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Quraish (sourate)

Quraish (arabe : Ù‚Ű±ÙŠŰŽ, français : Les Quraychites) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 106e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 4 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.

106e sourate du Coran
Les Quraychites
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original Ù‚Ű±ÙŠŰŽ, Quraish
Titre français Les Quraychites
Ordre traditionnel 106e sourate
Ordre chronologique 29e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 4
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que ne faisant pas partie de la proclamation, la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă  cette sourate Les Quraychites[1], en rĂ©fĂ©rence au contenu du premier verset : « 1. À cause du pacte des Quraysh ».

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[2] - [3], cette sourate occupe la 29e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[4]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[5], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[6] - [7], pour qui cette sourate est la 4e.

Les sourates de la fin du Coran[Note 1] sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’elles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[8]...

Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă  114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui n’est pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[8].

En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela n’empĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme l’attente d’une Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[8].

Cette sourate est trĂšs allusive et possĂšde un sens obscur. Pour Nöldeke[Note 2], elle appartient Ă  la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Certains auteurs et une partie des exĂ©gĂštes musulmans ont considĂ©rĂ© que cette sourate et la prĂ©cĂ©dente, Al-Fil (L'ÉlĂ©phant), n’en formaient qu’une seule. PrĂ©mare exclut cette hypothĂšse[9]

Interprétations

Pour Tengour, ces deux sourates font sans doute partie du plus ancien substrat coranique (en contradiction avec l'ordre majoritairement acceptĂ© par les commentateurs musulmans) qui s'adresse, dans un style succinct et homogĂšne, aux hommes de la tribu de Mahomet (les Quraysh) Ă  qui est demandĂ© de se soumettre au Rabb al-Bayt, "Seigneur de la Demeure mecquoise" oĂč ils s'Ă©taient installĂ©s quelque cent cinquante ans avant la RĂ©vĂ©lation et qui leur assuraient nourriture et protection, fonctions caractĂ©ristiques des Rabb(s) dans les vielles sociĂ©tĂ©s tribales locales[10]. Azaiez, devant une rhĂ©torique qui lui paraĂźt sans comparaison dans le Coran, s’interroge sur le fait que cette sourate pourrait ĂȘtre prĂ©islamique[10]. Pour Dye, l’expression unique dans le Coran « le Seigneur de ce Temple » est prĂ©sente dans le Nord de l’Arabie Ă  l’époque prĂ©islamique[10]. PrĂ©mare prĂ©cise qu'elle est une expression typique de l'Ă©poque prĂ©islamique, en particulier de PĂ©tra, d'Hegra et du Nord de l'Arabie. Cette expression de la sourate des Quraychites doit se lire dans ce contexte, « mĂȘme si cette survivance de l'hĂ©nothĂ©isme arabe ancien fut assumĂ©e ultĂ©rieurement par la tradition islamique au nom d'un divinitĂ© unique, comme fut assume le bĂ©tyle du sanctuaire reprĂ©sente par la ka'ba, la pierre noire qui s'y trouvait »[11].

Dans le corpus d'Ubay ibn Ka'b, compagnon du ProphĂšte, les sourates CV (Al-Fil) et CVI ne formaient qu'une seule et unique sourate[12]. Cet ordre a fait l'objet de discussions anciennes. Au Xe siĂšcle, selon Ibn al-Nadim, l'existence d'un exemplaire lui a Ă©tĂ© rapportĂ©e. Dans celui-ci, Ă  l'inverse du corpus d'Ibn Mas'ud qui fait se suivre les deux sourates, la sourate XCV (At-Tin) aurait Ă©tĂ© Ă  la suite de la sourate CV. S'appuyant principalement sur le « consensus », Tabari, au Xe siĂšcle, considĂšre que les sourates doivent ĂȘtre distinctes accusant les propos contradictoires d'ĂȘtre des « perversions »[11]. L'avis des chercheurs est divisĂ©. Irfan Shahid dĂ©fend qu'il s'agit d'un seul ensemble[13] tandis que PrĂ©mare considĂšre qu'il s'agit de deux pĂ©ricopes sĂ©parĂ©es[11] A. Cuypers rappelle que pour certains commentaires classiques, les sourates CV et CVI n’en forment qu’une. Pour Dye, les diffĂ©rences de style entre les deux permettent de rejeter cette hypothĂšse[10].

Dans le cadre du recherche sur les incohérences entre langue orale et écrite dans le Coran, Langhlade cite le cas de la sourate Quraysh comme exemple de mot lu d'une certaine maniÚre en contradiction avec le rasm. Certaines éditions ont rajouté une lettre plus petite ou une lettre en rouge au rasm, artifice permettant de présenter cette distorsion. « L'exemple de la sourate 106 relativise beaucoup l'idée d'un respect absolu du rasm. »[14]

  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 106", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2227 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 3].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. L’auteur prĂ©cise que ces remarques, si elles sont dans une partie consacrĂ©e aux sourates 69 Ă  99, s’appliquent aussi aux sourates 100 Ă  114.
  2. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  3. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2-221-06964-1)
  2. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  3. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
  4. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  5. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  6. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  7. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  8. G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
  9. P. Neuenkirchen, "Sourate 106", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2227 et suiv.
  10. M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. QS 48 Q 106
  11. A.-L. De PrĂ©mare, « Les ÉlĂ©phants De Qādisiyya », Arabica, vol. 45, no 2,‎ , p.261–269 (www.jstor.org/stable/4057233).
  12. Robin Ch., « L'arabie dans le coran. Réexamen de quelques termes à la lumiÚre des inscriptions préislamiques », dans Déroche F., Robin Ch., et al., Les origines du Coran, le Coran des origines, p. 37.
  13. Irfan Shahid, « Two qur'anic suras : Al-Fil et Qurays », dans Melanges Ihsdzz 'Abbds, Beyrouth, p. 429-436.
  14. P. Larcher, Oralité et écriture dans la Bible et le Coran, Aix-en-Provence, IREMAM-MMSH, 3-4 juin 2010 (lire en ligne).
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