Qamar Javed Bajwa
Le gĂ©nĂ©ral Qamar Javed Bajwa (ourdou : ÙÙ Ű± ۏۧÙÛŰŻ ۚۧۏÙÛ), nĂ© le Ă Karachi, est un militaire pakistanais. Il prend la tĂȘte des forces armĂ©es de son pays le , lorsqu'il succĂšde Ă Raheel Sharif en devenant le 16e chef de la junte.
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Hilal-i-Imtiaz (en) |
En 2018, le magazine Forbes le classe 68e personnalité la plus influente au monde, et la premiÚre dans son pays, devant les dirigeants civils[1].
Jeunesse et Ă©ducation
Qamar Javed Bajwa est né le à Karachi, dans la province du Sind. Il est issu d'une famille de militaires originaires de Ghakar, dans le nord de la province du Pendjab. Son pÚre a été officier et son beau-pÚre major général[2] - [3].
CarriĂšre militaire
Ascension
Qamar Javed Bajwa fait des Ă©tudes militaires au Pakistan, en intĂ©grant l'AcadĂ©mie militaire d'Abbottabad en 1978, puis au Canada et aux Ătats-Unis. Il rejoint en 1980 le 16e rĂ©giment baloutche puis le rĂ©giment du Sind deux ans plus tard. Il sert aussi notamment au sein du X Corps, basĂ© Ă Rawalpindi et souvent liĂ© au conflit du Cachemire. Gravissant les Ă©chelons militaires, il est notamment commandant de brigade en 2007 au sein de la mission de l'ONU au Congo. Il devient major-gĂ©nĂ©ral en 2009, puis lieutenant-gĂ©nĂ©ral en 2013. L'annĂ©e suivante, il prend le commandement du rĂ©giment baloutche. En 2015, Bajwa est nommĂ© inspecteur-gĂ©nĂ©ral chargĂ© de la formation, affectĂ© au quartier-gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e Ă Rawalpindi. Il est alors directement subordonnĂ© au chef de l'armĂ©e Raheel Sharif[4].
Nomination
Il est nommĂ© Ă la tĂȘte de l'armĂ©e pakistanaise le , en remplacement de Raheel Sharif qui n'a pas Ă©tĂ© reconduit dans ses fonctions malgrĂ© sa popularitĂ©. Il prend son poste trois jours plus tard. Il a Ă©tĂ© choisi par le Premier ministre Nawaz Sharif et promu par le prĂ©sident Mamnoon Hussain. Il est vu comme un « pro-dĂ©mocratie » qui ne cherche pas Ă renverser le pouvoir civil. On considĂšre aussi que, Ă ses yeux, la guerre contre les insurgĂ©s islamistes est prioritaire par rapport aux tensions avec l'Inde, avec laquelle le Pakistan est par ailleurs en confrontation au moment de sa nomination[5] - [4]. Bajwa est du reste vu comme un spĂ©cialiste de la question du Cachemire[6].
Ingérence politique
à l'instar de ses prédécesseurs, le général Bajwa est accusé d'ingérence dans la vie politique du pays. Au moment de sa prise de fonction, l'armée est largement vue comme l'artisane des divisions du Mouvement Muttahida Qaumi à Karachi, dans le but d'exclure Altaf Hussain de la politique locale[7]. Bajwa est également accusé d'avoir isolé le parti au pouvoir, la Ligue musulmane du Pakistan (N), et d'avoir favorisé la victoire de son rival, le Mouvement du Pakistan pour la justice lors des élections législatives de 2018. Le Parti baloutche Awami créé en est également vu comme un produit de l'armée, visant à contrer les partis autonomistes du Baloutchistan[8].
Prolongation
Alors que ses fonctions Ă©taient censĂ©es prendre fin en , Bajwa est reconduit Ă son poste pour trois nouvelles annĂ©es par le Premier ministre Imran Khan en raison de « lâenvironnement sĂ©curitaire rĂ©gional », allusion notamment Ă la confrontation indo-pakistanaise de 2019. La dĂ©cision traduirait surtout une bonne relation entre le gouvernement et le pouvoir militaire, chacun soutenant l'autre dans son domaine rĂ©servĂ©[9].
Toutefois, la Cour suprĂȘme censure cette prolongation le , en s'appuyant sur l'absence de base lĂ©gale, et elle prolonge les fonctions du gĂ©nĂ©ral pour six mois, accordant ainsi un dĂ©lai pour que le Parlement vote une loi prĂ©cisant la nomination et les possibles prolongation de la fonction de chef de l'armĂ©e[10]. Cette loi, rapidement adoptĂ©e par le SĂ©nat le , fixe l'Ăąge de retraite du chef de l'armĂ©e Ă 64 ans en donnant un pouvoir discrĂ©tionnaire au Premier ministre pour dĂ©cider de son maintien jusqu'Ă cet Ăąge, donc jusqu'en pour Bajwa[11].
Accusations de corruption
En novembre 2022, le site FactFocus publie des rĂ©vĂ©lations concernant la famille du gĂ©nĂ©ral Bajwa qui montre un enrichissement considĂ©rable depuis sa nomination en 2016. En lâespace de six ans, elle aurait accumulĂ© des actifs dâune valeur de 12,7 milliards de roupies (55 millions dâeuros), en achetant des propriĂ©tĂ©s au Pakistan et Ă lâĂ©tranger, dans lâimmobilier, le commerce, lâagriculture, et des parts dans une entreprise pĂ©troliĂšre basĂ©e Ă DubaĂŻ[12].
A la suite de ces rĂ©vĂ©lations, le gouvernement de Shehbaz Sharif ordonne aussitĂŽt le blocage du site FactFocus et lâouverture dâune enquĂȘte sur cette « fuite illĂ©gale et injustifiĂ©e dâinformations fiscales ». Lâex-premier ministre Imran Khan appelle pour sa part Ă une manifestation de protestation devant le QG de lâarmĂ©e[12].
Notes et références
- (en) #68 Qamar Javed Bajwa sur forbes.com
- (en) « Bajwa solid soldier who believes in civilian supremacy », sur The Nation, (consulté le )
- (en) Benazir Shah, « General Bajwaâs Battle », sur newsweekpakistan.com, (consultĂ© le )
- (en) Michel Picard, « Pakistan: le général Bajwa, nouveau chef de l'armée », sur Radio France International, (consulté le )
- (en) « Pakistan's outgoing army chief Raheel Sharif issues warning to India », sur The Times of India, (consulté le )
- (en) Kamran Yousaf, « Gen Bajwa formally welcomed as COAS at GHQ », sur The Express Tribune, (consulté le )
- (en) Kamal Jit Singh, « Pak army in need of corrective surgery », sur Times of India, (consulté le )
- (en) Adnan Aamir, « BAP of Balochistan », sur Times of India, (consulté le )
- (en) Umair Jamal, « What Army Chief General Bajwaâs Term Extension Means for Pakistan », sur thediplomat.com, (consultĂ© le )
- (en) « SC approves 6-month extension in Gen Bajwaâs tenure », sur pakistantoday.com.pk, (consultĂ© le )
- (en) « Army chief extension bill passed in Senate », sur samaa.tv, (consulté le )
- « Au Pakistan, Imran Khan bouscule le pouvoir militaire », Le Monde.fr,â (lire en ligne)