de l'importance accordée par les deux rois, Al-Mudaffar et Omar ibn Muhammad al-Mutawakkil (es) aux sages et aux poètes[2]. Al-Mudaffar lui même était un érudit et amant de la poésie, il a composé plusieurs ouvrages, dont une énorme encyclopédie de cinquante ou cent volumes, appelée al-Muzaffari[6] (mémoire des événements[10]). Parmi les poètes qui sont passés par Badajoz pendant l'époque aftasides : Ibn Yak, Ibn al-Labbana (es), Ibn Muqana (es), les trois frères Ibn Qabturnu (ca) originaires de Badajoz et Ibn Abdoun l'éminent poète de la cour aftaside[2]. La ville de Badajoz a également été témoin du passage d'Ibn al-Sīd al-Baṭalyawsī (en), premier philosophe ou sage du monde musulman occidental dont les œuvres écrites ont survécu, natif de Badajoz, à la cour du prince aftaside Al-Mudaffar, son éducation a grandement bénéficié des arts et de la littérature prospères de la ville sous ce prince de la Taïfa[14].
Architecture
L'histoire du royaume de Badajoz a laissé le témoignage architectural d'Alcazaba, dont l'enceinte a été restauré par le premier souverain Aftasi avec de la pierres mêlées de la chaux, qui est un procédé inhabituel dans la région[2].
- La porte d'Alpendiz.
- La porte de Yelves.
- La porte de la Coraxa.
- Ruines d'Alcazaba (Badajoz).
- Murs d'Alcazaba (Badajoz).
Monnaie
Les numismates attribuent la frappe de certaines pièces d'or, d'argent et de cuivre de la période d'Al-Andalus aux aftasides de Badajoz, qui apparaissent en plus ou moins grand nombre dans les collections du Musée ethnographique portugais, ces pièces portent les noms des souverains aftasides : Abdallah ibn Al-Aftas, Al-Mudaffar, Yahya et Omar ibn Muhammad al-Mutawakkil (es)[15].
Voir également
Notes et références
- (ar + es) Sahar Abdel Aziz Salem, Tarikh Bitlius al'iislamia wagharb al'andalus fi aleasr al'iislamii (L'histoire du Badajoz islamique et de l'Andalousie occidentale à l'ère islamique), t. 1, Alexandrie, مؤسسة شباب الجامعة - Muʾassasat Shabāb al-Jāmiʻah, (lire en ligne [PDF]), p. 171, 284-285, 289, 335
- Legado Andalusí, Itinéraire culturel des Almoravides et des Almohades, Fundación El legado andalusì, , 515 p. (ISBN 9788493061517, lire en ligne), p. 243-247
- (es) Domingo Domené, « Fueros y privilegios del Badajoz medieval », Revista de Estudios Extremeños, , p. 102 (lire en ligne [PDF])
- (es) Revista de Estudios Extremeños, t. LXXV, Badajoz, CENTRO DE ESTUDIOS EXTREMEÑOS - DIPUTACIÓN DE BADAJOZ, (ISSN 0210-2854), p. 44-45
- (en) Hispano - arabic poetry, Genève, Slatkine, , 416 p. (lire en ligne), p. 171
- (en) The Encyclopaedia of Islam, vol. Volume 1,Partie 1, E.J. Brill, (lire en ligne), p. 21 et 178-179
- VIIIe-XIIIe_siècle2000Christophe_Picard82-7" class="mw-reference-text">2000 Christophe Picard, p. 82.
- Algérie: le passé revisité, Chems Eddine Chitour, Casbah Éditions, p. 219, 1998, livre en ligne
- Legado Andalusí, Itinéraire culturel des Almoravides et des Almohades, Fundación El legado andalusì, , 515 p. (ISBN 9788493061517, lire en ligne), p. 244
- Joseph-Alexis Walsh, Encyclopédie catholique, Paris, 1839-1848 (lire en ligne), p. 467-468
- (ar) Sahar Abdel Aziz Salem, Tarikh Bitlius al'iislamia wagharb al'andalus fi aleasr al'iislamii (L'histoire du Badajoz islamique et de l'Andalousie occidentale à l'ère islamique), t. 2, Alexandrie, مؤسسة شباب الجامعة - Muʾassasat Shabāb al-Jāmiʻah, (lire en ligne [PDF]), p. 128-131
- (ar + es) Sahar Abdel Aziz Salem, Tarikh Bitlius al'iislamia wagharb al'andalus fi aleasr al'iislamii (L'histoire du Badajoz islamique et de l'Andalousie occidentale à l'ère islamique), t. 2, Alexandrie, مؤسسة شباب الجامعة - Muʾassasat Shabāb al-Jāmiʻah, (lire en ligne [PDF]), p. 128-131, 426-431
- (en) Muzaffar Husain Syed, Syed Saud Akhtar et B D Usmani, Concise History of Islam, New Delhi, Vij Books India Pvt Ltd, , 608 p. (ISBN 9789382573470, lire en ligne), p. 120-121
- (en) Henrik Lagerlund, Encyclopedia of Medieval Philosophy, Springer, , 1423 p. (ISBN 9781402097287, lire en ligne), p. 148-149
- (pt) O Archeólogo português, vol. 19 à 20, Lisbonne, Museu Ethnográphico Português, (lire en ligne), p. 274-275