Samaël
Samaël est une figure angélique de la tradition juive. Il participe au Péché originel. Samaël est un ange déchu tout comme Ezraël. Lors de sa chute il est devenu Satan (l'accusateur, l'adversaire). Dans la Kabbale, il est présenté comme l'époux de Lilith.
Étymologie
Dans la littérature de l'Antiquité, le nom apparait sous les formes Sammane, Semiel, Samael ou Sammuel. Il semble lié à la racine sum qui signifie « aveugle »[1].
Période du Second Temple
Samaël n'apparait pas dans la Bible. Sa figure apparait pour la première fois dans les textes apocryphes et pseudépigraphiques de la période du Second Temple. Dans le Livre éthiopien d'Hénoch (IIe / Ier siècle av. J.-C.), Samaël n'est que l'un des anges rebelles qui descendent sur la Terre pour corrompre les filles des hommes. Dans l'Apocalypse grecque de Baruch (Ier siècle), le nom apparait sous la forme Sammuel[1]. L'ange Sammuel est présent dans le jardin d’Éden lors du Péché originel. Il a planté l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Jaloux d'Adam, il prend la forme d'un serpent pour tenter Ève, à la suite de quoi il est appelé Satan. Dans l'Ascension d'Isaïe (Ier / IIe siècle), il est la personnification du mal. Il y est aussi appelé Béliar (Bélial) ou Satan. Il utilise le roi de Juda Manassé, que la tradition biblique considère comme un mauvais roi, pour se venger du prophète Isaïe et le tuer[2]. Les Oracles sibyllins citent Samaël comme l'un des anges du Jugement[1].
Littérature rabbinique
Dans les midrashim, Samaël occupe la fonction d'accusateur. Il se tient au côté de l'ange Michael face à la Shekhina pendant l'Exode[3] ou aux côtés de l'ange Gabriel dans l'histoire de Tamar[4]. Il est l'ange gardien d'Esaü lors de la lutte de Jacob avec l'ange[5]. Dans le midrash Yelammedenu sur Exode 14.25, il a une action positive car c'est lui qui repousse les roues des chars des Égyptiens à la poursuite des Hébreux pendant le passage de la mer Rouge[1]. Le midrash Pirqé de-Rabbi Éliézer rapporte plusieurs traditions au sujet de Samaël. Il s'oppose à Adam et tente Ève alors qu'il chevauche le serpent. Comme Satan, il est l'accusateur du Peuple d'Israël. Lors du Yom Kippour, le Bouc émissaire lui est destiné[2].
Dans la Kabbale
À partir du XIIIe siècle, de nouveaux détails tirés de la littérature kabbalistique viennent enrichir le mythe de Samaël. Dans certains récits, sa naissance est associée à celle de Lilith. Selon le Zohar, il émerge spontanément en même temps que Lilith. Les deux sont liés au caractère sévère de la justice divine (la sephira Gevura selon la terminologie kabbalistique). La manifestation de cet attribut de la rigueur présente en effet une analogie avec le mal (Zohar I 148a, Sitre Torah). Dans une autre tradition, Lilith et Samaël sont en fait un seul être androgyne, à l'image de Dieu. Ils sont apparus de dessous le Trône Divin[6].
Dans la démonologie des Midrachim et du Zohar (Le Livre des splendeurs), Samaël est l'époux de Lilith, la femme de la dépravation. Lorsque Samaël rencontre Lilith, il l’épouse et s’installe avec elle dans la vallée de Jehanum (Guei Hinnom, la Géhenne), où il prend le nom d’Adam-Bélial.
Il est assimilé au serpent qui aurait incité Ève à commettre le péché originel.
«Nous avons appris que Samaël, l’Ange, est descendu du ciel à cheval sur ce serpent à cette époque. Toutes les créatures ont vu son visage et se sont enfuis. Puis Samaël et le serpent se sont approchés de la femme et lui disait des mots, et a apporté la mort sur le monde.» Zohar[7]
Il fut également l'adversaire mythique de Moïse, dont l'archange Michel lui disputa le cadavre. Aussi appelé le chef des Dragons du mal, il est généralement tenu pour responsable du torride vent chaud du désert.
Ésotérisme
Dans le « Livre chaldéen des Nombres », évoqué seulement dans l'œuvre ésotérique occulte de Helena Petrovna Blavatsky, La Doctrine secrète[8], Samaël serait détenteur de la Sagesse cachée (occulte), tandis que Michaël serait celui de la Sagesse terrestre supérieure. Les deux sagesses émanent de la même source, mais divergent après leur délivrance de l'âme, qui sur la Terre est Mahat (compréhension intellectuelle), ou Manas (le siège de l'intellect). Elles divergent, parce que Michaël est influencé par Neschamah (âme sacrée), tandis que Samaël n'est influencé par rien.
La figure de Samaël est souvent mentionnée par l'ésotériste et occultiste Víctor Manuel Gómez Rodríguez comme étant l'archange ésotérique régissant le logos de la planète Mars. Il attribue le nom de Samaël au Dieu de la Guerre, au Dieu Arès. Il expose la divinité de Samaël comme un bodhisattwa tombé, un mauvais demiurge plutôt qu'un archange ou ange déchu.
Dans la fiction
- Samaël apparaît dans la bande dessinée Les Éthiopiques de Hugo Pratt (22e – Et d'autres Roméo et d'autres Juliette) et À l'ouest de l'Éden. Il apparait aussi dans l'album MŪ de Corto Maltese.
- Dans le jeu vidéo Darksiders, Samaël est un démon emprisonné depuis des lustres, représentant jadis une menace pour le Prince des Enfers. Guerre, le protagoniste du jeu, le libère et restaure sa puissance en lui rapportant le cœur de chacun des quatre « Élus » du Destructeur. En retour, Samaël octroie à Guerre une partie de ses pouvoirs et l'amène directement à la Tour du Destructeur. Dans la bande dessinée servant de prologue à l'histoire, Samaël a une relation avec une démone nommée Lilith, comme dans la Kabbale.
- Samaël est le nom du démon vénéré par la secte dans la série de jeux vidéo Silent Hill.
- Samaël est la créature démoniaque à l'origine du chaos dans le film James Keane - Les Mystères de Dragopolis, réalisé par Guillaume Bouiges.
- Samaël est le chef des démons, incarné par Dwaine Stevenson, dans le film Gabriel de 2007.
- Samaël est le nom d'un des Réprouvés dans la série de fantasy La Roue du Temps, de Robert Jordan.
- Dans le manga japonais Ao no Exorcist, on apprend dans le chapitre 39 que Mephisto Phélès est en réalité Samaël, le roi du temps (un des huit démons-rois de la famille royale des démons).
- Dans la BD Les Légendaires Origines de Sobral et Nadou, Samaël est un ancien ami du légendaire Gryf. Il apparait dans le tome 3 et joue le rôle du grand-frère de Gryf tout au long du livre avant de se faire passer pour mort.
- Dans la série Highschool DxD, Samaël est considéré comme une créature mi-ange mi-serpent dont le sang est le plus puissant des venins pour les serpents et les créatures reptilienne comme les dragons.
- Dans l'épisode 5 de la série d'animation japonaise Terror in Resonance, Samaël, le serpent rouge, fait référence aux métro de la ligne Marunouchi.
- Dans le film Hellboy de Guillermo del Toro, adapté du comic de Mike Mignola, Samaël est un démon retenu dans une relique par le sel de larmes d'anges, il est libéré par le sorcier Rasputin.
- Dans le manga Nanatsu no Taizai, Maël est l'un des quatre archanges, groupe d'élite aux ordres de la Déité suprême, entité divine régnant sur le royaume des cieux.
- Dans la série d'animation Purgatony, saison 1 épisode 8, Samaël, ex-ange, ex-démon, est l'un des co-travailleurs de Tony, dans les bureaux du purgatoire.
- Dans la série Salem (série télévisée), Samael est ramené par les sorcières et utilise le corps du fils de Marie Sybley comme hôte.
- Dans la série Lucifer (série télévisée), Samaël et Lucifer/Satan ne sont qu'une et même personne, présenté ici en tant que Lucifer Morningstar, patron de boîte de nuit et consultant de la police de Los Angeles.
- Dans le drama coréen Vagabond, Samael est le pseudonyme de la personne responsable du crash du B357.
- Dans la série Supernatural (série télévisée) samaêl est décrit comme le démon qui est a l'origine d'Halloween et comme ayant un pouvoir d'invocation. Il est sur le point d'être invoquer dans l'épisode 7 de la saison 4 et comme etant l'un des 66 sceaux qui libère Lucifer[9].
Dans les arts
- Samael (sans tréma) est un groupe de black metal suisse fondé en 1988 par deux frères, Vorphalack et Xytraguptor.
Références
- Scholem 2007
- Pintel-Ginsberg 2013, p. 463
- Exode Rabba 18.5
- Talmud Sota 10b
- Exode Rabba 21.7
- Patai 1964, p. 300
- Zohar, Bereshit 2
- H. P. Blavatsky, 1888, La Doctrine secrète, Londres
- AlloCine, « Supernatural S04 » (consulté le )
Bibliographie
- (en) Gershom Scholem, « Samael », dans Fred Skolnik et Michael Berenbaum (dir.), Encyclopaedia Judaica, vol. 17, Thompson Gale et Keter Publishing House, , 2e éd.
- (en) Idit Pintel-Ginsberg, « Samael », dans Raphael Patai et Haya Bar-Itzhak, Encyclopedia of Jewish Folklore and Traditions,