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Roland Bru

Roland Bru ( - ) est un homme d’affaires et politicien français qui joua un rôle important, durant les premiers temps de l’indépendance, dans les affaires internes du Gabon.

Roland Bru
Fonctions
SĂ©nateur du Gabon du au
Gouvernement IVe RĂ©publique et Ve RĂ©publique
Biographie
Date de naissance
Date de décès

Roland Bru naît le [1] à Périgueux[2]. Après avoir été résistant et préfet des Basses-Pyrénées, il part faire fortune au Gabon où, dès 1950, il dirige la Société de sciage et grumes du Gabon[2]. Il possède sa propre compagnie forestières dans l’Indiéné et gagne la réputation d’être le forestier le plus important de la colonie[2].

À cette époque, le destin du Gabon se joue entre le député Jean-Hilaire Aubame et Léon Mba qui, faute d’être soutenu par les missionnaires et l’administration, cherche à s’allier les colons privés[3]. Fin 1956, Mba rallie Bru contre l’assurance de le faire élire sénateur du Gabon grâce au soutien de son parti, le Bloc démocratique gabonais (BDG)[2]. Bru s’implique sans réserve auprès de Mba, fondant début 1957 une section UDSR à Libreville composée de quelques forestiers européens, dont le véritable but est d’établir un lien direct entre le BDG et Paris[2]. Par ailleurs avec ses amis, notamment l’aviateur et honorable correspondant du SDECE[4] Jean-Claude Brouillet, il fournit au BDG d’importants moyens matériels qui permettent à Mba de remporter les élections territoriales de 1957[2]. Lui-même élu conseiller territorial BDG de l'Estuaire, il devient le vice-président de l'Assemblée territoriale[1]. Le , Roland Bru est élu sénateur du Gabon sous l’étiquette du Rassemblement démocratique africain affilié à l'UDSR[1].

Ces Ă©vĂ©nements marquent, pour le Gabon, le dĂ©but d’un système de corruption gĂ©nĂ©ralisĂ©e ; Bru paie chaque mois Ă  Mba un million de francs CFA, soit près de 4 000 dollars[5]. L’administration coloniale en place s'en inquiète, comme en tĂ©moigne la lettre Ă©crite par une conseillère municipale de Libreville, le , au gĂ©nĂ©ral de Gaulle : « Bru ici, Bru lĂ  et Bru partout, il ne faudrait pas se rĂ©veiller un matin et voir le Gabon sous la coupe de M. Bru. Je pense qu’il faudrait aider LĂ©on Mba Ă  se dĂ©gager de Bru. Ceci sera difficile mais pas impossible. Il faudra avoir de l’adresse[4]. »

En fait, Roland Bru fait partie du dispositif Foccart[4]. Il est l'un des principaux entremetteurs de Paris avec Libreville. Il reçoit d'ailleurs à cette époque la Légion d’honneur[4]. Cela ne l’empêche pas d’agir pour ses propres intérêts dans les affaires internes du nouvel État. Ainsi, lorsque la première zone forestière touche à sa fin, Bru se voit attribuer très avantageusement des concessions dans la seconde zone[5]. Mais le coup d’État du 18 février 1964 au cours duquel l’armée française est intervenue, marque un coup d'arrêt pour Roland Bru et ses amis. Désormais, les intérêts à long terme de la France priment sur les intérêts particuliers[6]. En somme, de pays des forestiers, le Gabon devient le pays d’Elf[6].

Parti en France après le putsch manqué, il n’est pas autorisé à retourner au Gabon par Paris[6]. Il se consacre alors à la production de cognac. Il meurt le [1].

Références et notes

  1. Anciens sénateurs de la IVe République : Roland Bru
  2. Florence Bernault, Démocraties ambiguës en Afrique centrale : Congo-Brazzaville, Gabon, 1940-1965, Paris, Karthala, coll. « Les Afriques », , 440 p. (ISBN 978-2-86537-636-0 et 2865376362, OCLC 247614518, lire en ligne), p. 266
  3. Florence Bernault, op. cit., p. 224
  4. Pierre-Michel Durand, L’Afrique et les relations franco-américaines des années soixante, Paris, Éditions L’Harmattan, 2007, p. 234
  5. Pierre-Michel Durand, op. cit., p. 233
  6. Pierre-Michel Durand, op. cit., p. 245
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