Qaf (sourate)
Qaf (arabe : Ù, français : La Lettre Qaf) est le nom traditionnellement donnĂ© Ă la 50e sourate du Coran, le livre sacrĂ© de l'islam. Elle comporte 45 versets. RĂ©digĂ©e en arabe comme l'ensemble de l'Ćuvre religieuse, elle fut proclamĂ©e, selon la tradition musulmane, durant la pĂ©riode mecquoise.
50e sourate du Coran La Lettre Qaf | |
Le Coran, livre sacré de l'islam. | |
Informations sur cette sourate | |
---|---|
Titre original | Ù, Qaf |
Titre français | La Lettre Qaf |
Ordre traditionnel | 50e sourate |
Ordre chronologique | 34e sourate |
PĂ©riode de proclamation | PĂ©riode mecquoise |
Nombre de versets (ayat) | 45 |
Nombre de subdivisions (rukus) | 0 |
Ordre traditionnel | |
Ordre chronologique | |
Origine du nom
Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate La Lettre Qaf[2], en référence au premier verset : « Qaf. Par le Coran glorieux ! ».
Le titre provient du verset 1 mais dâautres noms sont connus en lien avec le verset 10[3].
Historique
Il n'existe Ă ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. NĂ©anmoins selon une chronologie musulmane attribuĂ©e Ă ÇŠaÊżfar al-áčąÄdiq (VIIIe siĂšcle) et largement diffusĂ©e en 1924 sous lâautoritĂ© dâal-Azhar[4] - [5], cette sourate occupe la 34e place. Elle aurait Ă©tĂ© proclamĂ©e pendant la pĂ©riode mecquoise, c'est-Ă -dire schĂ©matiquement durant la premiĂšre partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[6]. ContestĂ©e dĂšs le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a Ă©tĂ© revue par Nöldeke[8] - [9], pour qui cette sourate est la 54e.
Cette sourate est construite à la maniÚre de certaines homélies tardo-antiques. Elle est « trÚs composite » et comprend visiblement deux ensembles juxtaposés. Elle est un assemblage de textes variés. La conclusion unifie ce texte[3].
Interprétations
Versets 12-15 : des peuples détruits
Les versets 12-14 sont des Straflegenden, selon le terme dâHorovitz, des « lĂ©gendes de punition ». Elles concernent ici huit peuples et forment la plus longue sĂ©rie du Coran. Deux remarques prĂ©alables est quâil nâest pas fait mention du peuple dâAbraham et quâelle mĂȘle des personnages bibliques et des peuples arabes[3].
Parmi ces derniers se trouvent les ashab al-rass, mentionnĂ©s une autre fois dans le Coran mais quâil est impossible dâidentifier. Une des hypothĂšses pour creuser cette identitĂ© serait une erreur de lecture du rasm. Lâoriginal serait ashab Idris et donc une Ă©vocation dâEsdras. Une seconde serait quâil sâagit du peuple des arsae, habitant au nord de Yanbuâ[3].
Bell identifie les ashab al-Ayka aux madianites. Wetzstein identifie ce terme Ă un port nabatĂ©en de la Mer Rouge appelĂ©e en grec Leuke Kome (Village blanc). Cette ancienne hypothĂšse a Ă©tĂ© rĂ©cemment rĂ©actualisĂ©e par Puin qui dĂ©place nĂ©anmoins Leuke Kome au port dâal-Hawra, au Nord-ouest de la pĂ©ninsule arabique[3].
Tubba a Ă©tĂ© identifiĂ© par les exĂ©gĂštes musulmans comme un nom propre dâun roi himyarite dâArabie du Sud. Jeffery confirme le lien de ce titre avec Himyar. En 2005, Puin propose dây voir une erreur de lecture du rasm et dâidentifier, Ă travers ce nom, le port de Yanbu. LâhypothĂšse de Kropp est pourtant la plus convaincante. Pour lâauteur, tubba serait un adjectif signifiant « suivant son exemple ». Ainsi seraient dĂ©signĂ©s les peuples « de leur genre »[3].
Le verset 14b place ces peuples dans un contexte eschatologique, prĂ©cisant que la menace sâest rĂ©alisĂ©e contre eux[3].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- P. Neuenkirchen, "Sourate 50", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1535 et suiv.
- R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 1].
Liens externes
- Texte de la sourate 50 en français, d'aprĂšs la traduction de Claude-Ătienne Savary de 1783.
Notes et références
Notes
- En 2019, seuls deux ouvrages peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publiĂ© en 1991 (aujourd'hui datĂ©) et du Coran des historiens publiĂ© en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de BlachĂšre, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate
Références
- (en) « Le Coran - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
- (en) « Le Coran/Sourate 50 : Qaf - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le )
- P. Neuenkirchen, "Sourate 50", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1535 et suiv.
- G.S. Reynolds, « Le problÚme de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
- R. BlachĂšre, Introduction au Coran, p. 244.
- R. BlachĂšre, Le Coran, 1966, p. 103.
- M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
- G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
- E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorùns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.