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Style Liège-Aix

Le style Liège-Aix (allemand : Aachen-Lütticher Stil) est une variante régionale de l'art mobilier baroque, qui prospéra essentiellement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle dans les villes de Liège, Aix-la-Chapelle et Maastricht mais également ailleurs dans la principauté de Liège[1]. Le style est étroitement lié aux style Régence, Louis XIV, XV et XVI mais diffère de ces styles français car une des caractéristiques est la prédilection qu'elle porte à l'emploi du chêne, à la différence de la création française qui cherche la diversité des matières et est souvent séduite par la polychromie et l'utilisation de la nacre et de l'argent, à laquelle recourent plus rarement les artistes liégeois.

Boiseries dans la salle de banquet du musée Couven à Aix-la-chapelle
Boiseries dans le château Hillenraad à Swalmen
Stalles dans la chapelle de l'abbaye Mariënlof à Kerniel

Âge d'or des arts appliqués dans la principauté de Liège

La seconde moitié du XVIIIe siècle a été l'apogée du baroque dans la principauté de Liège, en particulier dans le domaine de l'architecture et des arts décoratifs. Et de 1730 à 1780, la fabrication des meubles dans le Pays mosan atteint son apogée. D'après des modèles français les artisans de Liège, Verviers, Aix-la-Chapelle et Maastricht fabriquent des meubles, lambris et les autres boiseries qui témoignent d'un goût raffiné. C'est généralement du chêne qui est utilisé cependant d'autres bois peuvent plus rarement être utilisés[2]. La pièce de mobilier la plus caractéristique du style Liège-Aix est le vaisselier dans lequel la porcelaine peut être exposée, mais également des armoires fermées, commodes, secrétaires, pendules, tables, chaises et lits à baldaquin qui ont été produits en grand nombre. Les meubles Liège-Aix de la période 1735-1790 sont généralement appelé Liège-Régence, bien que de nombreux éléments sont empruntés aux style français Louis, Rococo et au début du néo-classicisme. Cependant, dans le pays mosan, le bois a toujours une visibilité prépondérante et les artisans sont plutôt partisans d'une certaine symétrie et de sobriété, bien que les ornements ne sont pas moins raffinés qu'en France[3].

Différences de style

Bien qu'il existe de nombreuses similitudes dans la fabrications des meubles entre les diverses villes de la principauté de Liège au XVIIIe siècle, les meubles d'Aix-la-Chapelle sont généralement plus robustes que ceux de Liège. Le mobilier liégeois est habituellement décoré avec de la rocaille en haut-relief ; à Aix-la-chapelle les meubles présentent souvent des motifs floraux en bas-relief. À Aix-la-Chapelle, les armoires sont généralement constituées d'une seule pièce alors qu'à Liège elles sont généralement constituées de deux parties (bas et haut). La production maastrichtoise est difficile à distinguer de la production liégeoise mais elle peut souvent être identifiée par l'utilisation de motifs en perspective[4]. Après 1770-1780, les moulures des meubles Liège-Aix sont plus rectangulaires dans le style néo-classique, bien que le motif du coquillage est encore utilisé[2].

Au XVIIIe siècle, Liège avait des menuisiers de grande réputation : Louis Lejeune, Lambert Menguet et J. P. Heuvelman[5]. Ils sont dans la tradition d'Arnold de Hontoire (1630-1709)[6]. À la fin du siècle, Michel-Joseph Herman (1766-1819) a été le plus important fabricant de meubles de style Louis XVI[7]. Le dessinateur et graveur Jean-François de Neufforge (en) né à Comblain-au-Pont (1714-1798) fait fureur à Paris avec son mobilier et son architecture intérieure qui ont été copiés dans toute l'Europe. L'architecte aixois Johann Joseph Couven a conçu notamment des autels baroques, des chaires et des meubles pour orgue dans les églises de la région d'Aix-la-Chapelle. L'architecte Mathias Soiron (nl) a réalisé de nombreux dessins de meubles conçus par lui-même ou par d'autres dont les albums sont conservés[8]. Joachim Kessels, un célèbre menuisier, père de Hendrik Johan et Mathieu Kessels) a réalisé une partie de la conception du château de Borgharen.

Collections

Les meubles Liège-Aix se trouvent dans un grand nombre de collections privées et dans des collections muséales réparties à travers le monde. Les plus importantes collections de meubles et boiseries du style baroque Liège-Aix-la-chapelle se trouvent dans les musées Royaux d'Art et d'Histoire (RMAH) à Bruxelles, le musée d'Ansembourg et le musée du Grand Curtius à Liège, le musée Couven à Aix-la-Chapelle et le musée au Vrijthof à Maastricht. Les salles de ces musées exposent de beaux exemples de boiseries, meubles et pendules en combinaison avec des planchers en marqueterie, des stucs, des tapisseries, des peintures murales et de plafonds et d'autres objets décoratifs de Liège, Aix, Maastricht et d'autres centres d'artisanat mosans.

De nombreuses pièces se situent également dans le palais des princes-évêques et l'actuel palais de l'évêque de Liège, la résidence des abbés de l'abbaye de Saint-Trond, les hôtels de ville de Liège, Aix-la-Chapelle, Maastricht, Tongres et Saint-Trond, et d'innombrables monastères, châteaux et manoirs de la région qui donnent une impression d'opulence et de richesse dans la principauté de Liège au XVIIIe siècle. L'hôtel de Grady (ou hôtel de Spirlet) et l'hôtel Vander Maesen à Liège, le château de Modave, le château de Deulin, le château de Eijsden, le château de Hillenraad et le presbytère de Zutendaal sont des exemples de maisons et châteaux privés possédant une riche collection de décoration intérieure de style Liège-Aix.

Des églises et des monastères possèdent également de nombreuses pièces : boiseries, autels, chaires, confessionnaux, meubles d'orgue et d'autres meubles : la collégiale Saint-Barthélemy, le collégiale Saint-Jean l'Évangéliste, l'abbaye de la Paix-Notre-Dame, l'église Saint-Antoine , l'église du Saint-Sacrement et la chapelle de l'hôpital de Bavière à Liège, l'église Saint-Nicolas d'Eupen, l'église Sainte-Thérèse à Aix-la-Chapelle, l'église Luthérienne à Vaals, l'église des frères mineurs et l'église Saint-Jacques à Saint-Trond et la chapelle et la sacristie de l'abbaye de Mariënlof à Kerniel (Looz).

Notes et références

  1. La ville libre impériale d'Aix-la-Chapelle, même si elle ne faisait pas partie de la Principauté de Liège, appartenait (jusqu'en 1802) au diocèse ecclésiastique de Liège. Maastricht, sous le régime politique de la double seigneurie, était au XVIIIe siècle sous la tutelle conjointe de l'évêque de Liège et des États généraux des Provinces-Unies. Ces deux villes ont été soumis fortement à l'influence de Liège, tout comme le reste du Pays mosan.
  2. Keijser-Schuurman 2002, p. 25
  3. Pour la comparaison : Damiaens 2012
  4. Timmers 1977, p. 216
  5. Philippe 1977, p. 369-370
  6. Philippe 1977, p. 129-131
  7. Stiennon 1995
  8. Keijser-Schuurman 2002, p. 15 et 26

Voir aussi

Bibliographie

  • Joseph Philippe, Meubles, styles et décors entre Meuse et Rhin, Liège, Eugène Wahle, , 375 p.
  • (nl) Joseph Timmers, Synthese. Twaalf facetten van cultuur en natuur in Zuid-Limburg, Heerlen, , p. 210-247*Joseph Philippe, « Mobiler civil », dans Le siècle des Lumières dans la principauté de Liège, Liège, Musée de l'Art wallon, , p. 325-330* Jacques Stiennon, « Les arts plastiques », dans Freddy Joris (dir.), Wallonie. Atouts et références d'une Région, Namur, (lire en ligne)*(nl) Keijser-Schuurman, « Een bijzondere nalatenschap, meubeltekeningen in de albums van Matthias Soiron », Publications, no 138,‎
  • 7000 ans d'art et d'histoire au Grand Curtius, Luc Pire, , 192 p. (ISBN 978-2-507-00236-7)
  • (en) Patrick Damiaens, « The Liège style furniture of the 18th-century - d'Ansembourg Museum », (consulté le ).
  • (en) Patrick Damiaens, « The Couven Museum in Aachen (Germany) », (consulté le ).
  • (nl) Patrick Damiaens, « Luikse meubelen - Historie », (consulté le ).

Articles connexes

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