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Satrapie de Carie

La satrapie de Carie (en grec ancien ÎšÎ±ÏÎŻÎ± / KarĂ­a) dĂ©signe le gouvernement perse sur la rĂ©gion de Carie, situĂ©e au sud ouest de l'Asie mineure, au sud du MĂ©andre et dans la vallĂ©e de l’Harpasos entre la Lycie et la Grande Phrygie.

Satrapie de Carie

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Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Satrapie de Carie sous le rĂšgne d'Alexandre le Grand.
Informations générales
Statut Satrapie
Capitale Milas
Empire achéménide

Présentation

Géographie de la région

Le relief de la Satrapie de Carie

La Carie fut une rĂ©gion du sud-ouest de l'Asie mineure, qui peut parfois avoir des frontiĂšres plus ou moins Ă©tendues selon les sources. Zone frontaliĂšre Ă  l’Ionie, la Lycie et la Pisidie, bordĂ©e par la mer ÉgĂ©e Ă  l’ouest. Aujourd’hui la rĂ©gion est nommĂ©e Bodrum, dans le sud-ouest de la Turquie.

Il existe une rĂ©elle modification dans la configuration gĂ©ographique de la Carie depuis l’AntiquitĂ©, c’est pourquoi il est compliquĂ© de dresser une topographie exacte des citĂ©s grecques et de la rĂ©gion en gĂ©nĂ©ral[1].

La rĂ©gion borde la MĂ©diterranĂ©e et la mer ÉgĂ©e, divisĂ©e entre une partie maritime qui s’étend de la « PĂ©rĂ©e rhodienne jusqu’au cap Posidium »[2] puis une partie intĂ©rieure bornĂ©e par « l’extrĂ©mitĂ© du Taurus jusqu’au cours du MĂ©andre »[2]. Une rĂ©gion qui mesurerait environ 4 900 stades soit prĂšs de 900 km[2].

Une rĂ©gion qui se constitue notamment de montagnes ou encore de collines laisse alors peu de place aux plateaux. Comme l’évoque Strabon dans sa gĂ©ographie ce paysage montagneux est traversĂ© par des riviĂšres et des fleuves principalement le MĂ©andre. Il se pourrait que le Marsyas ou encore l’Harpasus aurait Ă©tĂ© ses affluents[3]. Dans le sud-est, couraient Ă©galement le Xanthos et l'Indus[3]. Un relief qui rend la zone difficile d’accĂšs, confinant alors les citĂ©s dans les estuaires. Aucune grande ville ne prit son essor dans les Ăźles de la cĂŽte Carienne notamment Ă  cause de ce dĂ©cor orographique, qui voit l’émergence de petits villages souvent isolĂ©s Cos. Les principales villes sont pour la plupart implantĂ© Ă  la frontiĂšre lydienne oĂč Ă  l’intĂ©rieur des terres dans de hautes plaines karstiques, exception faite Ă  Halicarnasse ou encore Cnide.

Principales villes

  • Halicarnasse : Capitale de la Carie depuis le rĂšgne de Mausole (376-353) plus facile Ă  dĂ©fendre que Mylasa l’ancienne capitale de la Carie. Son nom d’origine Ă©tait « Zephyria »[4], c’est aussi le lieu mythique de la rĂ©gion : le tombeau de Mausole. L’une des sept merveilles du Monde qui abritait le satrape perse achĂ©mĂ©nide mort en 353 avant notre Ăšre Mausole. Elle sera le lieu du long siĂšge d'Halicarnasse qui aboutit Ă  la conquĂȘte de la Carie par Alexandre.
  • Cos ou Kos (« AstypalĂ©e »[5]) : Ăźle de la mer ÉgĂ©e appartenant Ă  l’archipel du DodĂ©canĂšse. Elle tomba sous le contrĂŽle de Mausole le roi de Carie et le resta mĂȘme aprĂšs la conquĂȘte d’Alexandre III.
  • Mylasa (Milas) : la premiĂšre capitale de la Satrapie de Carie, conquise par Alexandre en 334 avant notre Ăšre, la citĂ© va perdre son statut au profit d’Halicarnasse. DĂ©crite dans la GĂ©ographie de Strabon : « Mylasa est bĂątie dans une plaine extrĂȘmement fertile, au-dessous d'une montagne qui s'Ă©lĂšve Ă  pic Ă  une trĂšs grande hauteur et qui renferme une carriĂšre de trĂšs beau marbre blanc. Or, ce n'est pas un mince avantage pour une ville d'avoir Ă  sa portĂ©e et en si grande quantitĂ© les matĂ©riaux rĂ©putĂ©s les plus prĂ©cieux pour la construction des Ă©difices publics, et principalement des Ă©difices religieux. Et par le fait il n'y a pas de ville qui soit plus magnifiquement dĂ©corĂ©e que Mylasa de portiques et de temples[6]. »
  • StratonicĂ©e de Carie : citĂ© cĂ©lĂšbre pour ces sanctuaires de Zeus Ă  Panamara[7] et d’HĂ©cate Ă  Lagina , mais aussi pour ses origines controversĂ©es : ancienne colonie macĂ©donienne[8]. Cette citĂ© aurait Ă©tĂ© fondĂ©e sur l’ancien site d’Idrias.
  • Alabanda[9] : (ou Antioche des Chrysaoriens ou hĂȘ Alabanda ou ta Alabanda ou Alabandeus ou Alabandensis ou Alabandenus, en grec : 'AλΏÎČαΜΎα), possĂšde deux temples, l’un consacrĂ© Ă  Zeus Chrysaorien et le second Ă  pollen Isotomos. Ancienne citĂ© antique de Carie qui Ă©tait plutĂŽt riche et commerçante, construite auprĂšs de deux collines, avec un marbre noir qui fit sa renommĂ©e.
  • Cnide[10]: citĂ© antique de Carie, qui aurait possĂ©dĂ© deux ports, situĂ©e en face de l’üle de Kos, connu dans l'AntiquitĂ© grĂące Ă  une grande Ă©cole de mĂ©decine. Deux personnages ont marquĂ© la citĂ©, il s'agit d’Eudoxe de Cnide[10] un grand astronome et gĂ©omĂštre mais aussi Sostrate de Cnide, l’architecte du phare d’Alexandrie.
  • Aphrodisias (En grec : 'AÏ†ÏÎżÎŽÎčσÎčÎŹÏ‚): Ancienne citĂ© de Carie, au cƓur des terres de la Satrapie. La citĂ© doit sa renommĂ©e Ă  la statue du culte de l’Aphrodite d’Aphrodisias, Les traces archĂ©ologiques de la citĂ© antique sont nombreuses, Ă  l’image du Bouleutorion, des fortifications ou encore du temple d’Aphrodite.

Fleuves, lac et montagne

  • MĂ©andre : fleuve d’Asie mineure qui se dĂ©verse dans la mer ÉgĂ©e qui dĂ©limite la Lydie de la Carie.
  • Marsyas[3]: affluent du MĂ©andre nommĂ© « catarractĂšs »[11] lĂ©gendaire par son origine mythologique Ă©voquĂ©e dans la GĂ©ographie de Strabon[12].
  • Harpasus[3] : affluent du MĂ©andre[13] cĂ©lĂšbre pour la bataille entre les Attalides et les SĂ©leucides aux environs de 229 avant notre Ăšre.
  • Le lac de Bafa : À la frontiĂšre entre la Lydie et la Carie, ce lac Ă©tait auparavant un golfe de la mer ÉgĂ©e mais les dĂ©pĂŽts de dĂ©bris issus du MĂ©andre ont formĂ© le lac actuel[14].
  • Le mont Latmos (1 353 m) : (en grec ancien Î›ÎŹÏ„ÎŒÎżÏ‚, en latin Latmus) chaine de montagne de Carie qui forma pendant l’AntiquitĂ© le golfe de Latmos. DĂ©crit et mise en rapport avec la ville d’HĂ©raclĂ©e du Latmos[15]. Connu pour le mythe des amours du berger Endymion et de la dĂ©esse SĂ©lĂ©nĂ©.

Activités agricoles

Des céréales, du vin et de l'huile y étaient produits tandis que le bétail grandissait dans des fermes. Cette région était une zone de commerce trÚs importante, favorisée par la connexion des fleuves notamment du Méandre.

Ethnographie

Les origines de la Carie sont controversĂ©es : selon la tradition grecque, les Cariens seraient des LĂ©lĂšges venus des Ăźles de l'ÉgĂ©e avant l'arrivĂ©e des Ioniens. Dans sa GĂ©ographie, Strabon Ă©crit que Cariens et LĂ©lĂšges sont deux peuples ayant habitĂ© aux mĂȘmes endroits et ayant pris part aux mĂȘmes expĂ©ditions ; tous deux auraient Ă©tĂ© ensuite chassĂ©s par les Ioniens[17]. Quoi qu'il en soit, les Cariens vivaient en petites communautĂ©s ayant des autoritĂ©s locales ou dĂ©pendant de leurs sanctuaires[3]. En 546 av.J.-C la Carie passe sous la domination Perse et est intĂ©grĂ©e Ă  la Satrapie de Sardes. Les Cariens restent sous la domination perse jusqu'en 479 avant notre Ăšre lorsque les Perses sont battus sur mer Ă  la bataille du cap Mycale. Les cĂŽtes cariennes, Milet, Cnide et Halicarnasse rejoignent ensuite la Ligue de DĂ©los. En 391 av. J.-C., le Roi perse ArtaxerxĂšs II MnĂ©mon (404-359) dĂ©lĂšgue le gouvernement de la Carie au satrape HĂ©catomnos, en grec 'EÎșÎŹÏ„oΌΜως (HĂ©catomnus ou HĂ©katomnus de Mylasa ou HekĂĄtomnĂŽs) qui rĂšgne de 391 Ă  377. Ce dernier est Ă  l'origine d'une dynastie Ă©ponyme, des HĂ©catomnides qui rĂ©gnĂšrent sur la Carie jusqu'Ă  sa conquĂȘte par Alexandre en 334 av. J.C.

Histoire

ConquĂȘte d'Alexandre

Au printemps 334, Alexandre obtient la soumission de toute la GrĂšce Ă  la suite des victoires dans les Balkans et contre thĂ©bains. Spartes et AthĂšnes, qui longtemps rĂ©sistĂšrent finirent quand mĂȘme par se rendre aux MacĂ©doniens. Alexandre alors grand maĂźtre de toute la GrĂšce se prĂ©para Ă  la conquĂȘte de l'Asie Mineure, en s’entourant d’excellents gĂ©nĂ©raux comme AntigonosAntipatros, LysimaquePerdiccasPtolĂ©mĂ©e I et SĂ©leucos I

AprĂšs la victoire du Granique, au printemps , qui l'oppose pour la premiĂšre fois aux troupes perses, il se dirige vers Milet en , et la dĂ©livre en . AprĂšs avoir conquis la Mysie, et la Lydie, son armĂ©e se dirigea vers la Carie, et la ville d'Halicarnasse (capitale de la Carie) dont le Roi Pixodaros (340-334) s’était rangĂ© du cĂŽtĂ© des Perses. Alexandre joua sur les rivalitĂ©s internes dans la citĂ© et nomma Ada (343-340 et 334-326), la sƓur de Pixodaros, que celui-ci avait renversĂ©e, comme Satrape de Carie. Celle-ci adopta alors Alexandre comme son fils et en fit son hĂ©ritier.

Le siĂšge d'Halicarnasse

AprĂšs son adoption, il restait au Roi macĂ©donien Ă  s’emparer de la ville qui Ă©tait entourĂ©e de tous cĂŽtĂ©s de murailles puissantes, exceptĂ© au sud face la mer. Halicarnasse possĂ©dait Ă©galement trois forteresses, dont une sur un Ăźlet. Le Roi aprĂšs la prise de Milet, avait congĂ©diĂ© la majeure partie de sa flotte et ne pouvait donc s’emparer que de la partie de la ville accessible par la terre, car la flotte Perse, numĂ©riquement supĂ©rieure, Ă©tait ancrĂ©e dans le port. Les deux autres forteresses restaient donc aux mains des mercenaires Grecs du Roi Perse Darius III.

La ville devenait dangereuse pour Alexandre car, s'il ne parvenait pas Ă  la prendre, son armĂ©e serait alors coupĂ©e de l'Hellade et il serait alors facile aux Perses de provoquer des rĂ©voltes en GrĂšce. Avançant sur Halicarnasse et prĂ©voyant un siĂšge de longue durĂ©e, Alexandre installa son camp Ă  moins de km. des remparts de la ville Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord-est de la muraille, en face de la Porte Mylasa et fit dĂ©buter les travaux. AprĂšs quelques escarmouches, quelques jours plus tard, Memnon tenta une sortie. Seuls quelques engins de siĂšge purent ĂȘtre dĂ©truits avant qu'une vigoureuse contre-attaque menĂ©e par les MacĂ©doniens ne parvint Ă  les repousser faisant de trĂšs nombreuses victimes chez les Perses qui s'enfuirent paniquĂ©s. Les MacĂ©doniens commencĂšrent Ă  achever les survivants. Les soldats restĂ©s dans la ville, Ă©pouvantĂ©s, fermĂšrent prĂ©cipitamment les portes de la citĂ© laissant les derniers survivants se faire massacrer par les troupes de PtolĂ©mĂ©e (en Grec : Î Ï„ÎżÎ»Î”ÎŒÎ±áż–ÎżÏ‚), officier d'Alexandre qui commandait une unitĂ© d'Hypaspistes[note 1].   

Les MacĂ©doniens enhardis par le succĂšs voulurent forcer les portes de la citĂ©, mais, leur chef fit sonner la retraite, voulant encore Ă©pargner la ville. En effet, les assiĂ©gĂ©s avaient perdu plus de 1 000 hommes et les MacĂ©doniens pouvaient espĂ©rer que les Halicarnassiens renonceraient. Le surlendemain, les assiĂ©geants virent des flammes s'Ă©lever prĂšs des murailles. Alexandre apprit que Memnon et OrontopatĂšs (ou Rhoontopates) avaient dĂ©cidĂ© de sacrifier la ville et de ne garder que les forteresses Salmakis (ou Salmacis) et ZĂ©phyrion oĂč OrontopatĂšs essaya de trouver refuge avec les plus expĂ©rimentĂ©s de ses guerriers restants, alors que Memnon se rĂ©fugia sur l'Ăźle de Cos. Alexandre donna alors l'ordre de prendre la place. Les MacĂ©doniens, entrĂšrent dans la citĂ©, mais les habitants restĂ©s chez eux furent Ă©pargnĂ©s, alors que tous ceux pris propageant l'incendie furent exĂ©cutĂ©s. À l'automne 334, aprĂšs plusieurs mois de siĂšge, bien que les deux forteresses portuaires Ă©taient encore aux mains des Perses, Alexandre poursuivit sa marche Ă  l'est de l'Asie Mineure. Le Roi laissa sur place 3 000 mercenaires et 200 cavaliers sous le commandement de PtolĂ©mĂ©e, avec ordre de prendre toutes les places fortes encore tenues par les Perses. Puis il remit la rĂ©gion sous le commandement de la Princesse Ada.

Administration

Au Ve siĂšcle av. J.-C., la rĂ©gion relevait toujours de l’autoritĂ© de Sardes. De maniĂšre habituelle, la date durant laquelle elle fut Ă©rigĂ©e en Satrapie serait 392 avant notre Ăšre, jusqu’à lors la Carie Ă©tait partie intĂ©grante de la rĂ©gion de Lydie. Les premiers satrapes Cariens auraient Ă©tĂ© : HĂ©catomnos, Mausole, Idrieus et Pixodaros Ă  qui Diodore D’Agyrion rajoute OrontĂšs et AutophradatĂšs. Les sources qui montrent que la dynastie des HĂ©catomnides portait le titre de Satrape au ModĂšle:-s-ÂŹIV sont cariennes. Or l’historien S. Hornblower[20] affirmait que selon une source de Labraunda, il est probable que les « hĂ©catomnides Â» soient considĂ©rĂ©s comme des « tyrans Â» Ă  cette Ă©poque. 

Sous l'empire achéménide, un satrape est chargé dans sa province de lever l'impÎt mais aussi de représenter la justice. Ils étaient responsables de la sécurité intérieure et devaient enrÎler et entretenir leur propre armée. Cette indépendance pouvait entraßner des abus et Darius II a donc instauré un systÚme de contrÎle par la surveillance mais les satrapes ont finalement été indépendants grùce à l'affaiblissement de l'autorité royale.

L'empire perse achĂ©mĂ©nide a imposĂ© un cadre d'administration dans les satrapies mais il est nĂ©cessaire de prendre en compte les diffĂ©rentes particularitĂ©s locales des entitĂ©s ethniques. La satrapie mĂȘme de Carie peut ĂȘtre remise en cause car certains critĂšres d’une « satrapie type Â» ne sont pas respectĂ© par la rĂ©gion Carienne. Tout d’abord le fait que tous Satrapes avĂ©rĂ© furent des hommes, or Ada et ArtĂ©mise ne rĂ©pondent pas Ă  cette caractĂ©ristique[21]. Normalement un Satrape est sous l’autoritĂ© du roi, or en Carie, le Satrape de Sardes garde pendant longtemps une influence considĂ©rable sur la rĂ©gion Ă  l’image de Mausole qui lors de la grande rĂ©volte adopte le comportement du Satrape de Sardes[22]. Ensuite, la Carie est l’une des Satrapies les plus petites de l’Empire et ne peut rivaliser face aux autres en termes de taille[22]. Enfin le critĂšre essentiel d’un Satrape serait l’origine Perse et que si ce dernier serait originaire de sa rĂ©gion il ne pourrait en aucun cas assurer les intĂ©rĂȘts de l'Empire. Or c'est le cas de beaucoup de Satrapes de Carie[22].

La satrapie de Carie se distingue notamment dans l'organisation des différentes cités qui la compose. En effet, la présence de cités grecques et perses modifie l'administration de chaque ville. La plupart des cités grecques à l'image d'Aphrodisias, de Labranda et Myndos sont considérées comme des cités libres. Mais cette caractéristique n'est pas effective pour les villes perses, soumises au commandement du Satrape.

AprÚs la victoire en Asie Mineure d'Alexandre, le roi a maintenu les cadres administratifs achéménides et il n'imposa pas en trop grand nombre le personnel macédonien dans les satrapies. Pour la Carie comme pour d'autres satrapies lointaines, Alexandre le Grand s'est appuyé sur la haute noblesse locale en nommant Ada, la derniÚre représentante de la dynastie des Hécatomnides, satrape de Carie en 334 av. J.-C. Le satrape de Carie ne cumule pas les affaires civiles et les affaires militaires dans sa charge, c'est l'unique satrapie d'Asie Mineure qui ne laisse pas aux mains d'un seul homme ces deux fonctions. Ce partage du pouvoir témoigne d'un manque de confiance totale d'Alexandre envers les satrapes de Carie qui ont été relativement indépendants sous l'empire achéménide.

À la mort d'Alexandre en 323 av. J.-C., l'organisation de la succession de l'empire pose problĂšme et il faut finalement instaurer un partage des gouvernements territoriaux et des grands commandements fonctionnels lors des accords de Babylone. À l'exception du grec EumĂšne de Cardia, les Diadoques (ceux qui ont touchĂ© la succession) Ă©taient tous de MacĂ©doniens comme Antigone qui est devenu gouverneur en Asie Mineure. Les Diadoques ont donc Ă©tabli des royaumes fondĂ©s sur la royautĂ© personnelle oĂč le mĂ©rite justifiait le pouvoir mais leur configuration administrative n'a pas remis en cause le modĂšle de l'État-citĂ©. Ce partage devient rapidement source de conflits entre les Diadoques de 322 Ă  310 av. J.-C, Antigone cherche Ă  Ă©tendre sa domination sur toute l'Asie Mineure en se dĂ©barrassant d'EumĂšne. Les satrapies sont alors partagĂ©es entre diffĂ©rents hommes avec le partage de Babylone et Asandros reçoit la Carie, lors des guerres des diadoques il s'est engagĂ© contre Antigone mais il a Ă©tĂ© vaincu et la Carie a Ă©tĂ© conquise et s'inscrit dans le nouvel empire d'Antigone.

Les satrapes de Carie

Dans l'empire perse achéménide, un satrape est un gouverneur provincial. Cyrus II est à l'origine de cette division de l'empire en satrapies et Darius II achÚve son travail en créant des provinces et en y fixant le tribut annuel.

Les satrapes Ă©taient normalement nommĂ©s par le roi, ils appartenaient Ă  la famille royale ou Ă  la noblesse perse et cette charge n'avait pas de limite de temps. Les satrapes Ă©taient responsable de la levĂ©e de l'impĂŽt et reprĂ©sentaient l'autoritĂ© judiciaire suprĂȘme dans leur province. Ce systĂšme d'organisation des satrapies a Ă©tĂ© conservĂ© par Alexandre le Grand et ses successeurs.

La liste ci-dessous présente les satrapes de Carie à l'époque achéménide puis macédonienne.

PĂ©riode Satrapes de Carie Histoire et accomplissements
385-377 av.J.-C. HĂ©catomnos NommĂ© satrape par ArtaxerxĂšs II pour commander ses forces navales dans sa guerre contre Évagoras, roi de Salamine de Chypre. Il Ă©tablit comme capitale sa ville natale, Mylasa (actuelle Muğla).
377-353 av.J.-C. Mausole Fils aĂźnĂ© d'HĂ©catomnos, il dĂ©place la capitale Ă  Halicarnasse (actuelle Bodrum). En 362 av. J.-C., il rejoint la rĂ©volte des satrapes d’Anatolie contre ArtaxerxĂšs II commncĂ©e en 367 av. J.-C. par OrontĂšs Ier d'ArmĂ©nie, de DatamĂšs, de Cappadoce et d'AriobarzanĂšs, ex-satrape de Phrygie. En 358 av. J.-C., Artabaze, satrape d'Ionie, rejoignit Ă  son tour la rĂ©volte. À sa mort en 353 av. J.-C., Mausole fut inhumĂ© dans le cĂ©lĂšbre mausolĂ©e d'Halicarnasse, l'une des sept merveilles du monde.
353-351 av.J.-C. ArtĂ©mise II SƓur-Ă©pouse de Mausole, elle rĂ©prime Rhodes et quelques citĂ©s grecques d'Ionie qui s'Ă©taient rĂ©voltĂ©es.
351-344 av.J.-C. Idriéos DeuxiÚme fils d'Hécatomnos, frÚre de Mausole et d'Artémise.
344-340 av.J.-C. Ada (premier rĂšgne) SƓur-Ă©pouse d'IdriĂ©os, renversĂ©e en 340 av. J.-C. par son frĂšre Pixodare avec l'aide du mercenaire grec Mentor de Rhodes
340-334 av.J.-C. Pixodare En 339 av. J.-C., Pixodare tente de marier sa fille Ă  Philippe ArrhidĂ©e, le deuxiĂšme fils du roi Philippe II de MacĂ©doine, mais le fils aĂźnĂ© de Philppe II, Alexandre le Grand, fait Ă©chouer cette union. Deux ans plus tard, Pixodare rĂ©itĂšre son offre mais Alexandre lui envoie un messager pour se proposer lui-mĂȘme comme Ă©poux, entraĂźnant une dissension avec son pĂšre : aucun mariage n'eut lieu. En 334 av. J.-C., Alexandre envahit l'Anatolie achĂ©mĂ©nide et Ă  l'issue du SiĂšge d'Halicarnasse, renverse et exile Pixodare restĂ© fidĂšle aux Perses, pour restaurer sa sƓur Ada.
334-? av.J.-C. Ada (second rÚgne) AprÚs sa restauration, Ada adopta Alexandre comme son fils et en fit son héritier. Sa date de mort n'est pas connue. Elle fut la derniÚre représentante de la dynastie des Hécatomnides.
Accords de Babylone 323-313 av.J.-C. Asandre RÚgne sous l'autorité d'Antipater pendant les guerres des Diadoques; 322 av.J.-C., Asandre perd une guerre contre Attale et Alcétas (proches de Perdiccas); 316 av.J.-C., il rejoint coalition de Ptolémée et Cassandre contre Antigone; défait contre Antigone vers 313 av. J.-C.
313- 302 av.J.-C. Antigone le Borgne Conquiert la Carie
302-? av.J.-C. Lysimaque Lutte contre Antigone et lui enlĂšve la Carie

Notes et références

Notes

  1. Ne pas confondre avec PtolĂ©mĂ©e I le futur Roi d'Égypte, 305-282.

Références

  1. Isabelle Pimouguet-Pédarros, Archéologie de la défense: histoire des fortifications antiques de Carie, , p 187
  2. Strabon, GĂ©ographie de Stabon, Livre XIV-2-1
  3. « Shibboleth Authentication Request », sur referenceworks.brillonline.com.ezproxy.univ-paris1.fr (consulté le )
  4. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV-2-16
  5. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV-2-19
  6. Livre XIV, 2, 23
  7. vestiges ont été découverts, au printemps 1886, par G. Cousin et G. Deschamps
  8. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV, 2, 25
  9. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV, 2, 26
  10. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV, 2, 15
  11. HĂ©rodote, Histoire, Livre VII-26
  12. Livre XII, 577
  13. Tite-Live, Histoire Romaine, livre XXXVIII
  14. GĂ©ographie de Strabo Livre XIV-chapitre 1
  15. Strabon, GĂ©ographie de Strabon, Livre XIV, 1, 8
  16. « Shibboleth Authentication Request », sur referenceworks.brillonline.com.ezproxy.univ-paris1.fr (consulté le )
  17. Strabon, VII, 7, 2.
  18. Pierre Briant, De la GrÚce à l'Orient, Alexandre le Grand, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 27),
  19. « Satrape »
  20. Thierry Petit, « À propos des « satrapies » ionienne et carienne », Bulletin de correspondance hellĂ©nique,‎ , Volume 112, NumĂ©ro 1, p 316
  21. Thierry Petit, « À propos des « satrapies » ionienne et carienne », Bulletin de correspondance hellĂ©nique,‎ , Volume 112, NumĂ©ro 1, p 318
  22. Thierry Petit, « À propos des « satrapies » ionienne et carienne », Bulletin de correspondance hellĂ©nique,‎ , Volume 112, NumĂ©ro 1, p 319

Annexes

Sources Antiques

  • Arrien, Anabase
  • Diodore d'Agyrion, BibliothĂšque Historique
  • Strabon, La GĂ©ographie de Strabon

Bibliographie

  • Pierre Jouguet, Alexander The Great and the Hellenistic World, 1985.
  • Pierre Briant, Alexandre Le Grand, Que sais-je ?, Édition PUF, 2016.
  • Edouard Will, Histoire Politique du Monde hellĂ©nistique (323-330 av.J.-C), Édition du Seuil, 1979-1982.
  • Marie-Françoise Baslez, Histoire politique du monde grec des temps homĂ©riques Ă  l'intĂ©gration dans le monde romain, Armand Colin, 2015.

Articles connexes

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