Samuel Fosso
Samuel Fosso, nĂ© le Ă Kumba, est un photographe camerouno-nigĂ©rian, reprĂ©sentant notoire de la photographie africaine contemporaine[1]. Il sâest fait notamment connaĂźtre Ă travers ses autoportraits[2].
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Site web |
(en) samuelfosso.com |
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Il est détenteur de plusieurs récompenses internationales en photographie dont le prix du Prince Claus en 2001[3].
Biographie
Samuel Fosso vit dâabord au Nigeria avec ses parents. Ă cinq ans Ă peine, Samuel perd sa mĂšre et trouve refuge dans la forĂȘt, avec ses grands-parents, tous deux Ibo, lâethnie au centre de la guerre du Biafra. Dans sa famille, il est le seul enfant de son Ăąge Ă avoir survĂ©cu[4]. Ă dix ans, Samuel quitte Ebunwana Edda, son village nigĂ©rian, et ses grands-parents pour rejoindre son frĂšre Ă Bangui en RĂ©publique centrafricaine. Il travaille dans le magasin de son oncle maternel qui est cordonnier, puis devient en 1975 apprenti chez un photographe.
Il ouvre un premier studio « Studio National » Ă lâĂąge de treize ans avec pour devise « Avec Studio National, vous serez beau, chic, dĂ©licat et facile Ă reconnaĂźtre »[2]. « Studio National » deviendra « Studio Confiance » puis « Studio Convenance ». Il crĂ©e plus tard un second studio Ă Miskine (quartier de Bangui).
Il fuit la guerre civile le en Centrafrique et se réfugie à Paris. Sa maison à Bangui est pillée et ses archives sont brûlées. Plus de 15 000 négatifs et clichés ont été endommagés ou perdus. Des journalistes étrangers réussissent à sauver une partie de ses négatifs. Il réside désormais au Nigeria avec sa femme et ses quatre enfants.
Samuel Fosso est un ĂȘtre plutĂŽt solitaire. « On ne peut pas redresser un vieil arbre, sinon il casse, et je nâai pas envie dâĂȘtre cassĂ©. Jâai eu une Ă©ducation difficile, jâai Ă©tĂ© trĂšs contrĂŽlĂ©, jâai appris ce qui est bien, ce qui est mal. Mon grand-pĂšre disait : âCâest mieux de connaĂźtre son ennemi, non pour lui faire du mal, mais pour lâĂ©viter.â Je nâai jamais Ă©tĂ© convoquĂ© par la police. Jâai horreur dâĂȘtre blĂąmĂ©. Je recherche la paix et la tranquillitĂ©. ».
Ćuvres
Samuel Fosso commence Ă travailler trĂšs tĂŽt sur lâautoportrait, une pratique artistique qui sera constamment mise en Ćuvre par la suite.
Lorsquâil dĂ©bute, il utilise les restes de pellicules de ses clients pour se mettre en scĂšne dans des poses et des rĂŽles iconoclastes. Dans les autoportraits des annĂ©es 1970, il montre son attrait pour les chanteurs amĂ©ricains. Il sâamuse Ă faire le modĂšle dans ses autoportraits destinĂ©s Ă sa famille notamment sa grand-mĂšre qui vit au Nigeria[5] et Ă ses amis en sollicitant son imaginaire et en utilisant des images de magazine.
Le photographe Bernard Descamps, Ă la recherche de talents Ă exposer lors des premiĂšres Rencontres photographiques de Bamako, dĂ©couvre son travail en 1993 et contribue Ă sa renommĂ©e. Vincent Godeau, spĂ©cialiste de la photographie africaine, relĂšve le charme de ses photos : « Il y a, dans ses prestations pince-sans-rire, un cĂŽtĂ© spectacle de cabaret. Il a le goĂ»t du jeu. Il est excentrique, et câest bizarre dans une sociĂ©tĂ© africaine qui formate lâindividu plus quâon ne le croit. ».
En 1994, les Ćuvres de Samuel Fosso sont prĂ©sentĂ©es pour la premiĂšre fois aux Rencontres de la photographie africaine de Bamako oĂč il obtiendra le premier prix.
En 1995, il expose au festival Africa Ă Londres, puis Ă Paris, au Centre national de la photographie.
En 1997, avec Seydou Keita et Malick SidibĂ© qui sont maliens, Samuel Fosso est invitĂ© Ă Paris par les magasins Tati pour participer Ă sa campagne publicitaire. Sur le boulevard Rochechouart, dans le XVIIIe arrondissement, une tente studio est dressĂ©e oĂč nâimporte qui peut sây faire photographier. Câest la photographie de rue en version africaine. Il se dĂ©double Ă lâinfini en multipliant les rĂŽles de composition : marin, pirate, joueur de golf, garde du corps, chef africain, femme africaine libĂ©rĂ©e ou bourgeoise fatale. Ces multiples travestissement lui permettent dâadresser des critiques aux sociĂ©tĂ©s occidentales et africaines. Une de ses Ćuvres intitulĂ©e Le chef (qui a vendu lâAfrique aux colons)[6] fait explicitement allusion Ă lâ"ex-roi" du ZaĂŻre Mobutu. Il a toujours revendiquĂ© une autonomie artistique sous la prĂ©sidence de Bokassa. « Jâutilise mon corps pour divertir, pour dire que chacun peut faire ce quâil veut. Le monde nâa pas Ă©tĂ© construit pour un seul modĂšle. Mon grand-pĂšre aurait souhaitĂ© que je devienne guĂ©risseur, comme lui, mais quand il est mort, en 1971, jâĂ©tais trop jeune pour reprendre le flambeau. Avec la photographie, je communique mes pensĂ©es. »
Sa photographie Ă©tablit des liens tĂ©nus avec le continent africain. Il a aussi crĂ©Ă© une sĂ©rie en hommage Ă Tala, un ami sĂ©nĂ©galais tuĂ© par les militaires centrafricains (« MĂ©moire dâun ami », 2000). Une sĂ©rie est dĂ©diĂ©e Ă son grand-pĂšre, Agwu Okoro, qui lâa guĂ©ri dâune paralysie partielle lorsquâil avait 4 ans (« Le rĂȘve de mon grand-pĂšre », 2003).
Il a participĂ© Ă lâexposition dâart contemporain Africa Remix qui sâest tenue au Centre Pompidou en 2005.
Il est exposĂ© en 2008 aux Rencontres dâArles.
En 2008, Ă Paris, dans la galerie de son marchand Jean-Marc Patras, Samuel Fosso met en scĂšne la sĂ©rie « African Spirits ». Devant lâobjectif de son Hasselblad (numĂ©rique), il emprunte plusieurs identitĂ©s : celles des grands leaders des IndĂ©pendances Africaines, du Mouvement des Droits Civiques aux Ătats-Unis : Angela Davis, Martin Luther King, Patrice Lumumba, Mohamed Ali, HaĂŻlĂ© SĂ©lassiĂ© Ier, Malcolm X, Tommie Smith, LĂ©opold Sedar Senghor, Kwame Nkrumah... Cette sĂ©rie comporte 14 portraits en noir et blanc, assez guindĂ©s, trĂšs classiques, style Harcourt.
- « Comme dans toutes mes Ćuvres, je suis Ă la fois le personnage et le metteur en scĂšne. Je ne me mets pas moi-mĂȘme dans les photographies : mon travail est basĂ© sur des situations spĂ©cifiques et des personnages avec qui je suis familier, des choses que je dĂ©sire, que j âĂ©labore dans mon imagination et, quâensuite jâinterprĂšte. (...) Je porte la vie des autres, ce nâest pas du dĂ©guisement, câest lâhistoire du malheur et de la souffrance. Jâai voulu commĂ©morer ceux qui ont luttĂ© pour les droits des Noirs, ceux qui ont eu le courage dâaffronter lâavenir. Je lâai fait pour que leur image ne soit pas oubliĂ©e, et quâils entrent dans lâhistoire visuelle de lâAfrique Ă travers ma propre image. » prĂ©cise Samuel Fosso.
Il excelle dans la maßtrise de la métamorphose et du déguisement sur un ton décalé et un esthétisme trÚs étudié. à la maniÚre de la photographe Claude Cahun, Samuel Fosso se met en scÚne et dévoie les codes du théùtre pour présenter une création unique éloignée sur le fond et la forme de la production africaine contemporaine.
Le choix de lâautoportrait pourrait traduire une forte dose de narcissisme. Ce choix formel peut en plus prĂ©senter des contradictions selon les reprĂ©sentations en prenant des dimensions et des formes diverses. Le singulier traduit en fait du collectif. Samuel Fosso passe de cette pseudo-affirmation de soi Ă la domination dâun « nous ».
Les autoportraits de Samuel Fosso sont présents dans les collections des plus grands musées du monde : la Tate Modern à Londres, le Centre Georges Pompidou et le musée du Quai Branly, à Paris.
Sa sĂ©rie « L'empereur d'Afrique » a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en 2013 Ă la troisiĂšme Ă©dition de Lagos photo, un festival annuel qui rassemble de grands noms de la photographie. Cinq autoportraits de lui travesti en Mao Tse-Toung permettent de sâinterroger sur les relations entre la Chine et lâAfrique[1].
En 2014, Samuel Fosso expose à la Fondation Zinsou de Cotonou[7]. La Maison européenne de la photographie lui consacre une rétrospective en 2021[8].
Expositions personnelles
Liste non exhaustive
- 1998 : ScĂšnes de la sĂ©duction, Rencontres dâArles
- 2014 : The spirits of Samuel Fosso, The Walther Collection, New York[9]
- 2017 : Samuel Fosso: Self-Portraits, National Portrait Gallery, Londres[10]
- 2021 : Samuel Fosso, rétrospective, Maison européenne de la photographie, Paris, du 10 novembre 2021 au 13 mars 2022[8]
Prix et récompenses
- 1994 : rencontres de la Photographie, Bamako, Mali
- 1995 : prix Afrique en Créations
- 2000 : premier prix au DakâArt - Biennale de lâArt Africain Contemporain, Dakar, SĂ©nĂ©gal
- 2001 : prix du Prince Claus aux Pays-Bas
- 2010 : premier Prix aux Visual Arts Prins Bernhard Cultuurfonds
- 2018 : ICP Infinity Award (catégorie Art), New York, USA
- 2018 : Prix PHotoESPAĂA, Madrid, Espagne
- 2023 : Prix de la Deutsche Börse Photography Foundation[11]
Collections publiques
Liste non exhaustive
- Fondation d'entreprise Louis-Vuitton, Paris[12]
- Maison européenne de la Photographie, Paris
- Tate Modern, Londres
- Centre Georges Pompidou, Paris
- Musée du Quai Branly - Jacques-Chirac, Paris.
Distinction
Bibliographie
- « Samuel Fosso : Autoportrait », sous la direction de Okwui Enwezor, coédition Steidl / The Walther Collection. Textes de Quentin Bajac, Yves Chatap, Elvira Dyangani Ose, Chika Okeke-Agulu, Oluremi C. Onabanjo, Terry Smith, Claire Staebler, James Thomas, avril 2020 (version française publiée en collaboration avec la MEP, Paris, en novembre 2021)
- « Les 50 personnalités qui font le Cameroun : Samuel Fosso », Jeune Afrique, no 2520-2521, du au , p. 43
- Olivier Sultan, « Samuel Fosso », in Les Afriques : 36 artistes contemporains, Foire internationale des Arts derniers, MusĂ©e des arts derniers, Ăditions Autrement, Paris, 2004, p. 84-87 (ISBN 2-7467-0621-0)
Notes et références
- « Nigeria: le photographe Samuel Fosso, autoportrait de "l'empereur d'Afrique" en Mao », L'Obs,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Le Point, magazine, « Nigeria : le photographe Samuel Fosso, autoportrait de "l'empereur d'Afrique" en Mao », Le Point,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- EncyclopÊdia Universalis, « SAMUEL FOSSO », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
- « Samuel Fosso : le photographe africain mondialement connu | Africa Top Success », sur www.africatopsuccess.com (consulté le )
- « Le Printemps de septembre / Le Festival / Avant / 2012 / Samuel Fosso », sur www.printempsdeseptembre.com (consulté le )
- « Le Chef (qui a vendu l'Afrique aux colons) », sur Centre Pompidou, Paris. (consulté le )
- Haby Niakate, « Photographie : Samuel Fosso, un dandy à Cotonou », sur http://www.jeuneafrique.com, (consulté le )
- « Exposition Samuel Fosso ⹠Maison européenne de la photographie », sur www.offi.fr (consulté le )
- (en-US) Siobhån Bohnacker, « The Spirits of Samuel Fosso », sur The New Yorker (consulté le )
- « Samuel Fosso: Self-Portraits - National Portrait Gallery », sur www.npg.org.uk (consulté le )
- (en-GB) Nadia Khomami, Nadia Khomami Arts et culture correspondent, « âMan of 1,000 facesâ wins Deutsche Börse photography prize », The Guardian,â (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Samuel Fosso », sur Fondation Louis Vuitton
- « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres - été 2019 »
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- Tate
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Grove Art Online
- (en) Musée d'art Nelson-Atkins
- (en) Museum of Modern Art
- (en) MutualArt
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :