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Programme San Marco

Le Programme San Marco est le programme spatial scientifique italien qui s'est déroulé entre le début des années 1960 et la fin des années 1980. Mis sur pied à l'initiative de Luigi Broglio, "père" du programme spatial italien, en coopération avec la NASA, c'est le premier programme spatial de ce pays : il a permis le lancement du premier satellite italien San Marco 1 le et la création de la plate-forme San Marco au large du Kenya utilisée pour tirer des lanceurs légers américains Scout. Cinq petits satellites scientifiques chargés d'étudier l'ionosphère seront lancés dans le cadre de ce programme au rythme très lent imposé par la faiblesse du budget spatial italien de l'époque.

San Marco 1 monté au sommet du lanceur Scout à Wallops Island.
La plateforme San Marco.
Fusée Scout en cours de mise en position sur la plateforme San Marco.

Historique

La mise sur pied du programme San Marco (1961-1962)

Au sein de l’UniversitĂ© de Rome, l'ingĂ©nieur aĂ©rospatial Luigi Broglio propose que son pays dĂ©veloppe des satellites scientifiques qui seraient mis en orbite par des fusĂ©es d'origine amĂ©ricaine depuis un site de lancement offshore crĂ©Ă© par l'Italie. Le 31 aout 1961 le gouvernement italien de Amintore Fanfani donne son accord au Programme San Marco d'une durĂ©e de 3 ans dont l'objectif est le lancement d'un satellite d'environ 100 kg. La base de lancement doit ĂŞtre installĂ©e au large des cĂ´tes de la Somalie (colonie italienne jusqu'en 1960) Ă  faible distance de l'Ă©quateur. Le choix d'une latitude proche de l'Ă©quateur est motivĂ© par le contexte scientifique : une orbite Ă©quatoriale semblait Ă  l'Ă©poque prĂ©fĂ©rable pour mesurer les interactions entre la haute atmosphère et l'activitĂ© du Soleil et effectuer des mesures frĂ©quentes d'une rĂ©gion de l'espace donnĂ©e grâce Ă  la faible inclinaison de l'orbite. Un protocole d’accord est signĂ© le avec la NASA pour la fourniture de lanceurs lĂ©gers Scout et la formation de techniciens italiens Ă  la construction de satellites, Ă  l'assemblage du lanceur et aux opĂ©rations de lancement. Les satellites sont rĂ©alisĂ©s par le Centre de recherche aĂ©rospatial (CRA) de l'UniversitĂ© de Rome[1].

La création de la base de lancement San Marco (1963-1967)

Le programme San Marco se dĂ©roule en trois phases. Durant la première phase Broglio fait l'acquisition d'une plateforme de forage pĂ©trolier auprès de la compagnie italienne ENI. Celle-ci est adaptĂ©e pour servir de pas de tir. Elle est baptisĂ©e Santa Rita et installĂ©e Ă  quelques kilomètres des cĂ´tes du Kenya. Un navire, le Pegasus, ancrĂ© Ă  300 mètres de la plateforme, embarque les instruments permettant le contrĂ´le de l'engin spatial ainsi que les stations de tĂ©lĂ©mĂ©trie. Un deuxième navire sert de base logistique et accueille les techniciens. Cette première installation est validĂ©e par une campagne de tirs de fusĂ©es sondes Nike-Apache en mars et . La deuxième phase qui se dĂ©roule dans la base de la NASA de Wallops Island a pour objectif de parachever la formation des techniciens et des scientifiques italiens. Ceux-ci assurent l'assemblage puis le lancement depuis cette base du satellite italien San Marco 1 par une fusĂ©e Scout le . Il s'agit du premier satellite italien mis en orbite. La troisième phase a pour objectif de valider le fonctionnement de la base de lancement. Celle-ci est complĂ©tĂ©e avec une deuxième plateforme, baptisĂ©e San Marco, qui est Ă©quipĂ©e pour pouvoir assembler et lancer des fusĂ©es Scout tandis que la plateforme Santa Rita est modifiĂ©e pour le contrĂ´le et le suivi des tirs et servir de lieu d'hĂ©bergement pour le personnel. En l'assemblage du lanceur et du satellite dĂ©bute et finalement, le , une fusĂ©e Scout, tirĂ©e depuis la plateforme, place en orbite le satellite San Marco 2[2].

Les activités de lancement (1968-1988)

L'activité spatiale de la base de lancement près une période d'intense activité va être frappée de plein fouet par la crise économique qui frappe l'Italie au début des années 1970 mais également par le rôle croissant joué par la Navette spatiale américaine car Broglio comptait lancer depuis la nouvelle base des satellites scientifiques américains. Entre 1970 et 1975 la plateforme est utilisée pour lancer quatre satellites américains dont Uhuru (1970), le premier télescope spatial observant le rayonnement X, ainsi qu'un satellite anglais Ariel V. Enfin deux satellites italiens San Marco 3 et San Marco 4 sont lancés respectivement en 1971 et 1974. Trois séries de lancement de fusée-sonde Nike-Apache et Nike Tomahawk ont également lieu en 1971, 1972 et 1973. À partir de 1975 la base entre en sommeil car pratiquement tout le budget consacré aux activités spatiales nationales est absorbé par SIRIO un satellite de télécommunications expérimental. En 1980 la base est réactivée partiellement pour une campagne de tir de fusées-sondes (Arcas, Astrobee et Black Brant) à l'occasion d'une éclipse solaire. Le Piano Spaziale Nazionale (PSN) voté en permet la construction d'un cinquième satellite San Marco 5 qui est lancé le . Ce tir clôture le programme San Marco et est le dernier lancement effectué depuis la plateforme San Marco[3].

Caractéristiques des satellites


Synthèse des lancements

Satellites du programme[4] - [5] - [6] - [7] -
Date Lanceur Satellite Identifiant Cospar Base de lancement Caractéristiques Expériences embarquées Remarque
Scout X4San Marco 11964-084AWallops Island115 kg
Énergie fournie par des batteries
Pas de contrĂ´le d'attitude
Composition et température des ions in situ
caractéristiques ionosphère
Succès
Scout BSan Marco 21967-038APlate-forme San Marco129 kg
Énergie fournie par des batteries
Pas de contrĂ´le d'attitude
Composition et température des ions in situ
caractéristiques ionosphère
Succès
Scout BSan Marco 31971-036APlate-forme San Marco163 kgDensité de la haute atmosphère
Composition de l'atmosphère neutre
Densité et température de l'azote
Succès
Scout G-1San Marco 41974-009APlate-forme San Marco164 kgDensité de la haute atmosphère
Composition de l'atmosphère neutre
Température de l'atmosphère neutre
Succès
Scout G-1San Marco D/M-Plate-forme San Marco65 kgLancement annulé
Scout G-1San Marco 51988-026APlate-forme San Marco273 kgDensité de l'atmosphère neutre
Mesure de la température et du vent
Vitesse des ions
Spectromètre
Mesure du champ Ă©lectrique
Succès

Galerie

  • San Marco 1 en cours d'intĂ©gration avec son lanceur
    San Marco 1 en cours d'intégration avec son lanceur
  • San Marco 2 (vue d'artiste)
    San Marco 2 (vue d'artiste)
  • San Marco 3 (vue d'artiste)
    San Marco 3 (vue d'artiste)
  • San Marco 5
    San Marco 5
  • San Marco 5
    San Marco 5

Notes et références

Notes

    Références

    1. Michelangelo De Maria, Lucia Orlando et Filippo Pigliacelliy : Italy in Space 1946-1988 op. cit. p. 13-14
    2. Michelangelo De Maria, Lucia Orlando et Filippo Pigliacelliy : Italy in Space 1946-1988 op. cit. p. 15-17
    3. Michelangelo De Maria, Lucia Orlando et Filippo Pigliacelliy : Italy in Space 1946-1988 op. cit. p. 17-19
    4. (en) Gunter Dirk Krebs, « San Marco 1, 2 (A, B) », sur Gunter's space page (consulté le )
    5. (en) Gunter Dirk Krebs, « San Marco 3, 4 (C, C2) », sur Gunter's space page (consulté le )
    6. (en) Gunter Dirk Krebs, « San Marco 5 (D/L) », sur Gunter's space page (consulté le )
    7. (en) Gunter Dirk Krebs, « San Marco D/M », sur Gunter's space page (consulté le )

    Bibliographie

    Ouvrages ou documents de référence
    • (en) Brian Harvey, Europe Space's Program : To Ariane and beyond, Springer Praxis, , 384 p. (ISBN 978-1-85233-722-3, lire en ligne)
    • (en) Michelangelo De Maria, Lucia Orlando et Filippo Pigliacelli (Agence spatiale europĂ©enne), Italy in Space 1946-1988, R.A. Harris, (ISBN 92-9092-539-6, lire en ligne)

    Voir aussi

    Liens internes

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