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Saliha

Saliha (arabe : صليحة), de son vrai nom Salouha Ben Ibrahim Ben Abdelhafidh[1], née en 1914 à Nebeur et morte le à Tunis, est une chanteuse tunisienne d'origine algérienne[2].

Saliha
Portrait de Saliha chantant sur scène.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
صليحة
Nom de naissance
Salouha Ben Ibrahim Ben Abdelhafidh
Nationalité
Activité
Période d'activité
Enfant
Vue de la sépulture.

Artiste passionnée et authentique, elle demeure à travers ses chansons attachée à son terroir et à ses origines campagnardes[3].

Biographie

Jeunesse

La recherche d'un travail oblige son père Ibrahim, originaire de Souk Ahras en Algérie, et sa mère à quitter leur région pour Mateur[1] avant de gagner la capitale Tunis[4]. Saliha et sa sœur aînée Eljia sont alors placées comme filles au pair dans une famille bourgeoise[3], celle de Mohamed Bey (frère de Moncef Bey) dont la maison reçoit alors les grands artistes et où les princesses apprennent à chanter et jouer aux différents instruments.

En côtoyant cet environnement artistique, Saliha commence à développer ses capacités en imitant les chants des princesses avec une note bédouine. Son contact avec le milieu artistique continue lorsqu'elle part travailler en 1927 dans la maison d'une chanteuse professionnelle, dénommée Badria, rue El Bacha à Tunis ; son don au chant y est découvert pour la première fois par l'avocat Hassouna Ben Ammar[5]. La mort subite de ses deux jeunes frères et le divorce de ses parents sont des épreuves difficiles pour elle. Alors que sa sœur aînée suit son père, Saliha préfère rester avec sa mère[1]. Lorsqu'on la marie très jeune, elle pense se reconstruire et se stabiliser en fondant une famille mais son couple vole en éclats malgré trois maternités dont une seule fille survivra[4] - [3].

Consécration

C'est alors qu'elle rencontre Béji Sardahi, oudiste et directeur d'un orchestre réunissant notamment Ibrahim Salah au qanûn et Kaddour Srarfi au violon. Il l'intègre dans sa troupe musicale sous le pseudonyme de Soukeina Hanem[3] et lui compose quelques chansons en tunisien. C'est en 1938 qu'elle apparaît pour la première fois sur scène[1]. À l'occasion de l'inauguration de Radio Tunis, elle chante au Théâtre municipal de Tunis lors d'un concert retransmis en direct sur les ondes de la radio. Puis, elle croise le chemin de Mustapha Sfar, fondateur de La Rachidia, qui lui fait intégrer l'institution[1] marquée alors par la présence de Chafia Rochdi[3].

Saliha au sein de la troupe de La Rachidia.

Il est alors convenu qu'elle touche une rémunération mensuelle et bénéficie d'un logement dont le loyer est pris en charge par La Rachidia. En contrepartie, elle s'engage à ne chanter qu'au profit de La Rachidia. Les musiciens Khemaïs Tarnane, Mohamed Triki et Salah El Mahdi la prennent alors sous leurs ailes et lui composent une série de chansons dont les paroles sont écrites par d'illustres poètes appartenant à Taht Essour. Dès le départ, ces chansons sont des succès tels qu'Abdelhamid Ben Aljia déclare : « Saliha et La Rachidia ne font plus qu'un »[4]. Encensée par la critique[3], elle affronte dans le même temps une succession d'échecs affectifs. Elle déserte finalement La Rachidia pour entreprendre un nouvel itinéraire artistique plus conforme à ses aspirations.

Toutefois, dans sa quête mouvementée, elle reste indifférente aux conseils de ses médecins lui demandant de garder le lit. Fin 1957, elle chante au Kef en compagnie de Ridha Kalaï. En descendant de la scène, elle s'effondre et doit se faire opérer. Elle reste clouée au lit durant trois mois mais, malgré une convalescence inachevée, décide de revenir à la chanson en dépit de l'avis contraire de ses médecins[4].

Fin de vie

Usée par la maladie et après des années de gloire, Saliha se produit pour la dernière fois en public le au Théâtre municipal de Tunis, lors d'un concert qui regroupe des chanteurs des pays du Maghreb. Épuisée et éprouvée par une grave maladie incurable, elle ne peut se tenir debout et s’appuie sur une chaise. Quinze jours plus tard, après une deuxième opération[4], elle meurt le à l'âge de 44 ans dans une clinique de Tunis. Sa mort est un événement national : son cortège funèbre, après avoir quitté le domicile de sa fille, la chanteuse Choubeila Rached, se rend entouré d'une foule de près de 20 000 personnes[4].

Hommages

En 1957, le président Tunisien Habib Bourguiba apprend que l'étoile de la Rachidia est malade, il lui rend hommage en assistant à un de ses concerts et en la félicitant.

La Poste tunisienne émet le un timbre postal à son effigie dans le cadre d'une série philatélique comprenant aussi Ali Riahi et Kaddour Srarfi.

À l'occasion du centenaire de sa naissance, le chef d'orchestre Amina Srarfi organise le un spectacle musical au Théâtre municipal de Tunis[6]. Des festivités ont également lieu à l'espace El-Kasbah du Kef à partir du [7].

Répertoire

TitreNom originalPoète/parolierCompositeur
Touness elyoum bratتونس اليوم براتAhmed KheireddineSalah El Mahdi
Ya khdoud et-toffahياخدود التفّاحBelhassen Ben ChedlySalah El Mahdi
Om lahsan ghannat
أم الحسن غنّاتArbi KabadiKhemaïs Tarnane
Mridh faniمريض فانيOthmane El GharbiSalah El Mahdi
Aàïoun soudعيون سودMohamed MarzoukiMohamed Triki
Ya khil salemيا خيل سالمinconnu[8]inconnu[8]
Men frag ghzaliمن فراق غزاليinconnu[8]inconnu[8]
Bakhnoug
بخنوقinconnu[8]inconnu[8]
Kif dar kass el hobbكيف دار كاس الحبHédi DhabKhemaïs Tarnane
Habbitha ma lgit menha manjaحبّيتها ما لقيت منها منجىMohamed MarzoukiSalah El Mahdi
Na wejjemel fridaنا والجمال فريدةinconnu[8]inconnu[8]
Sag najàek sagساق نجعك ساقinconnu[8]inconnu[8]
Aàordhouni zouz sbayaعرضوني زوز صباياinconnu[8]inconnu[8]
Nenni ahna mnamننّي أهنى منامHédi LaâbidiKhemaïs Tarnane
Fel ghorba fenani
في الغربة فنانيinconnu[8]inconnu[8]
Chargi gheda bezzineشرق غدا بالزين inconnu[8]inconnu[8]
Màa el àazzabaمع العزّابةinconnu[8]inconnu[8]
Rabbi àatani kol chay bekmalouربّي عطاني كل شي بكمالوBelhassen Ben ChedlyKhemaïs Tarnane
Dar el falakدار الفلكAbdelmajid Ben JeddouSalah El Mahdi
Ya khlilaياخليلةAli AmeurSalah El Mahdi
Wadaàouniوادعونيinconnu[8]inconnu[8]
Ya khaïnaياخاينةAhmed KheireddineKhemaïs Tarnane
Hozt-al-bahaحزت البهاOthmane El GharbiKhemaïs Tarnane
Yalli boodek dhayaà fekriيلّي بعدك ضيّع فكريJalaleddine NaccacheKhemaïs Tarnane
Sag najàak ber-rannaساق نجعك برنّةKaddour SrarfiKaddour Srarfi
Hajr el Habibهجر الحبيبMustapha AghaKhemaïs Tarnane
Awtari-w-oudiأوتاري و عوديAhmed KheireddineSalah El Mahdi
Ya laimi àazzineيا لايمي على الزّينJalaleddine NaccacheMohamed Triki
Ghzali nafarغزالي نفرMohamed MarzoukiKhemaïs Tarnane
Mouhal kelmet ahمحال كلمة آهAhmed KheireddineKhemaïs Tarnane

Notes et références

  1. Tahar Melligi, « Saliha : la plus grande chanteuse de tous les temps », La Presse de Tunisie, (ISSN 0330-9991).
  2. Anne-Claire Dugas, « Saliha », dans Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions Des femmes, (ISBN 978-2-7210-0631-8, lire en ligne).
  3. Hamadi Abassi, « Mridh fanî taâl biya dâya. Saliha »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur saisonstunisiennes.com, .
  4. Ali Ouertani, « Une étoile hors du temps », La Presse de Tunisie, (ISSN 0330-9991).
  5. Boudhina 1996.
  6. « Saliha honorée par Amina Srarfi »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur mosaiquefm.net, .
  7. « Centenaire de Sliha : le coup d'envoi du programme des festivités prévu le 29 mai à l'espace El-Kasbah au Kef - Fethi Ajmi »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur tap.info.tn, .
  8. Il s'agit d'une chanson traditionnelle.

Bibliographie

  • Mohamed Boudhina, Saliha : 1914-1958, Hammamet, Mohamed Boudhina, (ISBN 9973260597).

Liens externes

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