Accueil🇫🇷Chercher

Stupidité

La stupidité est le manque d'intelligence, d'esprit, de conscience ou de bon sens. Le philosophe grec Théophraste définit la stupidité comme « une inertie mentale qui se manifeste à la fois dans les actes et les propos[1] ».

François Rollin propose une typologie de cinq marqueurs de la stupidité qui ne constituent pas des caractères exhaustifs de caractérisation mais forment un faisceau d'indices[2] - [3] :

- l'inconséquence,

- l'auto-définition,

- le suivisme langagier,

- l'absence d'empathie,

- l'absence de doute.

La stupidité dans le domaine philosophique

La stupidité selon Pascal Engel

Pascal Engel, dont les travaux s’inscrivent dans le courant de la philosophie analytique contemporaine, a tentĂ© de dĂ©finir la stupiditĂ© dans son article « The Epistemology of Stupidity »[4]. Son approche s’inscrit dans le domaine de l’épistĂ©mologie nĂ©gative. Ce domaine peut toucher diverses sources d’erreurs humaines, telles que la bĂŞtise, la sottise, l’ignorance, l’irrationalitĂ©, ou encore la stupiditĂ©. Engel distingue la stupiditĂ©, liĂ©e aux facultĂ©s intellectuelles de l’agent, de la sottise, liĂ©e aux valeurs (ou attitudes Ă©valuatives) de l’agent.

La première forme de stupidité[5] qu’Engel décrit semble être un manque d’aptitudes cognitives (la perception, la mémoire, l’inférence, la compréhension du langage, etc.). Si l’intelligence est une forme de capacité intellectuelle innée chez tous les sujets (Engel attribue cette idée à Descartes) alors la stupidité est l’absence de cette capacité. Dans ce cas-là, l’agent ne dispose pas des outils « cérébraux » nécessaires à l’usage intellectuel. Mais elle peut aussi être une incapacité chez l’agent à juger correctement (Engel attribue cette idée à Kant). Cette forme de stupidité n’est plus simplement le fait de manquer d’un certain outil mental, mais plutôt une incapacité à appliquer ce que nous savons dans une circonstance particulière[6]. Par exemple, celui qui voudrait chasser une mouche avec un revolver serait considéré comme stupide en ce sens. L’étude de la stupidité ainsi définie s’inscrit dans le travail du courant fiabiliste en épistémologie, selon lequel les vertus et les vices épistémiques d’un agent ne sont pas sous son contrôle.

La seconde forme de stupiditĂ© dĂ©crite par Engel est ce qu’il nomme la sottise[7]. C’est un type d’attitude, un vice Ă©pistĂ©mique qui fait rĂ©fĂ©rence au peu de valeur accordĂ©e par l’agent Ă  la connaissance ou Ă  la vĂ©ritĂ©. Il existe de nombreuses manifestations de ce type d’attitude que l’auteur qualifie d’indiffĂ©rence ou de complaisance Ă©pistĂ©mique. L'on peut citer entre autres la crĂ©dulitĂ©, le dogmatisme, le snobisme, le bullshit, le « bel esprit », etc. Toutes ces manifestations sont des attitudes possibles de l’agent et ne remettent pas en cause les capacitĂ©s cognitives de ce dernier.  Par exemple, l’agent « x » peut ĂŞtre dogmatique sur un certain sujet tout en possĂ©dant des connaissances sur d’autres. Le bullshitter peut, quant Ă  lui, maintenir un discours dĂ©nuĂ© de vĂ©ritĂ© sans pour autant ĂŞtre ignorant quant Ă  cette dernière[8]. L’étude de la sottise s’inscrit dans le travail du courant responsabiliste en Ă©pistĂ©mologie, selon lequel les vertus et vices Ă©pistĂ©miques d’un agent sont sous son contrĂ´le.

A contrario de la stupidité, qui, elle, semble temporaire, la sottise paraît être un trait durable et non relatif à des circonstances spécifiques. Nous confondons parfois ces deux types sous la même appellation « stupidité »[9] alors qu’elles ne constituent pas les mêmes sortes de vices épistémiques.

Notes et références

  1. Théophraste, Les Caractères, XIV : Le stupide
  2. Marianne, « Les 5 marqueurs de la connerie d'après le professeur Rollin », sur Youtube, (consulté le )
  3. François Rollin, Suis-je bête !, Paris, Presses universitaires de France, , 152 p. (ISBN 978-2-13-082404-6)
  4. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ (lire en ligne Accès limité [PDF])
  5. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ , p. 5-9 (lire en ligne Accès limité [PDF])
  6. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ , p. 6 (lire en ligne Accès limité [PDF])
  7. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ , p. 13-19 (lire en ligne Accès limité [PDF])
  8. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ , p. 15 (lire en ligne Accès limité [PDF])
  9. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », Performance Epistemology : Foundations and Applications,‎ , p. 23-25 (lire en ligne Accès limité [PDF])

Bibliographie

  • ThĂ©ophraste, Les Caractères, Payot & Rivages, 2010.
  • Carlo Maria Cipolla, « The Basic Laws of Human Stupidity », in Allegro ma non troppo, Il Mulino, 1988, (ISBN 88-15-01980-4).
  • Walter B. Pitkin, A Short Introduction to the History of Human Stupidity, Columbia University, 1934
  • Leopold Löwenfeld, Ăśber die Dummheit, 1909
  • Max Kemmerich, Aus der Geschichte der menschlichen Dummheit, 1912
  • James Welles, Understanding Stupidity, 1986.

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.