Accueil🇫🇷Chercher

Sisebut

Sisebut[1] (en latin : Sisebutus; en espagnol : Sisebuto) est roi wisigoth d'Hispanie et de Septimanie de 612 Ă  621.

Sisebut
Illustration.
Sisebut, roi des Wisigoths (Congrès des députés, (Madrid)
Titre
Roi des Wisigoths d'Hispanie
–
(~8 ans)
Prédécesseur Gundomar
Successeur Récarède II
Biographie
Titre complet Roi des Wisigoths d'Hispanie
Date de naissance fin du VIe siècle
Date de décès
Lieu de décès Tolède
Nature du décès empoisonnement
Sépulture Tolède (?)
Enfants Récarède II, roi des Wisigoths
Theudila (moine)
Entourage Isidore de SĂ©ville
Religion christianisme nicéen
Résidence Tolède

Biographie

Monnaie wisigothe Ă  l'effigie du roi Sisebut[2], avec l'inscription SISEBUTUS REX.

Successeur du roi Gundomar, il tente d'unifier toute la péninsule Ibérique sous son autorité et essaie d'en chasser les Romains d'Orient d'Hispanie, leur prenant notamment Malaga et massacrant les populations locales[3]. Par l'intermédiaire du patrice romain d'Orient Caesarius, il négocie la paix avec l'empereur Héraclius qui, affaibli par ses guerres contre les Perses et les Avars, lui cède toutes ses possessions du Sud-Est de l'Hispanie avec la capitale, Carthagène, ne conservant que quelques villes côtières en Andalousie et dans l'Algarve.

Dans le nord, Sisebut fait la guerre aux Astures et la conquĂŞte de la Biscaye, qui avait autrefois appartenu au royaume des Francs.

Vers la fin de son règne, il organisera une grande expĂ©dition maritime contre l'Afrique du Nord. D'après RodĂ©ric de Tolède (qui Ă©crit six siècles après les faits), la flotte wisigothique aurait eu pour but de « soumettre plusieurs nations d'Afrique du Nord Â». Celle-ci Ă©tait alors partagĂ©e entre l'exarchat de Carthage, nominalement romain d'Orient, et plusieurs principautĂ©s berbères locales : on ne sait pas si Sisebut combattait l'exarchat ou bien les pirates berbères infestant la MĂ©diterranĂ©e occidentale. Quoi qu'il en soit, il dĂ©barqua avec la majeure partie de ses troupes dans la MaurĂ©tanie Tingitane oĂą il s'empara de Tanger et de sa rĂ©gion[4].

Dans le domaine religieux, Sisebut, roi « très chrĂ©tien Â» (christianissimus), rĂ©prima le prosĂ©lytisme juif et prescrivit que l'initiateur d'une conversion au judaĂŻsme serait puni de mort[5]. Il interdit aux Juifs le droit de possĂ©der des esclaves chrĂ©tiens[6] et d'exercer une fonction publique[7]. Sisebut est Ă©galement le premier roi wisigoth (ainsi que le premier roi en Occident) Ă  inaugurer une politique ouvertement anti-juive, forçant les Juifs de son royaume, nombreux dans les territoires pris aux Romains d'Orient, Ă  se faire baptiser (90 000 juifs auraient Ă©tĂ© convertis de force[8]).

Après les avoir spoliĂ©s de leurs biens, il expulsa les rĂ©calcitrants vers le royaume des Francs et vers l'Afrique du Nord romaine, oĂą ils furent accueillis par l'empereur HĂ©raclius. Isidore de SĂ©ville critiqua les procĂ©dĂ©s utilisĂ©s par Sisebut (« il voulait imposer par la contrainte ce qu'il fallait obtenir par la persuasion et le raisonnement Â»)[9].

Sisebut félicite le roi des Lombards d'Italie Agilulf et son fils et successeur Adaloald pour leur conversion au christianisme. Une copie d'une lettre de Sisebut adressée à Adaloald et à sa mère Théodelinde est parvenue jusqu'à nous[10].

En 619, il convoque Ă  SĂ©ville un concile dans lequel l'« hĂ©rĂ©sie Â» des AcĂ©phales est condamnĂ©e.

Roi cultivé et lettré, s'entourant notamment d'Isidore de Séville, Sisebut nous a laissé divers écrits, des lettres, et des poèmes astrologiques, notamment sur les éclipses (Espistula Sisebuti) ; il serait également l'auteur de l'« Astronomica ». Sisebut a également écrit une « Vita Desiderius », une biographie de (saint) Didier, évêque de Vienne martyrisé en 606 à l'instigation de la reine franque d'origine wisigothe Brunehaut.

Sisebut fit construire ou reconstruire l'église Sainte-Léocadie de Tolède, plusieurs fois remaniée depuis.

Selon les écrits d'Isidore de Séville, Sisebut régna 8 ans et 6 mois. Il serait mort empoisonné, victime de l'ignorance de ses médecins[11]. La chronique des rois wisigoths (Chronica regum Wisigotthorum) parle d'un règne de 8 ans, 11 mois et 16 jours.

Son fils Récarède, encore enfant, lui succède.

Hommages

En Espagne, plusieurs rues portent son nom (Calle Sisebuto), notamment Ă  Madrid et Dos Hermanas.

Notes et références

  1. Sisebuth(e), Sisebod(e), Sisbuth.
  2. Portant les cheveux longs comme les nobles goths.
  3. La Chronique de FrĂ©dĂ©gaire nous parle d'un roi plein de piĂ©tĂ© qui aurait dit, en voyant ses soldats tailler en pièces l'armĂ©e byzantine : « malheur Ă  moi : sous mon règne il se fait une grande effusion de sang humain Â». Il dĂ©livrait de la mort tous ceux qu'il rencontrait, et allait jusqu'Ă  renvoyer sans rançon dans leurs foyers les prisonniers romains.
  4. Vicomte de Belsunce, Histoire des Basques, Bayonne : P. Lespes, 1847, p. 185.
  5. Bruno DumĂ©zil, Les racines chrĂ©tiennes de l'Europe : Conversion et libertĂ© dans les royaumes barbares (Ve – VIIIe siècle), (« Le dĂ©rapage religieux : la question de la fides »), Fayard, 2005. (ISBN 2213649790)
  6. Norman Roth, Jews, Visigoths, and Muslims in Medieval Spain : Cooperation and Conflict, BRILL, 1994, p. 28. (ISBN 9004099719)
  7. William David Davies, Louis Finkelstein, Steven T. Katz, The Cambridge History of Judaism : Volume 4, The Late Roman-Rabbinic Period, Cambridge University Press 1984, p. 513. (ISBN 0521772486)
  8. Chronique de Moissac : P.L. XXXXVIII, 14 ; IVe concile de Tolède : canons 57-59.
  9. Bertrand Fauvarque, « L'Apocalypse en Espagne (VIIe – VIIIe siècles) Â», note 24, In: MĂ©langes de la Casa de Velazquez, tome 32-1, 1996, pp. 217-236.
  10. (en) « Epistolæ : Letter sent by King Sisebut of the Visigoths Â».
  11. Henri Leclercq, L'Espagne chrétienne, Paris : V. Lecoffre, 1906, p. 300.

Voir aussi

Sources anciennes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.