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Sanctuaires des Basiols

Les sanctuaires des Basiols constituent un ensemble cultuel d'époque gallo-romaine situé en France sur la commune de Saint-Beauzély, dans le département de l'Aveyron en région Occitanie.

Sanctuaires des Basiols
Plan des sanctuaires.
  • Murs en Ă©lĂ©vation
  • Murs restituĂ©s
  • Murs arasĂ©s
  • Seuils en grès
Présentation
Destination initiale
sanctuaire rural gallo-romain
Construction
Ier siècle av. J.-C. ou Ier siècle apr. J.-C.
Propriétaire
Propriété privée
Patrimonialité
Localisation
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
44° 10′ 46″ N, 2° 54′ 57″ E
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Localisation sur la carte de l’Aveyron
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Le site, à l'écart de toute autre occupation antique en bordure de la voie reliant Rodez à Millau, est implanté au sommet d'un plateau que la voie gravit de part et d'autre. Il rassemble neuf petits temples de type fanum à cella simple sans galerie périphérique, distincts et organisés en trois lignes à l'intérieur d'une même enceinte. Faute d'inscription ou de représentation de divinités, les cultes célébrés dans ces sanctuaires fréquentés du Ier siècle av. J.-C., ou en tout cas de l'époque augustéenne, jusqu'au IIIe ou au IVe siècle apr. J.-C. restent inconnus.

Après avoir fait l'objet d'une fouille de sauvetage en 1987 complétée en 1991, le site restauré bénéficie d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le .

Contexte géographique et historique

Extrait de la Table de Peutinger : itinéraire Rodez-Millau.

Le sanctuaire gallo-romain est situĂ© Ă  3,5 km au nord-ouest du chef-lieu communal de Saint-BeauzĂ©ly[1], Ă  une altitude d'environ 1 050 m sur la ligne de crĂŞte boisĂ©e de la chaĂ®ne du LĂ©vĂ©zou. Le site lui-mĂŞme est implantĂ© sur une lĂ©gère pente descendant vers l'est[2]. La limite communale entre Saint-BeauzĂ©ly, Saint-Laurent-de-LĂ©vĂ©zou et Saint-LĂ©ons est proche.

La voie romaine reliant Condatomagus (Millau) à Segodunum (Rodez) et mentionnée sur la table de Peutinger, sensiblement orientée est-ouest et repérée par son dallage[3], passe à proximité immédiate et au nord de ce site[4] de la civitas des Rutènes[5]. Il s'agit de son point le plus haut dans ce secteur et les voyageurs profitent sans doute de la halte pour déposer des offrandes[6] - [7].

L'altitude du site qui l'expose à des gels sévères et la forte acidité du sol contribuent à une dégradation importante des vestiges, et notamment d'une partie du mobilier (poteries et ossements)[8].

Description

Cellae

Le sanctuaire se compose de neuf fana de forme carrée qui sont répartis en trois lignes plus ou moins irrégulières avec une orientation identique et un seuil ouvert à l'est. Ils sont dépourvus de galerie périphérique et de pronaos[9], caractéristique courante pour des temples de petites dimensions[10].

Image externe
Vue générale des sanctuaires sur le site du ministère de la Culture.

Deux des cellae, plus petites que les autres (2,8 m de cĂ´tĂ©), sont de facture grossière, sans fondation et en très mauvais Ă©tat ; datant d'une première phase de construction, elles ont Ă©tĂ© probablement dĂ©truites lors de l'Ă©dification des autres temples[11].

Les sept plus grands temples, mesurant 3,5 m de cĂ´tĂ© et de construction plus Ă©laborĂ©e, ont des des murs d'une Ă©paisseur variant entre 40 et 50 cm reposant sur des fondations. Ils sont en schiste d'origine locale et en moellons de grès, seuls ou associĂ©s, sont dĂ©pourvus d'enduit et subsistent avec une Ă©lĂ©vation allant de 40 cm Ă  un mètre. Les seuils, mis en Ă©vide,ce sur six de ces temples, sont en grès monolithique et portent tous deux rainures latĂ©rales dont le rĂ´le n'est pas dĂ©fini[12]. L'un de ces temples est largement dĂ©truit par le creusement d'une fosse comblĂ©e avec des matĂ©riaux de construction (fragments de schiste, tambour de colonne) de la cĂ©ramique et des monnaies, peut-ĂŞtre Ă  la fin de la pĂ©riode d'occupation du site[13].

L'entrée de trois cellae au moins est précédée d'un auvent supporté par deux colonnes ou deux poteaux dont les bases en grès subsistent ; cet aménagement est connu sur d'autres sites, surtout dans le centre et l'ouest de la Gaule[14]. Le sol intérieur de chaque temple est dallé de plaques de schiste. Au moins six des édifices possèdent une couverture en tegulae, dont les archéologues ont trouvé de nombreux fragments, avec des clous de charpente[15].

Autres aménagements

Le sanctuaire est entourĂ© d'un mur dalles de schiste liĂ©es au mortier de chaux, en forme de quadrilatère de 22,50 Ă— 20,60 m et large de 0,60 m mais dont la semelle dĂ©borde[3]. Ce mur dĂ©limite l'enceinte isolant l'espace sacrĂ© (pĂ©ribole)[16]. Cette enceinte, d'une superficie de 420 m2, est de taille rĂ©duite par rapport Ă  celle identifiĂ©e sur d'autres sanctuaires Ă  temples multiples[17] - [18]. Si deux petits seuils sont mis en Ă©vidence au nord-ouest et au sud-est, l'entrĂ©e principale se trouve certainement dans l'angle nord-est, au plus près de la voie romaine, mais cette section est dĂ©truite par des travaux forestiers[3]. L'Ă©paisseur relativement faible de ses murs suggère que l'enceinte, plus symbolique que dissuasive, peut n'ĂŞtre pas très haute[16].

Entre les chapelles subsistent cinq socles carrĂ©s ou rectangulaires en maçonnerie pleine ou creuse qui mesurent entre 0,90 et 1,80 m de cĂ´tĂ©[19]. Leur fonction est peut-ĂŞtre cultuelle (socles d'autels ou de statues) comme sur d'autres sites archĂ©ologiques oĂą cette utilisation est attestĂ©e[20], bien qu'aucun indice archĂ©ologique ne permette ici de prĂ©ciser leur usage[21].

Un bâtiment annexe de 25 m2 en forme d'appentis occupe l'angle sud-ouest de l'enceinte. Cet Ă©dicule n'est pas un logement, car il est trop largement ouvert sur l'espace du pĂ©ribole : entièrement ouvert Ă  l'est comme un auvent, sa toiture n'est portĂ©e que par les murs du pĂ©ribole Ă  l'ouest et au sud, un muret au nord et un poteau Ă  l'est. 80 % des fragments de cĂ©ramiques mis au jour sur le site et quelques ossements d'animaux ont Ă©tĂ© trouvĂ©s Ă  l'intĂ©rieur et devant cet abri. Il pourrait s'agir d'un local de service, contenant le matĂ©riel nĂ©cessaire au culte et servant Ă  cuisiner les animaux sacrifiĂ©s pour une consommation rituelle[22] - [23].

Mobilier archéologique

Les 318 pièces de monnaie romaines laissĂ©es en offrande et trouvĂ©es sur le site sont des menues valeurs en bronze ou en billon, Ă  part deux monnaies d'argent, un denier du IIe siècle av. J.-C. et un quinaire du Ier siècle av. J.-C.. Un tiers des pièces (109 exactement), ayant beaucoup circulĂ© ou dĂ©tĂ©riorĂ©es par les conditions de conservation sur le site lui-mĂŞme, sont trop usĂ©es pour ĂŞtre identifiĂ©es ; les autres donnent la pĂ©riode de frĂ©quentation des sanctuaires, entre le règne d'Auguste et celui de Valentinien Ier (364-375) avec une majoritĂ© des pièces datĂ©es des deux premiers siècles de l'Empire (d'Auguste Ă  Marc Aurèle). Quelques pièces non identifiĂ©es sont datĂ©es du dĂ©but du Ve siècle, fin de l'activitĂ© du sanctuaire[24].

Des tessons de céramique commune ou sigillée (ateliers de La Graufesenque) allant du Ier au IVe siècle et portant des estampilles de potiers au fond des récipients, ainsi que des fragments de statuettes en terre blanche représentant des animaux et courantes dans ce type de sanctuaire où elles constituent des offrandes, sont retrouvés sur le site[8]. De nombreux clous de charpente, deux accessoires vestimentaires (bouton et boucle de ceinture) ainsi que quelques fragments mal caractérisés constituent la grande majorité des éléments métalliques retrouvés sur place. Des tessons de flacons et un chaton de bague en verre gravé à l'effigie de Mercure sont identifiés[25].

Les déchets organiques sont représentés par des ossements animaux, peu nombreux et en très mauvais état[25].

Aucune statuette excepté quelques offrandes communes, aucune inscription n'ayant été retrouvée à la faveur des fouilles, il est impossible de déterminer quels cultes sont célébrés dans les temples[26], la découverte d'une bague à l'effigie de Mercure ne pouvant être considérée comme significative[27].

Historique

La datation des monnaies retrouvées sur le site suggère un construction au Ier siècle av. J.-C. ou à l'époque d'Auguste[28] et un abandon à la fin du IVe ou au début du Ve siècle[6] - [29] mais cette date tardive est discutée au profit d'un abandon vers la fin du IIIe siècle[28]. Les indices archéologiques permettent d'identifier au moins deux phases de construction : les deux plus petites cellae dans un premier temps sous le règne d'Auguste, les sept plus grandes dans un second temps au milieu du Ier siècle[30].

La désaffectation et la destruction naturelle des sanctuaires semblent être dues à son isolement consécutif à l'abandon de la voie romaine le desservant[11], car aucune marque de démantèlement volontaire (sauf peut-être au niveau de la fosse) ou de réutilisation paléochrétienne n'est visible[29].

Des travaux de renouvellement du boisement dans le secteur sont à l'origine de la redécouverte du site. Le déboisement de 1981 révèle la présence de tuiles romaines et de blocs de grès. Une prospection archéologique en 1986 confirme la présence de vestiges antiques. Des fouilles de sauvetage 1987 complétées par d'autres observations en 1991 dégagent le sanctuaire, restauré en 1990 par la consolidation des murs vestigiels[4][31].

Le complexe est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du [1].

Références

  1. « Sanctuaires antiques des Basiols », notice no PA00094259, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 142.
  3. Gruat 2011, p. 520.
  4. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 140.
  5. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 139.
  6. Raymond Chevallier, « Géographie, topographie, archéologie et histoire de la Gaule », dans Pascal Arnaud et Patrick Counillon (dir.), Geographica historica, Pessac, Ausonius, (lire en ligne), p. 29.
  7. Stéphane Gendron, La toponymie des voies romaines et médiévales, Paris, Errance, coll. « Les Hespérides », , 224 p. (ISBN 2-8777-2332-1), p. 135.
  8. Gruat 2011, p. 521.
  9. Fauduet 1993, p. 62-63.
  10. Fauduet 1993, p. 66.
  11. Gruat 2011, p. 520-521.
  12. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 144.
  13. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 150.
  14. Fauduet 1993, p. 83.
  15. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 145.
  16. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 143.
  17. Fauduet 1993, p. 39.
  18. Cécile Doulan, « Le sanctuaire de la Garenne à Aulnay-de-Saintonge (Charente-Maritime) : aspects architecturaux », Aquitania, t. XX,‎ , p. 76 (DOI 10.3406/aquit.2004.1377).
  19. Iouri Bermond, Aline Briand, Michel Christol et Myriam Sternberg, « Le sanctuaire gallo-romain de Mars à Balaruc-les-Bains (Hérault) », Revue archéologique de Narbonnaise, t. XXXI,‎ , p. 147 (DOI 10.3406/ran.1998.1500).
  20. Philippe Salé (dir.) et al., Des occupations gauloises et antiques sur le plateau des Courates (rapport de fouille préventive), INRAP, , 419 p. (lire en ligne [PDF]), p. 149-150.
  21. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 148.
  22. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 149.
  23. Schenck-David 2011, p. 501.
  24. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 156-158.
  25. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 154.
  26. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 155.
  27. Schenck-David 2011, p. 493-494.
  28. Schenck-David 2011, p. 506.
  29. Bourgeois, Pujol et SĂ©guret 1993, p. 167.
  30. Schenck-David 2011, p. 511.
  31. Gruat 2011, p. 522.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Ariane Bourgeois, Jean Pujol et Jean-Pierre SĂ©guret, « Le sanctuaire gallo-romain des Basiols Ă  Saint-BeauzĂ©ly (Aveyron) », Gallia, vol. 50,‎ , p. 139-179 (DOI 10.3406/galia.1993.2936). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Isabelle Fauduet, Les temples de tradition celtique en Gaule romaine, Paris, Errance, , 159 p. (ISBN 2-8777-2074-8). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Philippe Gruat (dir.), Michel Vidal (dir.) et al., Dix ans d'archĂ©ologie en Aveyron, MusĂ©e du Rouergue, , 375 p. (ISBN 978-2-9072-7921-5).
  • Philippe Gruat et al., L'Aveyron, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archĂ©ologique de la Gaule » (no 12), , 694 p. (ISBN 978-2-8775-4273-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Luc Schenck-David, « Sanctuaires et religions des Rutènes Ă  l'Ă©poque romaine : un Ă©tat des lieux », Aquitania, no 25 (supplĂ©ment) « Les Rutènes : Du peuple Ă  la citĂ© - De l’indĂ©pendance Ă  l’installation dans le cadre romain, 150 a.C. – 100 p.C. »,‎ , p. 483-534 (lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean-Pierre SĂ©guret et Jean Pujol, « Les sanctuaires des Basiols (St-BeauzĂ©ly) », Vivre en Rouergue - cahiers d'archĂ©ologie aveyronnaise, dĂ©partement de l'Aveyron, no 3 (numĂ©ro spĂ©cial),‎ , p. 32-40.

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