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Santo AntĂŁo (Cap-Vert)

Santo Antão (en créole capverdien : Santu Anton ou Sintanton)[1] est la plus étendue des îles de Barlavento situées au nord de l'archipel du Cap-Vert. Elle est située à l'ouest de l'île São Vicente. L'agriculture est la principale ressource de l'île. C'est une île entièrement d'origine volcanique qu'une chaîne de montagne considérée longtemps comme infranchissable divise en un versant nord et un versant sud. Ces versants offrent un aspect bien différent. Tandis que le nord est verdoyant et couvert de cultures en terrasse, le sud est minéral et désertique.

Santo AntĂŁo
Santu Anton, Santanton (kea)
Carte de Santo AntĂŁo.
Carte de Santo AntĂŁo.
GĂ©ographie
Pays Drapeau du Cap-Vert Cap-Vert
Archipel Cap-Vert
Localisation Océan Atlantique
CoordonnĂ©es 17° 04′ 12″ N, 25° 10′ 16″ O
Superficie 779 km2
Point culminant Topo da Coroa (1 979 m)
GĂ©ologie ĂŽle volcanique
Administration
DĂ©mographie
Population 43 915 hab. (2010)
DensitĂ© 56,37 hab./km2
Gentilé Santantonense
Plus grande ville Porto Novo
Autres informations
DĂ©couverte 1462
Fuseau horaire UTC-1
GĂ©olocalisation sur la carte : Cap-Vert
(Voir situation sur carte : Cap-Vert)
Santo AntĂŁo
Santo AntĂŁo
ĂŽles au Cap-Vert

GĂ©ographie

Localisation

L’île de Santo Antão est l’île de l’archipel du Cap-Vert la plus éloignée du continent africain. Elle appartient au groupe des îles aux vents ou Barlavento car elles sont les plus exposées aux alizés. Un bras de mer, le canal de São Vicente, d’une dizaine de kilomètres de large, la sépare de l’île voisine de São Vicente, située au sud-est.

Topographie

Le Topo da Coroa (1 979 m) et le paysage lunaire alentour.
La vallée de Garça au nord de l'île.

L’île de Santo AntĂŁo, avec une superficie de 779 km2, est la seconde plus grande Ă®le du Cap-Vert et la plus grande des Ă®les Barlavento. Elle mesure 43 km dans sa plus grande longueur et 24 km dans sa plus grande largeur. C’est une Ă®le très montagneuse d'origine entièrement volcanique. Son sommet le plus Ă©levĂ©, le Topo da Coroa, est un volcan aujourd’hui Ă©teint qui culmine Ă  1 979 m [2] d’altitude Ă  l'ouest de l’île. Les autres points Ă©levĂ©s sont le Monte Tome, 1 863 m, au sud-est du Topo da Coroa, le Gudo de Cavaleiro, 1 810 m, au centre de l'Ă®le, et le Pico da Cruz, 1 584 m, Ă  l'est de l'Ă®le. Les principaux sommets de l'Ă®le sont alignĂ©s suivant un axe nord-est sud-ouest. Ils forment une chaĂ®ne de montagne qui divise l'Ă®le en deux versants. Le versant nord possède un relief très accidentĂ©. De profondes vallĂ©es y alternent avec des pics escarpĂ©s. Au fond des vallĂ©es coulent des cours d'eau dont le lit est le plus souvent assĂ©chĂ©. L'Ă©rosion y a Ă©tĂ© importante en raison de fortes prĂ©cipitations. Le versant sud prĂ©sente un relief beaucoup moins accidentĂ© en raison d'un climat plus aride et d'une pente plus douce. La cĂ´te est constituĂ©e surtout de falaises tombant Ă  pic dans la mer. On y trouve cependant quelques plages, notamment de sable noir d'origine volcanique, comme Ă  Tarrafal.

Cours d'eau

Malgré ses dimensions relativement modestes, l'île est parcourue par de nombreux cours d'eau semi-temporaires dont le lit se remplit d'eau pendant la saison des pluies. Les plus importants se jettent sur les côtes nord-ouest et nord-est où ils ont creusé de profondes vallées. Le plus long d'entre eux, le Ribeira Grande (la Grande Rivière), mesure 13 km de long et draine une bonne partie du nord de l'île. Les autres cours d'eau sont le Ribeira da Garça, le Ribeira do Corvo, le Ribeira da Torre, le Ribeira do Paul, le Ribeira da Janela à Janela. Dans le sud de l'île coule le Ribeira do Tarrafal. Ce cours d'eau, qui prend sa source au pied du Tope da Coroa, et se jette à Tarrafal de Monte Trigo sur la côte sud-ouest, a la particularité de couler de façon abondante toute l'année. Autrefois, un vapeur venait s'y approvisionner en eau, pour la transporter sur l'île voisine de São Vicente, où celle-ci y faisait cruellement défaut avant qu'un dessalinisateur d'eau de mer ne soit construit.

Paysages et végétation

Le littoral nord.
La vallée de Norte au nord-ouest de l'île.

L'île offre des paysages divers et variés. Le versant nord de l'île, exposé aux alizés, bénéficie de paysages verdoyants. Outre de nombreux arbres fruitiers et les cultures vivrières poussant sur les terrasses, on y rencontre le baobab, le fromager, le dragonnier. Le dragonnier, arbre au port caractéristique dont la forme rappelle celle d'un parasol, est un arbre emblématique du Cap-Vert dont il ne reste que quelques spécimens sur l'île. Il figure sur les billets de banque du pays. Une forêt de pins des Canaries et d'eucalyptus fut plantée avec succès au XIXe siècle sur les hauteurs dans les environs du Pico da Cruz pour reboiser l'île. Le versant sud, beaucoup plus aride, la chaîne de montagne centrale faisant office de barrière, n'offre qu'une maigre végétation rabougrie quand celle-ci n'est pas totalement absente. Les plantes endémiques sont rares dans l'île. Il s'agit le plus souvent de plantes ligneuses similaires à celles que l'on rencontre dans le Sahel.

Villes

La ville de Ponta do Sol occupe l'extrémité d'une presqu'île.

Les villes les plus importantes de l’île sont Porto Novo (9 310 hab.), Ponta do Sol (2 143 hab.) et Ribeira Grande (2 564 hab.). Porto Novo est situĂ© sur la cĂ´te sud et constitue le point d'entrĂ©e de l'Ă®le pour les hommes et les marchandises grâce Ă  sa liaison par ferry avec la ville portuaire de Mindelo situĂ©e sur l'Ă®le voisine de SĂŁo Vicente. Ponta do Sol est situĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© nord de l’île et est la capitale administrative de l'Ă®le. Ribeira Grande est situĂ© sur la cĂ´te est, Ă  l’embouchure du cours d’eau le plus important de l’île.

Villages

GĂ©ologie

Les montagnes de Santo AntĂŁo, entièrement d'origine volcanique, sont constituĂ©es de basalte. La plupart des volcans sont relativement jeunes et les caldeiras, comme celle de la Cova de Paul, sont relativement bien prĂ©servĂ©es. La dernière Ă©ruption du volcan Topo da Coroa remonterait Ă  seulement 200 000 ans. Un point chaud serait Ă  l'origine du volcanisme dans l'archipel, les Ă®les les plus occidentales (Brava, Fogo et Santo AntĂŁo), Ă©tant les dernières Ă  s'ĂŞtre formĂ©es. Depuis 1999, on observe une augmentation progressive de la tempĂ©rature de l'eau de la mer près de Ponta do Sol et le risque que dans un avenir proche une nouvelle Ă©ruption volcanique se produise dans la rĂ©gion n'est pas Ă  exclure.

Climat

L'Ă®le de Santo AntĂŁo est situĂ©e au sud du tropique du Cancer, Ă  la mĂŞme latitude que le sahel africain. Elle est soumise aux alizĂ©s qui soufflent de façon rĂ©gulière du nord-est vers le sud-ouest. De ce fait elle bĂ©nĂ©ficie d'un climat tropical sec caractĂ©risĂ© par l'existence de seulement deux saisons, une courte saison des pluies qui s’étend de fin juillet Ă  dĂ©but novembre et une longue saison sèche qui s’étend de fin novembre Ă  dĂ©but juillet. Les tempĂ©ratures sont douces toute l'annĂ©e avec une tempĂ©rature moyenne annuelle de 23 °C sur le littoral et 15 °C sur le plateau central. L'amplitude thermique n'est que de 3 Ă  4 degrĂ©s Celsius entre les mois les plus chauds (juillet Ă  octobre) et les mois les plus froids (janvier Ă  avril). Les prĂ©cipitations varient fortement en fonction de l'exposition aux vents dominants et l'altitude. Ainsi on enregistre une moyenne de 191 mm par an de hauteur de pluie Ă  Porto Novo sur la cĂ´te sous le vent au sud de l'Ă®le contre 291 mm Ă  Sinagoga sur la cĂ´te au vent Ă  l'est et 351 mm Ă  Espongeiro sur le plateau central Ă  une altitude de 1250-1500 mètres. C'est durant la pĂ©riode allant de janvier Ă  avril que les alizĂ©s soufflent le plus fort.

Histoire

L'île fut découverte par le navigateur portugais Diogo Afonso le . Il baptisa l'île Santo Antão du nom du saint dont la fête était célébrée ce jour-là. À la suite de la signature du traité de Tordesillas le entre le Portugal et l'Espagne, l'île devint une possession portugaise. Le peuplement de l'île ne débuta qu'en 1548 mais la difficulté à établir un réseau routier à cause de la montagne et des mouillages peu sûrs entravèrent le développement de l'île malgré un excellent climat et de l'eau en quantité suffisante. Les premiers migrants provenaient du nord du Portugal ainsi que des îles voisines de Fogo et Santiago. Ils fondèrent Povoação à l'emplacement actuel de Ribeira Grande. En 1724 l'île fut vendue aux anglais mais elle fut restituée peu de temps après aux portugais. L'île posséda une petite communauté juive comme en témoigne la présence d'un cimetière juif à Ponta do Sol et une localité dénommée Sinagoga sur la côte nord-est.

Population

Évolution démographique[3]
1890 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010
Nombre d'habitants 24 547 23 973 35 930 27 947 34 598 47 200 43 198 43 845 47 170 43 915

Économie

Maison traditionnelle de Santo AntĂŁo au milieu des cultures en terrasse.

L'économie de l'île repose surtout sur l'agriculture mais le tourisme joue un rôle de plus en plus important. L'agriculture est en grande partie vivrière, l'excédent étant exporté vers l'île voisine de São Vicente. Les plantes cultivées et les animaux domestiques ont été introduits pour la plupart par les portugais au cours des siècles précédents. Les principales cultures sont la canne à sucre, le maïs, l'igname, la pomme de terre, le manioc, la banane, la patate douce. On rencontre aussi de nombreux arbres fruitiers : papayers, goyaviers, manguiers, arbres à pain, cocotiers, amandiers. La canne à sucre sert à fabriquer de la mélasse ainsi que la boisson locale : le grogue, très prisée dans tout l'archipel. Les cultures se font en terrasse en raison du relief accidenté et un dense réseau de levadas permet l'irrigation.

La pêche joue un rôle secondaire par rapport à l'agriculture avec les petits ports de Janela, Cruzinha da Garça, Tarrafal de Monte Trigo.

Le tourisme se développe progressivement et est surtout orienté vers la pratique de la randonnée pédestre et l'écotourisme. La vallée de Paul et la côte nord-ouest sont parmi les lieux les plus visités de l'île.

De la pouzzolane, une roche d'origine volcanique servant notamment à la fabrication du ciment, est extraite dans le sud de l'île, non loin de Porto Novo.

Transport et voies de communications

Transport maritime

Le port moderne de Porto Novo.

Le principal port de Santo AntĂŁo est situĂ© Ă  Porto Novo. Il existe des liaisons maritimes rĂ©gulières quotidiennes entre le port de Porto Novo et celui de Mindelo situĂ© Ă  une heure de navigation sur l'Ă®le voisine de SĂŁo Vicente. Le port de Porto Novo fut inaugurĂ© en 1962 et agrandi en 2012 pour permettre Ă  des navires avec de plus grands tirants d'eau d'accoster. Il dispose d'un quai de 225 mètres de long et d'un terminal couvert de 450 m2. Avant la construction du port actuel de Porto Novo, le port constituant la principale porte d'entrĂ©e de l'Ă®le Ă©tait situĂ© Ă  Ponta do Sol.

Transport aérien

L'île disposait d'un petit aérodrome à Ponta do Sol. Il se nommait l 'aéroport Agostinho Neto en hommage à l'ancien président de l'Angola qui résida quelque temps dans la localité. Celui-ci a cessé de fonctionner en 2012 pour des raisons de sécurité. La construction d'un nouvel aéroport à Ponte Sul est en projet[4].

Transport routier

La route de Corda entièrement pavée.
La piste reliant Tarrafal de Monte Trigo Ă  Porto Novo.

L'île dispose d'un réseau routier remarquable avec notamment des kilomètres de routes entièrement pavées. Pendant longtemps le développement de l'île a été entravé par l'absence d'un véritable réseau routier, la chaine de montagnes traversant l'île étant réputée infranchissable. Dans les années 1960 fut construite l' Estrada da Corda (la route de Corda), une route dessinant de nombreux lacets et entièrement recouverte de pavés permettant de relier le nouveau port de Porto Novo à Ribeira Grande en empruntant la ligne de crête qui sépare les vallées de Ribeira Grande et Ribeira de la Torre. Jusqu'en 2009, avant que ne soit construit le tronçon routier asphalté joignant Porto Novo à Janela, elle fut l'unique voie de communication entre les deux plus grandes villes de l'île. Certaines localités restent encore inaccessibles par la route. Seul une piste permet de rejoindre le petit port de Tarrafal de Monte Trigo au sud de l'île.

Notes et références

  1. Paulo Correia, « Notas sobre línguas, topónimos e ortografiade Cabo Verde », a folha, no 56,‎ , p. 24-27 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Carte topographique 2014 AB Kartenverlag Cabo Verde 1:50 000e, Santo AntĂŁo
  3. Sources : Richard A. Lobban Jr et Paul Khalil Saucier, Historical dictionary of the Republic of Cape Verde, Scarecrow Press, Lanham, Maryland ; Toronto ; Plymouth, 2007, p. 206 (ISBN 978-0-8108-4906-8) d'après T. B. Duncan, Atlantic Islands: Madeira, the Azores, and the Cape Verdes in Seventeenth-Century Commerce and Navigation, University of Chicago Press, 1972, et les recensements au Cap-Vert à partir de 1980
  4. (pt) « Novo aeroporto de Santo Antão será em Ponte Sul, no Porto Novo » Neves Travel, 1er février 2010 « Copie archivée » (version du 14 mars 2016 sur Internet Archive)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Richard A. Lobban Jr et Paul Khalil Saucier, « Santo AntĂŁo Â», Historical dictionary of the Republic of Cape Verde, Scarecrow Press, Lanham, Maryland ; Toronto ; Plymouth, 2007, p. 202-203 (ISBN 978-0-8108-4906-8)
  • (fr) Michel Lesourd (dir.), « Santo AntĂŁo Â», in Le Cap-Vert, les Éd. du Jaguar, Paris, 2006, p. 172-187 (ISBN 978-2-86950-408-0)
  • (fr) Sabrina Requedaz et Laurent Delucchi, « Santo AntĂŁo, terre du grogue Â», in Cap-Vert, Éditions Olizane, Genève, 2011 (6e Ă©d.), p. 199-222 (ISBN 978-2-88086-394-4)
  • (pt) JosĂ© Silva Évora, Santo AntĂŁo no limiar do sĂ©culo XIX : da tensĂŁo social Ă s insurreições populares, 1886-1894 : uma perspectiva histĂłrica, Instituto do Arquivo HistĂłrico Nacional, Praia, 2005, 163 p.
  • (pt) Carlos FerrĂŁo, Estudos sobre a Ilha de Santo AntĂŁo, Imprensa Nacional, Lisbonne, 1898, 116 p.
  • (pt) Maria HaydĂ©e Ferreira Ferro, SubsĂ­dios para a histĂłria da Ilha de Santo AntĂŁo de Cabo Verde : 1462-1900, Instituto Caboverdiano do Livro e do Disco, Praia, 1997, 51-LX p.

Liens externes

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