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René Gimpel

René Albert Gimpel (Paris, - Camp de concentration de Neuengamme, Allemagne, ) est un collectionneur, galeriste et marchand d'art français.

René Gimpel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  63 ans)
Neuengamme
Nationalité
Activités
Période d'activité
Enfants
Autres informations
Membre de
Société d'iconographie parisienne (d) ()
Lieu de détention

Biographie

Un marchand d'art parisien

René Gimpel est issu d'une famille alsacienne juive athée. Son père Ernest Gimpel (1858-1907), fils d'un directeur d'école de Mulhouse, a épousé Adèle Vuitton (nièce du malletier Louis Vuitton). Malletier lui aussi, son père a fait de mauvaises affaires pendant la guerre de 1870[1] ; il finit par s'associer à Nathan Wildenstein avec lequel il fonde une société de négoce en art ancien à Paris. Les deux hommes ouvrent une filiale à New York en 1903. Son fils René reprend l'affaire aux côtés de Wildenstein en , puis, en , décide de s'associer à Joseph Duveen, dit « Joe » (1869-1939), titré baron Duveen of Millbank, qualifié de « plus célèbre et plus spectaculaire marchand de tableaux du siècle ».

René a pour ami, entre autres, Marcel Proust. Son épouse, Florence, est la sœur cadette de Joseph Duveen.

La guerre

Dès la défaite en 1940, René Gimpel et ses fils entrent dans la Résistance. Admirateur de Paul Éluard en qui il voit, dans une lettre à son amie Rose Adler du , « le sauveur du pays », il monte avec Gabrielle Picabia le réseau Gloria.

Gimpel devient suspect aux yeux du régime de Vichy, qui l'interne puis le relâche fin 1942 faute de preuves.

Dénoncé par un confrère, Jean-François Lefranc[2], emprisonné par les Allemands à la prison Montluc, un convoi le déporte le du camp de Royallieu au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg, où il meurt d'épuisement et de mauvais traitements le [3].

Collection

Trois toiles peintes par André Derain entre et , qui figuraient dans sa collection et avaient été volées par les nazis, doivent être restituées à ses héritiers, selon un arrêt de la cour d'appel de Paris en date du 0 : Paysage à Cassis, La Chapelle-sous-Crécy et Pinède, Cassis, conservées jusqu'en au musée d'art moderne de Troyes et au musée Cantini de Marseille[4] - [5] - [6].

Le , le tableau Pinède, Cassis, prĂ©sent dans les collections du musĂ©e Cantini depuis 1987, a Ă©tĂ© rendu symboliquement Ă  ses hĂ©ritiers par BenoĂ®t Payan, maire de Marseille, qui a Ă©mis lors de cette cĂ©rĂ©monie le souhait de donner Ă  l’une des salles du musĂ©e Cantini le nom de RenĂ© Gimpel. Dans une lettre les descendants de RenĂ© Gimpel, qui n’ont pas pu faire le dĂ©placement, rappellent notamment que c’est Ă  Marseille que RenĂ© Gimpel a participĂ© Ă  la crĂ©ation de l’un des premiers rĂ©seaux de RĂ©sistance dès [7].

Les intérêts de la famille Gimpel sont défendus par Corinne Hershkovitch, avocate spécialisée depuis 1995 dans la restitution des œuvres d'art pillées chez des collectionneurs juifs pendant la Seconde Guerre mondiale[8].

Descendance

Enfants

René Gimpel et son épouse, Florence Duveen (sœur de Joseph Duveen), eurent trois garçons : Ernest, Pierre et Jean.

  • Ernest (dit « Charles Â») Gimpel ( - ) — alias « Charles Beauchamp » pendant la clandestinitĂ©, compagnon de la LibĂ©ration[9] — fonde avec son frère Pierre/Peter ( - ) la galerie londonienne Gimpel fils[10] en 1946. L'ajout du mot « fils » est un hommage Ă  leur père RenĂ©.
  • Jean Gimpel ( - ), historien mĂ©diĂ©viste et essayiste, auteur de nombreux ouvrages, avait un salon Ă  Londres oĂą se pressait tout ce que Londres comptait de savants et d'intellectuels. Il publia, en 1963, chez Calmann-LĂ©vy, les prĂ©cieux Carnets (1918-1939) de son père sous le titre Journal d'un collectionneur, marchand de tableaux, mine de renseignements sur le marchĂ© de l'art au dĂ©but du XXe siècle et sur la vie intellectuelle et culturelle de l'Ă©poque.

Petit-fils

En 2007, René Patrick Gimpel « junior », fils d'Ernest (Charles) Gimpel, petit-fils de René Albert Gimpel, directeur de la galerie Gimpel fils de Londres, s'associe avec Berthold Müller pour créer la galerie Gimpel & Müller à Paris, 12 rue Guénégaud, spécialisée dans les abstractions géométriques, lyriques et l'art cinétique.

Publication

Notes et références

  1. René Gimpel, Journal d'un collectionneur…, p. 465.
  2. Communication de René Gimpel, sur René Gimpel (grand-père) dans les Carnets de recherche du CIERA, colloque du 19 mai 2015.
  3. Dans le même camp se trouve Roland Malraux, demi-frère d'André Malraux, qui meurt le 3 mai 1945 sur le Cap Arcona, sous les bombes de la Royal Air Force.
  4. « AndrĂ© Derain : la justice ordonne la restitution aux hĂ©ritiers d'un marchand d'art juif Â», lefigaro.fr, 30 septembre 2020.
  5. « Toiles de Derain : la justice ordonne la restitution Ă  une famille spoliĂ©e Â», fr.timesofisrael.com, 1er octobre 2020. Ce lien contient des photographies des toiles concernĂ©es.
  6. « Décision de restituer trois tableaux d’André Derain à la famille de René Gimpel », sur www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/, (consulté le ).
  7. « Marseille restitue le Derain aux héritiers de René Gimpel », La Marseillaise,‎
  8. « Restitution d'Ĺ“uvres spoliĂ©es par les nazis : la France a du mal Ă  assumer son passĂ© Â», leparisien.fr, 15 avril 2019.
  9. Voir sur le site de l'ordre de la Libération.
  10. Gimpel fils a promu le travail d'artistes tels que Nicolas de Staël, Pierre Soulages, Marcel Duchamp, Yves Klein, Lynn Chadwick, Anthony Caro, Niki de Saint Phalle et, pour les contemporains, Alan Davie, Albert Irvin, etc.

Voir aussi

Bibliographie

  • Diana J. Kostyrko, « RenĂ© Gimpel's Diary of an Art Dealer Â», The Burlington Magazine, , nÂş 1350, vol. 157, pp. 615-619
  • Diana J. Kostyrko, The Journal of a Transatlantic Art Dealer: RenĂ© Gimpel 1918-1939, Turnhout & London: Harvey Miller Publishers, 2017, 360 p.

Articles connexes

Liens externes

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