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Rapides du Long-Sault

Les rapides du Long-Sault[1] sont des rapides qui ont existé jadis sur la rivière des Outaouais au Québec (Canada), entre Carillon en aval et Grenville en amont. Ils n’existent plus aujourd’hui que dans les mémoires ou les livres d’histoire. Ils ont été engloutis par les eaux du lac Dollard-des-Ormeaux lors de la construction du barrage de Carillon, en 1963. Ces rapides ont marqué l’histoire.

Rapides du Long-Sault
Tête des rapides du Long Sault, prise du portage de l'Islet, rivière des Outaouais, 1882
Localisation
Pays
Localisation
Coordonnées
45° 36′ 00″ N, 74° 36′ 11″ O
Caractéristiques
Hauteur totale
18.3
Sauts
8
Plus grand saut
1.2
Hydrographie
Type
DĂ©bit
1950
Cours d'eau
Carte

Obstacle Ă  la navigation

Cette série de trois rapides constituait un obstacle à la navigation sur la rivière, en amont du lac des Deux Montagnes. Si la route n’était pas coupée, elle était fortement entravée et ne permettait le passage que des petites embarcations. Le courant y était fort et il fallait parfois plusieurs jours pour franchir cet obstacle, selon les saisons, le chargement et le type d’expédition. On devait faire des portages, c’est-à-dire mettre pied à terre et hisser les canots hors de l’eau pour les porter sur la terre ferme au-delà des rapides et les remettre à l’eau. C’était l’endroit rêvé pour les embuscades et Adam Dollard Des Ormeaux, qui a donné son nom au lac qui recouvre désormais ces rapides, pourrait en témoigner éloquemment.

Trois rapides

Le long sault, ou long rapide, comme l’ont nommĂ© les premiers explorateurs de la Nouvelle-France, courait sur 20,9 km. D’aval vers l’amont il Ă©tait constituĂ© de trois sĂ©ries de rapides : les rapides de Carillon, la chute Ă  Blondeau et les rapides du Long-Sault (Ă  la hauteur de Grenville). La dĂ©nivellation totale du pied des rapides Ă  Carillon Ă  la tĂŞte des rapides Ă  Grenville Ă©tait de 18,3 mètres[2]. Ă€ titre de comparaison, les terribles rapides de Lachine, nommĂ©s Sault-Saint-Louis par Champlain, courent en pente plus abrupte car sur une plus courte distance (km) mais tombent de 13 m. En remontant le courant, on rencontrait successivement :

Les rapides de Carillon

La dĂ©nivellation entre la tĂŞte et le pied des rapides de Carillon Ă©tait de 2,7 m. Les rapides couraient sur environ km. Il fallait les contourner par un portage. On pouvait ensuite naviguer jusqu’au second arrĂŞt obligĂ©.

La Chute-Ă -Blondeau

Le deuxième obstacle Ă©tait constituĂ© de courts rapides d’une dĂ©nivellation de 0,4 m et d’une chute d’eau de 1,2 m. C’était un court obstacle mais il Ă©tait lui aussi infranchissable par eau ; il fallait mettre pied Ă  terre Ă  cet endroit aussi.

Le Long-Sault

Les rapides qui ont donnĂ© leur nom Ă  l’ensemble couraient entre Greece’s Point et Grenville sur une distance de 9,7 km. Ils Ă©taient eux-mĂŞmes une suite de cinq ou six petits rapides. La dĂ©nivellation totale Ă  cet endroit Ă©tait d’environ 14 m. Le niveau d’eau moyen Ă©tait entre 2,1 m et 2,4 m mais pouvait ĂŞtre de 4,6 m au printemps. Les rapides Ă©taient parsemĂ©s de rochers de bonne taille. Il fallait lĂ  aussi mettre pied Ă  terre pour effectuer un portage.

Trois canaux

Il devint nécessaire pour des raisons militaires d’assurer la libre circulation des navires sur l’Outaouais. L’armée britannique entrepris donc de creuser trois canaux pour contourner ces fâcheux obstacles naturels. Cela importait d’autant plus aux militaires que la route du Saint-Laurent n’était pas sûre à une époque où l’on craignait une invasion armée des États-Unis et qu’il fallait assurer un accès vers l’intérieur du continent. L’Outaouais, au prix d’un aménagement adéquat, permettait de joindre Montréal à Kingston en Ontario, en passant par Ottawa, en évitant le Saint-Laurent. Après plusieurs années de travail, entre 1821 et 1834, les précieux canaux furent ouverts à la navigation sur l’Outaouais. La même année, on achevait les travaux d’aménagement du canal Rideau qui permettait de compléter le trajet en direction de Kingston.

Le canal de Carillon

Le canal de Carillon comportait trois Ă©cluses et s’étendait sur 4,7 km. Les vestiges de la première Ă©cluse du premier canal de Carillon sont toujours visibles de nos jours[3]. Ce canal a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© en 1870 Ă  la faveur de la construction d’un premier barrage de 549 m. En 1959, Hydro-QuĂ©bec entrepris de bâtir le second et actuel barrage qui fut terminĂ© en 1963, ce qui crĂ©a le lac auquel on donna le nom de Dollard-des-Ormeaux.

Le canal de Chute-Ă -Blondeau

Le canal de Chute-Ă -Blondeau comportait une seule Ă©cluse et courait sur la courte distance de 0,26 km. La Chute-Ă -Blondeau et son canal furent engloutis dès 1870 par la montĂ©e de m du niveau d’eau lors de l’érection du premier barrage Ă  Carillon. Il repose depuis 1963 au fond du lac Dollard-des-Ormeaux sous plus de 20 m d’eau.

Le canal de Grenville

Le canal de Grenville comportait sept Ă©cluses et s’étendait sur 9,3 km. Ce canal n’a pas Ă©tĂ© submergĂ© par la montĂ©e des eaux. Il est dĂ©saffectĂ© mais toujours bien visible. Il est inscrit sur la liste des sites en pĂ©ril de Patrimoine Canada depuis 2008 et on tente de le sauver[4].

Les effets du harnachement

La centrale de Carillon vue de l'Ontario
La centrale de Carillon et son barrage, qui submergea totalement les rapides du Long-Sault en 1963.

Le premier barrage de Carillon avait fait monter le niveau d’eau de m Ă  Chute-Ă -Blondeau. Le second barrage, d’une hauteur plus considĂ©rable eut plus d’effet. Le niveau moyen de l’Outaouais s’en trouva haussĂ© de 1,8 m sur 96,6 km, soit presque toute la longueur de la rivière jusqu’au prochain obstacle, les rapides de la Chaudière, qui sont situĂ©s quelque 113 km en amont, Ă  la hauteur de Gatineau (anciennement Hull) et Ottawa. Ă€ Carillon, l’eau monta de 18,9 m, Ă  Grenville de 2,7 m et les effets se firent sentir jusqu’à Masson oĂą l’eau monta de 0,9 m.

Notes et références

  1. Il existait un autre lieu nommé «Long-Sault», qui était sur le fleuve Saint-Laurent, à l'ouest de Cornwall (Ontario). - Voir: en:Long Sault
  2. (en) Tim Haxton et Don Chubbuck, Review of the historical and existing natural environment and resource uses on the Ottawa River, Ontario Ministry of Natural Resources, Science and Information Branch, Southcentral Science and Information Section Technical Report #119, 76 p. (ISBN 0-7794-3937-6)
  3. Parc Canada — Le lieu historique du canal de Carillon
  4. Patrimoine Canada — Les sites menacés — Le Canal de Grenville

Voir aussi

Articles connexes

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