Soixante-dix fois sept
Soixante-dix fois sept (titre original : Setenta veces siete) est un film argentin réalisé par Leopoldo Torre Nilsson et sorti en 1962.
Titre original | Setenta veces siete |
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RĂ©alisation | Leopoldo Torre Nilsson |
Scénario |
Dalmiro Sáenz (nouvelles) Beatriz Guido |
Acteurs principaux |
Isabel Sarli |
Pays de production | Argentine |
Durée | 92 minutes |
Sortie | 1962 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Cora, prostituĂ©e d'une maison close de la pampa, revoit son passĂ© : autrefois, jeune femme saine et ravissante, elle travaillait dans une pulperĂa (es) de la campagne argentine oĂą dĂ©barqua, un jour, un beau cavalier d'origine polonaise. Pour celui-ci, elle vola de la marchandise Ă ses employeurs. Puis, il revint la chercher et l'emmena chez lui dans les rudes rĂ©gions de la Patagonie du Nord. Il la traita comme son Ă©pouse servante et obĂ©issante. Ils vĂ©curent sans histoires jusqu'Ă ce qu'un voleur de bĂ©tail, pourchassĂ© par les gardiens de troupeaux, survint dans leur enclos. Atteint par une balle, l'homme n'Ă©tait pourtant pas mort. Cora le protĂ©gea et le soigna. La vie Ă trois aiguisa bien vite les appĂ©tits et les convoitises. Le Polonais dĂ©couvrit le secret de l'autre : une ceinture chargĂ©e de billets de banque. Il Ă©chafauda un meurtre. Le mĂŞme jour, le voleur de chevaux proposa Ă Cora d'abandonner le mari au fond d'un puits. Celui-ci, inlassablement creusĂ©, Ă©tait censĂ© contenir de l'or noir. Mais, c'est plutĂ´t Cora, par vengeance, qui les y laissa choir. Ă€ prĂ©sent, remords et sentiment de culpabilitĂ© l'obsèdent sans cesse. Fuyant le bordel, elle retourne sur les lieux de la tragĂ©die… Tombera-t-elle, Ă son tour, au fond du puits ?
Fiche technique
- Titre du film : Soixante-dix fois sept
- Titre original : Setenta veces siete
- RĂ©alisation : Leopoldo Torre Nilsson
- ScĂ©nario : L. Torre Nilsson, Beatriz Guido (es), Ricardo Luna d'après les contes El ProstĂbulo (Le Bordel) et Sur viejo (Le Vieux sud) de Dalmiro Sáenz
- Photographie : Ricardo Younis
- Format : Noir et blanc - 35 mm
- Son : Jorge Castronuovo
- Musique : VirtĂş Maragno
- Montage : Jacinto Cascales
- DĂ©cors : Ă“scar Lagomarsino
- Production : Antonio P. Motti (Araucania Films)
- Pays d'origine : Argentine
- Langue originale : Espagnol
- Durée : 92 minutes
- Sorties : mai 1962 au Festival de Cannes ; en Argentine
Distribution
- Isabel Sarli : Cora/Laura
- Francisco Rabal : Pascual, le voleur de chevaux
- Jardel Filho : Pedro, l'Ă©leveur de troupeau, le Polonais
- Blanca Lagrotta : la mère
- Ignacio Finder : le père
- Nelly Prono
- Hilda Suárez
Commentaire
Le titre du film se réfère aux Évangiles, en Matthieu, XVIII, 21 et 22 : la parabole du maître généreux et du serviteur dénué de pitié. L'œuvre de Leopoldo Torre Nilsson prêterait-elle à exégèse spiritualiste ?, interroge Marcel Oms[1].
Dès les premières séquences, c'est aussi aux Rapaces (1924) d'Erich von Stroheim que nous songeons : « Même façon de mettre en conflit les personnages dans un vase clos ; même participation d'un décor grandiose et méchant en contrepoint aux sentiments et passions des protagonistes ; même dénouement impitoyable et anticonventionnel », note Marcel Oms[1].
Mais, Soixante-dix fois sept est, avant tout, une réflexion sur la formation économique de l'Argentine : « c'est le vrai premier film gaucho qui ne se limite pas au pittoresque. [...] Sarmiento disait, parlant de l'âme et de la réalité argentines, qu'elles étaient un monstre à deux têtes : civilisation et barbarie de la pampa. [...] Ces mots pourraient plus que jamais être placés en exergue de 70 fois 7 », estime encore Marcel Oms[1].
Enfin, le film de Torre Nilsson est une étude de la condition féminine : le Polonais emporte Cora par nécessité et non par amour. « Avec l'arrivée de l'autre commence la dialectique de la désaliénation par la possibilité du choix. »[1]. Cora croit donc trouver l'amour, mais le voleur de chevaux se révèle semblable au "mari". Ainsi s'explique le choix final de la jeune femme, celui de la prostitution.
Les grands thèmes de l'univers de Torre Nilsson ne sont guère bouleversĂ©s : sĂ©questration et dĂ©chĂ©ance morale hantent encore l'effrayant paysage de Soixante-dix fois sept. Mais, on perçoit de nouvelles perspectives et notamment l'ombre du futur MartĂn Fierro, grandiose poème Ă©pique de JosĂ© Hernández, Ĺ“uvre phare de la littĂ©rature du gaucho argentin, que Torre Nilsson adaptera quelques annĂ©es plus tard.
Notes et références
- M. Oms in : Leopoldo Torre Nilsson, Premier Plan, n° 26, décembre 1962.
Lien externe
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- (en) AllMovie
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database