Renovate Switzerland
Renovate Switzerland est un groupe d'activistes de défense du climat créé en Suisse en mars 2022. Sa demande est l'isolation rapide des bâtiments afin de réduire sensiblement les besoins de chauffage et donc la production de CO2 favorable au réchauffement climatique.
Fondation |
mars 2022 |
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Type |
Campagne en faveur du climat. |
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Objectif |
Mobilisation générale pour la rénovation thermique des bâtiments comme premier pas majeur pour sortir des énergies fossiles |
Pays |
Site web |
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Ce mouvement, à l'instar d'autres groupes similaires dans d'autres pays, comme le soulèvement de la dernière génération, utilise principalement la résistance civile comme moyen de pression.
Objectif
Le mouvement exige du Conseil fédéral d'isoler le plus rapidement possible un million de bâtiments. Pour cela, quatre milliards de francs suisses doivent être investis pour former 100 000 personnes aux métiers de la construction[1].
Organisation
Le mouvement est dirigé de manière non hiérarchique. Ce genre d'organisation est aussi instauré dans d'autres groupes d’activistes, en particulier Extinction Rebellion, dont sont issus certains membres[2].
Membres
En , le mouvement compte une quarantaine de membres[3], principalement en Suisse romande[4]. Selon un de ses militants, l'organisation compterait une centaine de membres courant novembre 2022[5].
Moyens d'actions
Le groupement, non violent, a recours aux moyens de la désobéissance civile, la plupart du temps sous forme de blocage de route en s’asseyant sur le sol en tenant des bannières afin d'arrêter les voitures, mais aussi par d'autres actions. Le but de ces actions est de forcer le gouvernement et l'opinion à se positionner et à mettre en avant le thème de la crise climatique[6].
Liste des actions
Blocages de routes
- 11 avril 2022, 8 h, autoroute A1a, sortie de la Maladière, Lausanne, Suisse, blocage par 5 activistes[7].
- 14 avril 2022, 7 h 30, pont du Mont-Blanc, Genève, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 3 collés au bitume[8].
- 19 avril 2022, 7 h 40, autoroute A6, sortie du Wankdorf, Berne, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 3 collés au bitume[9].
- 22 avril 2022, 7 h 40, autoroute A1, sortie de Crissier, Lausanne, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 3 collés au bitume[10].
- 9 juillet 2022, Lausanne, Suisse, action stoppée par la gendarmerie, elle visait à arrêter le Tour de France[2].
- 4 octobre 2022, 9 h, autoroute A1a, sortie de la Maladière, Lausanne, Suisse, blocage par 4 activistes, dont 2 collés au bitume[11].
- 7 octobre 2022, 8 h 45, pont Chauderon, Lausanne, Suisse, blocage par 4 activistes, dont 2 collés au bitume[12].
- 8 octobre 2022, 13 h 45, Hardbrücke, Zurich, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 2 collés au bitume[13].
- 10 octobre 2022, 8 h 45, autoroute A1a, hauteur de la Bourdonnette, Lausanne, Suisse, blocage par 5 activistes[14].
- 11 octobre 2022, 7 h 40, autoroute A6, sortie du Wankdorf, Berne, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 3 collés au bitume[15].
- 14 octobre 2022, 8 h, Utoquai, Zurich, Suisse, blocage par 7 activistes, dont 2 collés au bitume[16].
- 19 octobre 2022, 8 h, autoroute A3W, sortie Manessestrasse, Zurich, Suisse, blocage par 3 activistes, dont 2 collés au bitume[17].
- 22 octobre 2022, 14 h, pont du Mont-Blanc, Genève, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 4 collés au bitume[18].
- 26 octobre 2022, 8 h, autoroute A1, sortie de Crissier, Lausanne, Suisse, blocage par 5 activistes, dont 2 collés au bitume[19].
- 29 octobre 2022, 13 h 45, Lorrainebrücke, Berne, Suisse, blocage par 6 activistes, dont 3 collés au bitume[20].
- 7 avril 2023, 10 h, autoroute A2, entrée nord du tunnel du Gothard, Suisse, blocage par sept activistes, dont cinq collés au bitume[21].
- 19 juin 2023, 7 h 30, autoroute A3, sorties Maneggplatz et Europabrücke, Zurich, Suisse, blocage par sept activistes, dont cinq collés au bitume[22].
- 20 juin 2023, 8 h, pont du RhĂ´ne, Sion, Suisse, blocage par trois activistes[23].
Lettres
- 19 mars 2022 : lettre à la cheffe du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), Simonetta Somaruga, et au chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche, Guy Parmelin, demandant l'accélération de la mise en place des moyens de lutte contre le réchauffement climatique[24]. Dans sa lettre de réponse du 25 avril 2022, Simonetta Somaruga relève que « La Confédération prévoit d’investir 4 milliards d’ici à 2030 pour remplacer les chauffages à gaz et assainir les bâtiments. » et que le DETEC a commencé « une offensive de formation dans le secteur du bâtiment » en janvier 2022[24]. Jugeant ces efforts insuffisants, Renovate Switzerland informe que les actions de blocage de routes vont continuer[25].
- 2 novembre 2022 : lettre à la cheffe du DETEC, le jour même de l'annonce de la démission de celle-ci (mais avant l'annonce). Dans un communiqué du département du 5 novembre, il est annoncé qu'un rendez-vous ne sera plus possible avant le départ de celle-ci à la fin de l'année[26].
Actions dans des musées
- 11 septembre 2022, 14 h, Maloja en hiver de Giovanni Giacometti, Musée cantonal des beaux-arts Lausanne, Suisse, 2 activistes se collent la main sur le cadre[27].
- 11 septembre 2022, 14 h, Alpenweide de Giovanni Segantini, Kunsthaus de Zurich, Suisse, 2 activistes se collent la main sur le cadre[28].
- 14 juin 2023, 13 h, La Porte de l'Enfer d'Auguste Rodin, Kunsthaus de Zurich, Suisse, 3 activistes s’inondent d'un liquide noir et se collent au socle de l’œuvre[29].
Autres types d'action
- 3 juillet 2022, Secrétariat d'État à la formation, à la recherche et à l'innovation, Berne, Suisse, des activistes aspergent l'entrée avec de la peinture orange[30].
- , fĂŞte nationale, Fribourg, Suisse, 2 activistes interrompent le discours de la cheffe du DETEC, Simonetta Somaruga[31].
- 24 avril 2023, place du Château à Lausanne, Suisse, un activiste perturbe une cérémonie en l'honneur du major Davel en accrochant une bannière estampillée « Je soutiens Renovate Switzerland » à sa statue[32].
- 24 juin 2023, Monument international de la Réformation, parc des Bastions, Genève, Suisse, des activistes bandent les yeux des quatres réformateurs et hissent une banderole estampillée « Urgence climatique: le gouvernement fédéral se voile la face »[33].
- 1er juillet 2023, 14 h 30,entre la gare et le Kocherpark, Berne, Suisse, 17 activistes marchent très lentement à travers les rues afin de ralentir le traffic[34].
Influences
Selon Peter Blunschi du site d'information Watson, le groupe « a probablement été influencé par la campagne Insulate Britain (en) », comme le suggèrent « [l]e déroulement des actions de protestation et le logo »[4].
Controverses
Similarité entre le logo de Renovate Switzerland et le logo de Rivella
Lorsque Renovate Switzerland a débuté ses actions en avril 2022, leur logo a été jugé similaire à celui d'une marque de soda suisse, Rivella, le mouvement ne s'en cachant pas. Il déclare néanmoins être dans ses droits, ce qui est confirmé par Daniel Kraus, professeur à l'Université de Neuchâtel et spécialiste de la propriété intellectuelle[35]. Rivella s'est plaint en avril 2022 auprès de Renovate Switzerland, puis a invité le mouvement à un dialogue en octobre, requête que le mouvement a acceptée[36].
Renovate Switzerland a décidé de changer de logo pour son action du 7 avril 2023 déclarant « Nous avons décidé de ne plus perdre de temps sur ce sujet. Notre première priorité est l'urgence climatique »[37]. L'entreprise Rivella se déclare soulagée et Monika Christener, directrice de la communication chez Rivella, explique que « Nous essayons, dans la mesure du possible, de trouver des solutions par le dialogue mutuel - sans devoir recourir à la voie juridique. C'est formidable que nous y soyons parvenus »[38].
Droit d'une personne de la fonction publique à participer à des actions de désobéissance civile
La professeure de l’Université de Lausanne, Julia Steinberger, co-auteure principale du sixième rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a participé à l'action du 11 octobre 2022 en étant une des activistes bloquant la chaussée à Berne[39]. Cette participation a été critiquée par certains politiciens suisses arguant que la société finance ainsi des actions illégales[40]. L'employeur de la militante a soutenu son engagement, affirmant qu'il contribue au débat de la société et le droit à la liberté académique a été confirmé à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l'homme[41].
Légitimité d'actions de désobéissance civile dans un pays à démocratie directe
Les actions de Renovate Switzerland ont été dénoncées par des personnalités politiques qui estiment qu'il n’est pas nécessaire de recourir à la désobéissance civile en Suisse, puisque la démocratie directe permet à tout citoyen de contester des lois ou de demander la modification de la Constitution[42]. Renovate Switzerland se défend en justifiant cette démarche par la lenteur du processus démocratique et l'urgence de la crise climatique[43].
Notes et références
- Cathy Macherel, « Dans la tête des activistes qui se collent aubitume » , 24 Heures, (consulté le )
- (de) Andrea Kučera, Mirko Plüss, « Sabotage, damit die Welt nicht untergeht » , NZZ am Sonntag, (consulté le )
- Emmanuel Borloz et Caroline Zuercher, « Activistes climatiques – Qui sont les militants qui collent leurs mains au bitume? » , sur 24 heures, (consulté le )
- Peter Blunschi, « Pourquoi Renovate Switzerland fait fausse route », sur Watson.ch, (consulté le )
- Julie Collet, « Face au réchauffement climatique, pourquoi choisir l’engagement citoyen ? », sur Université de Neuchâtel (consulté le )
- (de) Tina Huber, « Sie nerven, sie beeindrucken – und sie sind auch erschöpft » , Tages-Anzeiger, (consulté le )
- ATS, « Les 5 infos à retenir dans l’actu suisse de ce lundi 11 avril », La Côte, (consulté le )
- Sylvia Revello, « Une militante de Renovate Switzerland:«Quand je pense à l’avenir, je vois un gros trou noir» » , Le Temps, (consulté le )
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- Michel Pralong, « Les activistes ont été dégagés du pont Chauderon » , Le Matin, (consulté le )
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- (de) Monira Djurdjevic, Hüseyin Aydemir, Tim Haag, Simon Ulrich, « Jetzt spricht die Uni-Professorin, die sich am Asphalt festklebte », 20 minutes, (consulté le )
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