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Sleeve gastrectomie

La sleeve gastrectomie, ou gastrectomie longitudinale ou gastrectomie partielle par plicature ou gastrectomie pariétale ou encore gastrectomie tubulaire, est une technique restrictive de chirurgie bariatrique destinée au traitement de l'obésité sévère, qui consiste à retirer les deux tiers gauches de l'estomac[1].

Sleeve gastrectomie
Description de cette image, également commentée ci-après
Schéma d'une gastrectomie longitudinale : estomac restant et réséqué avec agrafes

Histoire

DĂ©veloppement de la technique

En , le docteur américain Doug Hess, de Bowling Green dans l’Ohio, réalise la première gastrectomie longitudinale comme première partie d'une dérivation biliopancréatique[2]. Il s'agit alors d'une extension de fundoplicature[3] pour prévenir le reflux œsophagien. À partir de 1999, des essais de dérivation biliopancréatique par cœlioscopie sont menés sur les porcs. Ils permettent de valider la faisabilité d'une gastrectomie longitudinale par cœlioscopie sur l'être humain. À partir de 2001, de bons résultats cliniques permettent à la gastrectomie longitudinale par cœlioscopie de devenir une opération de première intention, permettant de sécuriser la réalisation dans un second temps d'un court-circuit gastrique. En 2008, la Haute Autorité de Santé publie un rapport d'évaluation technologique officialisant les conditions d'application de la technique[4].

Nom et classification

Selon la Classification internationale des maladies, la gastrectomie longitudinale, décrite comme une « résection en manchon de l'estomac[5] », fait partie des « autres gastrectomies partielles[6] ». Le nom d'usage anglais de cette intervention est « sleeve gastrectomy », soit traduit mot-à-mot « gastrectomie en manchon[7] », la poche stomacale prenant une forme cylindrique après ablation de sa partie gauche. Depuis 2012, la commission générale de terminologie et de néologie française recommande le terme « gastrectomie longitudinale » comme traduction de « sleeve gastrectomy »[8]. Ce terme recommandé reste cependant en concurrence avec le calque franglais « sleeve gastrectomie » utilisé par les médias[9] - [10] et les praticiens[11] - [12].

En allemand, cette opération est nommée « Schlauchmagen », soit « estomac en manchon », ou « Schlauchmagenbildung », pour « formation d'un estomac en manchon » . En italien, on parle de « gastrectomia verticale parziale », soit d'une « gastrectomie verticale partielle ».

Statistiques

Cette technique est devenue la première en nombre pour la chirurgie bariatrique[13].

Indication

Cette intervention s'adresse exclusivement Ă  un public adulte remplissant trois conditions[14] :

  1. L’obésité du patient nuit à sa qualité de vie :
  2. Le patient a suivi sans succès un régime sous contrôle médical
  3. Le patient ne présente aucune contre-indication à la chirurgie

Elle peut — de manière exceptionnelle — être pratiquée sur un adolescent remplissant plusieurs critères physiologiques supplémentaires[15] :

  1. Avoir un score de Tanner supérieur ou égal à IV, soit un âge osseux supérieur ou égale à 13 ans chez les filles et 15 ans chez les garçons ;
  2. Avoir plus de 15 ans (ou Ă©ventuellement entre 13 et 15 ans) ;
  3. L’obésité du patient nuit à sa qualité de vie :

Cette intervention permet de perdre en moyenne 30% du poids initial; elle est irréversible, contrairement au by-pass.

Principe de l'intervention

Préalablement à l'intervention, le patient doit suivre durant 15 jours un régime pré-opératoire strict — équilibré mais qui épargne au foie de trop travailler — pour réduire la taille de cet organe et faciliter le travail du chirurgien[16].

La gastrectomie longitudinale peut être décrite comme une gastroplastie verticale calibrée avec résection gastrique. La partie retirée (grande courbure de l'estomac) laisse la partie la moins distensible de l'estomac et ôte la partie « endocrine » de cet organe, avec altération de la fonction neurohumorale[17].

En l'absence de complications qui peuvent être importantes, l'intervention dure environ deux heures et nécessite trois à huit jours d'hospitalisation.

Une technique alternative se fait uniquement par voie endoscopique par réduction de la taille de l'estomac par suture interne[18].

La capacité résiduelle de l'estomac est de 100 à 200 ml, selon les sources[19].

Évaluation des bénéfices et risques

Cette intervention a plusieurs points positifs et des effets secondaires :

  • la perte de poids est durable ;
  • les patients rĂ©duisent leur risque de maladies liĂ©es Ă  l'obĂ©sitĂ© ;
  • elle amĂ©liore la qualitĂ© de vie ;
  • elle entraĂ®ne une sensation rapide de satiĂ©tĂ©, comme la gastroplastie ;
  • elle ne nĂ©cessite pas la mise en place d'un corps Ă©tranger (anneau gastrique) ;
  • les vomissements sont moins frĂ©quents qu'avec la gastroplastie, mais de rares cas de reflux existent ;
  • elle diminue le taux de ghrĂ©line[1], et donc la sensation de faim, comme dans le court-circuit gastrique ;
  • elle peut ĂŞtre Ă  l'origine de carences nutritionnelles ;
  • certains mĂ©dicaments ne peuvent plus ĂŞtre prescrits suivant les règles standards Ă  cause de leur nocivitĂ© sur l'estomac. Un rĂ©ajustement du traitement sera alors nĂ©cessaire;
  • pour les femmes en pĂ©riode fertile, une contraception hormonale autre que par voie orale est nĂ©cessaire, la substance n'Ă©tant plus mĂ©tabolisĂ©e par l'organisme.

Certaines équipes chirurgicales pratiquent actuellement la sleeve en première intention. En 2009, la mortalité de l'intervention est estimée à 0,2 %[1].

Dans 0,26 à 4 % des cas, on observe un rétrécissement de l'estomac[20], le plus souvent localisé au niveau de l'incisure angulaire[21], qui nécessite un suivi médical particulier.

Contre-indication absolue: présence de reflux gastro-œsophagien (RGO) constaté par un examen des variations du pH oeso-gastrique, sur 24 ou 48 h.


Après l'opération, le premier mois de réalimentation comprend une phase de repas équilibrés mixés lisses; on passe ensuite à des repas de consistance normale mais de quantité réduite, sachant que les quantités ingérées vont progressivement augmenter pour atteindre à 3 mois le maximum de ce qui peut être pris en un repas.

Une préparation soigneuse, qui peut durer jusqu'à 2 ans jusqu'au feu vert pour l'opération, permet d'explorer les habitudes alimentaires et de les modifier avant l'intervention: faire durer les repas sur 30', en mastiquant les aliments jusqu'à obtenir une consistance de purée / surveiller l'apparition de la sensation de satiété et respecter ce signal / répartir les prises alimentaires sur 3 repas et 2 collations par jour / boire 1, 5 à 2 litres de liquide par jour et uniquement entre les repas / intégrer une activité physique régulière / comprendre et assimiler la notion de repas équilibrés, basés sur la pyramide alimentaire. Un suivi psychologique peut être nécessaire pour arriver à mettre en place ces mesures, et faciliter la transition.

Avant l'intervention, et sur 3 mois au minimum, la possible prise quotidienne de substance de type glucagon-like, en injections sous-cutanées, peut aider à se représenter les effets de l'opération: le transit gastro-intestinal étant ralenti, la sensation de satiété intervient plus vite, et la perte de poids commence. Un suivi étroit de la mise en place de ce traitement est nécessaire: les effets secondaires liés au ralentissement du transit peuvent impacter le confort et la qualité de vie. Cette mesure permet également de mesurer l'impact psychologique du changement à venir. Ce type de médicament est coûteux (environ 400 CHF/mois) et n'est pour le moment par remboursé par l'assurance-maladie, en Suisse du moins.

L'année qui suit l'intervention, un suivi des possibles carences alimentaires par bilan sanguin permet ensuite de supplémenter la personne par médication (vitamines, par exemple).

Un suivi par densitométrie permet de voir si la perte de poids se fait réellement principalement sur la masse graisseuse, et non pas au détriment de la masse musculaire minimale. La surveillance s'élargit ensuite sur les 4 ans suivants.

Suivi Ă  long terme

Le principal problème est représenté par la méconnaissance des résultats à long terme.

  • Ă€ cinq ans, les rĂ©sultats semblent intermĂ©diaires entre la gastroplastie et le court-circuit gastrique. C'est-Ă -dire — en moyenne — une perte de poids de l'ordre de 60 % de l'excès de poids (cohorte de 68 personnes)[22], et selon d'autres sources, 30%.
  • Sur une autre cohorte de 443 personnes, la perte de poids est de 76,8 % Ă  un an mais la tendance s'inverse Ă  plus long terme (69,7 % Ă  3 ans et 56,1 % Ă  5 ans). Ă€ 5 ans, ce travail montre une absence d'amĂ©lioration du cholestĂ©rol total et un retour du diabète[23].

Notes et références

  1. Ciangura et al. 2009, Technique de la gastrectomie longitudinale (ou gastrectomie en manchon ou sleeve gastrectomy), p. 13
  2. Jossart et al. 2010
  3. (en + fr) « fundoplication », sur Termium, la banque de donnĂ©es terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, (consultĂ© le ) : « OpĂ©ration qui consiste Ă  enrouler la partie haute et gauche de l'estomac autour du segment infĂ©rieur de l’œsophage pour prĂ©venir le reflux Ĺ“sophagien. »
  4. Potier 2008
  5. (en) « Online ICD9/ICD9CM codes » (consultĂ© le ) : « Sleeve resection of stomach »
  6. (en) « Online ICD9/ICD9CM codes » (consultĂ© le ) : « Other partial gastrectomy »
  7. « Traduction : sleeve - Dictionnaire anglais-français Larousse », sur www.larousse.fr (consultĂ© le ) : « technology [tube] manchon »
  8. Commission gĂ©nĂ©rale de terminologie et de nĂ©ologie (France), « Gastrectomie longitudinale », sur www.culture.fr/franceterme, (consultĂ© le ) : « Équivalent Ă©tranger : sleeve gastrectomy (en) »
  9. « Sleeve gastrectomie, la moins connue des chirurgies de l'obésité », sur AlloDocteurs.fr, (consulté le )
  10. La RĂ©publique de Seine-et-Marne, « Fontainebleau. La clinique entre en guerre contre l’obĂ©sitĂ© », sur LaRepublique77.fr, (consultĂ© le ) : « Effectivement se faire poser un anneau gastrique, un by-pass ou subir une sleeve gastrectomie, n’est pas sans consĂ©quence et ne se fait pas au hasard. »
  11. « Sleeve gastrectomie à Montpellier : Définition », sur Chirurgie-Digestive-Montpellier.fr (consulté le )
  12. Dr_Paul_Lachowsky">Dr Paul Lachowsky, « La sleeve gastrectomie », sur Chirurgie-Digestive.com, Bruxelles (consulté le )
  13. Angrisani L, Santonicola A, Iovino P et al. Bariatric surgery and endoluminal procedures: IFSO worldwide survey 2014, Obes Surg, 2017;27:2279–2289
  14. Ciangura et al. 2009, La chirurgie de l’obésité, ça me concerne ?, p. 6
  15. « Haute Autorité de Santé - Définition des critères de réalisation des interventions de chirurgie bariatrique chez les moins de 18 ans », sur www.has-sante.fr (consulté le )
  16. Docteur Valérie PODELSKI, RÉGIME PRÉ-OPÉRATOIRE AVANT CHIRURGIE DE L’OBÉSITÉ, Strasbourg, , 1 p. (lire en ligne), Ce régime sans graisse aura pour effet de diminuer le volume de votre foie et rendra l’intervention plus facile pour le chirurgien.
  17. Pareek M, Schauer PR, Kaplan LM et al. Metabolic surgery: Weight loss, diabetes, and beyond, J Am Coll Cardiol, 2018;71:670-687
  18. Bazerbachi F, Vargas Valls EJ, Abu Dayyeh BK, Recent clinical results of endoscopic bariatric therapies as an obesity intervention, Clin Endosc, 2017;50:42-50
  19. (en) International Federation for the Surgery of Obesity and Metabolic Disorders, « Tube Gastrectomy (Sleeve Gastrectomy) », sur www.ifso.com (consultĂ© le ) : « The residual stomach capacity is about 200 ml so a generous entree should be possible »
  20. Traduction de stricture pour l'appareil digestif selon Termium.
  21. (en) « Diagnosis and Management of Strictures after Laparoscopic Sleeve Gastrectomy », Bariatric Times,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  22. (en) Patricia Sieber et al., « Five-year results of laparoscopic sleeve gastrectomy », Surgery for Obesity and Related Diseases, vol. 10, no 2,‎ , p. 243-249 (résumé)
  23. (en) Inbal Golomb et al., « Long-term Metabolic Effects of Laparoscopic Sleeve Gastrectomy », JAMA Surgery,‎ (lire en ligne).


Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Documents fournis par le CHUV, Lausanne, Consultation de traitement et prĂ©vention de l'obĂ©sitĂ©, version 2019 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pascal Potier (rapporteur), Gastrectomie longitudinale [Sleeve gastrectomy] pour obĂ©sitĂ© (Rapport d’évaluation technologique), Saint-Denis, Haute AutoritĂ© de SantĂ©, , 113 p. (lire en ligne [PDF])Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Dr CĂ©cile Ciangura, Marie Citrini, Dr Muriel Coupaye, Dr Wioletta de Charr, Dr Emmanuelle Di Valentin, Viviane Gacquière, Gersende Georg, Anne-Sophie Joly, JĂ©rĂ´me LemariĂ©, Dr ValĂ©rie Lindecker-Cournil, Pr Jean Mouiel,Dr David Nocca, Anne-Françoise Pauchet-Traversat et Dr Frank Stora (ill. Fabrice MathĂ©, groupe test : Khadija Badid, Catherine Deschamps, Katia Heyraud, VĂ©ronique Perez Carbonell), Chirurgie de l’obĂ©sitĂ© : Ce qu’il faut savoir avant de se dĂ©cider ! (Brochure d’information), Saint-Denis, Haute AutoritĂ© de SantĂ©, , 18 p. (lire en ligne [PDF]) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Gregg H. Jossart (chirurgien) et Gary Anthone (chirurgien), « The History of Sleeve Gastrectomy » [« Histoire de la gastrectomie longitudinale »], Bariatric Times, Matrix Medical Communications,‎ (ISSN 1044-7946, lire en ligne [html])Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Caisse de PrĂ©voyance Sociale de PolynĂ©sie française, RĂ©fĂ©rentiel CPAM : liste des codes les plus frĂ©quents pour la spĂ©cialitĂ© chirurgie viscĂ©rale et digestive, , 12 p. (lire en ligne [PDF]), Gastrectomie longitudinale [Sleeve gastrectomy] pour obĂ©sitĂ© morbide, par cĹ“lioscopieDocument utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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