Site de Byzovaïa
Le site de Byzovaïa est un site préhistorique qui se trouve dans la république des Komis, en Russie du nord, près du cercle polaire. Il a livré des outils en pierre taillée typiques du Moustérien, ainsi que des restes d'animaux dépecés (Ours brun, Mammouth, Renne et Rhinocéros laineux). Le site a été daté de 34 000 à 31 000 ans avant le présent (AP)[1] - [2] - [3].
Pays | |
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République | |
District municipal |
raïon de Petchora (d) |
Établissement rural |
Ozyorny (d) |
Hameau |
Byzovaya (d) |
Coordonnées |
65° 01′ 27″ N, 57° 23′ 15″ E |
Patrimonialité |
Site du patrimoine culturel fédéral en Russie (d) |
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Description
D'après l'équipe de chercheurs russes, norvégiens et français qui a effectué les fouilles, il s'agirait du site moustérien à la fois le plus tardif et le plus septentrional découvert à ce jour (plus de 1 000 km au nord des précédents sites moustériens les plus septentrionaux connus)[1]. La technologie moustérienne était jusqu'alors considérée comme trop archaïque pour permettre la survie de groupes humains en milieu arctique[4].
Analyse
Les découvertes de Byzovaïa pourraient remettre en cause la date d'extinction de l'Homme de Néandertal. En effet, la culture moustérienne est considérée comme caractéristique de cette espèce en Europe et celle-ci est supposée avoir disparu vers 38 000 ans AP, soit au moins 4 000 ans avant la date d'occupation du site de Byzovaïa[4]. Toutefois, l'absence de fossiles humains sur le site ne permet pas de le rattacher de façon assurée à une espèce déterminée[1].
Le chercheur français Ludovic Slimak[5], qui a participé à l'étude du site de Byzovaïa, émet deux hypothèses[6] :
- soit les outils ont été fabriqués par des hommes de Néandertal et cela remet en cause la date de leur disparition qui serait plus tardive que la date admise jusqu'alors ;
- soit les outils ont été fabriqués par des Homo sapiens et cela signifie qu'une population d'Homo sapiens aurait conservé tardivement la culture moustérienne connue en Afrique du Nord, tandis que d'autres basculaient peu après leur sortie d'Afrique vers les industries du Paléolithique supérieur initial, puis vers l'Aurignacien.
Controverse
Certains chercheurs ont discuté les conclusions proposées en 2011[7]. Selon ces auteurs, en l'absence de fossile néandertalien, le rattachement de l'industrie lithique de Byzovaïa au Paléolithique supérieur et à Homo sapiens serait selon eux l'hypothèse la plus parcimonieuse, mais leurs commentaires se fondaient sur des études anciennes et réalisées par d'autres équipes[8]. En réponse, l'équipe ayant publié Byzovaïa a montré que les ensembles russes du Paléolithique supérieur, directement étudiés par leur équipe, ne présentent aucun lien avec les technologies classiquement moustériennes de Byzovaïa, consolidant plus encore l'hypothèse d'une persistance tardive du Moustérien en zone arctique[8].
Notes et références
- (en) Ludovic Slimak, John Inge Svendsen, Jan Mangerud, Hugues Plisson, Herbjørn Presthus Heggen, Alexis Brugère, Pavel Yurievich Pavlov, « Late Mousterian Persistence near the Arctic Circle », Science, vol. 332, no 6031, pp. 841-845, 13 mai 2011
- « L’Homme de Néandertal, près du cercle polaire ? Le site russe de Byzovaya », émission Le Salon noir, France Culture, 22 juin 2011
- « L'homme de Néandertal aurait subsisté 6 000 ans de plus qu'on ne le pensait », Sciences et Avenir, 14 mai 2011
- « Les derniers néandertaliens près du cercle polaire ? » [lire en ligne (page consultée le 11.05.2011)], avec des photos du chantier de fouilles.
- CNRS, UMR 5608, TRACES, Université de Toulouse le Mirail.
- Joël Ignasse, « Les derniers néandertaliens près du cercle polaire ? », Sciences et Avenir, 12 mai 2011 ; contient une interview audio-visuelle de Ludovic Slimak.
- (en) N. Zwyns, Wil Roebroeks, Shannon P. McPherron, A. Jagich, Jean-Jacques Hublin, « Comment on “Late Mousterian Persistence near the Arctic Circle” », Science, 2012, vol. 335, no 6065, p. 167
- (en) Ludovic Slimak, Svendsen JI, Mangerud J., Plisson H., Heggen HP., Brugere A., Pavlov P., 2012, Response to “Comment on Late Mousterian Persistence near the Arctic Circle”, Science, 335 (6065), 167