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Principe de Curie

En physique, le principe de symétrie de Pierre Curie affirme que « Lorsque certaines causes produisent certains effets, les éléments de symétrie des causes doivent se retrouver dans les effets produits ».

Ce principe fut établi par Pierre Curie après avoir observé les propriétés des champs électromagnétiques. Il permet d'établir des invariances, des symétries et même l'impossibilité d'un phénomène.

La réciproque n'est pas vraie, c'est-à-dire que les effets produits peuvent être plus symétriques que les causes.

Une généralisation de ce principe existe également pour les phénomènes physiques incluant une possibilité de bifurcation : pour une même cause, deux effets distincts physiquement et qui ne peuvent coexister sont possibles. Parfois, chacune des possibilités prise séparément est moins symétrique que la cause. Dans ce cas (où l’on parle de symétrie brisée), c'est la symétrie globale de l'ensemble des effets qui doit être prise en compte pour respecter le principe de Curie (exemple : domaines ferroélectriques de BaTiO3 à basse température ou flambage d'une poutre en mécanique des structures).

Exemples

  • On considère l'action simultanĂ©e d'un champ Ă©lectrique E et d'un champ magnĂ©tique H au sein d'un conducteur isotrope. Les deux champs sont supposĂ©s mutuellement perpendiculaires. Alors le système est invariant dans la symĂ©trie dĂ©finie par le plan Π perpendiculaire Ă  H. Cette symĂ©trie est la symĂ©trie des causes. Le principe de Curie contraint le courant J, qui est l'effet produit par E et H, Ă  ĂŞtre situĂ© dans le plan Π [1].
  • Un cristal est caractĂ©risĂ©, au niveau microscopique, par son groupe de symĂ©trie , encore appelĂ© groupe d'espace. Les propriĂ©tĂ©s macroscopiques du cristal sont une consĂ©quence (effet) de sa structure microscopique (cause). Notons le groupe de symĂ©trie associĂ© Ă  une certaine propriĂ©tĂ©. Le principe de Curie entraĂ®ne que [2]. En particulier, le cristal apparaĂ®t macroscopiquement homogène (groupe de toutes les translations, continues ou discrètes) alors qu'il n'est invariant, au niveau microscopique, que par les seules translations discrètes dĂ©finies par sa maille.
  • Du point de vue optique, un cristal peut ĂŞtre isotrope, uniaxe ou biaxe[3]. Les propriĂ©tĂ©s optiques du cristal se dĂ©duisent d'une surface caractĂ©ristique comme l’ellipsoĂŻde des indices. Cette surface a la symĂ©trie d’une sphère (cas isotrope), d’un ellipsoĂŻde de rĂ©volution (cas uniaxe), ou d’un ellipsoĂŻde triaxial (cas biaxe). Les Ă©lĂ©ments de symĂ©trie d’un cristal sont nĂ©cessairement des Ă©lĂ©ments de symĂ©trie de la surface caractĂ©ristique. Concrètement, les cristaux du système cubique sont isotropes ; ceux des systèmes rhomboĂ©drique, tĂ©tragonal et hexagonal sont uniaxes, l’axe de rĂ©volution correspondant Ă  l’axe de symĂ©trie d’ordre 3, 4 ou 6 ; ceux des systèmes triclinique, monoclinique et orthorhombique sont biaxes. Par exemple, un cristal sans Ă©lĂ©ment de symĂ©trie (hĂ©miĂ©drie triclinique) est biaxe, l’orientation des axes optiques n’étant pas reliĂ©e a priori avec les axes du rĂ©seau cristallin.
  • Un exemple très simple d'application du principe de Curie a Ă©tĂ© donnĂ© par le physicien J. de Talois[4]. Il concerne l'alignement des reflets apparaissant dans les photographies. Dans ce cas, la cause est l'appareil photographique auquel on doit ajouter la source lumineuse qui produit les reflets. L'effet est l'image photographique produite dans le plan C du capteur (CCD ou pellicule). L'ensemble des lentilles qui constituent l'objectif a deux sortes de symĂ©tries: les rotations autour de l'axe optique et les symĂ©tries par rapport aux plans contenant l'axe optique. Quand on ajoute la source lumineuse (supposĂ©e ponctuelle et hors de l'axe optique) toutes ces symĂ©tries disparaissent sauf une: la symĂ©trie par rapport au plan Π passant par l'axe optique et contentant la source lumineuse. C'est cette symĂ©trie (de la cause) qui impose aux reflets (de l'effet) d'ĂŞtre situĂ©s sur la droite d'alignement, intersection de Π avec C
  • ConsidĂ©rons un système physique (bidimensionnel) pĂ©riodique (selon la direction horizontale) et ayant la symĂ©trie du motif ↑↓↑↓↑↓, c'est-Ă -dire dont le groupe de symĂ©trie est engendrĂ© par une droite de symĂ©trie (verticale) et un centre de symĂ©trie. Supposons que le système interagisse avec la lumière et rĂ©alisons des images du système en envoyant un faisceau lumineux suivant la direction verticale. Alors l'image montrera la symĂ©trie due aux axes de symĂ©trie, mais non celle associĂ©e aux centres de symĂ©trie, car le faisceau, qui fait partie des causes, ne possède pas de centres d'inversion (mais possède un continuum de droites de symĂ©trie verticales). C'est ce type d'analyse qui a permis aux physiciens A. Joets et R. Ribotta de rĂ©futer la prĂ©tendue brisure de symĂ©trie des rouleaux de convection dans les cristaux liquides nĂ©matiques et appelĂ©e "squint" [5].

Source

Références

  1. P.G. de Gennes, Pierre Curie et le rôle de la symétrie dans les lois physiques, in Symmetries and Broken Symmetries in Condensed Matter Physics, IDSET-Paris, 1981, pp 1-9, (ISBN 2-903667-004).
  2. Y. Sirotine et M. ChaskolskaĂŻa, Fondements de la physique des cristaux, Editions Mir, Moscou, 1984.
  3. G. Bruhat, Cours de Physique Générale. Optique, Masson, Paris, 1992.
  4. J. de Talois, Des projecteurs sur la Lune?, Science et Inexpliqué, n° 54, novembre-décembre 2016.
  5. A. Joets et R. Ribotta, Caustics and symmetries in optical imaging. The example of convective flow visualization, J. Phys. I France, 4, 1994, 1013-1026.

Voir aussi

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