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Robert Dautray

Ignace Robert Dautray, né Kouchelevitz le dans le 10e arrondissement de Paris[1], est un ingénieur français, ancien directeur scientifique du commissariat à l'énergie atomique (CEA), ancien haut-commissaire à l'énergie atomique. Il est membre de l'Académie des sciences, section sciences mécaniques et informatiques[2], et de l'Académie des technologies[3].

Biographie

Né en France, de père biélorusse venu en France en 1905 et de mère ukrainienne venue en France en 1902, il échappe à la Shoah pendant la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre, il prépare en candidat libre le concours d'entrée à l'École nationale des arts et métiers. Il est reçu major de promotion, dans la promotion entrée à Paris en 1945 (promotion Pa45). Sur le conseil de ses professeurs, il passe le concours de l'École polytechnique en 1949 d'où il sort major, puis entre au CEA/Saclay au service de physique mathématique dirigé par Jacques Yvon, Jules Horowitz, Albert Messiah, Anatole Abragam, Claude Bloch, Michel Trocheris, etc.

Directeur scientifique du CEA, il contribue au développement des applications de l'atome après des travaux scientifiques sur la régulation isotopique et la réalisation de réacteurs expérimentaux (réacteur à haut flux de Grenoble). Il travaille sur le procédé de séparation des isotopes de l'uranium. Il est directeur du programme grand laser Phébus. Robert Dautray est haut-commissaire à l'énergie atomique de 1993 à 1998.

Robert Dautray a raconté ses mémoires, en particulier sa jeunesse difficile, dans son livre de Mémoires, publié en 2007[4].

Président du comité des programmes scientifiques du Centre National Spatial (CNES).

Il s'est également intéressé aux problèmes du changement climatique (transfert radiatif : effet de serre)[5].

Travaux scientifiques

La quasi-totalité de l’activité professionnelle de Robert Dautray a été consacrée aux sciences physiques contribuant à l'énergie nucléaire, tant à la physique des réacteurs (contrôle commande des réacteurs, physique des surgénérateurs, réacteurs de recherche Pégase, réacteur à haut flux de l’Institut Laue-Langevin, etc.) qu’à l’amont du cycle du combustible (contrôle commande de l’usine de séparation des isotopes de l’uranium) qu’à l’aval de ce cycle (formation et physique des isotopes du plutonium et autres actinides, aux descendants des produits de fission, des noyaux de structures activés, etc.).

De plus, Robert Dautray a participé à l’établissement des sciences physiques de base pour les sciences des hautes densités et hautes puissances de matières et de rayonnement électromagnétique (équations d’état, opacité, transfert radiatif, discontinuités des écoulements à grandes vitesses, instabilités d’interfaces, implosions par laser, réactions thermonucléaires, neutronique non linéaire des milieux à grande vitesse des noyaux rendant non linéaire les équations de transport des neutrons et physique des plasmas, etc.

Robert Dautray a contribué à développer les méthodes mathématiques nécessaires à la modélisation de ces phénomènes. Robert Dautray a coprésidé, avec la direction des études et recherches de EDF, les écoles d'été d'analyse numérique CEA/EDF.

Polémique sur la paternité de la bombe H française

Une polémique a existé sur l'attribution à R. Dautray de la paternité de la bombe H française. Des experts la contestent, mettant en avant les travaux de Michel Carayol[6]. Cette version des faits (R.D. père de la bombe H) suggérée par R. Dautray lui-même, a été amplifiée et entretenue par Alain Peyrefitte[7]. Grâce à cette légitimité, il a exercé les fonctions de Directeur Scientifique de la Direction des Applications Militaires de 1967 à 1993, puis de Haut-Commissaire du CEA de 1993 à 1998. Cependant, en 1994, Pierre Billaud, un des acteurs majeurs des formules A et H décide de décrire en détail les différents jalons qui ont conduit au succès de 1968. D’abord dans un ouvrage personnel[8] puis dans un ouvrage collectif[9] où pas moins de 12 anciens responsables du CEA/DAM soutiennent la thèse que Pierre Billaud, Michel Carayol et Luc Dagens sont les principaux contributeurs et le titre de « père de la bombe H française » revient à Michel Carayol. Un document officiel, écrit en novembre 1993, par Bernard Lemaire alors Directeur Scientifique de la DAM confirme ces témoignages[10]. Il n’y a pas de trace de contributions scientifiques de R. Dautray à la découverte de la formule de la bombe H. Voir également l’ouvrage de l’historien André Bendjebbar[11].

Ĺ’uvres

Articles scientifiques (sél.)

  • Statique et dynamique des centrales et moteurs nuclĂ©aires ; service de physique mathĂ©matique, publiĂ© par le cours que RD enseignait au CEA/Saclay/ INSTN. 1957.
  • Le rĂ©acteur d’essai de matĂ©riaux combustibles PĂ©gase, en collaboration avec Pierre Arditti et R. Raievski, CEA Cadarache, confĂ©rence des Nations unies de Genève, 1960.
  • Projet d’un rĂ©acteur Ă  haut flux de neutrons dans le cadre de travaux avec Paul Ageron et al., CEA :1964.
  • Project studies for the German French High flux reactor ILL, in collaboration avec H. Beckurts. Proceedings Los Alamos et Santa FĂ©, New Mexico conference, page 281- 310, USA.1966.
  • Conference on plasma physics and controlled nuclear fusion, CEA, Limeil, 1984.
  • Monte Carlo methods and applications in neutronics, photonics and statistical physics in collaboration with Alcouffe et al. Springer-verlag, Lectures notes in physics, volume 240, 1985.
  • L’effet de serre et ses consĂ©quences climatiques : PrĂ©sidence du groupe de travail de l’acadĂ©mie des sciences ayant rĂ©digĂ© le rapport (numĂ©ro 25), 1990.
  • Les travaux d’interaction laser/matière au CEA/Limeil, en collaboration avec Berthier et al. IAEA CN/50 Kyoto, 1990.
  • L’énergie nuclĂ©aire civile dans le cadre des changements climatiques. Rapport de RD Ă  l’acadĂ©mie des sciences TEC/DOC Lavoisier. ; 330 pages,2001.
  • Les isotopes du plutonium et leurs descendants par absorption de neutrons et/ou dĂ©sintĂ©gration. Rapport de RD Ă  l’acadĂ©mie des sciences, 238 pages, TEC/DOC Lavoisier, 2005.
  • SĂ©curitĂ© et utilisation hostile de l’énergie nuclĂ©aire : de la physique Ă  la biologie. Rapport de RD Ă  l’acadĂ©mie des sciences, 176 pages, TEC/DOC Lavoisier, 2007.
  • Energy: towards nuclear breeders installations before the end of the century? En collaboration avec Jacques Friedel. Comptes rendus de l’acadĂ©mie des sciences, MĂ©canique volume 335, pages 51-74, Elsevier, 2007.
  • SurgĂ©nĂ©rateurs ; l’état des matĂ©riaux aux hautes irradiations, hautes puissances locales et tempĂ©ratures, leurs gradients et propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques, adaptĂ©es aux contraintes qui en rĂ©sultent, en collaboration avec Jacques Friedel, CR de l’acadĂ©mie des sciences, MĂ©canique, volume 338, pages 649-655, Elsevier, 2010.
  • The long term future for civilian nuclear power generation in France. The case for breeder reactors; novelties and issues; CR de l’acadĂ©mie des sciences, MĂ©canique; volume 338, pages 369-387, Elsevier, 2011.
  • RĂ©flexions sur l’avenir de l’énergie nuclĂ©aire, de la France d’aujourd’hui au monde de demain, de la IIde Ă  la IIIe gĂ©nĂ©ration, avec Jacques Friedel et Yves BrĂ©chet, CR de l’acadĂ©mie des sciences, Physique, 2012, Elsevier.
  • Science of nuclear safety post Fukushima; en collaboration avec Édouard BrĂ©zin et al.CR Physique, volume13, pages 337-382, Elsevier, 2012.
  • ContrĂ´ler et limiter la dispersion des produits radioactifs des centrales Ă©lectronuclĂ©aires en cas d’accident. RD avec Jacques Friedel et Yves BrĂ©chet, CR Physique, volume 15,pages 481-508, Elsevier, 2014.

Participation Ă  des ouvrages scientifiques

  • « Analyse mathĂ©matique et calcul numĂ©rique pour les sciences et les techniques », en collaboration avec JL Lions et ses collègues, CEA/ Masson » ouvrage de 4000 pages, Ă©ditĂ© d’abord en trois volumes dans la collection CEA par Masson, puis rĂ©Ă©ditĂ© en huit volumes, collection CEA INSTN Ă©ditĂ© par Eyrolles, et rĂ©Ă©ditĂ© en 6 volumes en langue anglaise par Springer; puis en paper back par ce dernier.
  • « MĂ©thodes probabilistes pour les Ă©quations de la physique » avec P. L. Lions, R. Sentis, M. Cessenat, G.Ledanois et E. Pardoux, 1989.
  • « La fusion thermonuclĂ©aire inertielle par laser », avec JP Watteau et al, en cinq volumes collection CEA Eyrolles, 1993.

Autres ouvrages

  • R. Dautray, MĂ©moires. Du Vel d'Hiv Ă  la bombe H, Odile Jacob, 2007.

Distinctions

Notes et références

  1. Who's Who in France 2008, Levallois-Perret, Jacques Lafitte, , 39e Ă©d., 2447 p. (ISBN 978-2-85784-048-0), p. 670.
  2. « Académie des sciences ».
  3. « Académie des technologies ».
  4. Robert Dautray, MĂ©moires, du Vel d'Hiv Ă  la bombe H, Paris, Odile Jacob, .
  5. Robert Dautray et Jacques Lesourne, L'humanité face au changement climatique, Paris, Odile Jacob, .
  6. Voir par exemple Pierre Billaud, La véridique histoire de la bombe H française, La Pensée universelle, 1994 et le site http://www.bombehlaverite.com.
  7. Alain Peyrefitte, Le mal français, Plon, (ISBN 2-259-00204-8 et 978-2-259-00204-2, OCLC 2679905, lire en ligne).
  8. Billaud, Pierre., La véridique histoire de la bombe H française, Pensée universelle, (ISBN 2-214-09858-5 et 978-2-214-09858-5, OCLC 35667537, lire en ligne).
  9. Billaud, Pierre, 1919-2012 Herausgeber., La grande aventure du nucléaire militaire français : des acteurs témoignent (ISBN 978-2-343-09502-8 et 2-343-09502-7, OCLC 992525682, lire en ligne).
  10. (en) Bernard Lemaire, « La naissance du thermonucléaire » [PDF].
  11. André. Bendjebbar, Histoire secrète de la bombe atomique française, Cherche Midi, (ISBN 2-86274-794-7 et 978-2-86274-794-1, OCLC 45842105, lire en ligne).
  12. JORF n°84 du 8 avril 2007 page 6582, NOR: PREX0710140D.

Liens externes

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