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Robert Hugues-Lambert

Robert Hugues-Lambert (souvent écrit, à tort, Robert-Hugues Lambert) - né Hugues Robert Lambert - est un acteur français, né le [1] dans le 4e arrondissement de Paris, et mort le au camp de concentration de Gross-Rosen (Rogoźnica)[2] en Pologne.

Robert Hugues-Lambert
Description de l'image Robert-Hugues_Lambert.jpeg.
Nom de naissance Hugues Robert Lambert
Naissance
Paris 4e
Nationalité Drapeau de la France Française
Décès
camp de concentration de Gross-Rosen
Profession Acteur

Biographie

Il est fils de Jean Lambert, vendeur au BHV et de Louise, caissière dans le même magasin[3]. Sa mère meurt en 1934, laissant le jeune homme désespéré. Il se brouille avec son père et n'assiste pas au remariage de ce dernier. Une fois son brevet des collèges en poche, il est d'abord employé de banque et se produit également dans une troupe de théâtre amateur. À 18 ans, il est émancipé par ses parents et suit des cours d'art dramatique avant de partir effectuer son service militaire dans les chasseurs alpins[3]. À son retour, garçon romantique à l'âme d'artiste, il erre dans Paris, en déclamant des vers de Musset dans le parc Monceau. Il décroche un engagement au théâtre de l'Odéon mais, le soir de la première, il oublie de se présenter pour tenir son rôle. Il en est renvoyé[3].

Homosexuel assumĂ©, il frĂ©quente les lieux interlopes de la capitale. On le retrouve acteur, en 1942, aux cĂ´tĂ©s de Jacques Dynam dans une pièce de Jean Giono, Le bout de la Route. C'est lors d'une de ces reprĂ©sentations qu'il est remarquĂ© pour un projet de film retraçant la vie de l'aviateur Jean Mermoz. La mère de l'aviateur, Ă  qui Robert Hugues-Lambert se prĂ©sente, est bouleversĂ©e par la ressemblance du comĂ©dien avec son fils[3]. Il est ainsi retenu dans la distribution. RĂ©alisĂ© par Louis Cuny, le tournage de Mermoz dĂ©bute en 1942, et le film est presque terminĂ© lorsque le , Robert Hugues-Lambert se rend chez Harcourt pour une sĂ©ance de photos. Une fois les prises de vues terminĂ©es, il s'arrĂŞte dans un cafĂ©-restaurant frĂ©quentĂ©, entre autres, par des homosexuels. La police allemande fait soudain irruption pour un contrĂ´le d'identitĂ©. Robert Hugues-Lambert, dĂ©noncĂ© pour ĂŞtre l'amant d'un officier de la Wehrmacht, est arrĂŞtĂ© et inculpĂ© pour « oisivetĂ© Â» (et non homosexualitĂ©) puis dirigĂ©, dès le lendemain, au camp de Royallieu près de Compiègne[4].

Pour terminer les dernières scènes du film Mermoz, une doublure physique va devoir le remplacer (de dos) en la personne d'Henri Vidal. Mais Vidal n'a pas le même timbre de voix que Hugues-Lambert. Pour les raccords de voix, Louis Cuny dépêche une équipe jusqu'à son lieu de détention, et avec la complicité d'un gardien du camp, réussit à enregistrer la voix de Robert Hugues-Lambert à l'aide d'une perche passée par-dessus l'enceinte du camp[3].

Le Robert Hugues-Lambert, qui espĂ©rait ĂŞtre libĂ©rĂ©, est pourtant dĂ©portĂ© au camp de concentration de Buchenwald[5] sous le matricule 21 623 (arrivĂ©e le 18) et affectĂ© au bloc 31[3].

Le , le film est achevé, et fait l'objet d'une projection privée à Vichy. Y assistent, entre autres, Pétain lui-même, la mère de Mermoz, ainsi que le sculpteur François Cogné. Trois jours plus tard, une seconde projection a lieu à Paris, à l'Opéra Garnier, dans le cadre d'une soirée de gala, au bénéfice de la Croix Rouge. Un ministre de Vichy est présent, Max Bonnafous, ministre de l'agriculture et du ravitaillement, et le Tout-Paris de l'Occupation s'y précipite, sans que l'absence de l'acteur principal y soit évoquée[3].

La sortie très attendue du film en salles alieu le .

Le , Robert Hugues-Lambert est transféré au camp de concentration de Flossenbürg, où il travaille à la briqueterie. On le retrouve au camp de concentration de Gross-Rosen. Très affaibli et souffrant d'œdèmes aux jambes, il y meurt d'épuisement le , dans l'oubli le plus total.

À Buchenwald, il est très lié avec François Francen (1922-1943) - « fils naturel de la comédienne Mary Marquet et de Firmin Gémier[3] » - mort dans ce camp[6].

Postérité

Son parcours étonnant est évoqué dans un ouvrage de René Chateau, Le Cinéma français sous l'Occupation, 1940-1944, publié en 1995[7]. En 1999, Marcel Bluwal est le premier à consacrer un long-métrage à Robert Hugues-Lambert et à l'histoire de ce tournage sur Mermoz, intitulé Le Plus Beau Pays du monde[8] (mais par manque probable d'archives connues à l'époque, le 1er internement de Robert Hugues-Lambert se passe, dans ce long métrage et dans l'ouvrage de René Chateau, au camp de Drancy, au lieu de celui de Compiègne)[3].

Certains points de l'arrestation et la déportation de Robert Hugues-Lambert demeurent encore un mystère. En effet, il ne porta jamais le triangle rose (réservé aux homosexuels), mais bien le triangle rouge (réservé aux prisonniers politiques). Or, Robert Hugues-Lambert n'a jamais fait de politique.Le film est ressorti en 1945. Pour Le canard enchainé ; Si parfois les anges ont des ailes, le metteur en scéne du film a des oreilles d'ane...Pauvre Mermoz il est mort deux fois.

Notes et références

  1. Archives de l'État civil de Paris : acte no 420, du 3 avril 1908 (il est né le 1er)
  2. Archives du Service Historique de la Défense : acte de décès du 7 mars 1945
  3. Marc Epstein, « Tout le monde l'appelait Mermoz », L'Express,‎ (lire en ligne)
  4. Archives du Service Historique de la DĂ©fense (Bureau des Archives des Victimes des conflits contemporains de Caen)
  5. Livre-Mémorial réalisé par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Editions Tirésias, 2004.
  6. Arrêté du 7 août 2009 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès, Legifrance, 28 août 2009.
  7. Hélène Hazera, « Un cinéma d'Occupation », Libération,‎ (lire en ligne)
  8. Jacques Siclier, « Le plus beau pays du monde », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacques Siclier, La France de PĂ©tain et son cinĂ©ma, Veyrier, 1981.
  • RenĂ© Chateau, Le CinĂ©ma français sous l'Occupation, 1940-1944, RenĂ© Chateau, 1995.
  • Paul Le CaĂ«r, Mauthausen, crimes impunis, OREP, 2007.
  • Patrick Buisson : 1940-1945 AnnĂ©es Ă©rotiques - II De la Grande prostituĂ©e Ă  la revanche des mâles, 2012

Liens externes

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