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Spiti (cheval)

Le Spiti est le plus petit des poneys de l'Inde. Originaire de l'Himachal Pradesh, dans le Nord du pays, il tient son nom de la rivière Spiti. La variĂ©tĂ© propre au district de Kinnaur est nommĂ©e localement Chamurthi ou Chummarti. Haut d'environ 1,30 m, ce poney de montagne prĂ©sente une tĂŞte lourde ainsi que des crins et des fanons fournis, et une robe aux caractères primitifs. La menace d'extinction pousse le gouvernement indien Ă  engager des mesures de protection dans les annĂ©es 1980. Le Spiti reste nĂ©anmoins rare. La race est menacĂ©e, en raison d’une diversitĂ© gĂ©nĂ©tique rĂ©duite et de mauvaises pratiques de sĂ©lection.

Chamurthi

Spiti
Poney de bât des Gaddi à Kasauli, dans l'Himachal Pradesh
Poney de bât des Gaddi à Kasauli, dans l'Himachal Pradesh
Région d’origine
RĂ©gion Drapeau de l'Inde Inde
RĂ©gion d'Ă©levage Inde, Tibet, Bhoutan
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille 1,29 m en moyenne
Poids 160 Ă  185 kg
Robe Grise, baie, noire ou pie
TĂŞte Profil convexe
Pieds ExtrĂŞmement durs
Caractère Docile
Statut FAO (conservation) En danger
Autre
Utilisation Selle, bât, traction légère

Ce poney est traditionnellement monté ou bâté en fonction des besoins, pour les travaux agricoles, le transport montagnard et l'horticulture. Il vit à l'extérieur toute l'année, les éleveurs montant leurs troupeaux à l'estive au mois de mai, pour les redescendre à la mauvaise saison. Le Spiti se trouve principalement dans le district de Lahaul et Spiti et le district de Kullu. Présent également au Tibet, le Spiti a été importé par le Bhoutan.

Terminologie

Bien que le nom officiel de la race soit « poney Spiti Â», il est aussi connu localement sous les noms de « Chamurthi Â»[1], « Chummarti Â» ou « Chummarati Â»[2]. L'encyclopĂ©die Delachaux et NiestlĂ© cite aussi les noms « baloch Â» et « balochi Â», et distingue le Spiti du Chummarti[3].

Le nom « Spiti Â» provient de la vallĂ©e de Spiti[4]. La dernière Ă©dition du dictionnaire de CAB International (2016) indique par ailleurs que les noms « Spiti Â» et « Chamurthi Â» sont utilisĂ©s de façon interchangeable en Inde, et que les noms « Chamurthi Â» et « Chummarti Â» sont des Ă©quivalents[5]. Par contre, la base de donnĂ©es DAD-IS classe sĂ©parĂ©ment le « Spiti Â»[6] et le « Chummarti Â»[7]. Le « Chummarti Â» est rĂ©pertoriĂ© dans l'ouvrage de l'universitĂ© d'Oklahoma[8] et dans l'Ă©dition de 2002 du dictionnaire de CAB International[9] parmi les races de chevaux de l'Inde et du Tibet, mais sans y ĂŞtre dĂ©crit.

Histoire

Il est considéré comme l'une des importantes races de chevaux indigènes de l'Inde[10]. Les poneys de Ladakh sont présumés descendre du cheval de Przewalski[11], une théorie par ailleurs controversée. Le Chamurthi proviendrait de poneys ambleurs amenés en Inde par des Tibétains[2]. Il présente une évidente proximité avec la race du Zanskari[2].

En 1951, la zone montagneuse du district de Kinnaur, dans l'Himachal Pradesh, compte 5 188 chevaux et poneys, un nombre qui augmente Ă  5 520 en 1956. Les poneys s'y rencontrent frĂ©quemment dans les annĂ©es 1960[12] - [13]. D'après les relevĂ©s de population transmis Ă  la FAO, entre 18 000 et 20 000 poneys Spiti sont recensĂ©s dans toute l'Inde en 1982[6]. Le Spiti est traditionnellement Ă©levĂ© par les Kanyat, une tribu du Nord de l'Inde, qui vit en altitude[4]. En raison de mauvaises pratiques d'Ă©levage, un risque d'extinction commence Ă  peser sur la race au cours du XXe siècle. En 1984, ce risque est communiquĂ© Ă  la première ministre de l'Inde de l'Ă©poque, Indira Gandhi[1]. C'est la raison pour laquelle un haras est Ă©tabli Ă  Kamand en 1986 et 1987, avec pour objectif de prĂ©server le Spiti. Trois Ă©talons et treize juments reproductrices sont acquis pour les besoins de ce haras, de 1986 Ă  1988[1]. L'Ă©tablissement est dĂ©placĂ© Ă  Lari, dans le district de Mandi, en [1].

L'Indigenous Horse Society of India (société des chevaux indigènes de l'Inde, IHSI) prend la race en charge dès sa création en 1999, ainsi que les quatre autres races indigènes répertoriées. Un standard de race est publié en 2009[2].

Description

Probables Spiti Ă  McLeod Ganj, district de Kangra, Inde.

Propre aux montagnes de l'Himalaya[14], le Spiti constitue la plus petite des races de poneys de l'Inde[15]. Bien que dĂ©crit localement comme un petit cheval, il prĂ©sente les attributs physiques du poney[14]. D'après l'Ă©tude de caractĂ©risation de R. K. Pundir, il toise en moyenne 1,29 m, pour un tour de poitrine d'1,48 m et une longueur d'oreille de 15 cm[16]. La variĂ©tĂ© Chamurthi toise quant Ă  elle de 1,22 m Ă  1,32 m[2] en moyenne, ou plus gĂ©nĂ©ralement de 1,17 m Ă  1,37 m[14]. D'après les donnĂ©es de rĂ©fĂ©rence de la FAO collectĂ©es en 1982, les mâles toisent environ 1,25 m et les femelles m, pour un poids moyen respectif de 185 kg et 160 kg[6]. L'encyclopĂ©die Delachaux et NiestlĂ© cite une taille moyenne de 1,24 m[3].

Il ressemble au cheval mongol, au poney tibĂ©tain[17] - [4] et au Bhotia[3]. La tĂŞte est assez grosse[18], parfois lourde, et prĂ©sente un profil rectiligne[4] ou convexe[16], pouvant toutefois se montrer concave chez quelques individus[14]. Elle est surmontĂ©e de petites oreilles bien dĂ©coupĂ©es[4] et d'yeux noirs[16]. L'encolure est courte[3], le garrot peu sorti, le dos court et solide[4], la croupe lĂ©gèrement inclinĂ©e[18]. La poitrine est profonde et l'Ă©paule bien musclĂ©e, plutĂ´t droite[4]. Le corps est solide et bien dĂ©veloppĂ©, avec des os assez forts. La crinière est longue, puisque les crins peuvent atteindre 25 Ă  40 cm de longueur[16], la queue est longue et fournie Ă©galement[3]. Les jambes sont courtes et solides[18], avec de bonnes articulations. Elles prĂ©sentent de longs fanons abondants[4]. Le pied est rond, bien formĂ© et extrĂŞmement dur[4]. Ce poney prĂ©sente cinq allures, avec l'amble et l'amble rompu en plus des trois allures classiques du cheval (pas, trot et galop)[14].

Robes

La robe et les marques sont variables, elle peut être grise sous toutes les nuances, baie, noire, alezane ou pie[16] - [2] - [14], et exprimer le gène Dun[4] ou le gène Crème[14] - [3]. Il porte souvent des marques primitives sur le dos, avec de petites taches le long de la colonne vertébrale. Ces marques sont parfois confondues avec des traces de blessures dues au port de la selle par les observateurs inexpérimentés[14] - [3].

Tempérament et entretien

Jolie vallée entre des montagnes
Biotope du Spiti, dans la vallée de la rivière Spiti

Il est rĂ©putĂ© pour son tempĂ©rament docile[16], son pied très sĂ»r en montagne, son endurance[1] et sa robustesse[19]. Il s'adapte parfaitement aux tempĂ©ratures froides et sèches de son biotope[14]. Les acheteurs le recherchent pour cette robustesse, sa taille adaptĂ©e aux usages domestiques, son bon caractère, son endurance et sa rĂ©sistance aux maladies. L'espĂ©rance de vie serait d'environ 20 ans[20].

Il est élevé en haute altitude, et particulièrement adapté au climat froid et rude qui y règne. Il supporte par contre mal le climat humide des plaines de l'Inde[4]. Au mois de mai, les animaux sont montés en estive et se nourrissent de ce qu'ils trouvent dans la montagne. Ils sont redescendus dans les vallées de décembre à avril[16]. Traditionnellement, les éleveurs utilisent un seul et même étalon pour couvrir toutes les juments d'un groupe de villages, et changent d'étalon reproducteur chaque année[21].

Génétique

Des quatre races de poneys d'Inde qui ont Ă©tĂ© analysĂ©es, le Spiti est celle dont la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique est la plus mauvaise[22]. La race a subi un goulet d'Ă©tranglement de population au cours de son histoire[23]. Traditionnellement, les poneys de l'Inde sont classĂ©s dans le mĂŞme groupe gĂ©nĂ©tique[24], bien qu'ils portent des noms diffĂ©rents et prĂ©sentent des caractĂ©ristiques distinctes. Les races Zanskari, Manipuri, Bhotia et Spiti ont donc Ă©tĂ© classĂ©es comme « poneys Â». Le Indian National Bureau of Animal Genetic Resources (Bureau national des ressources zoogĂ©nĂ©tiques) a commanditĂ© une Ă©tude en 2012, pour lutter contre les mauvaises sĂ©lections. Ces analyses ont permis de grouper le Zanskari, le Spiti et le Manipuri parmi la mĂŞme sous-population[22]. Le Spiti est très proche du Zanskari, qui occupe la mĂŞme niche Ă©cologique dans les contreforts de l'Himalaya : il existe des interversions entre les deux races[25].

Utilisations

Les poneys Spiti servent d'animaux de bât en altitude[16], de chevaux de selle[26], et pour la traction lĂ©gère[6]. Ces poneys sont utilisĂ©s par les habitants de la rĂ©gion montagneuse de Kinnaur pour les aider dans leurs travaux de la vie quotidienne. L'horticulture y est beaucoup pratiquĂ©e, et joue un rĂ´le vital pour les Ă©leveurs, pour qui elle constitue le principal dĂ©bouchĂ©[27]. Les poneys Ă©taient mis Ă  contribution pour transporter des marchandises entre l'Inde et le Tibet avant la fermeture de la frontière[14]. Ils servent Ă  divers travaux agricoles tels que le transport du grain vers les moulins, et celui des sacs de riz[20]. La demande en poneys de travail dĂ©passe l'offre, car d'après une analyse effectuĂ©e sur la foire aux chevaux de Rampur en 2001, les Ă©leveurs de Kinnaur sont venus avec une centaine de bĂŞtes, alors que les demandes d'achat ont portĂ© sur plus de 150 poneys[20]. L'armĂ©e indienne continue de faire appel Ă  ces poneys pour le bât, quand l'usage d'un vĂ©hicule motorisĂ© est impossible[14].

Diffusion de l'Ă©levage

Carte de l'Inde avec indications des neuf lieux d’élevage
Répartition des différentes races de chevaux élevées en Inde

La zone d'élevage des chevaux Spiti est située dans le district de Kullu, au nord-est de celui de Lahul et Spiti, dans l'Himachal Pradesh, en Inde[16]. La vallée de Chummarti a donné son nom a une variété de la race[12] présente dans le district de Kinnaur, situé lui aussi dans l'Himachal Pradesh[7]. La race se trouve en particulier dans la vallée de Kangra, dans le nord-est du Pendjab[2]. La vallée des pins, au sud-ouest de l'Himachal Pradesh, est devenue un parc national, dans lequel vivent des sujets[14]. Il s'en trouve également en aval de la rivière Spiti, vers Kaza[14]. Les monastères bouddhistes de la vallée de Spiti pratiquent vraisemblablement un élevage sélectif[14].

C'est une race transfrontière[28], puisqu'on en trouve également des représentants au Tibet[29] - [9]. Un certain nombre de ces poneys sont exportés au Bhoutan, où une épidémie de la maladie d'Adarukha, causée par la consommation de l'eupatorium adenophorum, a décimé la population équine locale. Le Spiti est considéré comme mieux adapté au biotope du Bhoutan que le Haflinger, qu'il remplace comme poney d'importation[30].

D'après le recensement effectuĂ© en 2004, les effectifs ont beaucoup baissĂ©, seuls 4 000 poneys Ă©tant rĂ©pertoriĂ©s[6]. En 2007, la race Ă©tait considĂ©rĂ©e comme n'Ă©tant pas menacĂ©e[31]. Son statut a Ă©tĂ© rĂ©visĂ© en 2015, le Spiti est dĂ©sormais classĂ© « en danger Â» par la FAO[26]. Le National research centre on equines, en Inde, signale la race comme Ă©tant en voie de disparition[32], mais pour la FAO, en 2010, le niveau de menace pesant sur le « Chummarti Â» est inconnu[28]. Le « Chummarti Â» a Ă©tĂ© ajoutĂ© tardivement Ă  la liste des races de chevaux indigènes de l'Inde par la FAO, vers 1999, avec le Deccani et le Sikang[33], deux autres races en voie d'extinction[34]. Depuis novembre 1984, la race dispose d'un show annuel Ă  Kaza, chaque pendant trois jours. La qualitĂ© des poneys y est jugĂ©e et Ă©valuĂ©e[35].

Notes et références

  1. Chauhan 2005, p. 36.
  2. Porter et al. 2016, p. 450.
  3. Rousseau 2014, p. 326.
  4. Hendricks 2007, p. 401.
  5. Porter et al., p. 453.
  6. (en) « Spiti Pony/India », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).
  7. (en) « Chummarti/India », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).
  8. Hendricks 2007, p. 454.
  9. Porter 2002, p. 173.
  10. (en) Pradeep Sharma et Tirunagaram Lakshmamma, « Horses and ponies », dans Human Geography : the people, Discovery Publishing House, , 357 p. (ISBN 8183563260 et 9788183563260), p. 148.
  11. (en) Blaise Humbert-Droz et Sonam Dawa, Biodiversity of Ladakh : Strategy and Action Plan, Sampark, in association with Ladakh Ecological Development Group, , 243 p. (ISBN 81-7768-005-6 et 9788177680058, lire en ligne), p. 29.
  12. Indian Livestock, vol. 1 Ă  3, Indian Council of Agricultural Research, , p. 22.
  13. Indian Woollen Mills Federation, Wool & Woollens of India, vol. 32, Indian Woollen Mills Federation, , p. 14.
  14. Porter et al. 2016, p. 451.
  15. Gupta et al. 2012.
  16. Pundir 2004.
  17. (en) Elwyn Hartley Edwards, The Encyclopedia of the Horse, Londres, Dorling Kindersley, (ISBN 0-7513-0115-9), p. 201.
  18. Rousseau 2014, p. 327.
  19. (en) J. R. B. Alfred, Asok Kumar Das et A. K. Sanyal, Ecosystems of India, ENVIS Centre, Zoological Survey of India, , 410 p. (ISBN 81-85874-57-3 et 9788185874579), p. 88.
  20. Chauhan 2005, p. 38.
  21. Gupta et al. 2014, p. 7.
  22. Gupta et al. 2014.
  23. Chauhan, Gupta et Dhillon 2010.
  24. Behl et al. 2007.
  25. Gupta et al. 2014, p. 5.
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  32. (en) « Equines in India », National research centre on equines (consulté le ).
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  35. Chauhan 2005, p. 37.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • (en) « Spiti Pony/India », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)
  • (en) « Chummarti/India », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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