Racine carrée d'une matrice
En mathématiques, la notion de racine carrée d'une matrice particularise aux anneaux de matrices carrées la notion générale de racine carrée dans un anneau.
DĂ©finition
Soient un entier naturel n non nul et M une matrice carrée d'ordre n à coefficients dans un anneau A. Un élément R de Mn(A) est une racine carrée de M si R2 = M.
Une matrice donnée peut n'admettre aucune racine carrée, comme un nombre fini voire infini de racine carrées.
Exemples
Dans M2(â) :
- est une racine carrée de
- les (pour tout réel x) sont des racines carrées de
- n'a pas de racine carrĂ©e R, car cela imposerait (mais elle en a dans M2(â)).
Dans M2(â), la matrice n'a pas de racine carrĂ©e, parce qu'elle est non nulle mais de carrĂ© nul (on dit qu'elle est nilpotente d'indice 2). En effet, une racine carrĂ©e R serait aussi nilpotente (de puissance 4e nulle), or toute matrice nilpotente de taille 2 est de carrĂ© nul. On aurait donc M = R2 = 0, ce qui n'est pas le cas.
Inverse
Si R est une racine carrée de M alors R est inversible si et seulement si M l'est.
Si une matrice est inversible, les racines carrées de son inverse sont les inverses de ses racines carrées.
Matrice positive
Toute matrice symĂ©trique Ă coefficients rĂ©els est diagonalisable via une matrice de passage orthogonale, et elle est positive si et seulement si ses valeurs propres sont des rĂ©els positifs ou nuls. Par ailleurs, si une matrice S est diagonalisable alors son carrĂ© a mĂȘmes sous-espaces propres (associĂ©s aux carrĂ©s des valeurs propres de S). Par consĂ©quent, parmi les racines carrĂ©es d'une matrice symĂ©trique positive M, une et une seule est symĂ©trique positive : la matrice S qui a mĂȘmes sous-espaces propres que M et dont les valeurs propres associĂ©es sont les racines carrĂ©es respectives de celles de M. De plus, lorsque M est dĂ©finie positive, S l'est aussi.
Pour les matrices Ă coefficients complexes, la situation est la mĂȘme en remplaçant « symĂ©trique » par « hermitienne » et « orthogonale » par « unitaire » .
Algorithme de calcul de Denman-Beavers
Le calcul d'une racine carrĂ©e d'une matrice A peut s'effectuer par convergence d'une suite de matrices. Soit Y0 = A et Z0 = I oĂč I est la matrice identitĂ©. Chaque itĂ©ration repose sur :
La convergence n'est pas garantie (mĂȘme si A possĂšde une racine carrĂ©e) mais si elle a lieu alors la suite Yk converge de façon quadratique vers A1/2, tandis que la suite Zk converge vers son inverse, Aâ1/2[1] - [2].
Racine carrée d'un opérateur positif
En thĂ©orie des opĂ©rateurs (en), un opĂ©rateur bornĂ© P sur un espace de Hilbert complexe est positif (en) si et seulement s'il existe (au moins) un opĂ©rateur bornĂ© T tel que P = T* T, oĂč T* dĂ©signe l'adjoint de T[3]. En fait, si P est positif, il existe mĂȘme un unique opĂ©rateur Q positif (donc autoadjoint) tel que P = Q2[3]. Cet opĂ©rateur Q, obtenu par calcul fonctionnel continu, est appelĂ© la racine carrĂ©e de P et appartient au bicommutant de P[3].
Notes et références
- (en) Eugene D. Denman et Alex N. Beavers, « The matrix sign function and computations in systems », Applied Mathematics and Computation, vol. 2, no 1,â , p. 63â94 (DOI 10.1016/0096-3003(76)90020-5).
- (en) Sheung Hun Cheng, Nicholas J. Higham, Charles S. Kenney et Alan J. Laub, « Approximating the Logarithm of a Matrix to Specified Accuracy », SIAM Journal on Matrix Analysis and Applications, vol. 22, no 4,â , p. 1112â1125 (DOI 10.1137/S0895479899364015, lire en ligne [PDF]).
- (en) Ronald G. Douglas, Banach Algebra Techniques in Operator Theory, Springer, coll. « GTM » (no 179), , 2e éd. (1re éd. 1972) (lire en ligne), p. 86-87.