Royaume de Shule
Le royaume de Shule (çć en chinois) est un royaume indo-europĂ©en qui s'est dĂ©veloppĂ© autour d'une oasis du dĂ©sert du Taklamakan, sur la branche nord de la route de la soie. Il a longtemps fait partie du Protectorat des RĂ©gions de l'Ouest, puis du Protectorat gĂ©nĂ©ral pour pacifier l'Ouest, ce qui correspond actuellement a la province du Xinjiang, qui est situĂ©e au Nord-ouest de la Chine. Il a pour capitale la ville de Kachgar[1], dont l'eau provient de la riviĂšre du mĂȘme nom. Comme dans la plupart des royaumes voisins, les habitants de Shule parlent le kanchaki, dialecte faisant partie des langues scythes, qui est une des langues iraniennes orientales[2].
çć
200 av. J.-C. â 790
Statut | Monarchie |
---|---|
Capitale | Kachgar |
Langue(s) | Kanchaki (dialecte des langues scythes, une des langues iraniennes orientales) |
200 av.J.C. | Fondation |
---|---|
127 | Devient un vassal de la dynastie Han |
460 | Redevient indépendant aprÚs la chute du Liang septentrional |
Ve siĂšcle | Devient un vassal des göktĂŒrks |
630 | Redevient indĂ©pendant des GöktĂŒrks |
632 | Devient un vassal de la dynastie Tang |
670 | ConquĂȘte par l'empire du Tibet |
673 | Se déclare vassal de la dynastie Tang |
692 | ReconquĂȘte par les Tang |
790 | ReconquĂȘte par l'empire du Tibet et disparition du royaume |
Jusqu'Ă la fin du VIIe siĂšcle, Shule est vassalisĂ© tour Ă tour par la Chine, les GöktĂŒrk et les royaumes tibĂ©tains. Durant les annĂ©es 790 ce royaume disparaĂźt, absorbĂ© par l'empire du Tibet. Par la suite, la rĂ©gion de Kachgar est absorbĂ©e par le royaume des Qarakhanides et c'est Ă partir de cette pĂ©riode que la rĂ©gion s'islamise et que les peuples indo-europĂ©ens sont petit Ă petit remplacĂ©s par des peuples d'origine turque.
Histoire
La premiĂšre mention connue du royaume de Shule date d'environ 120 av. J.-C., lorsque des envoyĂ©s de la dynastie Han arrivent Ă Kachgar alors qu'ils cherchent Ă entrer en contact avec les tribus Yuezhi[3]. En 127 av. J.-C., Shule commence Ă verser un tribut aux Han[3]. En 168, aprĂšs lâassassinat du roi de Shule par Hede, qui devient le nouveau roi, les Han dĂ©clarent la guerre Ă Shule. Le conflit sâachĂšve en 170 av. J.-C., aprĂšs l'Ă©chec du siĂšge de Zhenzhong[3].
En 220, lors de la chute de la dynastie Han, Shule a conquis les citĂ©s-Ătats de Zhenzhong, Yarkand, Jieshi, Qusha, Xiye, et Yinai[3]. Pendant le Ve siĂšcle, le royaume de Shule devient un vassal des GöktĂŒrks et leur verse un tribut. Ils ne regagnent leur indĂ©pendance qu'en 630, lorsque les GöktĂŒrks sont vaincus par les Chinois de la dynastie Tang[3]. Cette indĂ©pendance dure peu de temps, car en 632, Shule devient le vassal des Tang, Ă la suite de leur conquĂȘte des royaumes des oasis[4]. Selon certaines sources, Shule se serait contentĂ© de verser un tribut aux Tang, qui n'auraient eu de suzerains que le nom[5] - [6] - [7]. Ă partir de 640, Shule est vĂ©ritablement annexĂ© par les Tang et est intĂ©grĂ© au Protectorat gĂ©nĂ©ral pour pacifier l'Ouest, jusqu'en 790[8] Shule devient l'un des siĂšges des quatre garnisons d'Anxi[9].
En 670, Shule est conquise par l'empire du Tibet, mais le royaume se déclare vassal des Tang dÚs 673[10]. Il faut toutefois attendre 692 pour que les Tang réussissent à reconquérir Shule[11].
Selon certaines sources, Qutayba ben Muslim aurait attaqué Kachgar en 715, mais rien n'est moins sûr[12] - [13].
Le royaume de Shule est reconquis par les Tibétains en 790 et les Tang n'arriveront jamais à le reprendre. à partir de cette date, le royaume de Shule disparaßt définitivement.
Lors de l'effondrement de l'empire du Tibet, la région de Kachgar est absorbée par le royaume des Qarakhanides ; c'est alors que l'islamisation et la turquification de la région commencent. D'aprÚs le linguiste turc Mahmoud de Kachgar, au XIe siÚcle on parle toujours des langues non turques dans la région de Kachgar, comme le kanchaki et le sogdien[14]. En se basant sur les sources existantes, les linguistes pensent que le kanchaki, la langue parlée à Shule, fait partie des langues scythes[15] - [16] et que la turquisation du bassin du Tarim est achevée à la fin du XIe siÚcle[17].
Ăconomie
Shule faisant partie de la branche nord de la route de la soie, la plus grande partie de ses Ă©changes commerciaux empruntent le Yumenguan[18] et le massif du Pamir[19]
La branche nord de la route de la soie qui passe par Kachgar se divise en deux branches aprĂšs l'oasis. La route qui passe par le nord du bassin du Tarim part de Kachgar et traverse Aksu, Kucha, Korla, traverse les portes de fer, continue Ă traverser Karasahr, Jiaohe, Tourfan, Gaochang et Kumul, avant de s'achever Ă Anxi. La route du sud du bassin du Tarim part Ă©galement de Kachgar et traverse Yarkant, Karghalik, Pishan, Hotan, Keriya, Niya, Qarqan, Qarkilik, Miran et Dunhuang, avant d'arriver Ă©galement Ă Anxi[20].
Dirigeants
- Cheng (æ) 70
- Dou Ti (ć éĄ) 72
- Zhong (ćż ) 74
- Cheng Da (æ性) 84
- An Guo (ćźć) 116
- Yi Fu (éșè č) 125
- Chen Pan (èŁçŁ) 127
- He De (ććŸ) 168
- A Mijue (éżćœć„) 605
- Pei Chuo (èŁŽç¶œ) 618
- Pei Amozhi (èŁŽéżæ©æŻ) 627
- Pei Yijian (èŁŽć€·ć„) 698
- Pei Anding (èŁŽćźćź) 728
- Pei Guoliang (èŁŽćèŻ) 753
- Pei Lengleng (èŁŽć·ć·) 784â789? / gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e Tang â Lu Yang (éŻéœ) 789
Voir Ă©galement
Notes et références
- Millward 2007:23
- Xavier Tremblay, « The Spread of Buddhism in Serindia: Buddhism Among Iranians, Tocharians and Turks before the 13th Century », in The Spread of Buddhism, eds Ann Heirman and Stephan Peter Bumbacker, Leiden: Koninklijke Brill, 2007, p. 77.
- (en) Jeong Su-il, The Silk Road Encyclopedia, SĂ©oul, Seoul Selection, , 1086 p. (ISBN 978-1-62412-076-3 et 1-62412-076-8, lire en ligne)
- Wechsler, Howard J.; Twitchett, Dennis C. (1979). Denis C. Twitchett; John K. Fairbank, eds. The Cambridge History of China, Volume 3: Sui and T'ang China, 589â906, Part I. Cambridge University Press. p. 225â227. (ISBN 978-0-521-21446-9).
- Whitfield 2004, p. 47.
- Twitchett 2000, p. 116â118.
- Wechsler 1979, p. 226â228.
- (en) James A. Millward, Eurasian Crossroads : A History of Xinjiang (illustrated ed.), Columbia University Press, , 440 p. (ISBN 978-0-231-13924-3 et 0-231-13924-1, lire en ligne), p. 30.
- Xue, p. 596-598.
- Wechsler 1979, p. 226.
- Beckwith, 36, 146.
- (en) Michael Dillon, Xinjiang and the Expansion of Chinese Communist Power : Kashgar in the Early Twentieth Century, Routledge, , 252 p. (ISBN 978-1-317-64721-8, lire en ligne), p. 7â
- (en) Marshall Broomhall, Islam in China : A Neglected Problem, Morgan & Scott, Limited, (lire en ligne), p. 17â
- (en) Scott Cameron Levi et Ron Sela, Islamic Central Asia : An Anthology of Historical Sources, Indiana University Press, , 318 p. (ISBN 978-0-253-35385-6 et 0-253-35385-8, lire en ligne), p. 72â
- (en) Ahmad Hasan Dani, B. A. Litvinsky et Unesco, History of Civilizations of Central Asia : The crossroads of civilizations, A.D. 250 to 750, UNESCO, , 569 p. (ISBN 978-92-3-103211-0, lire en ligne), p. 283â
- (en) Ahmad Hasan Dani, History of Civilizations of Central Asia : The crossroads of civilizations: A.D. 250 to 750, Motilal Banarsidass Publ., , 569 p. (ISBN 978-81-208-1540-7, lire en ligne), p. 283â
- (en) Akiner, Cultural Change & Continuity In, Routledge, , 388 p. (ISBN 978-1-136-15034-0, lire en ligne), p. 71â
- Bonavia, Judy (2004). The Silk Road From Xiâan to Kashgar. Revised by Christoph Baumer. 2004. Odyssey Publications.
- (en) « ''Silk Road, North China'', C.Michael Hogan, the Megalithic Portal, ed. A. Burnham »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), Megalithic.co.uk (consulté le )
- (en) « Silk Road Trade Routes », University of Washington (consulté le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Shule Kingdom » (voir la liste des auteurs).