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Raoul de Presles (conseiller de Charles V)

Raoul de Presles (en latin Radulphus de Praellis[1]) est un théologien, juriste, écrivain, traducteur et grand humaniste français, né vers et mort le . Conseiller du roi Charles V de France, il est le fils naturel de Raoul de Presles, avocat du roi sous Philippe le Bel.

Raoul de Presles
Raoul de Presles présente sa traduction de la Bible à Charles V de France.
Fonction
Maître des requêtes
Ă  partir de

Il remplit les fonctions de Maître des requêtes au sein du tribunal des Requêtes de l'Hôtel, institution judiciaire monarchique installée à l'Hôtel Saint-Pol, la résidence de Charles V à Paris.

Ĺ’uvres de Raoul de Presles

Œuvres théologiques

Grand humaniste, il est surtout connu pour sa traduction de la Bible en moyen français en 1377 qu'il dédia au roi de France Charles V. Il fut également sur commande royale le premier traducteur en moyen français de la Cité de Dieu de saint Augustin.

Intérêt pour les antiquités galliques

  • Raoul de Presle aimait profondĂ©ment son pays et son roi. Très au fait de la mythologie grĂ©co-romaine, il semble regretter la disparition progressive de la connaissance des anciennes traditions nationales. ChrĂ©tien sans fanatisme, s’il rĂ©prouvait les pratiques superstitieuses, il disait qu’il Ă©tait injuste de condamner sans rĂ©serve les ancĂŞtres antĂ©rieurs au Christ, qui ne vivaient pas sans une certaine dignitĂ©. Curieux, il s’intĂ©ressait Ă  ce qu’on appellera au XVIe siècle les « antiquitĂ©s galliques Â»[2]. Raoul de Presles, qui disposait d’une bibliothèque très importante avait Ă  disposition des textes qui ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; des vestiges architecturaux disparus depuis Ă©taient encore visibles de son temps dans la banlieue parisienne et il y fait allusion. Le goĂ»t pour l’archĂ©ologie existait au Moyen Ă‚ge, certains hommes possĂ©daient une bonne comprĂ©hension historique et les ruines bĂ©nĂ©ficiaient d’un prestige superstitieux[3].
  • Anne Lombard-Jourdan a publiĂ© un texte inĂ©dit de Raoul de Presles, qui identifie le centre des Gaules avec le nord de Paris et Ă  un Mons Jovis[4]. Par ailleurs, dans son Compendium morale de re publica, il affirme que trois dieux Ă©taient adorĂ©s sur trois hauteurs au nord de Paris : Jupiter Ă  Montjavoult (207 mètre), Mercure Ă  Montmartre, Apollon Ă  Courdimanche (154 mètres). En haut de Montmartre, un feu Ă©tait allumĂ© au dĂ©but des cĂ©rĂ©monies qui rĂ©unissaient les druides et le peuple. C’est le Mons jovis qui Ă©tait le plus respectĂ© et le plus rĂ©putĂ© et selon Raoul de Presles c’est de cet endroit que Jules CĂ©sar parle quand il Ă©voque la rĂ©union annuelle des Gaulois aux confins du pays des Carnutes[Note 1] - [5].
  • Raoul de Presle Ă©voque l’existence d’un oracle Ă  Apollon sur le site de Saint-Denis du nom de Tricine dans sa Musa dĂ©diĂ©e Ă  Charles V en 1365 ou 1366. Pastichant un thème dĂ©veloppĂ© par saint Augustin et Origène veut montrer que les souffrances qu’endure la France de Charles V ne sont pas dues Ă  l’abandon des dieux indigènes de la Gaule en faveur du christianisme mais sont de tous les temps. Du IXe au XIIIe siècle, les textes font mention d’un lieu dit Tricina[Note 2]. Dans un songe qu'il raconte, saint Denis l’ArĂ©opagite conseille Ă  Raoul de regagner Tricine et de consulter les « dieux de ses pères Â», ses « dieux pĂ©nat Â»es, ses « dieux Lares Â», ses « propres dieux Â» ; Raoul se prĂ©cipite Ă  Tricine et y retrouve saint Denis et ses deux compagnons, montrant qu'il avait compris que ces derniers servaient d’écrans aux dieux gaulois qui rĂ©gnaient autrefois Ă  Tricine ; ce lieu-dit porte le nom d’un distributif latin chaque fois trente[6]. D’après la Musa, un oracle dit Tricina permettait de consulter l'Apollon gaulois ou BĂ©lĂ©nos au nord de Paris. Les Parisis choisirent de faire figurer sur leurs premiers statères d’or l’Apollon classique, mais la joue timbrĂ©e d’une croix dĂ©cussĂ©e, symbole gaulois du soleil[7]. Le nom de Tricine (« chaque fois trente ») indique peut-ĂŞtre que l’oracle ne fonctionnait que tous les trente ans, aux articulations entre les divisions prĂ©conisĂ©es par les druides, ces derniers comptant en siècles trentenaires.

L'homme politique

Avec Nicole Oresme et Philippe de Mézières, il fut l'un des principaux conseillers du roi Charles V de France.

Bibliographie

  • Anne Lombard-Jourdan, « Ă€ propos de Raoul de Presles. Documents sur l'homme », in Bibliothèque de l'Ă©cole des chartes, no 139-2, 1981, p. 191-207, [lire en ligne].

Notes et références

Notes

  1. Selon Anne Lombard-Jourdan, ces trois sites Ă©taient trop Ă©loignĂ©s pour qu’elles aient servi Ă  une seule et mĂŞme assemblĂ©e aussi importante. Anne Lombard-Jourdan localise le culte d'Apollon (BĂ©lĂ©nos) Ă  la Courneuve pour plusieurs raisons : la Courneuve appartenait Ă  l’abbaye de Saint-Denis ; elle Ă©tait situĂ©e Ă  proximitĂ© de la « vieille mer Â» des abords du Croult alors le plateau d'Hautie entourant Courdimanche et qualifiĂ© de mer par Raoul Ă©tait un bois ; un territoire dit champ Belin existait d'ailleurs au Moyen Ă‚ge, tĂ©moignage d’un culte Ă  BĂ©lĂ©nos ; il fit place Ă  un clĂ´t Jean-Baptiste dont la fĂŞte a jouĂ© un rĂ´le dans la christianisation des cultes solaires et des rites des solstices d’étĂ© est bien connu ; le saint dont le vocable fut donnĂ© Ă  la Courneuve fut saint Lucien, compagnon de sain Denis, Ă©galement connu, d'après l’auteur de sa vie, Eudes, Ă©vĂŞque de Beauvais, au IXe siècle, pour la lumière qui Ă©manait de lui ; on chercha Ă  substituer dans l’esprit des fidèles l’image de martyrs lumineux Ă  celle d’un dieu solaire et rayonnant. Comme le dieu de la lumière, BĂ©lĂ©nos, saint Denis guĂ©rissait les affections de la vue.
  2. Tricine apparaît dans un acte authentique du 22 janvier 832. Un acte du roi Eudes en 894 donne aux moines de Saint-Denis un moulin près du monastère sur le CrouLt et sur le pont de Tricine. Au début du IXe siècle, Tricine est une appellation courante appliquée au pont. Une fontaine, renommé plus tard Saint Rémi porta aussi le nom de Tricine, à proximité d'une chapelle nommée également saint Rémi.

Références

  1. « Raoul de Presles (1316-1382) - Autres formes du nom », sur BNF (consulté le )
  2. Anne Lombard-Jourdan, "Montjoie et Saint-Denis !" : le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, Paris, Presses du CNRS, , 392 p. (ISBN 2-87682-029-3), p. 69.
  3. J. Adhémar, Influences antiques dans l’art du Moyen Âge français. Recherches sur les sources et les thèmes d’inspiration, The Warburg Institute, 1939 ; réimp. 1938.
  4. Raoul de Presles, Musa, B.N. lat. 3233, fol. 16 d. Annexe II, p. 337.
  5. Anne Lombard-Jourdan, "Montjoie et Saint-Denis !" : le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, Paris, Presses du CNRS, , 392 p. (ISBN 2-87682-029-3), p. 73.
  6. Anne Lombard-Jourdan, "Montjoie et Saint-Denis !" : le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, Paris, Presses du CNRS, , 392 p. (ISBN 2-87682-029-3), p. 81.
  7. Anne Lombard-Jourdan, "Montjoie et Saint-Denis !" : le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, Paris, Presses du CNRS, , 392 p. (ISBN 2-87682-029-3), p. 82.

Articles connexes

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