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Sotie

La sotie, ou sottie, est une pièce politique ou d’actualité, jouée à Paris depuis le Moyen Âge. Au XVIe siècle, les soties sont interprétées par les Sots, appelés aussi « Enfants-sans-Souci ».

Les Sots fondent leur système de satire sur cette hypothèse que la société tout entière est composée de fous. Par-dessus leur costume, ils revêtent les attributs qui désignent tel ou tel état, telle ou telle fonction : le juge, le soldat, le moine, le noble, etc.

Dans son étude de 1878 sur La Sotie en France, Émile Picot compte vingt-six pièces de ce genre. Il fait remarquer que la sotie était souvent représentée avec une farce et une moralité, dans des spectacles multiples ; dans ce cas on commençait par la sotie, sorte de parade bouffonne. La sotie n’eut pas toujours pleine liberté ; sa plus brillante période se place sous Louis XII.

Principales soties

  • En 1508, les Enfants-sans-Souci jouent le Nouveau Monde, dont l’auteur probable est AndrĂ© de La Vigne. La pièce est relative Ă  l’abolition de la Pragmatique Sanction de Bourges par Louis XI et aux espĂ©rances de son rĂ©tablissement par Louis XII.
  • En 1512, Pierre Gringore, ou Gringoire, fait reprĂ©senter le Jeu du Prince des Sots, pièce dans laquelle il attaque violemment, avec la permission du roi et en sa prĂ©sence, le pape Jules II et l’Église. Cet ouvrage comprend un grand nombre de personnages, entre autres : le Prince des Sots figure le roi Louis XII ; Mère-Sotte, l’Église ; Sotte-Commune, c’est le peuple, etc. Le Jeu du Prince des Sots est une sĂ©rie d’allusions satiriques, d’actualitĂ©s vivement exprimĂ©es par les contemporains. Elle Ă©tait suivie d’une moralitĂ© intitulĂ©e : Peuple français, Peuple italique, l’Homme obstinĂ©, consacrĂ©e elle aussi aux dĂ©mĂŞlĂ©s de Louis XII avec le pape Jules II ; celui-ci Ă©tant l’Homme obstinĂ©.
  • En 1914 paraĂ®t Les Caves du Vatican d'AndrĂ© Gide, sotie de l'Ă©poque moderne.
  • En 1962, l'Ă©crivain genevois Jacques Aeschlimann publie une sotie intitulĂ©e Les cannibales[1]. Celle-ci est mise en scène en 1964 par AndrĂ© NusslĂ©, lors de l'inauguration du Théâtre de Vidy, alors nommĂ© Théâtre de l'Expo, dans le cadre de l'Exposition nationale suisse de 1964[2].
  • En 2011 paraĂ®t La Fuite conquĂ©rante, une biographie du sous-sous-commandant MafĂ© MafĂ© par lord Somerset Littlefoot de Mamadou Mahmoud N'Dongo, dans son recueil de nouvelles Mood Indigo sotie de l'Ă©poque contemporaine sur l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2002.

Localisation des sotties

  • Émile Picot : Recueil gĂ©nĂ©ral des Sotties, 3 vol. Johnson Reprints, New York, 1968. [Sotties n° 3, 4, 7, 10, 11, 17, 19, 23, 27, 29, 35, 37, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 55.]
  • Recueil Trepperel. (Fac-similĂ© d'EugĂ©nie Droz.) Slatkine, 1966. [Sotties n° 2, 5, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 15, 18, 20, 22, 25, 34, 36, 44.]
  • Manuscrit La Vallière. (Fac-similĂ© prĂ©sentĂ© par Werner Helmich.) Slatkine, 1970. [Sotties n° 19, 23, 33, 43, 47, 48, 50, 51, 52, 54, 55.]
  • Recueil du British Museum. (Fac-similĂ© prĂ©sentĂ© par Halina Lewicka.) Slatkine, 1970. [Sotties n° 3, 11, 17, 18, 29, 30, 38, 49.]
  • Recueil de Florence : Jelle Koopmans, Le recueil de Florence. 53 farces imprimĂ©es Ă  Paris vers 1515. Paradigme, 2011 ; Gustave Cohen, Recueil de farces françaises inĂ©dites du XVe siècle. Slatkine, 1974. [Sotties n° 14, 16, 24, 26, 28, 32.]
  • Deux moralitĂ©s inĂ©dites composĂ©es et reprĂ©sentĂ©es en 1427 et 1428 au Collège de Navarre. (AndrĂ© et Robert Bossuat.) 1955. [Sottie n° 1.]
  • La PipĂ©e : AndrĂ© Tissier, Recueil de farces, t. XII. Droz, 1998. [Sottie n° 6.]
  • La Farce de Pates-Ouaintes. (ThĂ©odose Bonnin.) 1843. [Sottie n° 21.]
  • JoyeusetĂ©z, FacĂ©cies et folastres Imaginacions, 18 vol. 1824-34, t. XIV. [Sottie n° 31.]
  • Recueil des Plaisants devis rĂ©citĂ©s par les supposts du Seigneur de la coquille, p. 69-78. 1857. [Sottie n° 56.]

Notes et références

  1. Gazette de Lausanne, 5 mars 1963, p. 1.
  2. Journal de Genève, 1er mai 1964, p. 13.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Claude Aubailly, Le Monologue le dialogue et la sottie : Essai sur quelques genres dramatiques de la fin du Moyen Ă‚ge et du dĂ©but du XVIe siècle, Éd. HonorĂ© Champion, 1976, 566 p. (ISBN 978-2-8520-3126-5)
  • Émile Picot, La Sotie en France, in-8, 1878.
  • Sur Gringoire : Petit de Julleville, Les ComĂ©diens en France au Moyen Ă‚ge.
  • Des textes du Jeu du Prince des Sots dans Aubertin, Choix de textes de l’ancien français
  • Olga Anna Dull, Folie et rhĂ©torique dans la sottie. (Droz, 1994)
  • Ida Nelson, La Sottie sans souci : essai d’interprĂ©tation homosexuelle. (Champion, 1977) [Ouvrage philologiquement très contestable, voire douteux : entre autres exemples, page 52, le Jargon ou Langage de l'argot reformĂ© publiĂ© vers 1629 par Ollivier Chereau y est datĂ© de 1453 et attribuĂ© Ă  un certain Coquillard, avant d'ĂŞtre utilisĂ© en renfort d'une thèse Ă  laquelle il est totalement Ă©tranger !]
  • Triboulet, La Farce de Pathelin et autres pièces homosexuelles (QuestionDeGenre/GKC, 2011.) [Cet Ă©diteur est le seul, depuis la fin du XVe siècle, Ă  rĂ©unir sous ce titre anachronique les Ĺ“uvres qu'il attribue ainsi Ă  Triboulet. Ce titre est en outre très orientĂ© puisqu'il affirme, contre toute la tradition, que la Farce de MaĂ®tre Pathelin est une pièce homosexuelle.]

Liens externes

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