RĂ©bellion des Turbans jaunes
La rĂ©bellion des Turbans jaunes (caractĂšres traditionnels : é»ć·Ÿäčäș/é»ć·Ÿè”·çŸ© ; caractĂšres simplifiĂ©s : é»ć·Ÿäčäč±/é»ć·Ÿè”·äč ; pinyin : HuĂĄng jÄ«n zhÄ« luĂ n,HuĂĄng jÄ«n qÇ yĂŹ) est une rĂ©volte paysanne majeure en Chine, Ă la fin du IIe siĂšcle. Le soulĂšvement Ă©clate en 184 sous le rĂšgne de lâempereur Han Lingdi lorsque Zhang Jiao, fondateur de la secte taoĂŻste Taiping (« grande paix »), soulĂšve une partie de la population chinoise contre la dynastie Han, jugĂ©e dĂ©cadente et corrompue.
Dynastie Han | Turbans jaunes |
âą Han Lingdi âą He Jin âą Huangfu Song âą Lu Zhi âą Zhu Jun | âą Zhang Jiao âą Zhang Bao âą Zhang Liang |
350 000 | 360 000-2 000 000 |
Assiégés, les Han lancent un appel à l'aide et ordonnent une campagne contre les Turbans jaunes qui se comptent par centaines de milliers. De puissants et célÚbres généraux, tels que Yuan Shao, Cao Cao, Sun Jian et Ma Teng répondent à cet appel. De son cÎté, le général Lu Zhi recrute des volontaires. Parmi eux, Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei qui, selon l'Histoire des Trois royaumes, se jurent fraternité et s'en vont combattre les Turbans jaunes. Ils viennent en aide au général Dong Zhuo. Les frÚres de Zhang Jiao, Bao et Liang, sont battus par Cao Cao et Sun Jian.
Bien que la rĂ©bellion principale ait Ă©tĂ© dĂ©faite en 185, des poches de rĂ©sistances restent invaincues et des soulĂšvements de plus petites ampleurs Ă©mergent sporadiquement. Ce nâest quâen 205, aprĂšs 21 annĂ©es de rĂ©voltes, que les Turbans jaunes sont dĂ©finitivement vaincus. La rĂ©bellion, qui tire son nom de la couleur dans laquelle les rebelles se drapaient, a Ă©tĂ© particuliĂšrement importante dans lâhistoire de la Chine comme dans celle du taoĂŻsme, Ă cause des collusions nombreuses entre rebelles et sociĂ©tĂ©s taoĂŻstes secrĂštes. La rĂ©volte sert de cadre dâouverture au grand classique de la littĂ©rature chinoise Les Trois Royaumes.
Ce soulĂšvement est un des facteurs de la chute des Han.
Causes
Une des causes principales de la rĂ©volte est la crise agraire quâaffronte alors le nord de la Chine. La famine et les inondations causĂ©es par des crues du fleuve Jaune contraignent de nombreux paysans et dâanciens colons militaires Ă chercher du travail dans le sud. De grands propriĂ©taires exploitent durement cette nouvelle main-dâĆuvre. Les paysans ayant rĂ©ussi Ă conserver leur terre doivent eux faire face Ă une augmentation des taxes, destinĂ©es Ă construire des fortifications le long de la route de la soie. En effet, les infiltrations Ă©trangĂšres et les menaces d'invasions obligent le gouvernement Han Ă dĂ©ployer de coĂ»teuses garnisons autour de cet axe stratĂ©gique. La perte des terres et la pression fiscale insupportable entraĂźne une population toujours plus nombreuse Ă former des bandes armĂ©es itinĂ©rantes, et finalement des armĂ©es privĂ©es.
Dans le mĂȘme temps, le gouvernement central des Han est en proie Ă des troubles internes. Le pouvoir des grands propriĂ©taires est un problĂšme ancien, mais peu avant le dĂ©but de la rĂ©volte, les eunuques de la cour ont gagnĂ© une influence considĂ©rable sur lâempereur, dont ils abusent pour sâenrichir. Les dix plus puissants eunuques forment un groupe appelĂ© les Dix Eunuques (chinois traditionnel : ććžžäŸ ; pinyin : shĂ chĂĄngshĂŹ), et lâempereur Lingdi se rĂ©fĂšre Ă un dâentre eux, Zhang Rang, comme son « pĂšre adoptif ». Le gouvernement est largement considĂ©rĂ© comme incapable et corrompu, et les famines et inondations sont vues par le peuple comme une preuve que lâempereur dĂ©cadent a perdu le mandat du Ciel.
Le mĂ©contentement politique, ainsi que la sĂ©cheresse et les flĂ©aux, alimentent le ressentiment de la population contre le gouvernement Han. Des prophĂštes prĂ©tendant ĂȘtre l'incarnation ou le descendant de l'Empereur Jaune ou de Laozi trouvent un Ă©cho considĂ©rable parmi les paysans. Zhang Jue est le plus populaire de ces messies et sa secte taoĂŻste rayonne dans toute la Chine. Tirant profit de la situation, il met en place un projet de rĂ©bellion de grande ampleur. Des conjurateurs parviennent mĂȘme Ă infiltrer la cour impĂ©riale. Les membres du gouvernement ne prennent aucune mesure contre la secte, soit par ignorance, soit par peur de son pouvoir. Alors que Zhang Jue est sur le point de dĂ©clencher un soulĂšvement dans tout lâEmpire, certains de ses sympathisants Ă Luoyang sont arrĂȘtĂ©s et exĂ©cutĂ©s par les autoritĂ©s. Craignant la rĂ©pression des autoritĂ©s alors qu'elle n'a pas eu le temps de lancer des actions dâenvergure, la secte commence son soulĂšvement en province en avance par rapport au calendrier Ă©tabli, au deuxiĂšme mois de 184. MalgrĂ© lâimprĂ©paration et le manque de coordination, des dizaines de milliers dâhommes se soulĂšvent, les bureaux locaux du gouvernement sont saccagĂ©s et pillĂ©s, et les armĂ©es impĂ©riales contraintes Ă se tenir sur la dĂ©fensive.
Les rebelles
Les fondateurs
La rĂ©bellion est menĂ©e par Zhang Jue (aussi connu sous le nom Jhang Jiao, et appelĂ© par ses disciples « GĂ©nĂ©ral des Cieux ») et ses deux frĂšres cadets Zhang Bao (ćŒ”ćŻ¶)) et Zhang Liang (ćŒ”æą), nĂ©s dans la commanderie Julu. Les frĂšres ont fondĂ© une secte religieuse taoĂŻste dans la province nommĂ©e aujourdâhui Shandong. Ils Ă©taient des guĂ©risseurs, acceptant des patients pro bono qui ne pouvaient pas les payer. Les frĂšres sont tĂ©moins des abus du gouvernement contre les paysans, harassĂ©s de travail et de taxes.
Secte taoĂŻste
Les rebelles sont les premiers fidĂšles de la Voie de la Paix SuprĂȘme (ć€Șćčłé : TĂ ipĂng DĂ o) et vĂ©nĂšrent la dĂ©itĂ© Huanglao qui, dâaprĂšs Zhang Jue, lui a transmis un livre sacrĂ© appelĂ© Les clĂ©s cruciales de la Voie de la Paix (ć€ȘćčłèŠèĄ; TĂ ipĂng YĂ oshĂč), basĂ© sur le Taipingjing. Zhang Jue, quâon croyait alors magicien, se fait appeler le Grand Professeur (ć€§èłąèŻćž«). Quand la rĂ©bellion est lancĂ©e, il crĂ©e un slogan de seize mots :
Le Ciel dâazur sont dĂ©jĂ morts ; le Ciel jaune va bientĂŽt sâĂ©lever.
Quand lâannĂ©e est jiazi, prospĂ©ritĂ© sera faite sous les Cieux !
(èŒć€©ć·Čæ»ïŒé»ć€©ç¶ç«ăæČćšçČćïŒć€©äžć€§ćă)
Comme les trois frÚres sont des guérisseurs, ils répandent rapidement ce slogan parmi les paysans à travers leurs patients.
Pratiques religieuses
Zhang Jue se sert dâune forme du taoĂŻsme pour soigner les maladies par la confession des pĂ©chĂ©s et la guĂ©rison par la foi. La religion et les idĂ©aux politiques des frĂšres Zhang sont basĂ©s sur la croyance en un changement apocalyptique de lâordre du monde. Ils enseignent Ă leurs fidĂšles que lâannĂ©e du jiazi est le commencement dâun nouveau cycle sexagĂ©simal : le ciel deviendra jaune, et sous ces nouveaux cieux le gouvernement de la dynastie Han sâeffondrera ; une nouvelle Ăšre politique dĂ©butera. Les idĂ©ogrammes jiazi deviennent un symbole du changement Ă venir, et plus tard, quand les fidĂšles de Zhang Jue iront se battre ils porteront un tissu jaune enserrĂ© autour de leur tĂȘte. DâoĂč le nom de « Turbans jaunes ».
Presque toutes les pratiques religieuses de la secte sont des activitĂ©s communautaires, comme des transes collectives ou des banquets. Le service religieux consiste en des chants et de la musique, la combustion dâencens, des sermons et des anecdotes qui peuvent ĂȘtre dĂ©livrĂ©s Ă tout membre de la congrĂ©gation, y compris les femmes et ceux perçus comme barbares. Certains dirigeants xiongnu comme Yufuluo sont connus pour avoir apportĂ© un soutien Ă la secte, et Zhang Jue pourrait sâĂȘtre inspirĂ© de pratiques chamaniques pour son enseignement.
Bien que nombre des croyances initiales de la Voie de la Paix SuprĂȘme aient Ă©tĂ© perdus, il est trĂšs probable quâelles aient des connexions avec lâĂ©cole des cinq boisseaux de riz, considĂ©rant que Zhang Jue se prĂ©tend descendre de Zhang Deoling. De nombreux Ă©crits des 52 chapitres du Taiping Jing qui nous sont parvenus Ă travers le Daozang ont un lien avec la Voie des MaĂźtres cĂ©lestes, mĂȘme si on peut penser que les divergences ont Ă©tĂ© supprimĂ©es par les sectes ultĂ©rieures.
Les plans de Zhang Jue pour la rébellion
Avant le dĂ©but de la rĂ©bellion, Zhang Jue envoie Ma Yuanyi (銏ć 矩) pour recruter des fidĂšles dans les provinces de Jing et de Yang et les amener Ă Ye. Comme Ma Yuanyi voyage frĂ©quemment Ă Luoyang, la capitale impĂ©riale des Han, il tisse des contacts avec Feng Xu (ć°è«) et Xu Feng (ćŸć„), deux membres de lâinfluente faction des eunuques de la cour impĂ©riale, et les convainc de collaborer en secret avec Zhang Jue. Ils planifient le comme date du dĂ©but de la rĂ©bellion, mais avant quâils ne puissent mettre leur plan Ă exĂ©cution, les Turbans jaunes sont trahis. Un des fondateurs du mouvement du Chemin de la Paix, Tang Zhou (ććš), qui avait Ă©tĂ© Ă©cartĂ© de la suite des opĂ©rations par les frĂšres Zhang, a dĂ©noncĂ© Ma Yuanyi aux autoritĂ©s en reprĂ©sailles. Ma Yuanyi est arrĂȘtĂ© et exĂ©cutĂ© par dĂ©membrement Ă Luoyang.
AprĂšs que lâempereur Lingdi a pris connaissance que Zhang Jue prĂ©parait une rĂ©volte, il ordonne au prĂ©fet Zhou Bin (ćšæ) de mener une enquĂȘte et de capturer les conspirateurs. Des centaines de personnes sont alors arrĂȘtĂ©es et exĂ©cutĂ©es.
La rébellion
Quand Zhang Jue apprend que le gouvernement Han a dĂ©couvert ses plans, il envoie rapidement des messagers pour contacter ses soutiens Ă travers toute la Chine afin de lancer une action sur le moment mĂȘme. Entre le et le , Zhang Jue lance la rĂ©bellion des Turbans jaunes avec environ 360 000 fidĂšles sous son commandement, tous portants du tissu jaune nouĂ© autour de leur tĂȘte. Il se fait appeler « Seigneur-GĂ©nĂ©ral des Cieux » (ć€©ć Źć°è»), ses frĂšres Zhang Bao et Zhang Liang Ă©tant respectivement le « Seigneur-GĂ©nĂ©ral de la Terre » (ć°ć Źć°è») et le « Seigneur-GĂ©nĂ©ral des Humains » (äșșć Źć°è»). Les rebelles attaquent les bureaux gouvernementaux, pillent les comtĂ©s et les villages, et prennent le contrĂŽle des commanderies. En dix jours, la rĂ©bellion se propage Ă travers toute la Chine et inquiĂšte profondĂ©ment la cour impĂ©riale Ă Luoyang.
Les rebelles se concentrent majoritairement dans les provinces de Ji, Jing, You et Yu. Le groupe menĂ© par Zhang Jue et ses frĂšres est soutenu fortement dans la province de Ji, situĂ©e au nord du fleuve Jaune, prĂšs de la commanderie de Julu, terre natale de Zhang Jue (aujourdâhui ComtĂ© de Pingxiang, Hebei), et de la commanderie Wei (aujourdâhui Handan, Hebei). Une seconde rĂ©volte dâampleur Ă©clate dans les commanderies de Guangyang (aujourdâhui PĂ©kin) et de Zhuo (aujourdâhui Zhuozhou, Hebei), dans la province You. Le troisiĂšme centre de la rĂ©bellion est la commanderie de Yingchuan (autour de lâactuelle Xuchang, Henan) et la commanderie de Runan (autour de lâactuelle Xinyang, Henan) dans la province Yu, et la commanderie de Nanyang (autour de lâactuelle Nanyang, Henan) dans la province Jin septentrionale.
Le , lâempereur Lingdi nomme son beau-frĂšre He Jin, Intendant du Henan (æČłćć°č), en tant que GĂ©nĂ©ral-en-chef (性ć°è») et lui ordonne de superviser lâarmĂ©e impĂ©riale afin quâelle Ă©crase la rĂ©volte. Au mĂȘme moment, lâempereur nomme trois gĂ©nĂ©raux (Lu Zhi, Huangfu Song et Zhu Jun) pour mener trois armĂ©es sĂ©parĂ©es afin de nĂ©gocier avec les rebelles. Lu Zhi se rend dans la Province Ji, oĂč se trouve Zhang Jue, pendant que Huangfu Song et Zhu Jun font route pour la commanderie Yingchuan. Ils ont sous leurs ordres 40 000 hommes.
Province You : commanderies Guangyang et Zhuo
Dans la province You, les rebelles tuent Guo Xun (éćł), lâInspecteur provincial, et Liu Wei (ćèĄ), lâAdministrateur de la commanderie Guangyang.
Zhou Jing dirige les forces impĂ©riales, de concert avec Liu Bei qui prend la tĂȘte dâun groupe de volontaires afin de lâassister.
Province Yu : commanderies Runan et Yingchuan
Quand la rĂ©bellion embrase la province Yu, la cour impĂ©riale Han choisit Wang Yun pour ĂȘtre lâInspecteur de la province, chargĂ© de superviser les opĂ©rations militaires.
Zhao Qian (è¶èŹ), lâadministrateur de la commanderie de Runan, mĂšne ses troupes contre les rebelles avant lâarrivĂ©e de Zhu Jun, mais est dĂ©fait Ă Shaoling. Quand les Turbans jaunes attaquent le comtĂ© de Chen (aujourdâhui comtĂ© de Huaiyang, Henan), sept des subordonĂ©s de Zhao Qian sans formation miliaire prennent les armes et se dressent contre les rebelles, mais sont finalement tuĂ©s. Ă la fin de la rĂ©bellion, lâEmpereur Lingdi les honore du nom de « Sept Vertueux » (äžèłą).
LâĂtat de Chen (aujourdâhui Zhoukou, Henan), une des commanderies de la province Yu, est Ă©pargnĂ© par la rĂ©bellion grĂące Ă la crainte quâinspire alors le seigneur Liu Chong, cĂ©lĂšbre pour sa maĂźtrise de lâarcherie et pour le rĂ©giment dâarchers dâĂ©lite quâil a Ă son service.
Les rebelles dans la commanderie de Runan, menĂ©s par Bo Cai, dĂ©font dans un premier temps Zhu Jun lors dâune bataille rangĂ©e. La cour impĂ©riale envoie alors Cao Cao, commandant de la cavalerie, en renfort pour assister Zhu Jun. Entre le et le , Zhu Jun, Huangfu Song et Cao Cao joignent leurs forces et vainquent Bo Cao Ă Changshe (aujourdâhui Changge, Henan). Alors que Bo Cai tente de fuir, Huangfu Song et Zhu Jun le pourchassent dans le comtĂ© de Yangzhai (Yuzhou, Henan) et lui infligent une nouvelle dĂ©faire, obligeant les rebelles Ă se disperser.
Huangfu Song et Zhu Jun dĂ©font ensuite les rebelles menĂ©s par Peng Tuo (ćœè«) dans la commanderie de Runan, dans le comtĂ© de Xihua. La cour impĂ©riale leur donne lâordre de se sĂ©parer en deux : Huangfu Song doit attaquer les rebelles dans la commanderie de Dong (aujourdâhui ComtĂ© de Puyang, Henan) quand Zhu Jun reçoit lâordre dâaller rĂ©tablir lâordre dans la commanderie de Nanyang. En mĂȘme temps, lâInspecteur de la province Yu, Wang Yun, met Ă jour les preuves de contacts entre les rebelles et Zhang Rang (ćŒ”èź), le chef de la faction des eunuques de Luoyang. Lâempereur en est informĂ© : il rĂ©primande Zhang Rang mais ne le punit pas.
Entre le et le , Bao Hong (éźéŽ»), un colonel, conduit les forces impĂ©riales contre les rebelles dans le Gebei (èé), et les dĂ©fait.
Province Ji : commanderies de Wei et de Julu
Dans le mĂȘme temps, Lu Zhi vainc les forces rebelles de Zhang Jue dans la commanderie de Julu et assiĂšge le chef des rebelles dans la comtĂ© de Guangzong (滣ćźçžŁ). Toutefois, aprĂšs quâun eunuque lâeut accusĂ© faussement de trahison, Lu Zhi est relevĂ© de son commandement par lâempereur Lingdi et escortĂ© Ă Luoyang en tant que prisonnier. La cour impĂ©riale ordonne alors au gĂ©nĂ©ral Dong Zhuo de remplacer Lu Zhi et de dâattaquer Zhang Jue. Mais Dong Zhuo Ă©choue et doit se retirer.
Le 23 ou , Huangfu Song et Fu Xie (ć çź) dĂ©font les rebelles Ă Cangting (ćäș), capturent leur commandant Bu Ji et tuent plus de 7 000 rebelles, parmi lesquels des chefs mineurs comme Zhang Bo (ćŒ”äŒŻ) et Liang Zhongning (æąä»Č毧). Le , la cour impĂ©riale ordonne Ă Huangfu Song de remplacer Dong Zhuo et de conduire ses troupes au contact de celles de Zhang Jue.
Zhang Jue meurt de maladie alors quâil est attaquĂ© par Huangfu Song dans le comtĂ© de Guangzong. Entre le et le , Huangfu Song poursuit son combat contre Zhang Liang, qui a pris le commandement des fidĂšles de son frĂšres du comtĂ© de Guangzong, mais il ne parvient pas Ă vaincre les rebelles, probablement parce que Zhang Liang a les meilleurs soldats des Turbans jaunes avec lui. Huangfu Song dĂ©cide alors de prendre une position dĂ©fensive pour que les rebelles baissent leur garde et ainsi les piĂ©ger. Câest ce qui se produit et Huangfu Song sâempare de lâopportunitĂ© en organisant un assaut nocturne et inflige une dĂ©faite dĂ©vastatrice aux Turbans jaunes. Zhang Liang est tuĂ© pendant la bataille avec 30 000 rebelles, pendant que 50 000 rĂ©voltĂ©s qui tentent de sâenfuir par la riviĂšre se noient. Huangfu Song brĂ»le plus de 30 000 charrettes de provisions appartenant aux Turbans jaunes et capture leur famille. Huangfu Song fait ensuite dĂ©capiter le corps de Zhang Jue et envoie sa tĂȘte Ă la cour impĂ©riale Ă Luoyang.
Reconnaissant des hauts faits de Huangfu Song, lâempereur le fait GĂ©nĂ©ral sĂ©nestre des chars et de la cavalerie (ć·Šè»éšć°è»). Entre le et le , Huangfu Song joint ses forces Ă celles de Guo Dian, lâAdministrateur de la commanderie de Julu, pour attaquer les derniers rebelles menĂ©s par Zhang Bao, le dernier frĂšre de Zhang Jue. Les Turbans jaunes sont vaincus dans le comtĂ© de Xiaquyang (äžæČéœçžŁ), Zhang Bao est tuĂ© et 100 000 rebelles sont capturĂ©s.
Province Jing : commanderie de Nanyang
Le , les rebelles menĂ©s par Zhang Mancheng (ćŒ”æŒæ) tuent Chu Gong (è€èČą), lâadministrateur de la commanderie Nanyang, et occupent la capitale de la commanderie, Wancheng (ćźć). Qin Jie (ç§Šé Ą), successeur de Chu Gong, lĂšve des troupes pour attaquer Zhang Mancheng puis vainc son armĂ©e et lâabat entre le et le avant lâarrivĂ©e des renforts de Zhu Jun.
AprĂšs la mort de Zhang Mancheng, Zhao Hong (è¶ćŒ) devient le nouveau commandant des rebelles Ă Wancheng. Vers , Qin Jie et Zhu Jun joignent leurs forces avec Xu Qiu (ćŸç), lâInspecteur de la province Jing, afin dâattaquer Wancheng avec une armĂ©e dâenviron 18 000 hommes. Ils dĂ©font et tuent Zhao Hong.
Suivant la mort de Zhao Hong, Han Zhong (éćż ) et les derniers rebelles prennent le contrĂŽle de Wancheng et rĂ©sistent aux forces impĂ©riales. Zhu Jun ordonne Ă ses troupes de simuler une attaque au sud-ouest, alors quâil mĂšne secrĂštement 5 000 soldats dâĂ©lite pour infiltrer Wancheng depuis le nord-est. Han Zhong se retire dans la citadelle et cherche Ă se rendre. Qin Jie, Xu Qiu et Zhang Chao (ćŒ”è¶ ) pressent Zhu Jun dâaccepter la reddition de Han Zhong mais le commandant des forces impĂ©riales refuse. Puis, Zhun Jun fait semblant de lever le siĂšge pour forcer Han Zhong Ă sortir et ainsi pouvoir lâattaquer. Han Zhong tombe dans le piĂšge, perd la bataille et tente de sâenfuir alors que 10 000 de ses hommes sont massacrĂ©s par les impĂ©riaux. DĂ©sespĂ©rĂ©, Han Zhong se rend Ă Zhu Jun, mais Qin Jie lâexĂ©cute.
Le , Zhu Jun bat une autre armĂ©e rebelle menĂ©e par Sun Xia (ć«ć€), dont les survivants sâenfuient dans le comtĂ© de Xi (è„żé瞣). Zhu Ju les poursuit, les dĂ©fait encore et conduit les rebelles Ă se disperser.
Provinces Xu et Yang
Dans la province Xu, lâInspecteur provincial Tao Qian, avec lâaide de Zang Ba notamment, rĂ©ussit Ă vaincre les rebelles et Ă restaurer la paix dans la rĂ©gion.
Sun Jian, alors fonctionnaire mineur servant dans le comtĂ© de Xiapi (äžéłçžŁ) dans la province Xu, rejoint lâarmĂ©e de Zhu Jun avec le grade de major. Il amĂšne avec lui plusieurs jeunes hommes originaires du comtĂ© de Xiapi et de la rĂ©gion de la riviĂšre Huai.
Dans la province Yang, les rebelles attaquent le comtĂ© de Shu (è瞣) dans la commanderie Lujiang (滏æ±éĄ) et mettent le feu aux bĂątiments. Yang Xu (çŸçș), lâAdministrateur de la commanderie Lujiang, rĂ©ussit Ă recruter des milliers dâhommes pour lâaider Ă battre les rebelles et Ă Ă©teindre les flammes. Il parvient ainsi Ă restaurer la paix et la stabilitĂ© dans la rĂ©gion.
Fin de la rébellion
Au dĂ©but de lâannĂ©e 185, la rĂ©bellion a Ă©tĂ© Ă©crasĂ©e aprĂšs la reprise de Wancheng par Zhu Jun et la sĂ©rie de victoires de Huangfu Song contre les frĂšres Zhang dans la province Ji. Les rescapĂ©s sont poursuivis par les forces impĂ©riales et Ă la mi-, lâempereur Lingdi proclame le changement de nom dâĂšre, de Guanghe (ć ć) Ă Zhongping (äžćčł, « pacification achevĂ©e »).
RĂ©surgence des Turbans jaunes aprĂšs 185
Bien que la RĂ©bellion des Turbans jaunes prenne fin en , des plus petites rĂ©voltes dâanciens fidĂšles de Zhang Jue continuent Ă secouer la Chine dans les dĂ©cennies suivantes, y compris dans des provinces qui avaient Ă©tĂ© originellement Ă©pargnĂ©es.
Bandits de la Vague blanche
Entre le et le , Guo Tai (éć€Ș) pousse Ă la rĂ©volte quelque 100 000 anciens Turbans jaunes dans la commanderie de Xihe. Comme ils sont originaires de la vallĂ©e Baibo (çœæłąè°·, « vallĂ©e de la vague blanche »), ils seront plus tard nommĂ©s « Bandits de la Vague blanche » (çœæłąèł). Ils sâallient avec Yufuluo, dirigeant du peuple Xiongnu, et attaquent les commanderies Taiyuan et Hedong. Entre le et le , alors que les bandits attaquent la commanderie de Hedong, le seigneur de guerre Dong Zhuo envoie son beau-fils Niu Fu Ă la tĂȘte dâune armĂ©e pour les arrĂȘter, mais Niu Fu ne parvient pas Ă les dĂ©faire.
Aux alentours de la moitiĂ© de lâannĂ©e 195, lâempereur Xian fuit la capitale impĂ©riale Changâan, oĂč il Ă©tait retenu en otage par les fidĂšles de Dong Zhuo menĂ©s par Li Jue et Guo Si depuis la mort du tyran en 192. Il retourne dans les ruines de lâancienne capitale Luoyang qui avait Ă©tĂ© brĂ»lĂ©e par Dong Zhuo en 191 et dont les habitants avaient Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s Ă Changâan par la force. Dong Cheng (ancien subordonnĂ© de Niu Fu) et Yang Feng (ancien bandit de la Vague blanche) protĂšgent lâempereur Ă Luoyang alors que Li Jue et Guo Si le poursuivent pour le faire revenir Ă Changâan. Dong Cheng et Yang Fen convoquent les bandits de la Vague blanche menĂ©s par Li Le (ææš), Han Xian et Hu Cai (èĄæ) afin de garantir la sĂ©curitĂ© de lâempereur. Les forces Xiongnu dirigĂ©es par Qubei (ć»ć) rĂ©pondent Ă©galement Ă lâappel aux armes et viennent aider lâempereur Xian Ă rĂ©sister face Ă Li Jue et Guo Si. Entre 195 et 196, le seigneur de guerre Cao Cao mĂšne ses forces Ă Luoyang et escorte lâempereur Xian Ă sa propre base Ă Xu (èš±, aujourdâhui Xuchang, Henan), oĂč est Ă©tablie la nouvelle capitale impĂ©riale.
Province Yi : Ma Xiang et Zhao Zhi
Entre le et le , Ma Xiang (銏çž) et Zhao Zhi (è¶ç„) prennent la tĂȘte des vestiges des Turbans jaunes pour mener une nouvelle rĂ©vellion dans la province Yi (aujourdâhui Sichuan et Chongqing). Ils tuent le prĂ©fet du comtĂ© de Mianzhu, Li Sheng (æć), lâAdministrateur de la commanderie de Ba, Zhao Bu (è¶éš), et lâInspecteur de la Province Yi, Xi Jian (éć). Ma Xiang se proclame lui-mĂȘme empereur. La rĂ©bellion est rĂ©primĂ©e par les forces locales menĂ©es par Jia Long (èłéŸ), un ancien subordonnĂ© de Xi Jian.
Province Qing : Zhang Rao, Guan Hai, Xu He et Sima Ju
Aux alentours de 189, Zhang Rao (ćŒ”é„) conduit environ 200 000 anciens Turbans jaunes ravager la province Qing. Il dĂ©fait les forces impĂ©riales dirigĂ©es par Kong Rong, le Chancelier de la commanderie Beihai nommĂ© par les Han. Plus tard, Kong Rong est assiĂ©gĂ© dans le comtĂ© de Duchang par des milliers de rebelles Turbans jaunes menĂ©s par Guan Hai (知äș„). Taishi Ci, alors un officier militaire sous les ordres de Kong Rong, rĂ©ussit Ă percer le siĂšge et Ă demander de lâaide Ă Liu Bei, alors Chancelier de la commanderie Pingyuan voisine. Liu Bei, avec 3 000 hommes, attaque Guan Hai et parvient Ă sauver Kong Rong.
Dans les annĂ©es 200, Xu He (ćŸć) et Sima Ju (ćžéŠŹäż±) deviennent les chefs des derniers Turbans jaunes des commanderies de Jinan et de Leâan et pillent la province Qing. Ils sont dĂ©faits et abattus par Xiahou Yuan, Zhang Ba et LĂŒ Qian entre 206 et 209.
Province Yan : lâarmĂ©e Qingzhou de Cao Cao
Vers , des centaines de milliers dâanciens Turbans jaunes de la province Qing essaiment dans la province Yan et tuent Zhang Sui (éé), Chancelier de la commanderie de Rencheng, avant de se rendre dans la commanderie de Dongping. Liu Dai, Inspecteur de la province Yan, souhaite mener ses troupes contre les rebelles mais le gĂ©nĂ©ral Bao Xin tente de lâen dissuader. Liu Dai ignore les mises en garde de Bao Xin mais il est tuĂ© par les Turbans jaunes. Bao Xin et un autre fonctionnaire, Wan Qian (èŹæœ), se rendent Ă la commanderie de Dong pour proposer Ă Cao Cao de devenir le nouveau gouverneur de la province Yan. Bao Xin ensuite attaque les rebelles Ă lâest du comtĂ© de Shouzhang mais il est tuĂ© pendant la bataille. Plus tard, malgrĂ© une infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, Cao Cao parvient Ă vaincre les rebelles dans lâEtat de Jibei. Ces derniers, environ 300 000, se rendent avec leur famille. Cao Cao recrute les meilleurs guerriers et organise une unitĂ© dâĂ©lite, lâarmĂ©e Qingzhou (éć·ć ”).
Commanderies de Runan et de Yingchuan : He Yi, Liu Pi, Gong Du et autres
Dans les commanderies Runan et Yingchuan, des milliers de Turbans jaunes restent actifs sous les ordres de He Yi (äœć), Liu Pi (ćèŸ), Huang Shao (é»é”) et He Man (äœæŒ). Ils sont originellement alliĂ©s avec les seigneurs de guerre Yuan Shu et Sun Jian, mais deviennent indĂ©pendants vers 190. Entre le et le , le seigneur de guerre Cao Cao les attaque et tue Liu Pi, Huang Shao et He Man. He Yi et dâautres chefs se rendent.
On trouve Ă©galement dâautres anciens Turbans jaunes dirigĂ©s par Gong Du (éŸéœ) et Wu Ba (ćłéž) dans la commanderie de Runan. Wu Ba est dĂ©fait et capturĂ© par le gĂ©nĂ©ral Li Tong. Gong Du devient une menace pour Cao Cao quand il sâallie Ă Liu Bei, rival de Cao Cao, et prend le contrĂŽle de la commanderie de Runan en 201. Cao Cao envoie dâabord Cai Yang pour lâĂ©liminer mais aprĂšs la mort de Cai Yang, il mĂšne personnellement ses troupes contre Gong Du et Liu Bei et parvient Ă les vaincre. Liu Bei sâenfuit au sud rejoindre Liu Biao, pendant que Gong Du et les derniers rebelles se dispersent.
Provinces Yang et Jiao
Dâautres Turbans jaunes menĂ©s par Wu Huan (ćłæĄ) sont actifs dans la commanderie de Kuaiji jusquâĂ leur dĂ©faite face Ă Liu Zan.
Dans les annĂ©es 200, Chen Bai (éłæ) et Wan Cheng (èŹç§) provoquent une rĂ©bellion dans la commanderie Jiuzhen dans la province Jiao. En 202, ils sont vaincus et capturĂ©s par Zhu Zhi, lâAdministrateur de la commanderie.
Conséquences
LâarmĂ©e Han remporte la victoire, mais le tribut est terrible. Sur une vaste partie du territoire, les reprĂ©sentants du gouvernement ont Ă©tĂ© tuĂ©s, lâinformation est coupĂ©e et le gouvernement central peine Ă se faire entendre. Les pertes des rebelles se chiffrent en centaines de milliers, de nombreux civils ont perdu leur demeure et une grande partie de lâĂ©conomie sâest effondrĂ©e, la guerre ayant eu lieu dans les rĂ©gions parmi les plus riches. Les Ă©meutes sont toujours prĂ©sentes et le nombre de bandits sâaccroĂźt fortement. Le gouvernement Han, qui nâest pas en mesure de mettre un terme Ă toutes les perturbations, sâefforce dĂ©sespĂ©rĂ©ment de rĂ©tablir la situation.
Alors que la rĂ©bellion est dĂ©faite, les seigneurs militaires et les administrateurs locaux voient leurs pouvoirs renforcĂ©s et prennent conscience de leur force face Ă un pouvoir central trĂšs fortement Ă©branlĂ©. Cette situation conduit Ă la chute de la dynastie Han en 220. AprĂšs la mort de lâempereur Lingdi en 189, une crise politique entre He Jin et les eunuques entraĂźne lâassassinat de He Jin le . Yuan Shao, alliĂ© de He Jin, riposte en mettant le feu au palais impĂ©rial et en massacrant les eunuques. Finalement, le seigneur de guerre Dong Zhuo parvient Ă prendre le pouvoir en se servant du jeune hĂ©ritier au trĂŽne comme dâune marionnette, lui permet par lĂ mĂȘme de lĂ©gitimer son occupation de la capitale. Ă cause de sa cruautĂ©, Dong Zhuo est assassinĂ© en 192, permettant Ă Cao Cao de commencer son ascension vers le pouvoir.
MalgrĂ© la description nĂ©gative quâen fait Les Trois Royaumes, la rĂ©bellion des Turbans jaunes est une source dâinspiration pour les paysans chinois pendant les siĂšcles suivants et nombreux sont ceux rĂ©clamant en ĂȘtre les hĂ©ritiers spirituels.
Dans Les Trois Royaumes
La rĂ©bellion est dĂ©peinte dans les chapitres ouvrant le classique de la littĂ©rature chinoise Les Trois Royaumes, Ă©crit au XIVe siĂšcle. Les frĂšres Zhang sont dĂ©crits comme des sorciers, ayant acquis le Taiping Jin dâun « vieil esprit immortel des terres mĂ©ridionales » (parfois identifiĂ© comme Zhuangzi).
De nombreux personnages appartenant aux Turbans jaunes ont été créés dans le roman, dont :
- Du Yuan, tué par Liao Hua pour avoir enlevé les femmes de Liu Bei
- Zhou Cang, un rebelle devenu le porteur dâarme de Guan Yu
- Gao Sheng, subordonné de Zhang Bao
- Chang Yuanzhi, défait par Liu Bei
- Deng Mao, champion de Cheng Yuanzhi
Bien que nâĂ©tant pas un personnage de fiction, Liao Hua est prĂ©sentĂ© dans le roman comme ayant Ă©tĂ© un Turban jaune dans sa jeunesse, ce qui nâest pas possible historiquement, Ă©tant donnĂ© sa date de mort et sa durĂ©e de vie.
Dans la culture populaire
La rébellion se produit au début des parties de chaque itération de la série de jeux vidéo Dynasty Warriors.
Il est Ă©galement possible de mener les Turbans jaunes dans le jeu Total War : Three Kingdoms Ă travers deux DLC : Yellow Turban rebellion qui permet dâincarner He Yi, Gong Du ou Huang Shao, et Mandate of Heaven dans lequel on peut ĂȘtre un des frĂšres Zhang.
Sources
- Kristofer Schipper, « Turbans jaunes », EncyclopÊdia Universalis, consulté le
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Yellow Turban Rebellion » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Liens externes
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