Société des droits de l'homme et du citoyen
La Société des droits de l'homme et du citoyen est une ligue fondée en 1888 par Georges Clemenceau, Arthur Ranc, Jules Joffrin et Lissagaray.
Ce dernier en devint le secrétaire, tandis que Clemenceau préside la Société, qui vise à rassembler les diverses tendances républicaines contre la vague boulangiste qui menace de s'emparer du pouvoir. Elle réunit surtout des radicaux-républicains aux socialistes, les opportunistes proches de Jules Ferry préférant adhérer à l'Association nationale républicaine.
Elle se donne pour objet : « La défense de la République par la lutte sans merci contre toute entreprise de réaction et de dictature »[1].
La ligue s'étant formée au Grand Orient de France, rue Cadet[2], ses membres ont été qualifiés de « cadettistes » par leurs opposants[3].
Pour Denis Lefebvre, la Société des droits de l'homme et du citoyen « constitue la première manifestation de l'entrée de la Franc-maçonnerie dans la IIIe République. Elle avait aussi une autre finalité : expliquer dans les loges ce qu'était le boulangisme et ses dangers, alors que certains « frères » étaient séduits par le général... » À travers sa défense de la République par-delà les différentes familles politiques, il compare la démarche à celle du front républicain sous la Ve République[1].
Membres notables
- Jean Allemane[2]
- Augustin Avrial[2]
- Charles Boysset[2]
- Paul Brousse[2]
- Raoul Canivet[4]
- Jean-Claude Colfavru[2]
- Edme Charles Chabert[2]
- Émile Chautemps[2]
- Georges Clemenceau[2]
- Alphonse Darlot[2]
- Eugène Fournière[2]
- Anatole de La Forge[2]
- Jules Gaillard[2]
- Jules Joffrin[2]
- Jean-Marie-Arthur Labordère[2]
- René Laffon[2]
- Sigismond Lacroix[2]
- Charles Laurent[2]
- Aimé Lavy[2]
- Ernest Lefèvre[2]
- Prosper-Olivier Lissagaray[2]
- Henri Maret[2]
- Félix Mathé[2]
- Stylite-Alexandre Paulard[2]
- Camille Pelletan[2]
- Stephen Pichon[2]
- Arthur Ranc[2]
- Tony Révillon[2]
- Victor Schœlcher[2]
- Victor Simond[2]
- Paul Strauss[2]
- Gaston Thomson[2]
Le Bilan de Boulanger
Dans Le Bilan de Boulanger, Lissagaray raconte ainsi :
« À ces diverses manifestations de l'indignation républicaine provoquée par les débuts du boulangisme, il fallait une conclusion pratique. De tous côtés, on le comprit. D'abord, la jeunesse républicaine s'organisa en Ligue antiplébiscitaire, à laquelle firent aussitôt adhésion tous les républicains du Parlement et de la presse. Une autre Société se fonda bientôt, au milieu d'un profond mouvement d'enthousiasme, entre les nuances les plus diverses et jusqu'alors les plus divisées de l'opinion républicaines. Sur l'appel de MM. Clemenceau, Joffrin et Ranc, la Société des droits de l'homme et du citoyen s'organisait.
(...) Appartenant aux fractions diverses de la grande famille républicaine, nous croyons qu'une entente entre tous ceux qui sont demeurés fidèles à la République est nécessaire pour mettre un terme à l'aventure boulangiste, si humiliante pour notre pays. [...] Nous fondons la Société des droits de l'homme et du citoyen. Elle a pour objet la défense de la République, par la lutte sans merci contre toute entreprise de réaction de dictature. »
Références
- Denis Lefebvre, « Les socialistes face à la crise boulangiste », Office universitaire de recherche socialiste, no hors-série 76-77, , p. 75-76.
- Le Matin, 24 mai 1888, p. 1.
- La Pensée, no 73, mai 1957, p. 119.
- Le Rappel, 9 août 1888, p. 2.