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Purge (médecine)

La purge est une pratique de la mĂ©decine traditionnelle basĂ©e sur l'utilisation de plantes mĂ©dicinales (ou parfois aussi sur le jeĂ»ne) et dont le but est d'amĂ©liorer les processus de dĂ©toxication de l'organisme.

Historique

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, en Europe occidentale, les mĂ©thodes et remèdes relèvent des thĂ©ories Ă©laborĂ©es durant l'AntiquitĂ©, notamment celle de Galien, mĂ©decin grec du IIe siècle. Lui-mĂŞme s'est beaucoup inspirĂ© de la thĂ©orie humorale d'Hippocrate (mĂ©decin grec du Ve siècle av. J.-C.) mais aussi d'Aristote (philosophe grec du IVe siècle av. J.-C.)[1].

La médication se réduit alors à la saignée, aux purgations, aux clystères et aux remèdes[2].

Au début du XIXe siècle, ces pratiques disparaissent avec la perte de crédit de la théorie des humeurs.

Les humeurs

Quatre humeurs d'Hippocrate

La mĂ©decine envisage avant le XIXe siècle les maladies sous l'angle du « dĂ©sĂ©quilibre des humeurs Â». L'humeur peut ĂŞtre chaude, froide, sèche ou humide.

Les médecins ne distinguent pas une, mais quatre humeurs[3] :

Elles proviennent du sang, du foie, de la rate et du cerveau.

Déséquilibre des humeurs

Sous l’action d’un facteur interne ou Ă©tranger, chaque humeur rentre en effervescence. D'oĂą les expressions toujours populaires aujourd'hui, comme « se faire du mauvais sang Â», « se faire de la bile Â», ou « avoir des sautes d'humeur Â». L’harmonie est alors troublĂ©e ; l’appĂ©tit disparaĂ®t, la fièvre monte et l’état gĂ©nĂ©ral se dĂ©tĂ©riore. La tendance spontanĂ©e de la nature humaine est de se dĂ©barrasser de ce qui lui est nuisible, par quatre voies diffĂ©rentes : la bouche, le nez, l’anus et l’urètre. Il arrive cependant que les seules ressources de la nature ne suffisent pas Ă  dĂ©livrer le corps des matĂ©riaux Ă©trangers qui l’encombrent.

Les traitements des humeurs

Les moyens naturels, tels que les purgatifs, les rĂ©vulsifs et l’hydrothĂ©rapie connaissent alors un succès qui ne se dĂ©ment pas, s’enracinant dans le concept cher Ă  Hippocrate de la « nature qui guĂ©rit Â» .

Les historiens relatent ainsi que Louis XIV a été purgé plus de deux mille fois en cinquante ans[4].

L'évolution vers une médecine moderne

Si les XVIIe et XVIIIe siècles sont restés célèbres pour les saignées et les purges, de grandes trouvailles contemporaines diffusent progressivement la connaissance de la médecine, en particulier avec la découverte du microscope. Celui-ci permet de voir pour la première fois des microbes, du sperme, des ovules… La découverte de la circulation sanguine (par William Harvey, en 1628) remet en question toute la philosophie de l’humorisme.

La purgation

La purgation et la saignée sont vues sous l'Ancien Régime comme les seules capables de soulager le malade, d’apaiser ce conflit humoral. Pour rétablir l’équilibre corporel, il faut dépléter, évacuer. Le sang et la bile sont les humeurs les plus accessibles, alors on saigne et on purge.

Sous le terme d’ « Ă©vacuant Â» sont regroupĂ©s les remèdes dont l’administration donne lieu Ă  la sortie, Ă  l’expulsion d’une humeur quelconque. Leur fonction est de dĂ©velopper la vitalitĂ© d’un des organes sĂ©crĂ©teurs ou « exhalants Â» du corps. Ils doivent « accĂ©lĂ©rer les mouvements de cet appareil organique, Ă©lever son action vitale au-dessus de la mesure qui lui est ordinaire Â».

Les purgatifs

Rhubarbe utilisée pour ses propriétés purgatives

Encore appelĂ©s « laxatifs Â», les purgatifs agissent « sur les matières de l’estomac et des intestins en les rendant plus fluides et plus propres Ă  obĂ©ir au mouvement vermiculaire de leurs tuniques musculeuses Â». Sur l’estomac, ils agissent « en irritant la membrane nerveuse, en provoquant un flux d’esprits plus grands… Â». Largement employĂ©s, les purgatifs sont cependant contre-indiquĂ©s dans les hĂ©morragies, le redoublement d’une fièvre continue, la grossesse.

Ils sont utilisés en particulier dans les maladies fébriles, où ils sont doués d’une action locale et générale, ainsi que dans les phlegmasies (inflammations) muqueuses et séreuses, enfin dans les hémorragies actives et certaines affections spasmodiques.

Rameaux et fleurs de séné

Les remèdes purgatifs les plus employés, appartenant au règne végétal, sont la manne, les pruneaux, le miel, le tamarin, les huiles, le lait de vache et de chèvre, la rhubarbe, le séné, etc.

Ces remèdes sont parfois utilisĂ©s dans le cadre de la thĂ©orie dite « des signatures Â», selon laquelle le mal doit ĂŞtre soignĂ© par l’identique ou son symbole.

Avancée par Pline puis reprise par Paracelse , la théorie est basée sur le fait que Dieu, regrettant d’avoir créé les maladies, donne à l’homme des remèdes qu’il a placés dans les végétaux.

Les clystères

Clystère - Scène de lavement au XVIIIe siècle - Musée national des Azulejos

Les clystères reposent sur le principe de l’introduction de substances dans les intestins. Leur administration, par voie anale, permet l’évacuation des matières fĂ©cales et engendre, selon la substance ainsi introduite, des effets locaux ou gĂ©nĂ©raux. Les substances utilisĂ©es possèdent parfois des propriĂ©tĂ©s qui leur sont propres : ainsi, on peut utiliser des purgatifs, Ă©mĂ©tiques, toniques, excitants, diffusibles, Ă©mollients, vermifuges…

La purge

Nysten en donne cette dĂ©finition : « lavement, injection d’un liquide faite par l’anus dans les gros intestins, au moyen d’une seringue. Le liquide ainsi injectĂ© pĂ©nètre jusqu’à la valvule ilĂ©o-coecale, lubrifie la muqueuse intestinale, est absorbĂ©e en plus ou moins grande quantitĂ©, suivant la durĂ©e de son sĂ©jour, et produit des effets variĂ©s selon la nature du fluide ou des substances employĂ©es Ă  sa prĂ©paration : de lĂ  leur distinction en simple, alimentaire et mĂ©dicamenteux. »

Codex et pharmacopée

De nombreux codex et ouvrages de pharmacopĂ©e, oĂą sont rĂ©pertoriĂ©s et classĂ©s les diffĂ©rents remèdes officiellement utilisĂ©s sont Ă©ditĂ©s. Il en est ainsi de l’ouvrage d’Antoine BaumĂ© « Ă‰lĂ©ments de pharmacie thĂ©orique et pratique Â», en 1762.

Notes et références

  1. « La médecine au XVIIe siècle », sur www.ralentirtravaux.com (consulté le )
  2. « Médecine des Arts - La médecine du temps de Mozart. La thérapeutique », sur www.medecine-des-arts.com (consulté le )
  3. « Louis VIII, les purges et les saignées : comment soignait-on “les humeurs” ? », sur leplus.nouvelobs.com (consulté le )
  4. « la médecine au Siècle des Lumières », sur saint-sevin.pagesperso-orange.fr (consulté le )

Articles connexes

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