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Sittelle bleue

Sitta azurea

Sitta azurea
Description de cette image, également commentée ci-après
Une Sittelle bleue de la sous-espèce S. a. nigriventer au jardin botanique de Cibodas dans l'Ouest de Java (Indonésie).

Espèce

Sitta azurea
Lesson, 1830

Synonymes

  • Callisitta azurea (Lesson, 1830)
  • Poliositta azurea (Lesson, 1830)
  • Dendrophila flavipes Swainson, 1838
  • Sitta flavipes (Swainson, 1838)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

La Sittelle bleue (Sitta azurea) est une espèce d'oiseaux de la famille des Sittidae. C'est une sittelle de taille moyenne, mesurant 13,5 cm de longueur, et sans dimorphisme sexuel marquĂ©. Cette espèce a une coloration très particulière et diffĂ©rente des autres membres de son genre : elle a la tĂŞte noire et les parties supĂ©rieures bleu sombre tirant plus ou moins sur le violet, avec les plumes des ailes bleu ciel bordĂ©es de noir. La gorge et la poitrine sont très blanches ou lavĂ©es de chamois, contrastant avec les parties supĂ©rieures et le ventre d'un bleu très sombre ; les sous-caudales sont gĂ©nĂ©ralement plus claires, bleu-gris ou violacĂ©es. Son Ă©cologie est mal connue, mais elle se nourrit de petits invertĂ©brĂ©s trouvĂ©s sur les arbres ; la reproduction prend place d'avril Ă  juin-juillet.

La Sittelle bleue se rencontre dans la pĂ©ninsule Malaise et en IndonĂ©sie, sur les Ă®les de Sumatra et Java ; elle y peuple les forĂŞts au-dessus de 900 m d'altitude. Trois sous-espèces sont distinguĂ©es Ă  travers son aire de rĂ©partition, diffĂ©rant notamment par la couleur du manteau, de la poitrine et du bas-ventre. La Sittelle bleue est proche des sittelles Ă  becs rouges et jaunes (S. frontalis, S. solangiae et S. oenochlamys). Les effectifs de l'espèce ne sont pas estimĂ©s mais semblent solides et peu menacĂ©s en raison de l'Ă©tendue de la distribution de l'oiseau. Pour ces raisons, l'Union internationale pour la conservation de la nature considère l'oiseau comme de « prĂ©occupation mineure ».

Description

Individu de la sous-espèce S. a. expectata sur un tronc, à Fraser's Hill (Malaisie).

La Sittelle bleue a un plumage très distinctif mais, à moins d'excellentes conditions d'observation, elle paraît noirâtre avec une gorge et une poitrine blanches[1]. La tête est noire, avec une assez grande zone de peau nue autour de l'œil, pâle, tirant vers un gris bleuâtre ou sur un blanc verdâtre[2]. Les parties supérieures sont sombres, avec le haut du dos bleu foncé, tirant sur le violet chez certaines sous-espèces. Les plumes de vol sont bleu pâle en leur milieu, avec le bord noir, et tranchent de manière très visible avec le manteau sombre[3]. La gorge et la poitrine sont blanches, plus ou moins lavées de chamois, notamment chez la sous-espèce S. a. nigriventer[4]. Les plumes du ventre et du bas-ventre sont noirâtres, contrastant avec les sous-caudales bleu-gris ou violacées. Le bec est lavande, légèrement teinté de vert, et noir en son bout ; les pattes sont d'un bleu-gris pâle et les griffes ardoise ou noires[2].

Il n'y a pas d'important dimorphisme sexuel, mais Nagamichi Kuroda a avancé que la femelle avait les parties supérieures légèrement plus ternes que le mâle. Le juvénile est très semblable aux adultes, avec cependant la calotte et les parotiques plus ternes, teintées de brun, le ventre d'un noir terne et les couvertures sous-caudales aux bords et au bout blanc crème. Enfin, leur bec est noirâtre, avec la base plus ou moins rose peau[3]. Les adultes connaissent une mue partielle avant la saison de reproduction (février-mars pour S. a. expectata et mars-avril pour S. a. azurea), et touchant la gorge, la poitrine et le manteau ; une mue complète a lieu après la saison de reproduction (mars-avril sur Java et août en Malaisie)[2].

La Sittelle bleue est une sittelle de taille moyenne, mesurant 13,5 cm de longueur[3]. L'aile pliĂ©e mesure 75-83 mm pour le mâle, 75-80 mm pour la femelle. La queue mesure 41-45 mm chez le mâle, 39,5-46 mm chez la femelle, le bec 16,1-17,6 mm et le tarse 15-18 mm. Le poids n'est pas connu[2], mais la Sittelle kabyle (S. ledanti), qui mesure Ă©galement 13,5 cm de longueur, pèse entre 16,6 et 18 g[5].

La seule sittelle partageant son aire de distribution est la Sittelle veloutée (Sitta frontalis), dont la répartition englobe totalement celle de la Sittelle bleue mais ces deux espèces ne peuvent guère être confondues. La Sittelle veloutée a les parties supérieures uniformes et violacées, avec le front noir, le bec rougeâtre et un iris et un anneau oculaire jaunes.

  • Les trois sous-espèces de la Sittelle bleue et leurs caractères morphologiques distinctifs
  • Sitta azurea expectata - noter les parties supĂ©rieures bleu sombre et les sous-caudales bleu azur.
    Sitta azurea expectata - noter les parties supérieures bleu sombre et les sous-caudales bleu azur.
  • Sitta azurea azurea - noter les parties supĂ©rieures violacĂ©es et les sous-caudales violettes.
    Sitta azurea azurea - noter les parties supérieures violacées et les sous-caudales violettes.
  • Sitta azurea nigriventer - noter les parties supĂ©rieures violacĂ©es, les sous-caudales bleu azur et le chamois du ventre.
    Sitta azurea nigriventer - noter les parties supérieures violacées, les sous-caudales bleu azur et le chamois du ventre.

Écologie et comportement

Voix

Le répertoire de la Sittelle bleue est assez varié ; il rappelle celui de la Sittelle veloutée (Sitta frontalis) et, dans une moindre mesure, de la Sittelle des Philippines (S. oenochlamys). Plusieurs cris d'appel sont répertoriés : un doux « tup » ou « tip », un « whit » sec, un « sit » sifflant et un « chit » énergique. Quand l'oiseau est excité, ces notes sont produites en séries courtes et rapides, comme « chi-chit », « chit-chit-chit » ou « chir-ri-rit ». La Sittelle bleue peut allonger ces séries qui deviennent alors un trille staccato « tititititititik » ou un cliquetis « tr-r-r-r-r-r-t ». Enfin, l'oiseau peut produire un grincement en « zhe » ou « zhe-zhe » et un « snieu » ou « kneu » nasal rappelant celui d'un jouet couineur[3].

Alimentation

La Sittelle bleue est très active, évoluant toujours au moins à deux[6] et souvent en petits groupes ou se mêlant très fréquemment à des volées mixtes d'alimentation[3]. Elle se nourrit d'invertébrés ; on a notamment identifié dans son régime alimentaire des insectes des familles des Zopheridae (genre Trachypholis), des Elateridae, des Chrysomelidae (sous-famille des Eumolpinae) et des chenilles de lépidoptères, ainsi que des araignées[7]. Elle trouve généralement ses proies dans la moitié supérieure des grands arbres, bien qu'elle puisse également prospecter des arbres plus petits[3]. L'oiseau protège ses yeux de la pluie d'écorces et autres débris, qu'il pourrait rencontrer en prospectant sur les troncs, en contractant la peau nue autour de son œil, adaptation apparemment unique à cette espèce[8].

Reproduction

La reproduction de la Sittelle bleue est mal connue. Le nid est fait dans un petit trou d'arbre, et la ponte compte trois à quatre œufs blanc sale ou d'une couleur chair pâle, lavés de gris lavande et densément tachetés de brun roux ; les œufs mesurent environ 19,3 × 13,4 mm. En péninsule Malaise, des juvéniles tout juste arrivés à maturité ont été observés fin juin ; sur l'île de Java, la saison de reproduction prend place d'avril à juillet et sur Sumatra un adulte nourrissant ses jeunes a été observé le [3].

Prédateurs

Rien n'est spécifiquement rapporté concernant les prédateurs de la Sittelle bleue, mais un individu a été vu se figer au passage d'un Aigle noir (Ictinaetus malaiensis) en prospection[6].

RĂ©partition et habitat

Distribution de la Sittelle bleue en Asie du Sud-Est.

Cette espèce vit dans la péninsule Malaise (dans l'extrême sud de la Thaïlande et dans le nord de la Malaisie) et en Indonésie (à Sumatra et à Java)[9] - [10]. En Malaisie, elle se rencontre à Bukit Larut dans le sultanat de Perak, dans les monts Titiwangsa jusqu'au Hulu Langat au sud dans le Selangor, ainsi que sur certains massifs isolés, comme le Gunung Benom dans le sultanat de Pahang, le Gunung Tahan à cheval sur le Pahang et le Kelantan, dans le Gunung Rabong du Kelantan et dans le Gunung Padang du sultanat de Terengganu. Sur Sumatra, elle vit sur toute la chaîne du Bukit Barisan, depuis les Gayo Highlands (Aceh) et les Batak Highlands (Sumatra du Nord) au nord, et jusqu'au Dempo au sud[3].

La Sittelle bleue peuple le bas de l'Ă©tage montagnard. En Malaisie, on la trouve depuis 1 070 m jusqu'aux plus hautes altitudes (2 186 m) ; Ă  Sumatra, elle est trouvĂ©e entre 900 et 2 400 m et entre 915 et 2 745 m sur Java. L'ornithologiste John MacKinnon rapporte que l'espèce peut se rencontrer, cependant rarement, dans les plaines de Java[3].

Taxinomie

Extrait de la phylogénie des
sittelles selon Pasquet et al. (2014)[11] :

La Sittelle bleue est dĂ©crite en 1830 sous son nom actuel, Sitta azurea, par le naturaliste français RenĂ© Primevère Lesson[12]. L'ornithologue britannique William Swainson crĂ©e en 1837 le genre Dendrophila pour regrouper la Sittelle bleue avec la Sittelle veloutĂ©e (S. frontalis)[13], mais ce nom tombe ensuite en dĂ©suĂ©tude. Dans le dĂ©coupage en sous-genres du genre Sitta, peu utilisĂ©, la Sittelle bleue est placĂ©e, seule, dans Sitta (Poecilositta) Buturlin, 1916[14]. En 2006, l'ornithologue Edward C. Dickinson propose dans une rĂ©vision des sittelles asiatiques d'Ă©clater le genre Sitta, notamment pour les sittelles Ă  becs rouges et jaunes (S. frontalis, S. solangiae et S. oenochlamys), et possiblement pour la Sittelle bleue, qui est extrĂŞmement distincte des autres sittelles. Il dĂ©crit la morphologie de S. azurea comme « assez aberrante » ; seule la Sittelle superbe (S. formosa), qui a Ă©galement les plumes des ailes bordĂ©es de couleur diffĂ©rente, pourrait vaguement en ĂŞtre rapprochĂ©e. Ce dĂ©coupage n'est pas effectif, et Dickinson propose lui-mĂŞme d'attendre qu'une Ă©tude molĂ©culaire soit rĂ©alisĂ©e[15]. En 2014, Éric Pasquet et al. publient une phylogĂ©nie fondĂ©e sur l'ADN nuclĂ©aire et mitochondrial de 21 espèces de sittelles ; la Sittelle bleue est rapprochĂ©e d'un clade regroupant la Sittelle veloutĂ©e (S. frontalis) et de la Sittelle des Philippines (S. oenochlamys), et probablement la Sittelle Ă  bec jaune (S. solangiae), qui n'est cependant pas intĂ©grĂ©e Ă  l'Ă©tude. Ces quatre sittelles d'Asie tropicale seraient elles-mĂŞmes groupe frère d'un clade regroupant le sous-genre Sitta (Micrositta) (aussi appelĂ© « groupe canadensis Â») et le groupe rassemblant la Sittelle Ă  tĂŞte brune (S. pusilla) et la Sittelle pygmĂ©e (S. pygmaea)[11].

Dessin en couleur issu de l'ouvrage The Genera of Birds de George Robert Gray, et représentant l'oiseau décrit par William Swainson sous le nom de « Sitta flavipes », correspondant à la sous-espèce S. a. nigriventer de la Sittelle bleue.

Selon le Congrès ornithologique international[10] et Alan P. Peterson[16] il existe trois sous-espèces :

  • S. a. expectata (Hartert, 1914), dĂ©crite en 1914 par l'ornithologiste allemand Ernst Hartert sous le nom de Callisitta azurea expectata depuis un holotype du Samangko Pass (Pahang)[17], vit en pĂ©ninsule Malaise et sur Sumatra[10] ;
  • S. a. nigriventer (Robinson & Kloss, 1919), dĂ©crite en 1919 par les zoologistes britanniques Herbert Christopher Robinson (en) et Cecil Boden Kloss sous le nom de Poliositta azurea nigriventer depuis un holotype du mont Gede[18], vit dans l'ouest de Java[10]. L'ornithologue britannique William Swainson avait citĂ© cette sous-espèce sous le nom de Dendrophila flavipes en 1838, mais le nom n'ayant par la suite guère Ă©tĂ© utilisĂ©, il peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un nomen oblitum (« nom oubliĂ© ») et c'est nigriventer qui est prĂ©fĂ©rĂ©[19] ;
  • S. a. azurea Lesson, 1830, sous-espèce type de la description par RenĂ© Primevère Lesson en 1830[12] d'un spĂ©cimen venant possiblement de l'Arjuno[18], vit dans le centre et l'est de Java[10].

Menaces et protection

La Sittelle bleue est un oiseau commun sur Sumatra, notamment sur le Kerinci[20], et relativement commun en Malaisie et Ă  Java[3]. Elle jouit d'une aire de rĂ©partition très vaste, approchant les 361 000 km2 selon BirdLife International. Les effectifs ne sont pas estimĂ©s mais seraient importants, quoique vraisemblablement en dĂ©clin en raison de la destruction et de la fragmentation de son habitat[21]. L'espèce est considĂ©rĂ©e comme de « prĂ©occupation mineure » par l'Union internationale pour la conservation de la nature[9].

Annexes

Bibliographie

  • (fr) RenĂ© Primevère Lesson, TraitĂ© d'ornithologie, ou, Tableau mĂ©thodique des ordres, sous-ordres, familles, tribus, genres, sous-genres et races d'oiseaux, vol. 1, , 659 p. (lire en ligne), p. 316
  • (en) Ernst Hartert, « [New form of Blue Nuthatch from the Malay Peninsula] », Bulletin of the British Ornithologists' Club, vol. 35,‎ , p. 34 (lire en ligne)
  • (en) Herbert Christopher Robinson et Cecil Boden Kloss, « [New subspecies of Malay birds] », Bulletin of the British Ornithologists' Club, vol. 40,‎ , p. 17 (lire en ligne)
  • (en) Simon Harrap (ill. David Quinn), Tits, Nuthatches and Treecreepers, Christopher Helm, , 464 p. (ISBN 0-7136-3964-4)

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références

  1. Harrap (1996), p. 48-49
  2. Harrap (1996), p. 169
  3. Harrap (1996), p. 168
  4. Harrap (1996), p. 168-169
  5. Harrap (1996), p. 135-138
  6. (en) David R. Wells, The Birds of the Thai-Malay Peninsula, vol. 2 : Passerines, San Diego (Calif.)/London, Christopher Helm, , 800 p. (ISBN 978-0-7136-6534-5), p. 431, 432 (+ planche 42)
  7. (en) J.H. Becking, Henri Jacob Victor Sody (1892-1959) : His Life and Work : a Biographical and Bibliographical Study, Brill Archive, , 272 p., « Diets of Javanese birds », p. 209
  8. (de) Eberhard Curio, « Wie Vögel ihr Auge schützen: Zur Arbeitsteilung von Oberlid, Unterlid und Nickhaut », Journal für Ornithologie, vol. 142, no 3,‎ , p. 257-272 (résumé)
  9. Union internationale pour la conservation de la nature
  10. Congrès ornithologique international
  11. (en) Éric Pasquet, F. Keith Barker, Jochen Martens, Annie Tillier, Corinne Cruaud et Alice Cibois, « Evolution within the nuthatches (Sittidae: Aves, Passeriformes): molecular phylogeny, biogeography, and ecological perspectives », Journal of Ornithology,‎ (DOI 10.1007/s10336-014-1063-7)
  12. Lesson (1830), p. 316
  13. (en) William John Swainson, On the natural history and classification of birds, vol. 2, , 398 p. (lire en ligne), p. 318
  14. (en) Erik Matthysen (ill. David Quinn), The Nuthatches, A & C Black, , 355 p. (ISBN 978-1-4081-2870-1, lire en ligne), chap. Appendix I (« Scientific and Common Names of Nuthatches »), p. 269-270
  15. (en) Edward C. Dickinson, « Systematic notes on Asian birds. 62. A preliminary review of the Sittidae », Zoologische Verhandelingen, Leiden, vol. 80,‎ , p. 225-240 (lire en ligne)
  16. Alan P. Peterson
  17. Hartert (1914)
  18. Robinson et Kloss (1919)
  19. (en) E.C. Dickinson, V.M. Loskot, H. Morioka, S. Somadikarta et R. van den Elzen, « Systematic notes on Asian birds. 66. Types of the Sittidae and Certhiidae », Zoologische Verhandelingen, Leiden, vol. 80, no 18,‎ , p. 287-310 (lire en ligne)
  20. (en) H.C. Robinson et C. Boden Kloss, « Results of an expedition to Korinchi Peak, Sumatra. Pt. II: Birds », Journal of the Federated Malay States Museums, vol. 8,‎ , p. 81-284
  21. (en) « Blue Nuthatch - BirdLife Species Factsheet », BirdLife International (consulté le )
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