Société des femmes artistes modernes
La Société des femmes artistes modernes (FAM), créée en 1931, est une association de femmes artistes françaises qui a organisé un salon annuel de 1931 à 1938, à Paris[1].
Histoire
Cette société, qui s'inscrit dans la lignée de l'Union des femmes peintres et sculpteurs, fondée par Marie-Anne Camax-Zoegger en 1930, organise, jusqu'en 1938, un salon annuel, dans des lieux divers comme la Galerie de la Maison de France, la galerie Bernheim-Jeune, au Pavillon des Expositions (sur l'esplanade des Invalides) et au Petit Palais, pour présenter et défendre le travail artistique des femmes : « J'ai cherché, en formant les FAM, à offrir un groupe d'artistes vraiment convaincus à notre art moderne dans notre modeste cadre féminin »[2].
Pour en assurer le succès, des hommes politiques comme Albert Sarraut, Anatole de Monzie, des directeurs des Beaux-Arts, des membres de l'Institut, des hommes de lettres comme Gustave Kahn ou Paul Valéry, sont nommés membres d'honneur. Participeront à ce groupe Suzanne Valadon ; Marie Laurencin ; Suzanne Duchamp ; Chériane, la femme de Léon-Paul Fargue ; Louise Ibels, sœur du nabi H.-G. Ibels ; Paule Gobillard, nièce de Berthe Morisot ; Hermine David, compagne de Pascin ; Marthe Lebasque ; Louise Hervieu ; la Russe Chana Orloff ; Jeanne Bergson, fille du philosophe Henri Bergson et élève de Bourdelle ; Jeanne Bardey, élève de Rodin ; Tamara de Lempicka ; Mariette Lydis, Yvonne Serruys ; Marie Mela Muter ; Jane Poupelet ; Anna Bass ; Clémentine-Hélène Dufau...
Le salon expose des œuvres de l'Américaine Mary Cassatt, de l'Espagnole Maria Blanchard et présente, en 1934, des œuvres de Camille Claudel.
Pour le Salon de 1938, ouvert à la galerie Charpentier au 76 rue du Faubourg Saint Honoré, Louis Vauxcelles note, dans Le Monde illustré, que : « Les Femmes Artistes Modernes groupe sans contredit le dessus du panier des palettes féminines. Et il faut, avant de nommer les principales exposantes réunies à l’hôtel Charpentier, par les soins de l’éminente et inlassable présidente Marianne Camax-Zoegger, féliciter cette dernière de n’avoir oublié personne, j’entends personne des femmes de talent... »[3]
Le , Albert Lebrun, président de la République, et Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts, visitent le salon. Marie-Jo Bonnet évoque cet événement : « Quelle belle reconnaissance par le Front populaire du travail collectif des femmes artistes modernes qui ont réussi à rassembler pendant presque dix ans une soixantaine d’artistes parmi les plus importantes de l’entre-deux-guerres. Dans le climat de double morale esthétique qui régnait alors, c’est un tour de force d’avoir réussi à montrer ces œuvres au public, en constituant une sorte de force collective qui atteste d’une réalité, d’une vitalité et d’un regard autre qui a également droit de cité »[4].
Bessie Davidson est la vice-présidente du groupe de 1932 à 1936, Louise Germain la trésorière et Émilie Charmy la secrétaire.
Références
- (en) Paula J. Birnbaum, Women Artists in Interwar France: Framing Femininities, Londres, Ashgate/Routledge, , 385 p. (ISBN 9781138275461)
- revue Art et artisanat, 15 juin 1935
- cité par André Vessot dans Jeanne Bardey, dernière élève d’Auguste Rodin (7e épisode)
- Marie-Jo Bonnet, Femmes artistes dans les avant-gardes, aux éditions Odile Jacob, 2006