AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Al-Fil

Al-Fil (arabe : Ű§Ù„ÙÙŠÙ„, français : L’ÉlĂ©phant) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă  la 105e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 5 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ɠuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.

105e sourate du Coran
L’ÉlĂ©phant
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original Ű§Ù„ÙÙŠÙ„, Al-Fil
Titre français L’ÉlĂ©phant
Ordre traditionnel 105e sourate
Ordre chronologique 19e sourate
PĂ©riode de proclamation PĂ©riode mecquoise
Nombre de versets (ayat) 5
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Origine du nom

Bien que ne faisant pas partie de la proclamation, la tradition musulmane a donnĂ© comme nom Ă  cette sourate L’ÉlĂ©phant[1], en rĂ©fĂ©rence au contenu du premier verset : « 1. N'as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les compagnons de l'ÉlĂ©phant ? ».

Historique

Il n'existe Ă  ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă  ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous l’autoritĂ© d’al-Azhar[2] - [3], cette sourate occupe la 19e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[4]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[5], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[6] - [7], pour qui cette sourate est la 9e.

Les sourates de la fin du Coran[Note 1] sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme appartenant aux plus anciennes. Elles se caractĂ©risent par des particularitĂ©s propres. Elles sont brĂšves, semblent issues de proclamations oraculaires (ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’elles en sont des enregistrements), elles contiennent de nombreux hapax[8]...

Pour Nöldeke et Schwally, la quasi-totalitĂ© des sourates 69 Ă  114 sont de la premiĂšre pĂ©riode mecquoise. Neuwirth les classe en quatre groupes supposĂ©s ĂȘtre chronologiques. Bien que reconnaissant leur anciennetĂ©, certains auteurs refusent de les qualifier de « mecquoise », car cela prĂ©suppose un contexte et une version de la genĂšse du corpus coranique qui n’est pas tranchĂ©e. Cette approche est spĂ©culative[8].

En effet, ces textes ne sont pas une simple transcription stĂ©nographique de proclamation mais sont des textes Ă©crits, souvent opaques, possĂ©dant des strates de composition et des rĂ©Ă©critures Cela n’empĂȘche pas ces sourates de fournir des Ă©lĂ©ments contextuels (comme l’attente d’une Fin des Temps imminente chez les partisans de Mahomet). Ces textes sont marquĂ©s par une forme de piĂ©tĂ© tributaire du christianisme oriental[8].

Certains auteurs et une partie des exĂ©gĂštes musulmans ont considĂ©rĂ© que cette sourate et la suivante n’en formaient qu’une seule[9].

Les auteurs suivant l’interprĂ©tation traditionnelle[Note 2] est que cette sourate est liĂ©e Ă  la campagne d’Abraha (env. 535-565 ap. J.-C.) qu’ils datent de 570 et qui a Ă©tĂ© attribuĂ©e a posteriori Ă  Mahomet comme annĂ©e de naissance. Ces auteurs, comme Nöldeke, ne nie pas une part de mythification dans le rĂ©cit. Le second courant naĂźt avec PrĂ©mare qui souligne que rien dans le texte n’indique qu’il s’agit d’une rĂ©fĂ©rence Ă  Abraha et que cette interprĂ©tation provient des Ă©crits des exĂ©gĂštes. Pour l’auteur, ce texte est une forme de midrash sur la lĂ©gende des Ă©lĂ©phants de PtolĂ©mĂ©e[9].

Interprétations

Pour Cuypers, cette sourate est « un des nombreux rĂ©cit lĂ©gendaire ou semi-lĂ©gendaire conservĂ©s dans la mĂ©moire collective arabe, que le Coran utilise pour transmettre son message prophĂ©tique ». La tradition musulmane date cet Ă©pisode de l’annĂ©e de naissance de Mahomet, ce que les historiens contestent[10]. Pour Dye, « l’hypothĂšse d’une rĂ©fĂ©rence Ă  la supposĂ©e expĂ©dition d’Abraha contre la Mecque me paraĂźt absurde ». Pour l’auteur, il s’agit avant tout d’un topos de la destruction d’un groupe par Dieu[10]. Hawting compare le vocabulaire avec celui utilisĂ© dans le rĂ©cit de Sodome et Gomorrhe. Rien ne prouve l’existence d’élĂ©phants dans l’armĂ©e d’Abraha[10].

De PrĂ©mare a vu dans la mention des Ă©lĂ©phants un midrash de la lĂ©gende des Ă©lĂ©phants de PtolĂ©mĂ©e narrĂ© en 3 Macc 2-6, ce qui explique un certain nombre de dĂ©tails. La « horde d’oiseaux de proie » pourrait Ă©voquer des anges, en particulier des chĂ©rubins, conformĂ©ment au sous-texte[10]. Cette interprĂ©tation pose la question du remplacement d’une lĂ©gende par une autre[10].

  • Texte de la sourate (Coran datant de 1874)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • P. Neuenkirchen, "Sourate 105", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2213 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 3].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. L’auteur prĂ©cise que ces remarques, si elles sont dans une partie consacrĂ©e aux sourates 69 Ă  99, s’appliquent aussi aux sourates 100 Ă  114.
  2. Les islamologues ont utilisĂ© plusieurs approches pour tenter de dater les diffĂ©rentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent Ă  l’« Ă©cole allemande » qui, Ă  la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un rĂ©cit « laĂŻcisĂ© » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les Ă©tudes islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie prĂ©sent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage Ă  l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  3. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  2. G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  3. R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
  4. R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
  5. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  6. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  7. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  8. G. Dye, « Introduction aux sourates 69-99 », Le Coran des historiens, 2019, p. 1789 et suiv.
  9. P. Neuenkirchen, "Sourate 105", Le Coran des Historiens, 2019, p. 2213 et suiv.
  10. M. Azaiez (Ed.), G.S. Reynolds (Ed.), T. Tesei (Ed.), et al. (2016). The Qur'an Seminar Commentary / Le Qur'an Seminar. A Collaborative Study of 50 Qur'anic Passages / Commentaire collaboratif de 50 passages coraniques. Berlin, Boston: De Gruyter. partie. QS 47 Q 105
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.