AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Stéphanie Gibaud

Stéphanie Gibaud, née le à Lille, est une lanceuse d'alerte française.

Stéphanie Gibaud
Autres informations
A travaillé pour
Site web
Distinction

En poste chez UBS France à Paris, elle a joué un rÎle décisif en dénonçant les pratiques d'évasion fiscale et de blanchiment de fraude fiscale en bande organisée d'UBS AG (Suisse) avec la complicité d'UBS France. Ses informations ont largement contribué à identifier pour le compte du ministÚre des Finances français 38 000 comptes offshore qui représentent 12 milliards d'euros.

Biographie

AprĂšs des Ă©tudes linguistiques Ă  l'UniversitĂ© de Lille III, elle a successivement travaillĂ© pour TransManche Link (TML, Le Tunnel sous la Manche) Ă  Calais, l'ambassade des États-Unis Ă  Paris, le club de football RC Lens et la banque de gestion de fortune UBS France Ă  Paris[1].

À l'Ă©tĂ© 2014, elle devient membre fondateur et secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de l'association PILA (plateforme internationale des lanceurs d'alerte).

Remise du prix Anticor 2015.

En 2015, elle reçoit le prix Anticor lors de la soirĂ©e « Éthique contre casseroles »[2].

Le , StĂ©phanie Gibaud est nommĂ©e pour le Prix Sakharov aux cĂŽtĂ©s de deux autres lanceurs d’alerte, Edward Snowden et Antoine Deltour[3].

Affaire UBS

Chez UBS France, Stéphanie Gibaud est chargée de développer sur le territoire français des partenariats avec des enseignes prestigieuses et d'organiser des événements pour attirer et fidéliser les clients fortunés de la banque.

En 2007 Ă©clate l'affaire du banquier amĂ©ricain Bradley Birkenfeld[4]. Celui-ci dĂ©voile Ă  la justice amĂ©ricaine qu'il avait aidĂ© ses clients Ă  frauder l'Internal Revenue Service. À la suite de ses rĂ©vĂ©lations, toutes les procĂ©dures internes de la banque ont alors Ă©tĂ© modifiĂ©es partout dans le monde[5].

En , la supérieure hiérarchique de Stéphanie Gibaud lui demande de détruire le contenu de ses fichiers informatiques[6] à la suite d'une perquisition dans le bureau du directeur général à Paris[6].

Ces fichiers contiennent les coordonnées des clients et des prospects de la banque, ainsi que le nom de leurs chargés d'affaires en France, en Suisse, au Luxembourg, en Belgique, Monaco ou ailleurs.

Stéphanie Gibaud n'exécute pas l'ordre. Il s'ensuit un véritable bras de fer. Elle se plaint alors de harcÚlement, de mise au placard, de discrimination[7].

Plusieurs collaborateurs de la banque se rapprochent d'elle et lui confirment que le démarchage des chargés d'affaires suisses sur le territoire français est illégal. Ils lui expliquent par ailleurs qu'UBS France a mis en place une comptabilité parallÚle, dénommée « Carnet du Lait »[8], qui regroupe mensuellement les transactions d'évasion fiscale des clients français vers l'offshore.

UBS France essaie de la licencier en 2009 mais ce licenciement est refusé par l'inspection du travail. En 2010, UBS France porte plainte contre sa collaboratrice pour diffamation et perdra ce procÚs. Stéphanie Gibaud sera finalement licenciée en .

Considérée comme lanceuse d'alerte dÚs 2008 puisqu'elle a dénoncé les opérations illégales d'évasion fiscale de son employeur à l'Inspection du Travail puis en portant plainte contre UBS auprÚs du Procureur de la République fin 2009, Stéphanie Gibaud a été reçue par la BRDP (Brigade de Répression de la Délinquance contre les Personnes) en et en , ainsi qu'au SNDJ (Douanes Judiciaires) à plusieurs reprises entre 2011 et 2012.

StĂ©phanie Gibaud a Ă©tĂ© entendue au SĂ©nat par Eric Bocquet, rapporteur de la Commission Évasion Fiscale[9] en 2012 et par le dĂ©putĂ© Yann Galut en . Elle apparaĂźt dans les rapports de la commission d'enquĂȘte sĂ©natoriale du [10] et du [11].

Elle publie en La femme qui en savait vraiment trop au Cherche midi[12].

Le journaliste d'investigation Antoine Peillon, qui signe la postface de son livre[13], explique que Stéphanie Gibaud a été l'une des sources de son livre Ces 600 milliards qui manquent à la France, publié en .

Le , le tribunal des Prudhommes de Paris donne raison Ă  StĂ©phanie Gibaud[14] en condamnant la banque UBS Ă  30 000 euros d'amende pour harcĂšlement sur son ex-cadre[15]. Il n’y aura pas d’appel.

Le , elle est reçue au Parlement europĂ©en Ă  Bruxelles[16] Ă  l’invitation d’Alain Lamassoure pour ĂȘtre entendue par la commission « Tax Rulings »[17]. Eva Joly, dĂ©putĂ©e europĂ©enne, qui siĂ©geait dans cette commission, Ă©voquait dĂ©jĂ  son soutien Ă  StĂ©phanie Gibaud lors d'une interview, le , sur France Inter[18].

Le , StĂ©phanie Gibaud est reçue Ă  l’ambassade d’Argentine Ă  Paris sur invitation de Ricardo Echegaray, directeur de l'AFIP (AFIP (es))[19]. Elle y est entendue par les membres de la commission bicamĂ©rale du CongrĂšs argentin qui enquĂȘtent sur la fraude fiscale[20].

Le , une nouvelle page se tourne: UBS est condamnée par le Tribunal correctionnel de Paris à payer un total de 4,5 milliards d'Euros pour l'ensemble de ses malversations [21]. Puis aprÚs avoir fait appel, elle sera condamnée, en décembre 2021, à 1,2 milliards d'Euros [22]. Elle s'est alors pourvu en cassation pour analyser non pas le fond mais la forme du procÚs [23].

Engagement politique

Indépendante au mouvement Debout la France depuis 2015[24], elle a été présidente du comité de soutien de Nicolas Dupont-Aignan pendant la campagne présidentielle de 2017. Elle est en deuxiÚme position sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan aux élections européennes de 2019[25].

Elle est tĂȘte de liste Ă  Paris aux Ă©lections rĂ©gionales de 2015 en Île-de-France sur la liste de Debout la France.

Nouvelle vie en tant que lanceuse d'alerte

En 2016, elle dĂ©clare ne pas avoir retrouvĂ© d'emploi. Comme beaucoup de lanceurs d'alerte, elle se retrouve dans une situation trĂšs prĂ©caire [26] - [27]. Elle Ă©crit un livre, qui sera publiĂ© en , dĂ©nonçant les risques pris par les lanceurs d'alerte. Dans La traque des lanceurs d'alerte, elle dĂ©taille la vie d’une cinquantaine de lanceurs d’alerte et dĂ©nonce les risques pris par ceux-ci au nom de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

Publications

  • La femme qui en savait vraiment trop : les coulisses de l'Ă©vasion fiscale en Suisse, Paris, Le Cherche midi, , 224 p. (ISBN 978-2-7491-3508-3)
  • La traque des lanceurs d'alerte, Paris, Max Milo, , 300 p. (ISBN 978-2-315-00813-1)[28]

Notes et références

  1. Edwige Coupez, « Evasion fiscale : le courage de Stéphanie Gibaud, "La femme qui en savait trop" », sur franceinfo.fr, .
  2. « Soirée prix "Ethique" contre Casseroles 2015 », sur Dailymotion, .
  3. « Prix Sakharov 2015 : les nominés annoncés », sur http://www.europarl.europa.eu, Parlement européen, (consulté le )
  4. « Bradley Birkenfeld, l'homme par qui le scandale UBS est arrivé », sur LeMonde, .
  5. « ACP Banque France – DĂ©cision de la commission des sanctions », sur ACP Banque France, 13 juin 2013t.
  6. Flo Genestier, « "La femme qui en savait vraiment trop" », sur Médiapart, .
  7. « Histoire vivante : Entretien avec Stéphanie Gibaud », sur RTS, .
  8. « Sanction record pour les «carnets du lait» d'UBS », sur Le Figaro, .
  9. « ANNEXE 2 - LISTE DES MEMBRES DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE », sur SĂ©nat, .
  10. « Commission d'enquĂȘte sur l'Ă©vasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales », sur SĂ©nat, .
  11. « Évasion des capitaux et finance : mieux connaĂźtre pour mieux combattre (Rapport) », sur SĂ©nat, .
  12. « Et StĂ©phanie Gibaud entra en rĂ©sistance », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Antoine Peillon, « LANCEURS D’ALERTE -1 - StĂ©phanie Gibaud / UBS », sur MĂ©diapart, .
  14. « Une lanceuse d’alerte fait condamner UBS », sur LibĂ©ration, .
  15. « La justice reconnaßt le harcÚlement moral pour une ex-salariée d'UBS France, lanceuse d'alerte », sur Le Monde, .
  16. « PROCÈS-VERBAL Réunion du 11 mai 2015 », sur Europarl, .
  17. « Taxe: accueil chaleureux pour les lanceurs d'alerte et les journalistes d'investigation », sur Parlement européen, .
  18. Pascale Pascariello, « Comme un bruit qui court
 d’AthĂšnes Ă  Bruxelles », sur France Inter, .
  19. « La bicameral que investiga el caso HSBC tomarĂĄ declaraciĂłn a los “arrepentidos” en ParĂ­s », sur Parlementario, .
  20. « UBS possédait un réseau dédié à l'évasion fiscale en Amérique latine », sur NouvelObs, .
  21. Richard Werly, « 3,7 milliards d’euros d’amende: le cauchemar parisien d’UBS », Le Temps,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  22. « Fraude fiscale : UBS condamnĂ©e en appel Ă  1,8 milliard d’euros en amende, confiscation et dommages et intĂ©rĂȘts »
  23. « La banque suisse UBS, condamnée en France pour fraude fiscale, se pourvoit en cassation »
  24. AnaĂŻs Condomines, « La lanceuse d’alertes StĂ©phanie Gibaud se lance en politique avec
 Nicolas Dupont Aignan », sur lci.fr, france, (consultĂ© le )
  25. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038438196&categorieLien=id
  26. Épisode "Panama Papers" Paradis fiscaux: le casse du siĂšcle de la sĂ©rie Cash investigation, d'une durĂ©e de 158 minutes. Visionner l'Ă©pisode en ligne
  27. Stephanie Gibaud, « Pourquoi moi, lanceuse d'alerte, je dois quitter mon appartement », sur mediapart.fr, france, (consulté le )
  28. « StĂ©phanie Gibaud, lanceuse d'alerte: "L'ennemi c'est l'État français qui ne protĂšge pas ceux qui font Ă©clater la vĂ©ritĂ©" », sur RTBF Info, (consultĂ© le )

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.