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Rue de la Trinité (Toulouse)

La rue de la Trinité (en occitan : carrièra de la Trinitat) est une rue du centre historique de Toulouse, en France. Elle traverse le quartier des Carmes, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.

Rue de la Trinité
(oc) Carrièra de la Trinitat
Image illustrative de l’article Rue de la Trinité (Toulouse)
La rue vue de la place Rouaix.
Situation
Coordonnées 43° 35′ 59″ nord, 1° 26′ 40″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Carmes
Début no 11 place de la Trinité
Fin no 1 rue des Tourneurs et no 5 place Rouaix
Morphologie
Type Rue
Longueur 70 m
Largeur 7 m
Histoire
Anciens noms Rue de la Trilhe ou de la Trilhe-de-Roaix (XIVe siècle)
Rue des Sarraliers, des Ferratiers ou des Flessadiers (XVe siècle)
Rue Saint-Victor ou de la Sainte-Trinité (XVe siècle)
Rue de la Trinité (XVIe siècle)
Protection Secteur sauvegardé (1986)
Géolocalisation sur la carte : Toulouse
(Voir situation sur carte : Toulouse)
Rue de la Trinité (oc) Carrièra de la Trinitat
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Rue de la Trinité (oc) Carrièra de la Trinitat

Toponymie

La rue de la Trinité tient son nom du couvent des moines trinitaires, qui s'y établirent à partir du XIVe siècle, avant de disparaître en 1790 (emplacement des actuels no 8-8 bis)[1].

Au Moyen Âge, la rue portait le nom de rue de la Trilhe, tout comme la rue des Marchands et la rue du Pont (actuelle rue de Metz), dont elle est le prolongement. À partir du XVe siècle, elle porta aussi les noms des différentes catégories d'artisans qui y installèrent leur boutique : rue des Sarraliers pour les serruriers, des Ferratiers pour les ferronniers ou des Flessadiers pour les fabricants de couvertures en laine (en occitan toulousain : flessadas). On donna également à la rue le nom de l'église conventuelle des Trinitaires, qui y avait son entrée, et elle s'appela rue Saint-Victor ou rue de la Sainte-Trinité. À partir du XVIe siècle, ces diverses appellations s'effacèrent au profit de celle de la Trinité. À la Révolution française, en 1794, la rue fut rebaptisée rue du Contrat-Social[2], d'après le célèbre ouvrage du philosophe Jean-Jacques Rousseau.

Description

La rue de la Trinité mesure plus de 70 m de long. Depuis les travaux d'élargissement au XIXe siècle, la largeur est relativement régulière et d'environ m. Elle naît dans l'angle est de la place de la Trinité et se termine au carrefour de la place Rouaix et de la rue des Tourneurs.

Voies rencontrées

La rue de la Trinité rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :

  1. Place de la Trinité
  2. Rue des Tourneurs (g)
  3. Place Rouaix (d)

Histoire

Moyen Âge

Au Moyen Âge, la rue de la Trinité, alors appelée rue de la Trilhe, appartient pour le côté nord au capitoulat de la Pierre et pour le côté sud au capitoulat de Saint-Barthélémy[3]. Elle est alors plus longue que la rue actuelle et se poursuit le long du côté nord de l'actuelle place de la Trinité : elle forme alors une petite place au carrefour des rues des Filatiers, des Changes et des Marchands, désignée comme place de la Trinité[3]. Cette place a, en son centre, une petite fontaine[4]. La famille Roaix, importante dynastie de capitouls toulousains, y possède plusieurs maisons : Achille de Roaix y possède encore, au milieu du XVIe siècle, une hôtellerie à l'enseigne de Saint-Martin (emplacement des actuels no 10 et 16)[5].

Les artisans sont nombreux à avoir leur boutique dans la rue. On trouve des serruriers (ou « sarraliers »), des ferronniers (ou « ferratiers ») et des flessadiers, c'est-à-dire des fabricants de couvertures en laine[2]. Ces artisans établissent leur chapelle dans l'église Saint-Victor, établie dans cette même rue (emplacement de l'actuel no 8), où leurs confréries se réunissent régulièrement[6].

En 1349, lors de la Guerre de Cent Ans, le couvent des religieux trinitaires, établis depuis le XIIIe siècle hors les murs, près du Château narbonnais, dans le faubourg Saint-Michel, est ravagé par les armées du Prince noir. Les religieux bénéficient alors de la protection royale puisque le prince Jean, fils du roi Philippe VI, leur donne 3 000 écus d'or pour la réfection des bâtiments[7]. En 1359, le couvent est à nouveau détruit par le Prince noir. Cette fois, ils reçoivent l'autorisation de s'établir dans la ville et, le , le chapitre de la cathédrale Saint-Étienne leur cède l'église Saint-Victor et leur vend la maison de Jean de Roaix, saisie après la condamnation de ce dernier pour hérésie[1].

Époque moderne

Le , un grave incendie se déclare dans une boulangerie voisine, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache. L'incendie provoque des destructions importantes dans toute la ville[8], qui ruine pratiquement les Trinitaires. Grâce à la charité publique, ils font rebâtir leur couvent puis l'église Saint-Victor, à nouveau consacrée en 1511 sous le vocable de la Sainte-Trinité[6]. L'ampleur des destructions permet également aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[9] et, au cours du XVIe siècle, les artisans sont remplacés par des familles de marchands aisés, qui accèdent parfois au capitoulat[10], comme Pons Imbert, marchand et capitoul en 1510, qui fait construire un hôtel et une tour (actuel no 21)[11], ou Étienne du Fossat, qui fait bâtir dans la première moitié du XVIe siècle une vaste maison avec une tour (actuel no 19)[12].

Les premiers travaux d’élargissement de la rue sont commencés au XVIIIe siècle et toutes les maisons sont progressivement abattues afin d'élargir la voie à 7 mètres (seule subsiste une maison en corondage du XVe siècle, actuel no 23). Des façades dans le goût nouveau s'élèvent : la vieille maison d’Étienne du Fossat (actuel no 19) reçoit une nouvelle façade de style néoclassique Louis XV, qui lui est donnée par le capitoul Viallar[13]. Les Trinitaires agrandissent progressivement leur couvent qui occupe, au XVIIIe siècle, tout le côté sud de la rue de la Trinité jusqu'à la place Rouaix[12].

Période contemporaine

La Révolution française amène des changements. En 1790, l'ordre de la Trinité est dissous et le monastère des Trinitaires est fermé, tandis que les bâtiments deviennent bien national. L'église Saint-Victor et le cloître sont rachetés par les citoyens Lamarque et Bories, mais l'église menaçant ruine, ils décident de la détruire en 1798[6]. Les bâtiments du couvent sont concédés par la municipalité au serrurier Joseph Bosc, qui y ouvre une fonderie de canons, avant qu'elle soit transférée dans la rue des Toulousains (actuelle rue de la Fonderie).

Les travaux d'élargissement se poursuivent au XIXe siècle et amènent de nouvelles destructions. En 1820, l'architecte de la ville, Auguste Virebent, convainc le conseil municipal de détruire le moulon entre les rues de la Trinité, des Filatiers et des Sémaliers (actuelle place de la Trinité), afin d'élargir la petite place de la Trinité : toutes les maisons du côté sud de la rue de la Trinité jusqu'à la rue des Sémaliers (anciens no 2 à 6) sont abattues[3]. Des travaux sont également engagés du côté de la place Rouaix mais sont finalement interrompus, et cet ambitieux projet ne porte que sur les deux maisons les plus proches de la place (actuel no 25)[14]. La rue conserve une activité commerçante et plusieurs importantes maisons de commerce y voient le jour, comme la maison Lapersonne (actuel no 19) et la maison Yarz (actuel no 10).

Dans les années 1990, la rue de la Trinité bénéficie d'un réaménagement semi-piétionnier.

Lieux et monuments remarquables

  • no 6 : hôtel particulier (XVe siècle ; deuxième moitié du XVIIe siècle ; XVIIIe siècle)[15].
  • no 8 et 8 bis : emplacement de l'église Saint-Victor et du couvent des Trinitaires (XIVe siècle ; XVIe siècle) ; immeuble (XIXe siècle)[16].
  • no 10 : maison de commerce Yarz (1878)[17].
  • no 19 : tour d’Étienne du Fossat (milieu du XVIe siècle) et hôtel de Viallar (1748)[18].
  • Façade de l'hôtel de Viallar (1748).
    Façade de l'hôtel de Viallar (1748).
  • no 23 : immeuble en corondage (XVIe siècle ou XVIIe siècle)[19].
  • no 25 : immeuble (XVIIIe siècle)[20].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1917, p. 445-446.
  2. Jules Chalande, 1917, p. 437-438.
  3. Jules Chalande, 1917, p. 437.
  4. Jules Chalande, 1917, p. 438.
  5. Jules Chalande, 1917, p. 440.
  6. Jules Chalande, 1917, p. 446.
  7. Jean-Luc Liez, 2011, p. 161.
  8. Maurice Bastide, 1968, p. 8-12.
  9. Maurice Bastide, 1968, p. 13.
  10. Jules Chalande, 1917, p. 439.
  11. Jules Chalande, 1917, p. 444.
  12. Jules Chalande, 1917, p. 443.
  13. Jules Chalande, 1917, p. 438 et 442.
  14. Jules Chalande, 1917, p. 441.
  15. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131657 », 2006.
  16. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131849 », 2007.
  17. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131850 », 2007.
  18. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131835 », 2007.
  19. Dany Rullier, « Fiche IA31130709 », 2004.
  20. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31131844 », 2007.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Lien externe

  • « Fiches d'information détaillée Patrimoine Architectural », Inventaire général Région Occitanie, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse (consulté le ).
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