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Sassello

Sassello (o Sascello en GĂ©nois, o SascĂŞ dans le dialecte gĂ©nois local) est une commune italienne d'environ 1 850 habitants situĂ©e dans la province de Savone, dans la rĂ©gion Ligurie dans le nord-ouest de l'Italie.

Sassello
Blason de Sassello
Armoiries
Drapeau de Sassello
Drapeau
Sassello
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Drapeau de la région de Ligurie Ligurie
Province Savone
Code postal 17046
Code ISTAT 009055
Préfixe tel. 019
DĂ©mographie
Population 1 861 hab. (31-12-2010[1])
DensitĂ© 19 hab./km2
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 44° 29′ 00″ nord, 8° 29′ 00″ est
Altitude Min. 385 m
Max. 385 m
Superficie 10 000 ha = 100 km2
Localisation
Localisation de Sassello
Localisation dans la province de Savone.
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Sassello
Liens
Site web Site officiel

    GĂ©ographie

    Sasello se trouve dans la province de Savone, Ă  405 m d'altitude. PosĂ© dans une combe naturelle, sur la voie de passage entre le golfe de GĂŞnes et la plaine du PĂ´, Sassello est entourĂ© de forĂŞts et de montagnes. Au nord, la forĂŞt dite d'Avzèra s'Ă©tend vers la chaĂ®ne du mont Beigua (1 250 m environ). Les bois de Deiva marquent les limites de la commune au sud.

    Le rochers sur lesquels Sasselo fut fondé ont une origine géologique relativement ancienne[2]. Ce sont des grès de l'âge tertiaire, déjà reconnus comme tels au XIXe siècle par le curé Pietro Perrando (1817-1889) qui formula l'hypothèse, aujourd'hui retenue, que ce territoire était couvert par une lagune marine, ayant déposé au fond ses sables grises et vertes[3].

    Histoire

    Point de passage obligé, le territoire de Sassello fut habité déjà au paléolithique, probablement par des hommes de type Néandertalien, comme le montent les nombreuses amygdales en débitage Levallois retrouvées au cours du siècle dernier et conservées en partie au musée Perrando (dans le village) et au musée d'archéologie de Gênes [4]. La précieuse jadéite du mont Beigua, exportée à grande distance[5], fut certainement une des raisons de peuplement de ces vallées. Les époques successives sont marquées par l'apparition de l'industrie microlithique propre au mésolithique, suivie par les premières industries néolithiques, sans interruption apparente de la fréquentation humaine.

    La métallurgie est très tôt pratiquée à Sassello, comme le montre la réserve de pointes de lance et autres matériaux en bronze retrouvée au lieu-dit la Maddalena[6] et actuellement conservée au musée d'Acqui Terme. Les historiens classiques décrivent alors cette région comme étant habitée par les Ligures (ou Lygiens), gens antiqua selon Live, c'est-à-dire pré datant les invasions celtiques d'époque protohistorique, occupant le territoire compris entre le Rhône et l'Arno, en Toscane[7]. Nous savons peu sur ce peuple, à la fois méprisé et admiré par les romains, fascinés par un mode de vie rustique et des institutions sociales particulières : ils ne connaissaient pas la royauté, mais étaient organisés autour d'oligarchies et d'assemblées de notables. On suppose alors que Sassello ait fait partie du territoire des Ligures dit Statielli, occupant la région montagneuse entre la plaine du Pô et les pas conduisant à la mer. Mais rien n'est sûr, les romains n'ayant laissé aucun document au sujet.

    Sassello est peut-être mentionné pour la première fois dans un édicte de l’Empereur du Saint Empire Otton Ier , de l'année 967 citant, dans la donation d'Alérame de Montferrat, un village[8], se trouvant à peu-près dans la même position géographique que Sassello. Mais la forme actuelle Saxellum se trouve pour la première fois dans un document féodal de 1186. On sait qu'à cette époque, le village était localisé plus au sud et plus en montagne, pour être plus facilement défendable, autour de l'actuelle église de Saint Jean[3]. Après la mort d'Alerame, Sassello devint propriété du Marquis de Ponzone et ensuite, en 1293, de la famille génoise des Doria.

    Sous le contrĂ´le des Doria, le village occupait dĂ©sormais la position actuelle (lieu-dit la Place, ra Ciassa, en dialecte) avec la crĂ©ation de nouvelles rues autour de deux quartiers, pour un total de 600 foyers, 2 400 habitants environ[9] au dĂ©but du XVIe siècle. Les Doria furent chassĂ©s lors d'une fronde en 1613 : Ă©crasĂ©e sur le poids des dĂ®mes, la population se souleva et les feudataires se retirèrent dans la Bastille. Andrea Doria envahit alors le village avec des milices espagnoles mais la population rĂ©sista, soutenue par les notables. Ce qui suit est dĂ©crit dans les annales[3] comme le nĂ©goce du Sassello, une longue nĂ©gociation qui se termina par l'annexion dĂ©finitive de Sassello Ă  la rĂ©publique de GĂŞnes.

    Mais ce n'est qu'en 1520, avec la création de forges que Sassello devint un centre industriel important. L'âge d'or dura alors de 1520 à 1672[10] ; la dernière forge fut éteinte par l'état piémontais en 1850, sous l'effet de la concurrence anglaise[3]. Le bien être apporté par l'industrie du fer permit au village de construire l'hôpital civil, encore existant, et de se reconstruire lors des guerres de 1625 et 1672. En 1672, les piémontais incendièrent le village et brûlèrent l'arbre historique qui représentait jadis la continuité de la communauté. Les piémontais, aidés par un bataillon de mercenaires serbes, firent irruption une seconde fois en 1747 lors de la Guerre de Succession d'Autriche détruisant sans distinction Sassello est les alentours, ne se retirant qu'après l'intervention française[3].

    L'époque napoléonienne toucha peu Sassello, malgré sa proximité avec Dego et Montenotte. Sous la domination française et grâce à l'œuvre du préfet Chabrol de Volvic, commença la construction de la carrossable unissant Sassello à Savone et au Piémont. En 1815 Sassello fut annexé au Royaume de Sardaigne, à la suite de la décision des puissances de priver Gênes de sa liberté, lors du congrès de Vienne. Le pays de Gênes fut donc rattaché au Piémont, le gouvernement oligarchique prit fin et le pays de Gênes suivra à partir de ce moment, les destins du Piémont.

    Économie

    L'économie actuelle de Sassello gravite autour de la confiserie, en particulier des amaretti, des gâteaux traditionnels à l'amande. Jadis lieu de vacances pour la riche bourgeoisie génoise, Sassello n'a pas développé son potentiel touristique, malgré ses nombreux atouts : l'environnant parc naturel régional du massif du Beigua, le patrimoine naturel et forestier, le patrimoine historique et culturel lié aux fonderies.

    Culture, monuments et patrimoine

    Le bourg, désormais coupé en deux par la carrossable, est traversé par cette rue, présentant des exemples de maisons typiques de Ligurie, hautes et étroites.

    La patrimoine architectural, historique et culturel de Sassello est vaste. Le village, reconstruit après les incendies de la guerre de 1672, présente une architecture homogène, typique d'un bourg de basse montagne. Des demeures patrices, le long de l'actuelle rue Perrando, sont de style typiquement génois alors que le reste du village, bien plus modeste, conserve des maisons traditionnelles de 4 ou 5 étages, très étroites. Dans celles ci, une étable pour les mules est généralement présente au rez-de-chaussée; la pièce de vie principale se trouve au premier étage, surmontée par deux ou trois niveaux de chambres, presque jamais chauffées. Les tuiles, en terre cuite, typiques de Sassello et de quelques villages environnants, sont plates et de petite taille.

    La campagne, charmante, est occupée soit par des fermes, la plupart abandonnées après la guerre, soit par des villas d'époque génoise ou plus récentes. Le sort des campagnes, scellé par l’exode vers les villes de l'après-guerre, ressemble celui d'autres lieux de Ligurie où la paysannerie la plus pauvre, en dialecte les manenti, assujettie à des contrats très restrictifs leur interdisant dans les faits l'émigration, a déserté les champs, qui au cours du temps, ont été envahis par les bois. La politique agricole commune ne subventionne guère ces exploitations, souvent très petites et situées dans des terrains terrassés en pente.

    Les forges de fer étaient 7[10], toutes situées le long des cours d'eau, indispensables pour fournir l'énergie mécanique. Les forges étaient constituées de plusieurs bâtiments, autour du haut fourneau de l'affinerie où la fonte était transformée en fer. Les eaux des ruisseaux étaient exploitées par une retenue et une citerne, la boutasse ou boutoz en dialecte, encore visibles dans certains cas. D'autres équipements n'ont pas survécu à l'outrage du temps. Le minerai était apporté à dos de mule depuis la côte, en particulier les villages de Celle Ligure et de Varazze. Malheureusement, les forges ne sont pas visitables, malgré leur énorme importance historique pour le village. L'ensemble des bâtiments d'une d'entre elles (la Forge Neuve) est encore visible le long de la route nationale conduisant au village depuis le col du Giovo.

    L'église Saint-Jean est la plus ancienne, remontant probablement au XIIe siècle. Remaniée une première fois en 1218 et aux époques successives pour l'adapter aux mutations des goûts, elle prit ses formes baroques actuelles au XVIIIe siècle avec des importants travaux qui cachent désormais tout vestige ancien. Elle conserve une statue en bois du baptême de Jésus du célèbre sculpteur génois Anton Maria Maragliano (1664-1739).

    Façade de l'église de la Trinité avec colonnes en grès local.

    L'église de la Trinité, de plus récente construction (1660), en style également baroque mais avec une façade originale, décorée de colonnes en grès, conserve aussi des fresques d'artistes génois et des belles sculptures en bois de l'école de Maragliano. L'orgue a été récemment restauré.

    La basilique de l' Immaculée Conception, une église relativement grande, n'est pas richement décorée à l'intérieur, constituant un peu une exception pour le pays de Gênes. Située au centre du village, elle fut commencée en 1582 par le maître Antoine Martin Betolle de Locarno et attachée au couvent adjacent des franciscains jusqu'à l'époque napoléonienne.

    Abside de l’église de la Trinité

    Malheureusement, le village n'est pas classé. L'absence de protection juridique et d'une législation organique en matière de patrimoine a fait en sorte que les tuiles d'antan ainsi que les grès argileux locaux utilisés pour les parties en pierre soient remplacés par des tuiles plus économiques et des pierres de provenance incertaine. Dans la campagne environnante, les réparations et les ravalements des dernières années ont détruit la plupart des anciennes maisons, dont certaines en torchis.

    Le patrimoine linguistique de Sassello est très intéressant, au vu de sa position géographique[10]. Le dialecte local est une langue de transition entre le génois et le piémontais, avec des traits communs aux deux. La prononciation archaïque du «r» entre deux voyelles y est conservée, au moins parmi les générations nées avant la guerre. Cette prononciation a complètement disparu dans le génois standard (lui aussi malgré sa riche littérature, en voie de disparition).

    Du fait de sa taille presque citadine et de la présence d'une bourgeoisie liée à l'exploitation des fonderies, Sassello développa sa propre petite littérature[3]. L'abbé Gian Lorenzo Federico Gavotti fut l'auteur du poème vernaculaire ei quatei stagiugni sasc'line (Les quatre saisons, 1829)', décrivant de manière idéalisée la vie bucolique des paysans. Il écrit aussi, à trois mains avec le père Giuseppe Gavotti et son ami Bonaventura Zunini, le poème Il Sassello, entièrement en langue italienne, avec une seule strophe en dialecte. Ce poème, peu inspiré, a fait l'objet d'une édition critique[11]. Voici un exemple tiré de ei quatei stagiugni

    « Câṙa prümma , ti t'arivi / E ti porti cun ti u su / s'ti t na treuvi ancuṙa vivi / diummie grâzie a Nostrei Sgnu. »

    — Gian Lorenzo Federico Gavotti, ei quatei stagiugni

    « Cher printemps, tu arrives / Et tu portes avec toi le soleil / Si tu nous trouves encore vivants / Nous rendons grâce à Notre Seigneur. »

    — ei quatei stagiugni

    À ce sujet, il est possible de consulter une étude récente[12] décrivant le travail des forges en grand détail et en dialecte, avec une traduction en italien standard. Malgré le découragement initial lié à la graphie, le lecteur français ne trouvera guère difficile ce dialecte, proche à la fois du provençal et de l'italien. Actuellement, le dialecte de Sassello suit le sort des autres langues locales de Ligurie : délassé par la population, hybridé par l'italien standard, sans un cadre juridique de protection, il n'est plus pratiqué que par les anciennes générations et par des amateurs[13].

    Administration

    Les maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    2018 - Daniele Buschiazzo Liste civique Maire
    Les données manquantes sont à compléter.

    Hameaux

    Badani, Maddalena, Pratovallarino, Palo, Alberola, Pianpaludo

    Communes limitrophes

    Arenzano, Cogoleto, GĂŞnes, Mioglia, Pontinvrea, Ponzone, Stella (Italie), Tiglieto, Urbe, Varazze



    Notes et références

    1. (it) Popolazione residente e bilancio demografico sur le site de l'ISTAT.
    2. Prever, P. L., I coralli oligocenici di Sassello nell'Appennino ligure (part 1 : Coralli a calici confluenti), Nistro (OCLC 768562848, lire en ligne)
    3. (it) Piero Rossi, Sassello : storia e cultura, GĂŞnes,
    4. Lien au site du musée archéologique de Gênes
    5. (en) Scottish History et Archaeology 3 min read, « Stone Age jade from the Alps », sur National Museums Scotland (consulté le )
    6. Porto, Felice Gino Lo. "Un ripostiglio dell'EtĂ  del Bronzo presso Sassello (Savona)." Rivista di studi liguri 20 (1954): 130-132.
    7. Grundy Steiner et Pline l'Ancien, « Pline l'Ancien, Histoire Naturelle: Livre XXI », The Classical World, vol. 64, no 4,‎ , p. 133 (ISSN 0009-8418, DOI 10.2307/4347373, lire en ligne, consulté le )
    8. La donation d'Alérame, citant le village de Salsole
    9. Mario Garino, Storia di Sassello, SocietĂ  Savonese di Storia Patria, Ed. Liguria, 1964
    10. Çele e çelaschi in ta Stoia e in te mémoie, Vincenzo Testa, Genova, Compagnia dei librai, 1997 (ISBN 8886620179)
    11. A. Badano, tesi di laurea, Genova 1991-92
    12. Hugo Plomteux, il lavoro del carbonaio, Cairo Montenotte, 1993
    13. Pour une Ă©tude officielle de l'utilisation des dialectes en Italie, voir https://www.istat.it/it/archivio/207961
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