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Retable de Baume-les-Messieurs

Le retable de Baume-les-Messieurs est un triptyque anversois du XVIe siècle conservé sur le maître-autel de l'église abbatiale de Baume-Les-Messieurs dans le Jura. Il appartient à la série des retables maniéristes des productions anversoises des années 1530-1540, il s'en démarque toutefois par ses dimensions qui en font l'un des plus importants, mais aussi de son état de conservation exceptionnel, seules quelques lacunes sont à déplorer alors que les figurines sculptés de ces retables ont souvent fait l'objet de vol et d'autres déprédations.

Retable de Baume-les-Messieurs
Le retable dans le chœur de l'église abbatiale de Baume
Artiste
Atelier anversois
Date
années 1530-1540
Commanditaire
Technique
Huile sur bois et sculpture
Dimensions (H Ă— L Ă— l)
4 Ă— 2,9 (5,8 ouvert) Ă— 0,47 m
Mouvement
Localisation
Protection
Classé au titre d'objet (1902)
Coordonnées
46° 42′ 26″ N, 5° 38′ 54″ E
Carte

Historique

La plus ancienne mention du retable date d'une visite de l'abbaye en 1702, où l'œuvre est décrite comme un don de l'université de Gand à Guillaume de Poupet, abbé de Baume de 1524 à 1583[1], par la suite la tradition date ce triptyque de l'année 1525, mention reprise dans les divers contributions sur l'abbaye[2], toutefois ces traditions orales doivent certainement être à relativiser : la ville de Gand ne possédait pas d'université, et l'étude stylistique de l'œuvre tend à l'attribuer aux productions du maniérisme anversois des années 1530-1540, tels que les retables d'Opitter, d'Oplinter d'Enghien ou du Pagny[3].
Si les conditions de la commande du retable ne nous sont pas connues, le retable devait être, dès l'origine, placé sur le maître-autel de l'église abbatiale de Baume, réalisé au début du XVe siècle pour l'abbé Amé de Chalon (1389-1431). La disposition actuelle correspond aux aménagements du chœur au XVIIe siècle par Jean de Watteville (abbé de 1659 à 1702), le maître-autel est alors placé au fond de l'abside (il devait être situé initialement dans la première travée droite du chœur)[4]. L'abbé le complète par la réalisation de deux chasses reliquaires portant ses armes et d'un tabernacle portant les armes de l'abbaye.

Description

Iconographie

L'iconographie du retable orienté autour de la vie du Christ, présentant sa vie publique et ses miracles [A] lorsque le retable est fermé, son enfance [B] et la sa Passion [C] lorsque ce dernier est ouvert :

  • VOLETS FERMES:
  • VOLETS OUVERTS :
BasNaissance et enfance du ChristHautPassion et RĂ©surrection
B1 :Prophètes annonçant le MessieC1 :Jardin des oliviers
B2 :AnnonciationC2 :Arrestation du Christ
B3 :VisitationC3 :Ecce HomoaIsaac portant les fagots pour son sacrifice
B4 :Adoration des bergersC4 :Portement de CroixbSacrifice d'Isaac
B5 :Adoration des magesC5 :CrucifixioncJonas avalé par la baleine
B6 :Présentation au templeC6 :Descente de la croixdJonas recraché par la baleine
B7 :JĂ©sus parmi les docteursC7 :RĂ©surrection
C8 :La PentecĂ´te
C9 :Ascension

Si le retable reprend essentiellement une iconographie néotestamentaire, quelques références à l'Ancien Testament sont présentées de manière typologique, soit comme démonstration de la préfiguration du Nouveau Testament dans l'Ancien. Ainsi, sur la prédelle Melchisédech offrant du pain et du vin à Abraham et la Manne, pain envoyé par Dieu aux Hébreux lors de l’Exode annonce l'épisode central : le pain et le vin devenant corps et sang du Christ lors de la Cène. Les Prophètes de l'Ancien Testament [B1] ont prédit la venue du Messie, l'arbre de Jessé qui encadre la scène de la crucifixion [C5] témoigne de l'ascendance du Christ de par Joseph, avec comme ancêtre le roi David. Enfin la lecture de la Passion du Christ est intercalé par de petites scènes vétérotestamentaires annonçant la scène suivante, ainsi Isaac portant le fagot de pour son sacrifice [a] annonce la scène [C4] : le Christ portant sa croix. Abraham prêt à sacrifier son fils Isaac [b] annonce Dieu sacrifiant son fils sur la croix pour le rachat du péché originel [C5], Jonas avalé par la baleine [c] préfigure la mort du Christ [C6], et Jonas recraché par la baleine après 3 jours [d], révèle la résurrection du Christ le troisième jour.

Lacunes et restaurations

Le retable avant la restauration de 1882
Adorations des bergers avant 1882 avec l'ange disparu dans l'Ă©tat actuel
Figure de Balthazar, volée en 1967, restituée en 2003

Si le retable de Baume est exceptionnellement bien conservé, la présence de nombreuses statuettes ont des retables anversois ont souvent fait l'objet de vol, offrant des œuvres très clairsemées, tel que le Retable de Philippe de Gueldre ou le retable d'Oplinter. Toutefois, le triptyque de Baume présente quelques manques. Une photographie du retable du XIXe siècle témoigne des évolutions de ce dernier, ainsi les peintures de la prédelle sont très endommagées et témoignent de l’importance des restaurations menée en 1882 par Louis Clos, professeur de dessin au collège de Bourgoin-Jallieu[5]. Plusieurs statuettes sont manquantes, l'une devait couronner le retable, deux des prophètes de l'Ancien Testament sont absents. Emplacement actuellement occupé par des copies récentes comme en témoigne l’analyse stylistique et l'étude dendrochronologique exécutée lors d'une campagne de restauration en 1994-1995 ayant pour but de stabiliser la structure, arrêter les infestations biologiques, et enfin le refixage et nettoyage de la polychromie[6].

Par contre, entre la photographie du XIXe siècle et l'état actuel, une statuette a disparu. Dans la scène de la Nativité un ange (décapité sur la photographie) assiste à la naissance de l'Enfant Jésus dans une position de symétrie avec saint Joseph, l’emplacement est désormais vide.
Mais les péripéties les plus spectaculaires sont sans conteste les aventures d'une autre sculpture du retable : la statuette de Balthazar. Le mage fait l'objet d'un vol, en 1967, considéré comme perdu, il sera pourtant retrouvé exposé aux musées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles aux côtés de deux autres retables anversois proches du retable Baumois : le retable d'Oplinter et le retable d'Herbais-sous-Piétrain. La statuette sera finalement restituée en [7] et a depuis retrouvé sa place sur l'œuvre.

Notes et références

  1. Archives départementales du Doubs, 2H6, visite de l'abbaye de Baume (1702), f°3v°
  2. Locatelli (R.) et alii, L'abbaye de Baume-les-Messieurs, Lons-le-Saunier 1978, p. 224 ; Roser (S.) 'L'art à l'abbaye de Baume-les-Messieurs dans la première moitié du XVe siècle , Thèse de doctorat, Université de Franche-Comté, 2003., p. 52. ; Roulière-Lambert (M.-J.) [dir.], Baume-les-Messieurs : mère de Cluny, Lons-le-Saunier, 2009, p. 37.
  3. Gérad (A.), GÉRARD-BENDELÉ (A.) et ULLMANN (C), « Le Retable anversois de l'église de Baume-les-Messieurs », dans Retables brabançons des XVe et XVIe siècles, Paris, 2002, p. 622
  4. S. Roser, op. cit
  5. Notice de la base palissy
  6. Roulière-Lambert (M.-J.), op. cit., 2008, p. 42-43
  7. Roser (S.), op. cit, 2003, p. 174 ; Roulière-Lambert (M.-J.), op. cit, 2008, p. 40

Bibliographie

  • A. GĂ©rard , A. GĂ©rard-BendelĂ© et C. Ullmann, « Le Retable anversois de l'Ă©glise de Baume-les-Messieurs », dans S. GUILLOT de SUDUIRAUT [dir.], Retables brabançons des XVe et XVIe siècles, actes du colloque organisĂ© par le musĂ©e du Louvre les 18 et , Paris, 2002, p. 615-653.
  • R. Locatelli, P. Gresser, R. FiĂ©ttier et alii, L'Abbaye de Baume-les-Messieurs, Lons-le-Saunier, 1978, 279 p.
  • M.-J. Roulière-Lambert [dir.], Baume-les-Messieurs : mère de Cluny, Lons-le-Saunier, 2009, 64 p.

Liens externes

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