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Ramequin (fromage)

Ramequin est une appellation désignant un fromage originaire du canton de Saint-Rambert-en-Bugey en France. Les ramequins élaborés dans le Bugey existent sous forme laitière, fabriquée à partir de lait pasteurisé, ou fermière, élaborée à partir de lait cru.

Ramequin
Pays d’origine
RĂ©gion
Lait
vache (cru ou pasteurisé[1])
Pâte
sèche, non-cuite à croûte retirée par lavage
Appellation
appellation non protégée

Ramequin désigne également le nom de la spécialité culinaire qui permet de le consommer sous la forme d'une fondue. Le ramequin est le plat convivial par excellence de la région montagneuse du Bugey.

Étymologie

Certains lexicographes font venir le terme de ramequin de l'allemand rahm pour crème, d'autres du néerlandais rammeken pour pain grillé[2].

Historique

Comme beaucoup de petits fromages fermiers dévolus à l'auto-consommation et issus de sous-produits laitiers (babeurre, petit-lait, etc.), il est difficile de trouver précisément les origines du ramequin.

Le curé Joseph Tournier, dans son ouvrage « La Ville de Saint Rambert-en-Bugey aux XVIIe et XVIIIe siècles », paru en 1914, cite le chroniqueur Dubois relatant un repas pris dans le cabaret d'un dénommé Lacaille :

« Le vin était servi dans des bouteilles d'un bleu verdâtre et à goulot évasé, des feuillettes. Ces feuillettes arrivaient accompagnées d'un ragoût de fromage, une espèce de fondue qui se fait avec un fromage du pays. » [3]

Jusqu'en 1945 à peu près, le ramequin était fabriqué quasiment exclusivement dans les fermes de hameaux attachés à Saint-Rambert, principalement à Grattoux et Morgelas. Dans ces fermes, personne n'aurait gaspillé la moindre denrée. Aussi, lorsqu'on faisait le beurre, il restait toujours un lait écrémé (le babeurre) qui caillait naturellement assez rapidement. On ne le jetait pas, et après plusieurs manipulations naturelles, on le transformait en petites tomes d'une teinte ocre clair et quasi translucide, qu'on laissait longuement affiner.

Présentation

C'est un fromage sec d'environ sept centimètres de diamètre, de couleur ocre et d'apparence translucide fabriqué à partir du babeurre de lait de vache.

Les aléas de la production

Ancienne enseigne d'un fromager rambertois.

Exclusivement produit fermier jusqu'alors, il faut attendre les années 1950 pour que ce fromage soit fabriqué dans les laiteries. La première entreprise à se lancer dans l'aventure fut celle de François Ravier, qui ne se trouvait non pas à Saint-Rambert mais à Boyeux-Saint-Jérôme, au hameau de Chatillon-de-Cornelle. À cette époque le ramequin était confidentiel. Cette petite entreprise familiale de Boyeux-Saint-Jérôme a perduré de nombreuses années, jusqu'en 1990.

Entre-temps, Paul Gonin, un autre transformateur fromager fabricant de ramequin, fait son apparition à Saint-Rambert. Puis, par la suite, sa méthode d'obtention est cédée à Didier Duval. Une véritable « mission de sauvegarde » s'engage, puisque la recette de transformation n'est détenue que par lui et quelques familles d'agriculteurs qui fabriquent des ramequins traditionnels fermiers à partir de leur production de lait, pour assurer leur subsistance.

Ă€ la suite du dĂ©cès de Didier Duval, le ramequin faillit une nouvelle fois disparaĂ®tre. Son Ă©pouse tint le flambeau jusqu'Ă  ce qu'elle trouve celui Ă  qui elle pouvait le transmettre en toute confiance. C'est Franck Boivin, un jeune passionnĂ©, qui en 2001 a apportĂ© un nouveau souffle Ă  un savoir-faire de transformation plus menacĂ© que jamais de disparaĂ®tre. Une tâche ardue pour celui-ci, qui a entrepris d'amĂ©liorer la technique et le rendement des outils de transformation, tout en restant proche du ramequin laitier de son prĂ©dĂ©cesseur. Aujourd'hui, le volume de fabrication du ramequin laitier avoisine 10 tonnes par an. Les fabrications de cette entreprise sont Ă©coulĂ©es majoritairement auprès des habitants du secteur par le biais des crèmeries et quelques grandes et moyennes surfaces du dĂ©partement.

Des ramequins traditionnels (fermiers) sont actuellement[4] produits et commercialisés par une famille d'agriculteurs d'Indrieux, réunie au sein du « GAEC Les Perce-Neige », dans la commune d'Arandas.

Les visiteurs ont loisir de découvrir « tout de la fabrication des ramequins jusqu'à la recette traditionnelle » auprès d'un affineur au nouveau musée & fromagerie La fruitère d'Aranc[5], commune d'Aranc située sur le plateau d'Hauteville.

Fabrication

Quelques familles paysannes ont leur recette. Dans le site internet du syndicat d'initiative de la vallée de l'Albarine est décrit un mode de fabrication :

  • Sur le lait reposĂ©, la crème est prĂ©levĂ©e Ă  la cuillère pour faire le beurre de la maisonnĂ©e et quelques mottes vendues au marchĂ©. Reste le lait Ă©crĂ©mĂ© qui caille en 24 heures.
  • Le caillĂ© devenu ferme est mis Ă  la louche dans les faisselles.
  • Le fromage est d’abord retournĂ© chaque jour dans le panier pendu Ă  l’air. Il sèche pendant environ 10 jours. Lorsqu’une moisissure apparaĂ®t Ă  sa surface, le fromage est lavĂ© et brossĂ© Ă  l’eau puis enfermĂ© dans un pot en grès pendant une huitaine de jours.
  • L’opĂ©ration lavage-brossage est renouvelĂ©e rĂ©gulièrement pendant 3 mois pendant lesquels le fromage affinĂ© prend peu Ă  peu une teinte ocre clair et devient odorant[6].
  • Il est dès lors possible de le cuisiner.

Emplois culinaires

Ramequin fondu.

On le mange fondu[7]. Le ramequin (le mets emploie l'appellation du fromage) est le plat convivial par excellence dans le canton de Saint-Rambert-en-Bugey, où on le consomme ou déguste souvent accompagné d'un saucisson à cuire et d'une salade verte.

Ce plat se prĂ©pare en faisant tout d'abord fondre du beurre (compter 50 g pour 4 personnes) dans un caquelon en fonte ou en cĂ©ramique prĂ©alablement frottĂ© avec une gousse d'ail ; puis rajouter une cuillère Ă  soupe de farine et faire lĂ©gèrement blondir le mĂ©lange. On dĂ©coupe ensuite les ramequins en fines lamelles pour les faire fondre progressivement dans environ 3 dl d'eau chaude tout en tournant en permanence avec une cuillère en bois jusqu'Ă  ce que le ramequin ait une texture homogène (ni trop Ă©pais, ni trop liquide). On sale lĂ©gèrement en fonction de l'affinage et l'on poivre plus gĂ©nĂ©reusement juste avant de servir sur un rĂ©chaud au centre de la table. Si le ramequin est trop fort, on peut envisager d'ajouter de la crème au mĂ©lange.

On compte habituellement un ramequin et demi par personne. Le plat se mange ensuite avec du pain piqué au bout d'une fourchette, à la manière de la fondue savoyarde.

Conservation

On trouve souvent les tomes de ramequin conservées longuement dans des pots de grès permettant leur conservation à température ambiante, l'infime teneur en matière grasse (<1 %) permet une conservation sans autre artifice. La croûte résultant de l'oxydation peut être très facilement éliminée par un simple lavage à l'eau claire sans que les caractéristiques du fromage en soient modifiées. Ce fromage ne peut vraiment pas être dissociée du vin blanc (sec) ou rouge (frais) qui l'accompagne, puis de l'incontournable petit verre de marc du Bugey qui marque la fin du repas.

Anecdote

En , un entretien donné au quotidien Le Progrès par Martine Ravier, fille de François Ravier, laisse penser que son père serait l'inventeur du ramequin. Les principaux journaux régionaux reçoivent immédiatement de nombreuses lettres de protestations et de témoignages réaffirmant l'ancienneté de son existence. Le mouvement prend une telle ampleur que Le Journal du Bugey consacrera une double page à cet événement[8].

Notes et références

  1. issu du babeurre.
  2. Philip et Mary Hyman, Inventaire du Patrimoine Culinaire de la France (Albin Michel)
  3. La Ville de Saint Rambert-en-Bugey aux XVIIe et XVIIIe siècles, Auteur : Joseph Tournier.
  4. Emmanuel Guillemain d'Échon (photogr. Jean-François Marin), « Le Ramequin, d'hiver et contre tous », Libération, no 10477,‎ , p. 46 — 47 (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  5. Création en 2011. voir www.lafruitieredaranc.fr
  6. « Séjourner - Bugey plaine de l'Ain Tourisme », sur Bugey plaine de l'Ain Tourisme (consulté le ).
  7. Claudio Stassi (dessin) et Jacky Goupil (scénario), Pour la vie, Casterman, coll. écritures, 2011, pages 100 et 123, (ISBN 978-2-203-02498-4).
  8. Journal Le Progrès, septembre 2006.

Voir aussi

Articles connexes

Autres recettes de « fondue » de fromage
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