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Sucrerie de Bourdon

La Sucrerie de Bourdon est une ancienne usine sucrière française située à Aulnat (Puy-de-Dôme). Elle fabriquait du sucre à partir de betterave sucrière. L'usine fut en activité de 1835 à 2019.

Entrée de la sucrerie de Bourdon.

Historique

Registre de compte de la sucrerie de Bourdon daté de 1870, Archives départementales du Puy-de-Dôme.

L'usine est crĂ©Ă©e en 1835[1], mais doit vĂ©ritablement sa naissance Ă  Charles de Morny, qui rachète en 1837 l'activitĂ© sucrière alors hĂ©bergĂ©e Ă  cĂ´tĂ© du château de Bosredon[2]. Le duc de Morny, demi-frère de NapolĂ©on III, doit quitter la vie militaire, Ă©tant blessĂ© et malade[3]. Il dĂ©veloppe alors de façon importante les activitĂ©s de l'usine Ă  partir des annĂ©es 1850. En 1855, 24 000 tonnes de betteraves sont traitĂ©es, 71 000 tonnes en 1865[1]. L'usine profite du lobbying de De Morny Ă  Paris, nommĂ© dĂ©lĂ©guĂ© pour reprĂ©senter les intĂ©rĂŞts de la filière sucrière auvergnate. Il s'emploie Ă  lutter contre les taxes sur le sucre hexagonal, destinĂ©es Ă  favoriser le sucre produit aux colonies[1]. De Morny est ambitieux, il bĂ©nĂ©ficie du soutien des banques parisiennes et cherche Ă  faire dĂ©velopper le rĂ©seau ferrĂ© du Massif central pour faciliter le transport des marchandises depuis l'usine[4]. MalgrĂ© la crise de 1840 et la taxation plutĂ´t dĂ©favorable au sucre de betterave, l'activitĂ© se dĂ©veloppe jusqu'en 1875, malgrĂ© l'instabilitĂ© du cadre lĂ©gislatif[5]. Entretemps la sociĂ©tĂ© est vendue le Ă  la SociĂ©tĂ© de Bourdon[6] après la mort de De Morny l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente.

Après 1875 l'activité décline à cause de la concurrence internationale, en particulier venant d'Allemagne et d'Autriche[5] - [7]. La production baisse, et la société cherche à augmenter le rendement en sucre de ses betteraves.

C'est en 1884 avec la promulgation de la loi Mazuriez qui change le mode de taxation des sucres que l'activitĂ© est relancĂ©e[8]. De 1884 Ă  1902, la sociĂ©tĂ© se dĂ©veloppe et Ă©tend son rĂ©seau de collecte de betterave auprès des agriculteurs de la rĂ©gion[9]. La culture atteint son apogĂ©e vers 1900 avec 3 952 hectares destinĂ©s Ă  la culture de la betterave dans le Puy-de-DĂ´me[9]. L'activitĂ© traverse ensuite une pĂ©riode d'instabilitĂ©, avec une baisse des prix Ă  la suite de la ConfĂ©rence Internationale sur le rĂ©gime des sucres Ă  Bruxelles en 1902 qui uniformise les prix du sucre[10]. Bourdon traverse bien la Première Guerre mondiale, Ă  la suite de l'arrĂŞt de l'activitĂ© des sucreries du nord de la France. Toutefois, Ă  la fin de la guerre, la reprise de l'activitĂ© de ces dernières et un manque de main d'Ĺ“uvre font baisser la production[11].

En 1920, les producteurs se regroupent pour former un syndicat, à l'initiative d'hommes politiques locaux[12], ce qui permet en particulier d'épauler les paysans face aux employés de Bourdon lors de la pesée de la production[12]. 1922 voit des conflits entre les producteurs et la société sur des irrégularités de part et d'autre lors de ces pesées[13].

La société devient une coopérative en 1978, puis rejoint la coopérative Cristal Union en 2011[2].

Le site stoppe définitivement son activité en 2019 [14].

Contexte local

La sucrerie de Bourdon fait partie d'un complexe de culture de la betterave dans la plaine de la Limagne, une douzaine de sucreries sont recensées en 1838[15] - [16]. Cet essor s'explique en partie par le fait que les terres de Limagne sont bien adaptées à la betterave à sucre[17], mais le principal moteur est dû aux subventions sur le sucre de betterave décrétées par Napoléon à la suite du blocus continental[18]. Toutefois, la plupart de ces sucreries sont de petites tailles, et elles disparaissent rapidement (Aulnat faillite en 1843, Mauzun en 1840, Lavort (Les Martres-de-Veyre) en 1841…)[15]. Les usines pâtissent de la loi de 1837 qui taxe le sucre de betterave afin de favoriser le sucre de canne des colonies, et aboutit à une crise dite la Question des sucres. Seule la sucrerie de Bourdon survit en Auvergne après 1844[19].

Localisation et bâtiments

L'usine s'étend sur 50 ha, entre l'autoroute A71 (à l'ouest) et le bourg d'Aulnat (à l'est). Elle est reliée par un embranchement ferroviaire à la ligne entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne qui passe juste au sud.

Elle comporte plusieurs bâtiments d'époques différentes. Le site comprend en particulier le château de Bosredon. Les ateliers construits entre 1853 et 1855 en pierre de Volvic sont dus à l'architecte Clermontois Agis-Léon Ledru[2].

Devenir du site

Une partie des bâtiments de l'usine sont détruits après sa fermeture. Le silo de stockage, la distillerie et les ateliers de maintenance sont conservés[2]. Une partie des archives de l'usine sont transférées aux archives départementales du Puy-de-Dôme et au musée Lecoq en 2022[3].

Bibliographie

  • Bernard Chabrillat, La sucrerie de Bourdon, 1835-1952 (MĂ©moire de Maitrise), UniversitĂ© Blaise-Pascal, , 266 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Georges Bontemps, « La sucrerie de Bourdon », Bulletin de l'Association des Amis du vieux Pont-du-Château, vol. 20,‎ , p. 44-48 (ISSN 1146-7517). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Notes et références

  1. André Guilloux, « Bourdon, la plus ancienne sucrerie de France, cultive ses racines », Sites et Monuments, (consulté le )
  2. Yaëlle Desmartin, « Sucrerie de Bourdon - Démolition imminente d’une partie des bâtiments », Sites et Monuments, (consulté le )
  3. Olivier Perrot, « 200 emplois bientôt créés sur le site de la sucrerie de Bourdon », 7 jours à Clermont, (consulté le )
  4. Chabrillat 1996, p. 18.
  5. Chabrillat 1996, p. 21.
  6. Bontemps 1989, p. 48.
  7. Chabrillat 1996, p. 22.
  8. Chabrillat 1996, p. 38.
  9. Chabrillat 1996, p. 39.
  10. Chabrillat 1996, p. 52.
  11. Chabrillat 1996, p. 59.
  12. Chabrillat 1996, p. 66.
  13. Chabrillat 1996, p. 68-69.
  14. Claudie Hamon, « Clermont-Ferrand : la sucrerie de Bourdon cédée à plusieurs entreprises de la région », France Bleu Pays d'Auvergne, (consulté le )
  15. Chabrillat 1996, p. 12.
  16. Bontemps 1989, p. 47.
  17. Chabrillat 1996, p. 8.
  18. Bontemps 1989, p. 46.
  19. Chabrillat 1996, p. 23.
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