Subterranean Homesick Blues
Subterranean Homesick Blues est une chanson de Bob Dylan, parue en mars 1965 sur l'album Bringing It All Back Home, puis en single. Il s'agit d'un des premiers essais de folk rock de Dylan.
Sortie | avril 1965 |
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Enregistré |
14 janvier 1965 Studios Columbia, New York |
Durée | 2:21 |
Genre | folk rock |
Auteur | Bob Dylan |
Producteur | Tom Wilson |
Label | Columbia |
Classement |
U.S. #39 UK #9 |
Singles de Bob Dylan
Pistes de Bringing It All Back Home
Ses paroles, dont le discours politique est quelque peu camouflé par l'abondance de jeux sur les sonorités, ont notamment inspiré les noms du groupe de gauche révolutionnaire Weatherman (« you don't need a weatherman to know which way the wind blows ») et du groupe de rock Firehose (« better stay away from those that carry around a fire hose »). Plusieurs groupes de musique ont intitulé des chansons en faisant référence à ce titre, dont Radiohead pour Subterranean Homesick Alien et Mustard Plug pour Suburban Homesick Blues.
Elle est également fameuse pour son clip vidéo, apparu pour la première fois en ouverture du film de D. A. Pennebaker Dont Look Back : on y voit Dylan dans une ruelle (derrière l'hôtel Savoy, à Londres), tenant une pile de pancartes où sont inscrits des extraits des paroles, qu'il montre à la caméra une par une, en synchronisation avec le texte chanté, puis lâche au sol. Allen Ginsberg et Bob Neuwirth sont visibles à l'arrière-plan. Ce clip a inspiré de nombreux artistes par la suite, par exemple Les Rabbins volants pour certaines scènes de leur clip Coin Coin et, en 2004, Alain Chamfort pour Les Beaux Yeux de Laure.
Cette chanson a été reprise en 1987 par le groupe californien Red Hot Chili Peppers sur leur 3e album, The Uplift Mofo Party Plan. Le tempo est changé, et la mélodie est basée sur un rythme rock/funk.
Références et allusions
- "Subterranean Homesick Blues" était en fait un extraordinaire amalgame de l'œuvre de Jack Kerouac, de la chanson "Taking It Easy" de Guthrie et Pete Seeger ('Mom was in the kitchen preparing to eat / Sis’ was in the pantry looking for some yeast') et du poème rock'n'roll de Chuck Berry, "Too Much Monkey Business".[1]
Le roman de Jack Kerouac, The Subterraneans, une œuvre publiée en 1958 dressant un portrait des Beats, et emblématique de ce qu'on appelait alors la Beat Generation, a été cité comme une des possibles sources d'inspiration pour le titre de cette chanson[2]. En extrapolant encore un peu, le titre pourrait également faire référence au roman Les carnets du sous-sol de Fiodor Dostoïevski, qui était admiré parmi les écrivains de la Beat Generation, notamment Kerouac et Allen Ginsberg.
Le premier vers de la chanson fait référence à la distillation de la codéine et au climat politique de l'époque : « Johnny's in the basement mixing up the medicine / I'm on the pavement thinkin' about the Government[3] ». Le titre évoque également les conflits qui sourdaient fréquemment entre « straight » ou « square » (les travailleurs et la société bien pensante) et la contreculture émergente des années 1960. La consommation très répandue de drogues douces, et le désarroi s'emparant des personnes opposées à la guerre du Viêt Nam commençaient à envahir progressivement la société ; les paroles frénétiques de cette chanson font alors allusion à d'importants événements ou idées qui résonnaient dans l'esprit des jeunes à l'époque. Selon le journaliste musical Andy Gill, « toute une génération parvenait à saisir l'air du temps au travers du tourbillon verbal de 'Subterranean Homesick Blues' »" (an entire generation recognized the zeitgeist in the verbal whirlwind of 'Subterranean Homesick Blues'[3]).
La chanson fait également référence aux luttes qui minaient le mouvement des droits civiques aux États-Unis (« Better stay away from those / That carry around a fire hose »). En effet, des manifestants pacifiques furent molestés et violemment repoussés à coup de jets d'eau à haute pression.
Malgré la tonalité politiquement engagée des paroles, le titre fut le premier de Dylan à atteindre la première place du Top 40 aux États-Unis[4].
Influence
Classée 332e par le magazine Rolling Stone dans son classement "Greatest Songs of All Time[5]", Subterranean Homesick Blues a eu une grande influence, et de nombreux artistes y ont fait référence par la suite. Sans doute le vers le plus célèbre, « you don't need a weatherman to know which way the wind blows », fut utilisé comme nom par le groupe de gauche radicale Weather Underground, issu des Students for a Democratic Society[6]. John Lennon aurait déclaré avoir trouvé la chanson si envoûtante qu'il était convaincu de ne jamais parvenir à composer un titre à même de rivaliser[7]. Les anciens membres des Minutemen fondèrent le groupe Firehose, choisissant ce nom d'après un des nombreux avertissements énigmatiques peuplant cette chanson : « Better stay away from those that carry around a fire hose... » (En l'occurrence il s'agit d'une allusion aux répressions de manifestations pacifiques contre la guerre au Viet-Nam.) De plus, le début de la dernière strophe, « Ah get born, keep warm », a fourni au groupe australien de garage rock, Jet le nom de leur premier album Get Born.
De la même manière que Dylan fait référence au roman de Jack Kerouac, The Subterraneans[8], Subterranean Homesick Blues fut utilisé comme référence pour de nombreux titres de chansons, par exemple, le titre de Radiohead, Subterranean Homesick Alien tiré de l'album de 1997, OK Computer, la chanson du groupe de ska punk Mustard Plug, Suburban Homesick Blues de leur album Evildoers Beware sorti également en 1997, 300 M.P.H. Torrential Outpour Blues des White Stripes et Subterranean Death Ride Blues du groupe d'indie rock de Memphis, The Grifters, que l'on trouve sur la face B d'un de leurs simples paru en 1996. Le titre inspira également celui du second épisode de la série New York, police judiciaire (Law and Order), Subterranean Homeboy Blues.
Les reprises de cette chanson sont nombreuses et recouvrent un vaste éventail d'influences et de styles différents, avec entre autres une reprise faite par le grand reggaeman Gregory Isaacs sur son album sorti en 2004, Is It Rolling Bob?, un ensemble de reprises de chansons de Dylan, en duo avec son camarade Toots Hibbert[9], le musicien Tim O'Brien sur son album de 1996, une compilation de reprises de chansons de Dylan, Red on Blonde, le groupe de rock Red Hot Chili Peppers en 1987 avec leur album The Uplift Mofo Party Plan, le violoniste Doug Kershaw sur l'album Louisiana Man de 1978, et l'auteur-interprète Harry Nilsson sur Pussycats en 1974[10]. Le titre fut également repris par Alanis Morissette lorsqu'elle rendit hommage à Dylan lors de son entrée au UK Music Hall of Fame[11]. Le titre de Robert Wyatt, Blues in Bob Minor, paru sur l'album Shleep en 1997, utilise la même rythmique que la chanson de Bob Dylan[12].
En 2016, Theo Hakola interprète ce titre dans son album de reprises I Fry Mine in Butter.
Clip vidéo
En plus de son influence dans le domaine de musique, le titre devint également le premier à utiliser le modèle moderne de la vidéo musicale promotionnelle, le précurseur de ce qui devint ensuite le clip. Bien que le magazine Rolling Stone l'eût classé 7e en octobre 1993 dans son classement "100 Top Music Videos[13]", le clip original était en fait la scène d'ouverture du film de D. A. Pennebaker, Dont Look Back, un documentaire sur la tournée de 1965 de Bob Dylan en Angleterre.
Dans le film, Dylan – qui eut lui-même cette idée – tient un paquet de pancartes, et sur chacune d'elles on peut lire des phrases ou des mots soigneusement choisis et tirés des paroles de la chanson. Les pancartes ont été réalisées par Donovan, Allen Ginsberg, Bob Neuwirth et Dylan lui-même[3]. Face à la caméra, il fait défiler une à une les pancartes, pendant que la chanson est jouée, les lâchant au sol nonchalamment. Des fautes d'orthographe et des jeux de mots sont intentionnellement distillés dans ce clip : par exemple, quand les paroles de la chanson disent « eleven dollar bills », il est inscrit sur la pancarte « 20 dollar bills ». Le clip a été tourné dans une allée derrière le Savoy Hotel à Londres, là où Ginsberg et Neuwirth font une courte apparition (caméo) en arrière-plan. Comme bande-annonce du film, le texte suivant apparaît à la fin du clip, tandis que Dylan et Ginsberg sortent du champ : « Surfacing Here Soon / Bob Dylan in / Don't Look Back by D. A. Pennebaker. »
En plus du clip tourné derrière le Savoy Hotel, deux autres clips promotionnels furent tournés : un dans un parc où Dylan, Neuwirth et Ginsberg sont rejoints par un quatrième homme, et un autre sur le toit d'un immeuble non-identifié (peut-être le Savoy Hotel). Un montage de ces clips est présent dans le documentaire No Direction Home.
Notes et références
- uncut.co.uk
- city-journal.org
- Andy Gill (1998). Classic Bob Dylan 1962-69: My Back Pages: pp.68-69,96
- sundazed.com
- (en) « The Rolling Stone 500 », Rhino Records (consulté le )
- Daniel J. Wakin, Quieter Lives for 60's Militants, but Intensity of Beliefs Hasn't Faded, (lire en ligne)
- https://www.rollingstone.com/news/story/6596177/subterranean_homesick_blues
- Michael Gray, 2000, Song & Dance Man III, p. 83.
- (en) « Leading reggae acts have recorded cover versions of Bob Dylan songs for a new tribute album », BBC News, (consulté le )
- (en) Olof Bjorner, « Covers: Subterranean Homesick Blues », (consulté le )
- (en) « Alanis Morissette happy to look back », United Press International, (consulté le )
- (en) A.D. Amorosi, « Review: Robert Wyatt's Thirsty Ear », march 12–19, 1998 (consulté le )
- rockonthenet.com
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Subterranean Homesick Blues » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
- Paroles de Subterranean Homesick Blues sur le site officiel de Bob Dylan
- [vidéo] Clip de Subterranean Homesick Blues sur YouTube