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Mouvement Muttahida Qaumi

Le Mouvement Muttahida Qaumi (en ourdou : مŰȘŰ­ŰŻÛ قومی موومنÙč, Muttaáž„idah Qọ̄mÄ« MĆ«wmaáč…áč« abrĂ©gĂ© MQM ; en français : Mouvement national uni) est un parti politique pakistanais d’inspiration libĂ©rale et laĂŻque fondĂ© en 1984 par Altaf Hussain. Il reprĂ©sente surtout la population mohajire urbaine de langue ourdou et trouve principalement ses Ă©lecteurs dans la province du Sind et surtout Ă  Karachi, plus grande ville du pays, oĂč il est souvent majoritaire.

Mouvement Muttahida Qaumi
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Logotype officiel.
Présentation
Fondation 1984
Dirigeant Altaf Hussain (scission londonienne)
Khalid Maqbool Siddiqui (scission « Pakistan Â»)
Fondateur Altaf Hussain
Représentation
Députés
7 / 342
SĂ©nateurs
3 / 100
Orientations
Idéologie sécularisme, libéralisme
Couleurs rouge, vert et blanc
Informations
SiĂšge Karachi, Pakistan
Site web www.mqm.org

Jusqu’au , il s'appelait Mouvement Mohajir Qaumi (Mouvement national des Mohajirs). Il a changĂ© son nom dans le but de reprĂ©senter toute la population pakistanaise mais son Ă©lectorat reste surtout liĂ© aux Mohajirs. Ayant connu plusieurs divisions, il est aussi impliquĂ© dans de nombreuses polĂ©miques de violences inter-ethniques liĂ©es au crime organisĂ© de Karachi[1].

Idéologie

Dans les faits, le MQM est un parti politique ethnique visant Ă  reprĂ©senter la population mohajire (immigrĂ©e) urbaine de langue ourdou (plusieurs millions de musulmans) qui s’était rĂ©fugiĂ©e au Pakistan en provenance de l’Inde aprĂšs la partition de 1947. Le MQM dĂ©fend les droits des Mohajirs au Pakistan, vise Ă  amĂ©liorer leur statut socio-Ă©conomique et Ă  leur assurer plus de pouvoir sur le plan politique. Son opposition radicale aux islamistes, vaut aux responsables du parti d’ĂȘtre la cible de violentes attaques.

Histoire

Fondation

Manifestants du MQM brandissant un portrait d'Altaf Hussain.

Le Mouvement Mohajir Qaumi (Mouvement national des immigrés) est fondé en 1984 par Altaf Hussain dans le but de représenter les Mohajirs, population immigrée d'Inde et de langue ourdou[1]. Son fondateur avait créé le la All Pakistan Muhajir Student Organization, organisation étudiante représentant également les Mohajirs. Le mouvement vise a améliorer la situation de cette population, minoritaire à l'échelle nationale mais largement majoritaire à Karachi, la plus grande ville du pays.

Le quartier-général du parti, dénommé Nine-Zero, se trouve dans le district de Karachi-Centre[2].

Implications dans les violences des années 1990

À partir de 1992, le parti connait de nombreuses dissidences et progressivement plusieurs factions apparaissent, dont les deux principales sont le MQM-Altaf dirigĂ© par Altaf Hussain et le MQM-Haqiqi (« vĂ©ritable Â») fondĂ© par Afaq Ahmed et Aamir Khan[1].

Ces divisions ont conduit Ă  une forte augmentation de la criminalitĂ© Ă  Karachi alors que les partisans des diffĂ©rentes factions sont souvent armĂ©s. Des groupes nationalistes sindis ont Ă©galement Ă©tĂ© impliquĂ©s. En rĂ©action, l'armĂ©e pakistanaise soutenue par le gouvernement de Nawaz Sharif mĂšne des opĂ©rations militaires dans la ville du au , qui ont Ă©tĂ© critiquĂ©es car elles auraient surtout visĂ© la faction d'Altaf Hussain dans le but d'affaiblir le parti[1]. Toutefois, en 1994 et 1995, ces violences politiques atteignent leur paroxysme avec plus de 1 800 morts durant cette derniĂšre annĂ©e[1]. Les principaux fondateurs du parti, Altaf Hussain et Imran Farooq, sont exilĂ©s Ă  Londres depuis 1992 et 1999 respectivement. Le , Imran Farooq, membre fondateur du parti, est poignardĂ© Ă  Londres oĂč il Ă©tait en exil[3] mais Altaf Hussain dirige toujours son parti depuis l'Ă©tranger.

Élections de 2002 et soutien à Musharraf

Mustafa Kamal, maire MQM de Karachi de 2005 Ă  2010.

Aux Ă©lections lĂ©gislatives du 20 octobre 2002, le MQM a recueilli 3,1 % des voix et 17 siĂšges sur 342 Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Le parti intĂšgre ensuite la coalition gouvernementale soutenant le prĂ©sident Pervez Musharraf aprĂšs avoir obtenu des assurances sur la dĂ©centralisation qu'il souhaite et des Ă©lections municipales.

Aux Ă©lections municipales d’, le MQM a prĂ©sentĂ© des listes sous la dĂ©nomination Haq Parast Group car les partis sont officiellement bannis pour ce type d’élection. Il avait dĂ©jĂ  obtenu des siĂšges par le passĂ© Ă  des Ă©lections lĂ©gislatives sous cette appellation. Mustafa Kamal remporte largement le scrutin Ă  Karachi et est maire de la mĂ©galopole 2005 Ă  2010.

Élections de 2008 et participation au gouvernement

Avec les Ă©lections lĂ©gislatives de 2008, le parti rĂ©alise la meilleure performance de son histoire avec 25 siĂšges obtenus Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Il a notamment rĂ©uni environ 75 % des voix Ă  Karachi. Le parti rejoint la coalition parlementaire dirigĂ©e par le Parti du peuple pakistanais et composĂ©e Ă©galement du Parti national Awami et de Jamiat Ulema-e-Islam. À la suite de ces mĂȘmes Ă©lections, il est le deuxiĂšme parti de l’AssemblĂ©e provinciale du Sind et forme une coalition avec le Parti du peuple pakistanais.

En 2010, la violence et la campagne d’assassinats ciblĂ©s frappant Karachi s’intensifient en touchant beaucoup de membres de partis politiques, et surtout ceux du MQM. À la suite de l’assassinat du dĂ©putĂ© provincial Raza Haider le , des violences Ă©clatent dans la ville et auraient fait environ 80 morts. Le , alors que des Ă©lections partielles sont tenues pour remplacer le dĂ©putĂ©, de nouvelles violences Ă©clatent et plus de 30 personnes sont tuĂ©es dans plusieurs fusillades. Le MQM a alors menacĂ© de quitter la coalition gouvernementale afin de protester contre l’échec des autoritĂ©s de protĂ©ger les habitants de Karachi.

Le , le MQM et ses 25 dĂ©putĂ©s quittent la coalition, plaçant le gouvernement en minoritĂ© Ă  la chambre basse[4]. Le parti invoque alors la hausse du prix des carburants dĂ©cidĂ©e par le gouvernement. EngluĂ© dans la crise politique, le gouvernement revient sur sa dĂ©cision sur les carburants et le MQM rĂ©intĂšgre la coalition parlementaire le 7 janvier alors que le Premier ministre Youssouf Raza Gilani s’est rendu Ă  Karachi pour rencontrer les dirigeants du MQM dans leur quartier-gĂ©nĂ©ral. Toutefois, le , le MQM quitte dĂ©finitivement la coalition gouvernementale, surtout en raison de l'opposition aux transferts de compĂ©tences de la municipalitĂ© de Karachi vers la province du Sind voulus par le PPP[5]. Il quitte Ă©galement la coalition dans le Sind et les ministres du MQM dĂ©missionnent. Le parti se rapproche ensuite du principal parti d’opposition, la Ligue musulmane du Pakistan (N). Pourtant, cette fois, le parti ne menace pas la majoritĂ© du gouvernement puisque ce dernier intĂšgre dĂ©sormais la Ligue musulmane du Pakistan (Q).

Élections de 2013

Composition de l'Assemblée provinciale du Sind de 2013 à 2018, avec le MQM en blanc.

Lors des Ă©lections du , le parti rĂ©ussit Ă  tenir relativement ses positions dans ses fiefs politiques, Ă  Karachi et Hyderabad, mais perd toutefois deux siĂšges de dĂ©putĂ©s fĂ©dĂ©raux et trois provinciaux. Ces Ă©lections voient Ă©galement l’émergence d'un parti critique envers le MQM, le Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI) qui remporte un dĂ©putĂ© Ă  Karachi alors que ses partisans manifestent en accusant le MQM de fraudes Ă©lectorales, violences et bourrages d'urnes[6] - [7].

Les tensions communautaires connaissent alors un regain, d'autant que le PTI est supposĂ© avoir le soutien des Pachtounes, plus nombreux dans la ville depuis quelques annĂ©es. Le chef du PTI Imran Khan accuse le MQM et son chef Altaf Hussain d'ĂȘtre directement responsables de l'assassinat de sa vice-prĂ©sidente Zahra Shahid le [8].

Scissions de 2016 et défaites de 2018

Manifestation du MQM en 2015.

Depuis 2016, le MQM connait des divisions spectaculaires. En , l'ancien maire de Karachi Mustafa Kamal quitte le MQM pour crĂ©er son propre parti, le Pak Sarzameen. Puis surtout, sous pression des autoritĂ©s militaires et de la justice, le no 2 du parti Farooq Sattar annonce le qu'il expulse Altaf Hussain de son rĂŽle de direction du parti, indiquant que ce dernier ne peut pas ĂȘtre dirigĂ© depuis l'Ă©tranger[9]. Hussain rĂ©plique en expulsant son ancien fidĂšle, crĂ©ant ainsi une scission dans le parti. La section dirigĂ©e par Farooq Sattar prend alors le nom de MQM-Pakistan, mais elle-mĂȘme connait une nouvelle scission : le MQM-PIB dirigĂ©e par Sattar et le MQM-Bahadurabad dissident[10] - [11]. En , la justice donne raison aux dissidents et Khalid Maqbool Siddiqui remplace Sattar pour diriger le MQM-Pakistan[12].

Ces divisions ont raison des performances Ă©lectorales du MQM, qui perd Ă  Karachi deux Ă©lections partielles de l'AssemblĂ©e provinciale du Sind au profit du Parti du peuple pakistanais, crĂ©ant des affrontements entre les militants des diffĂ©rentes factions qui se renvoient la responsabilitĂ© de cet Ă©chec Ă  l’approche des Ă©lections lĂ©gislatives de 2018[13] - [14]. L'armĂ©e pakistanaise et son chef Raheel Sharif puis Qamar Javed Bajwa sont accusĂ©s d'avoir jouĂ© un grand rĂŽle dans ces divisions, cherchant Ă  exclure Altaf Hussain de la vie politique[15].

Alors que Altaf Hussain appelle les militants du MQM Ă  boycotter les Ă©lections lĂ©gislatives du 25 juillet 2018, le parti rĂ©alise la pire performance de son histoire en perdant les trois-quarts de son Ă©lectorat[16] et les deux-tiers de ses siĂšges alors que l'abstention est en hausse Ă  Karachi[17]. Farooq Sattar Ă©choue lui-mĂȘme Ă  se faire Ă©lire mais les sept dĂ©putĂ©s du parti rejoignent la coalition gouvernementale autour du Premier ministre Imran Khan. Farogh Naseem devient ministre de la Justice et Khalid Maqbool Siddiqui ministre des TĂ©lĂ©communications.

Représentation parlementaire

Élections % de suffrages
(Ă©chelle nationale)
Nombre de siĂšges Ă 
l'Assemblée nationale
Nombre de siĂšges Ă 
l'Assemblée provinciale du Sind.
LĂ©gislatives de 1988 ? 11 ?
LĂ©gislatives de 1990 5,5 % 15 27
LĂ©gislatives de 1993 Boycott
LĂ©gislatives de 1997 4,0 % 12 28
LĂ©gislatives de 2002 3,1 % 17 32
LĂ©gislatives de 2008 7,4 % 25 51
LĂ©gislatives de 2013 5,4 % 23 48
LĂ©gislatives de 2018 1,4 % 7 21

Personnalités marquantes du parti

Figures du MQM, dont Farooq Sattar et Waseem Akhtar.

Références

  1. (en) Pakistan: Information on Mohajir/Muttahida Qaumi Movement-Altaf (MQM-A) sur Refworld, le 9 février 2004
  2. (en) How the mighty fall: District Central in disrepair as garbage piles up sur The Express Tribune, le 18 septembre 2017
  3. « Un responsable politique pakistanais poignardé à Londres », Le Monde, 17 mai 2010.
  4. (en) « MQM bombshell rocks coalition » (« Le MQM ébranle la coalition »), Dawn.com. Consulté le 3 janvier 2011.
  5. Laurent Gayer, « Karachi, un désordre ordonné », sur sciencespo.fr, (consulté le )
  6. (en) Day 2 of dharnas: Protesters defy ban to voice their anger sur The Express Tribune, le 14 mai 2013.
  7. (en) Pakistan MQM's Altaf Hussain attracts UK police interest sur BBC News, le 16 mai 2013.
  8. (en) « Vice president of Imran Khan’s PTI party assassinated in Karachi », sur Press TV, (consultĂ© le )
  9. (en) MQM has no link with Altaf Hussain, says Farooq Sattar sur The Express Tribune, le 27 août 2016
  10. (en) MQM Bahadurabad group challenges Sattar-led intra-party polls in ECP sur The Express Tribune, le 20 février 2018
  11. (en) Why Pakistan's army is targeting the MQM party sur dw.com, le 23 août 2016
  12. (en) Malik Asad, « Farooq Sattar removed as MQM-P convener », sur Dawn.com, (consulté le )
  13. (en) PS-127: MQM Pakistan loses first battle after 'disconnect' from London sur geo.tv, le 9 septembre 2016
  14. (en) Clash erupts among MQM workers after PS-114 defeat sur dunyanews.tv, le 10 juillet 2017
  15. (en) Kamal Jit Singh, « Pak army in need of corrective surgery », sur Times of India, (consulté le )
  16. Louis Imbert, « A Karachi, l’armĂ©e sort vainqueur des Ă©lections : Le grand parti MQM, qui dominait par la violence la capitale Ă©conomique du Pakistan, a Ă©tĂ© brisĂ© par les militaires », Le Monde,‎ , p. 4
  17. (en) Karachi bins Altaf’s call of boycott sur Pakistan Today, le 26 juillet 2018

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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