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SĂ©minaire des Missions de Chevilly-Larue

Le Séminaire des Missions de Chevilly-Larue est une communauté religieuse et un lieu historique situé dans la commune de Chevilly-Larue (Val-de-Marne). Datant du milieu du XVIIIe siècle pour les parties anciennes, le site s'est surtout développé au XIXe siècle grâce à son rachat par la Congrégation du Saint Esprit, qui construisit de nombreux bâtiments servant principalement de lieu de formation théologique et pratique pour les futurs missionnaires spiritains. Il évolua dans les années 1980 avec de nouvelles missions : maison de spiritains âgés, centre d'accueil de groupes, archives générales de la congrégation, maison d'accueil pour personnes en difficulté sociale.

SĂ©minaire des Missions Chevilly-Larue
Vue d'avion de l'ensemble du site du séminaire des missions (congrégation du St Esprit) à Chevilly
Présentation
Type
Ordre religieux
Patrimonialité
Recensé à l'inventaire général
Localisation
Adresse
12 rue du Père Mazurié (d)
Chevilly-Larue, Val-de-Marne
France
Coordonnées
48° 46′ 14″ N, 2° 21′ 19″ E
Carte

Historique du site

Château de Chevilly, construit en 1760 et racheté par la Congrégation du Saint-Esprit en 1864
Chapelle des Spiritains, consacrée en 1938.
Le scolasticat en 1903
Le scolasticat en 1903

Ă€ proximitĂ© de l’église Sainte-Colombe (Xe siècle) de la commune de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) se trouvait un pavillon de chasse[1] inaugurĂ© en 1760 pour Thoinard de Jouy, cousin de Madame de Pompadour, au sein d’un domaine agricole[2]. Plusieurs propriĂ©taires se sont succĂ©dĂ©, jusqu’à une mise en vente en 1863 Ă  la suite d’un problème d’inondation. Le P. Ignace Schwindenhammer[3] (1818-1881), supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral de la CongrĂ©gation du Saint-Esprit, cherche au mĂŞme moment un lieu, non loin de Paris, pour y Ă©tablir la maison gĂ©nĂ©ralice, un noviciat et un lieu de formation pour les futurs missionnaires spiritains. La propriĂ©tĂ© de 22 hectares est donc achetĂ©e pour 300 000 francs Ă  un banquier d’origine suisse, le baron von Schikler, le . Le P. Schwindenhammer met la maison sous le patronage du Saint CĹ“ur de Marie, en mĂ©moire de la congrĂ©gation fondĂ©e par le père François Libermann, mort en 1852. La maison de Chevilly-Larue va se concentrer dĂ©sormais principalement Ă  la formation de futurs missionnaires : plus de 4.000 en sont partis en un siècle pour propager l’Évangile Ă  travers le monde. Le premier janvier 1864, la CongrĂ©gation du Saint-Esprit et du Saint-CĹ“ur de Marie (Spiritains), fondĂ©e en 1703, ouvre son sĂ©minaire dans l’ancien domaine de Thoinard de Jouy. Elle y installe aussi divers bâtiments, dont une grande chapelle qui fut consacrĂ©e en 1938. Un vitrail, reprĂ©sentant le père Jacques-DĂ©sirĂ© Laval Ă©vangĂ©lisant « ses chers Noirs » Ă  Maurice, est situĂ© dans la chapelle spiritaine au 12 rue du Père-MazuriĂ©.

Mais Schwindenhammer et ses successeurs à la tête de la Congrégation vont aussi s'investir en France dans les collèges, orphelinats et maisons d’éducation surveillée pour enfants[4]. À part la philosophie, la théologie et l’Écriture sainte, les futurs spiritains apprenaient les métiers de forgeron, cultivateur, couvreur, électricien, maçon ou plombier pour rendre service à la population dans leur pays d’affectation respective. Ce sont les Frères spiritains qui, à partir du château originel, vont construire la plupart des bâtiments actuels. L’électricité arrive sur le site en 1912 et le chauffage central en 1934.

Pendant la guerre de 1939-1940, des bâtiments sont rĂ©quisitionnĂ©s pour accueillir des troupes coloniales au repos. Puis, le château est occupĂ© par les Allemands. Le , au croisement de la RN7 et de la RD60, une patrouille allemande capture le jeune FFI Jacques Hellouin âgĂ© de 17 ans et le père spiritain Laurent MazuriĂ©, 28 ans, croix-rouge française, partis du couvent de sĹ“urs « Saint-CĹ“ur-de-Marie Â» de Thiais, qui sont exĂ©cutĂ©s ensemble sur place[5]. Le mĂŞme jour, le lieutenant FFI Jacques Petit-le-Roy et l'adjudant-chef Augustin Dericbourg venant de Rungis et porteurs d'un pli urgent du gĂ©nĂ©ral Leclerc, se dirigent vers Paris Ă  bord d'une jeep, s'Ă©garent et sont tuĂ©s dans un Ă©change de tirs d'embuscade allemande, le long du mur du sĂ©minaire ; un soldat allemand y perd aussi la vie. Après la LibĂ©ration, les bâtiments du sĂ©minaire deviennent un centre de rassemblement de l’armĂ©e amĂ©ricaine. Les bâtiments actuels ont tous Ă©tĂ© construits avant 1945, Ă  part un bâtiment Ă  usage locatif. Jusqu’à 350 personnes purent ĂŞtre logĂ©es dans la maison[6]. Depuis le , la rue oĂą se situe la propriĂ©tĂ© porte le nom du père MazuriĂ©.

Les bâtiments comprenaient une grande ferme modèle, destinée à apprendre aux spiritains à être aussi des agronomes dans leurs pays de mission, et permettant au séminaire de vivre en quasi-autarcie alimentaire. C'est sur les terrains de cette ferme qu'eurent lieu en 1892 les premières expériences de transmission radio (TSF) par Branly[2], avec l'aide du père spiritain Charles Sacleux (1856-1943)[7]. Elle pouvait être visitée par les élèves des écoles voisines, mais fut démantelée à la fin de la décennie 1970 et la moitié sud du terrain du séminaire fut vendue en 1981 : le parc départemental de loisirs « Petit-le-Roy » et la piscine « Pierre de Coubertin » l'occupent aujourd'hui[8]. En 1982, une borne paroissiale blanche, avec une ancienne inscription gravée dans la pierre, est découverte sur le chantier de construction de la piscine « Pierre de Coubertin », sur le terrain de l'ancienne ferme du séminaire[9]. Guy Pettenati, alors maire, fit exposer cette stèle dans le hall de la mairie de Chevilly-Larue dans un premier temps, avant qu'elle ne soit entreposée.

Évolutions actuelles du site

Noviciat

Construite pour être un séminaire, la maison spiritaine de Chevilly-Larue a évolué au gré de la baisse des vocations religieuses en France. Pourtant, elle reste un lieu de formation spiritaine puisque le noviciat (temps de formation spirituelle et de discernement avant de rejoindre la Congrégation) est installé au château depuis 2004[10]. Ce château, premier lieu d'installation de la communauté en 1864 mais qui a subi de gros dommages au fil des années, est encore visité aujourd'hui à l'occasion des journées du patrimoine.

Maison pour spiritains Ă  la retraite

L’ancien bâtiment du scolasticat est devenu la communauté de retraite pour les spiritains âgés qui sont en 2018 environ une cinquantaine. Ils y vivent les dernières années de leur existence dans la foi et la prière, en communion avec leurs confrères encore actifs dans les différents pays où eux-mêmes ont travaillé. Avec l’accord des autorités civiles, la communauté a pu ouvrir un cimetière privé dans la propriété où reposent les frères dont les noms sont gravés sur des plaques de marbre entourant une sculpture du Christ en croix. Depuis 1973, des sœurs trinitaires se sont occupées de l’infirmerie. Plus tard, en 1988, les sœurs franciscaines de la Présentation de Marie de Coimbatore (venues d'Inde), prennent le relais. Elles font un travail remarquable dans le soin et l’accompagnement des confrères âgés[11].

Bâtiment d'accueil du séminaire des missions
Bâtiment d'accueil du séminaire des missions

Accueil de groupes

Une des activitĂ©s principales du site du sĂ©minaire des missions actuellement consiste en l’accueil de groupes pour des sessions, confĂ©rences, formations, retraites. Une importante rĂ©novation en 2016 a permis la mise aux normes du bâtiment qui dispose de plus d'une centaine de chambres, d'une chapelle dĂ©diĂ©e et d'une quinzaine de salles de taille variĂ©e. Une Ă©quipe de spiritains et de laĂŻcs bĂ©nĂ©voles veille Ă  l’accueil des groupes. Le parc de plusieurs hectares est aussi accessible aux hĂ´tes. Depuis 1988, plus de 15 000 personnes ont Ă©tĂ© accueillies[12].

Maison pour personnes en difficulté sociale

Par ailleurs, la maison Caris, fondée en 1991 par le P. François-Xavier Breynart, accueille une quinzaine d’hommes en situation de rupture sociale. Son nom vient du « pauvre prêtre » Caris, premier économe de la Congrégation du Saint-Esprit au début du XVIIIe siècle à Paris[13].

Archives générales de la Congrégation

Archives générale de la Congrégation du St Esprit
Archives générale de la Congrégation du St Esprit

Les archives générales de la Congrégation sont conservées dans un bâtiment dédié et ouvertes aux chercheurs de toutes origines. Elles sont riches de témoignages concernant la naissance et le développement de nombreuses communautés ecclésiales à travers le monde. Nous y trouvons livres religieux, documents de catéchisme, grammaires, lexiques, livres de classe, études composées et publiées en plus de trois cents langues et dialectes. La plupart de ces documents sont l’œuvre de missionnaires, mais aussi de savants linguistes français et étrangers, catholiques et protestants. Tout ce que les missionnaires, les catéchistes, les explorateurs, les cartographes, les ethnologues, les artistes, les linguistes, les bâtisseurs, les infirmiers ont fait, étudié ou construit – pour que l’évangélisation soit accomplie dans le cadre des Églises locales en devenir – est évoqué dans ces documents précieusement conservés et classés. Sur cinq étages, on compte trois kilomètres de rayons. On y trouve aussi des listes d’élèves des écoles, souvenirs d’ordinations, cahiers de communautés des missions, revues, fonds donnés par divers chercheurs, thèses, dossiers des confrères décédés, coffre-fort contenant les écrits originaux des fondateurs, films, plaques de verre, diapositives, photographies et vieilles cartes postales[14], etc.

Bibliothèque de théologie

La BLD est la bibliothèque historique du Séminaire du Saint-Esprit fondé en 1703.

Relations avec la commune de Chevilly-Larue

La communauté accueille chaque année une rencontre interreligieuse organisée par la commune. En 2011, les représentants des grandes religions présentes à Chevilly-Larue y ont planté un arbre de l’amitié[15]. Fin juin, les pompiers du secteur utilisent la vaste pelouse pour leurs cérémonies de remise de décoration ou changement de commandement. Il arrive que des concerts soient organisés dans la grande chapelle.

La maison spiritaine de Chevilly-Larue en quelques dates

Vitrail du Saint Esprit
  • 1863 : Le P. Ignace Schwindenhammer achète la propriĂ©tĂ© de Chevilly.
  • 1864 : ArrivĂ©e Ă  Chevilly-Larue des spiritains. Le château devient la nouvelle Maison gĂ©nĂ©ralice.
  • 1868 : Construction d’une petite chapelle pour accueillir les restes du P. Libermann[16].
  • 1870 : La guerre fait fuir les spiritains. Les Allemands occupent le sĂ©minaire une première fois. Le château subit de gros dommages.
  • 1872 : Construction du bâtiment qui sert actuellement de maison d’accueil de personnes en difficultĂ© (maison Caris).
  • 1877 : Construction d’un canal de 12 mètres de profondeur pour drainer l’eau.
  • 1879 : 150 scolastiques viennent occuper un nouveau bâtiment qui jouxte le château.
  • 1880 : Construction du cloĂ®tre.
  • 1885 : Construction de deux ailes : la première reliant le nouveau bâtiment au château et la seconde Ă  l’autre extrĂ©mitĂ©, servant d’infirmerie.
  • 1887 : Les novices clercs (futurs prĂŞtres) quittent Chevilly-Larue pour Orly.
  • 1895 : CrĂ©ation de terrains de sport.
  • 1896 : L’ancienne porterie est abattue et remplacĂ©e par celle d'aujourd’hui.
  • 1900 : , le R.P. Le Floch est nommĂ© supĂ©rieur.
  • 1923 : Les Ă©tudiants en philosophie dĂ©mĂ©nagent Ă  Mortain (Normandie).
  • 1928 : Pose de la première pierre de la grande chapelle (le ). Elle sera terminĂ©e huit ans plus tard.
  • 1930 : BĂ©nĂ©diction de la grande chapelle (le 1er juin).
  • 1931 : Construction du bâtiment qui abrite actuellement les archives gĂ©nĂ©rales.
  • 1932 : Ajout d’un 3e Ă©tage au bâtiment du scolasticat.
  • 1934 : Construction de l’actuel bâtiment du centre d’accueil.
  • 1964 : Centenaire (un monument Ă  la Vierge est Ă©rigĂ© dans la cour d’accueil).
  • 1967 : Transfert des restes du P. Libermann Ă  la rue Lhomond (Paris).
  • 1976 : Vente au dĂ©partement des terrains de la ferme au sud de la propriĂ©tĂ©, qui deviennent le parc dĂ©partemental de loisirs « Petit-le-Roy Â».
  • 1980 : Transfert des archives gĂ©nĂ©rales spiritaines de la rue Lhomond Ă  Chevilly-Larue.
  • 2014 : 150e anniversaire avec cĂ©lĂ©brations, exposition, dĂ©voilement d’une plaque et bĂ©nĂ©diction de la croix du jubilĂ©.

Notes et références

  1. « Réf. Mérimée IA94000211 », sur Ministère de la Culture, (consulté le )
  2. « Histoire locale », sur ville-chevilly-larue.fr (consulté le )
  3. « Qui sommes-nous ? », sur spiritains.org (consulté le )
  4. Henri Koren (trad. de l'anglais), Les spiritains, trois siècles d'histoire missionnaire, Paris, Beauchesne, , 633 p. (ISBN 2-7010-1046-2, lire en ligne)
  5. Les Amis du Vieux Chevilly-Larue, MĂ©moire en Images, Chevilly-Larue, Saint-Cyr sur Loire, Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 2-84253-977-X), p. 37
  6. « La libération de Chevilly-Larue », sur http://liberation-de-paris.gilles-primout.fr/, (consulté le )
  7. « Le père Charles Sacleux », sur spiritains.org (consulté le )
  8. Les Amis du Vieux Chevilly-Larue, MĂ©moire en Images, Chevilly-Larue, Saint-Cyr sur Loire, Alan Sutton, , 128 p. (ISBN 2-84253-977-X)
  9. Le Parc départemental de loisirs « Petit-le-Roy »
  10. « Le noviciat », sur spiritains-jeunes.fr (consulté le )
  11. « FSPM », sur www.viereligieuse.fr (consulté le )
  12. « Centre d'accueil spiritain », sur Centre d'accueil spiritain (consulté le )
  13. « Volontariat en France : la maison Caris », sur www.spiritains-jeunes.fr (consulté le )
  14. « Archives générales à Chevilly », sur spiritains.org (consulté le )
  15. « Eglise catholique en Val-de-Bièvre », sur catholiques-val-de-bievre.org, (consulté le )
  16. « Réf. Mérimée IA94000212 », sur Ministère de la culture, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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